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HYPOSTATIQUE (UNION ;


rienne l’idée de deux personnes, la divine et l’humaine, qui demeurent distinctes et sans confusion. « Le nom de Christ ou de Fils, ou de Seigneur, qui est attribué au Fils unique par les Livres divins, est l’indice de deux natures : tantôt, il désigne la divinité, tantôt l’humanité, et tantôt les deux. » Le livre d’Héraclide p. 228-229. « C’est au Christ qu’appartiennent les deux natures et non à Dieu le Verbe », ibid., p. 150 ; t il en est du nom de Dieu comme du nom du Fils ; l’un indique les natures et l’autre le prosôpon du Fils. Le même est Dieu et Fils, et il n’y a qu’un proaôpon pour les deux natures et non pour une essence ; c’est pourquoi les deux natures forment un seul Fils et sont en un Fils ». Ibid., p. 191.

rf) Du moment que la personne du Verbe d’unt part, et la personne de l’homme d’autre part, restent parfaitement distinctes et continuent de subsister chacune en elle-même, que leur union n’est que morale et non physique et substantielle, du moment qu’il y a deux sujets d’attribution, deux moi, il s’ensuit qu’on ne peut attribuer à Dieu le Verbe les propriétés et les actions de la personne humaine et vice versa. On ne pourra pas dire de Dieu le Verbe qu’il est né de la Vierge Marie, qu’il a souffert, qu’il est mort. On ne pourra pas appeler Marie fjEOTo’zoç, au sens propre du mot et sans faire des réserves : « Une femme n’est pas appelée mère de l’âme’^u/otoLo :, parce qu’elle a engendré un vivant, mais plutôt mère de l’homme. à’/do’o-.o-’jy.o ;. De même, la sainte Vierge, bien qu’elle ait enfanté un homme, auquel est venu s’unir Dieu le Verbe, n’est pas pour cela mère de Dieu, bi’j'6Lo ;, car ce n’est pas de la bienheureuse Vierge que la dignité du Verbe tire son origine, mais il n’était Dieu que par nature. » Loofs, Nebtoriana, p. 352. En bref, ce que l’on appelle la communication des idiomes n’est pas permis par rapport à Dieu le Verbe, ni par rapport à l’homme pris comme tel. Voir les douzième et quatrième contre-anathématismes : « Quiconque, en professant les soutirances de la chair, les attribue à la fois au Verbe de Dieu et à la chair dans laquelle il a paru, sans discerner la dignité des natures, qu il soit anathème. » « Quiconque attribue à une seule nature les passages des Évangiles et les lettres apostoliques qui se rapportent au Christ qui est de deux natures, et quiconque tente d’attribuer au Verbe de Dieu la souffrance aussi bien à la divinité qu’à la chair, qu’il soit anathème. > Mansi, t. iv. col. 1099.

e) La communication des idiomes peut cependant se faire par rapport aux termes qui désignent le prosôpon de l’union, c’est-à-dire par rapport aux mots Christ, Fils, Seiqrfur. Dès lors, on pourra très bien affirmer que Marie est mère du Christ, X117TOTo’Lo :, parce que ce nom de Christ fait songer à la fois aux deux personnes qui sont unies, à la personne divine et à la personne humaine, et, tout naturellement, l’espril l’attribuera, dans ce cas, à la personne humaine.

f) fin fin, Nestorius, n’ayant pas la notion d’une nature abstraite, mais entendant toujours par ce mot une nature individuelle, concrète et douce de sa personnalité, on comprend pourquoi il mêle constamment, dans son langage, les termes concrets et les termes abstraits, qui sont pour lui équivalents. Parfois, il parle ainsi d’une manière orthodoxe, mais son orthodoxie est purement verbale. En réalité, ne distinguant pas entre termes abstraits et termes concrets, la nature humaine, l’humanité signifient pour lui cet homme. Aussi l’expression 0 ; oT’izo ; cveille-t-cllc immédiafement en lui l’idée que la sainte Vierge a enfanté la nature divine ; de même, dire que Dieu le Verbe est mort équivaut pour lui à affirmer que la nature divine est passible et mortelle AUud équivaut chez lui à nlius, ’i’i.’ir, est le synonyme de aLÀo :: Celui qui dit que la divinité et Vlxumanitt ne sont pas

la même chose, définit, par une distinction de nature, que celui-ci n’est pas celui-là et que celui-là n’est pas celui-ci. Le livre d’Héraclide, p. 276. Cf. Pctau, De incarnalione, 1. VI. c. v, n. 4, 5.

Le progrès de Nestorius sur Théodore de Mopsueste consiste surtout à avoir mis plus de nuances dans la pensée et plus de précision dans les tenues. Mais c’est toujours la même erreur qui se manifeste. Deux natures-personnes en Jésus, unies entre elles d’une façon purement morale, et formant jiar leur union une personne moralement unique. Cf. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. ii, p. 245. Une première précision consiste dans le terme de prosôpon naturel ou physique par opposition au prosôpon moral ou d’union. Le livre d Hcraclide marque un nouveau progrès dans la pensée de Nestorius : il parle fréquemment de l’échange des prosôpons, théorie dont on ne trouve pas trace dans les ouvrages antérieurs à l’exil du patriarche d’.

tioche. Serait-ce une théorie imaginée après coup pour les besoins de la cause ? Cf. Tixeront, op. cit., t. ii, p. 31, note. D’autre part, tout en admettant, comme Théodore, la théorie de V lùooy.’.a., du bon vouloir, de ï h/rALrii’. :, de l’inhabitation, Nestorius insiste surtout sur le résultat de cette donation mutuelle des deux personnes l’une à l’autre, et qui est le prosôpon d’union. Enfin, plus d’hésitation chez Nestorius sur le moment de l’union : c’est dès la conception dans le sein virginal que la cjjva’çs’.a s’est produite. Cf. Lelivre d’Héraclide, p. 56-57 ; et neuvième contre-anathématisme, Mansi, loc. cil. D’autres progrès et précisions de doctrine existent, mais qui ne se rapportent pas à l’union hypostatique. Voir Nestorius. Cf. Jugie, op. cit., p. 140-149. Toutefois, il semble bien que l’on ne puisse conclure, de la part de Nestorius, à une foi sincère en l’unité personnelle de Jésus-Christ.

2. La réfutation.

L’adversaire de Nestorius, celui qui, du côté de l’orthodoxie catholique, mena toute la controverse, fut saint Cyrille d’.Mexandrie. Sur la christologie de saint Cyrille, sur les prétendues variations de doctrine que certains critiques y prétendent relever, sur les réelles variations de terminologie, voir Cyrille d’Alexandrie (Saint), t. iii, col. 2512-2515, et M. Jugie, op. cit., c. v, p. 150-201. On n’a ici à envisager la doctrine de saint Cyrille que dans la mesure où elle réfute les erreurs de Nestorius touchant l’union hypostatique. « Entre Nestorius et saint Cyrille, la question n’était pas, comme on l’a dit, une nature ou deux natures, mais bien une seule nature-personne, un seul sujet ou deux natures-personnes, deux sujets. Il sulTit de jeter un regard rapide sur les écrits anlincstoricns de saint Cyrille pour s’apercevoir que son souci constant est de montrer l’unité de personne, de sujet iiuliiduel dans le Christ, unité que Nestorius rejetait en réalité, tout en seinblant la maintenir par des formules équivoques. » M. Jugie, op. cit., p. 14. Nestorius demandait comment Cyrille acceptait de dire avec les Orientaux deux natures, alors qu’après l’union de la divinité et de l’humanité il ne dit plus qu’âne nature du Fils. La difficulté serait inintelligible, si l’on ne se rapi)clait que, pour Nestorius aussi bien que pour saint Cyrille, le mot nature signifie ici nature-personne, sujet individuel. Le livre d’Héraclide, p. 267-200. Saint Cyrille s’cxplique dans sa Lettre à Acace de Méliténe. « Lorsque nous considérons dans notre entendement les choses dont est formé un seul Fils et Seigneur.lésus-Christ. nous disons deux natures unies ; mais après l’union, parce que la division des deux natures se trouve enlevée, nous croNons quc la nature du Fils est une, tout en ajoutant : du Fils fait homme et incarné. Du moment que l’on dit que c’est Dieu le Verbe qui s’est incarné cl s’est fait homme, tout soupçon de changement est