Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée
381
382
HYPOSTASE


pas tout son efïct et l’Église d’Aiitioclie demeurait toujours divisée à propos des personues, -Epi là r.oôjcoTra a/iÇop-ivï). L’équivoque persista d’autant plus qu’Antioche accueillit bientôt, avec le prêtre romain Evagrius, une petite colonie de jeunes gens instruits, désireux de se perfectionner dans la vie monastique. Saint Jérôme en était. Ils apportèrent la terminologie latine et le résultat fut d’aviver la lutte et de porter le conflit jusqu’au pape Daniase. Voir plus haut, col. 378, la lettre de saint Jérôme au pontife. A Alexandrie, la pensée et les expressions de saint Athanase se rencontrent dans le De Trinitate de Didyme l’Aveugle. Les Cappadociens, voir plus loin, ont déjà défini le sens exact des termes oùst’a et ir.i’jrsraa ::. Aussi on retrouve chez Didj-me la formule désormais classique,

j.îa oj7’! a. Tosï ; j-oaTa^
;  ;  ; les trois hypostases, De

Trinilate, 1. 1, c. ix, xi, xv, xvi, xviii, xix, xxi, XXVI, xxvii, xxxiv, xxxvi, p. G., t. xxxix, col. 284, 293, 312, 313, 317, 332, 333, 341, 344, 348, 356, 360. 368, 373, 384, 385, 388, 397, 436, 440 ; l’hypostase du Père, c. XI, xv, xvi, xxxii, xxxvi, col. 295, 308, 320, 337, 425, 441 ; l’hypostase du Fils, c. xviii, col. 352 ; l’hypostase du Saint-Esprit, t. II, c. i ; l. III, c. xxxviii, col. 452, -973 ; l’unité d’où^îa, t. I, c. xi, xxvii ; t. ii, c. lii, vTin, n. 3 vii, n. 7, col. 296, 405, 452, 476, 565, 581, etc. ; cf. I. II, c. vi, n. 10 ; c. viii, n. 4 ; c. XII ; t. III, c. xxxvii, col. 537, 629, 673 969. Cependant jusque dans le De Trinitate se manifeste l’incertitude de langage qui tend à confondre le sens d’oùii’a et dj :  ; oaTa3’. ;  ; Didyme parle de l’oùjLa du Père, I. II, c. V, col. 492 ; t. I, c. xxvtt, col. 306 ; de [ (jjrs.y. uii Fils, 1. 1, c. xvi ; t. ill, c. vj, col. 336, 841 ; cꝟ. t. III, C. XVII, col. 877 ; de l’oùaîa de l’Esprit, t. ii, c. X, XVIII, col. 633, 728. Voir aussi, confusion d’&ùaia et d’j-o^-ra^î’. ;, t. I, c. x, col. 292 ; In psalm., ibid., col. 1349, 1508. Cf. Bardy, op. cit., p. 75-76. Par rapport au mot npôjw-ov, que Didyme emploie rarement dans sou sens théologique, De Trinitate, t. I, c. ix. xviii, xxxvi ; t. II, c. VI, n. 21 ; I. III, c. ii, n. 8 ; c. xxiii, xxx, XLT, n. 1, col. 284, 344, 440, 553, 789, 924, 949, 984, le mot j-oTtaj’.ç garde la nuance particulière de réalité objective. In psalmos, col. 1509, 1169 ; ou d’existence. In II Cor., col. 1728. Parfois on le trouve lié au concept de vo3 ;, raison, et ainsi il se rapproche de notre « personnalité » au sens philosophique. In psalm., col. 1456 ; In Job., col. 1132. Bardy, op. cit., p. 79-80.

2. Œuvre pacificatrice des Pères cappadociens. — Mais, déjà auparavant, saint Basile avait entrepris d’amener la paix. Partisan de Mélèce, en qui il voit le véritable évoque d’Antioche et le champion de l’orthodoxie, il estime nécessaire de confesser au nombre de trois les hfipostases, tÔ xpEi ; ivayLaiov eTvi ; Tac’jr.o’jziii’.i ôaoXoyEÏv. Car, admettre l’expression une seule hypostase, c’est fortifier l’hérésie : « Il ne suffît pas qu’on distingue les personnes, puisque Sabcllius admettait cette distinction ; cet hérétique disait, en effet, que Dieu est réellement un en hypostase, É’/a jj.£v dwr : Tf ; Croatâiï’. tov Hsdv, mais qu’il avait voulu dans l’Écriture prendre différenls masques r : po’î'.)r : ’)7 : o’.aî’)a’…. Ç’.asôp’.) ;, suivant le besoin des circonstances ; … si donc il en est parmi nous qui disent que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont comme un suppôt, ’sv T(7) Ciroy.ï’.|j. : v(.>, et se contentent de confesser trois personnes parfaites, -y.x -v’inMr.i -.iu’.i., ne sembleront-ils pas fournir une irréfragable preuve à l’appui de la calomnie arienne ? » lipist., ccxiv, n. 3, P. G., t. xxxii, col. 788 ; cf. ccxxxvi, n. 6, col. 881.

Pour amener tous les catholiques à sa terminologie, Basile donne une définition exacte des termes philosophiques employés. Si ses efforts à exclure le terme r.çÂ'S>r.r)<i (il lui conserve ordinairement le sens <r forma, fæles, ci. Epl$t., xxxviii, n. 8, P. G., t xxxii,

col. 340) échouèrent (et il devait en être ainsi, la formule Tpîa -poaco-a étant la formule de l’Église romaine), son œuvre aura du moins été utile et bienfaisante en ce qui concerne la précision et la détermination scientifique du sens d’usie et d’hypostase. Voici, d’après M. Tixeront, Histoire des dogmes, Paris, 1909, t. ii, p. 77, le résumé de la doctrine de saint Basile, telle que ce docteur l’expose dans sa lettre xxxviii à saint Grégoire de Nysse, P. G., t. xxxii. col. 325-329 : < L’oja ; a est ce qui est commun dans les individus de même espèce ( to y.oivov), qu’ils possèdent tous également et qui fait qu’on les désigne tous sous le même vocable, sans en désigner aucun en particulier, n. 2. Mais cette oùai’a ne saurait exister réellement qu’à la condition d’être complétée par des caractères individuants qui la déterminent. Ces caractères reçoivent différents noms : on les appelle tiîio-TT )T£ç, ioito(j.aTa, loiTZô’na. rsT^aiXcn, l’Ôia yv(opi’aij.aTa, yapay. tïjpé ;, (iopya ;, n. 3, 4. Si Ton ajoute ces caractères individuants à l’oJcïia, on a lû-ù^raaiç. L’hypostase est l’individu déterminé, existant à part, qui comprend et possède l’oÙTia, mais s’oppose à elle comme le propre au commun, le particulier au général. Oùaix 6e y.aî’j-o’fffa-j’.ç, écrit saint Basile, Epist., ccxxxvi, n. 6, P. G., t. XXXII, col. 881, TaÛTiiv Ëysi tïjv 8ta<popôcv r|V k’yei t6 y.ovjov -po ; to y.aO’Éxaaiov, oTov wç Ë/e’. TO Z&ov, -pôç TGV Ssïva avOptDKOv. Et encore, Epist., xxxviii, n. 3, col. 328 : « L’hypostase n’est pas la notion indélinie de la substance qui ne trouve aucun siège fixe, à cause de la généralité de la chose signifiée, mais bien ce qui restreint et circonscrit dans un certain être, par des particularités apparentes, le commun et l’indéterminé. » Cf. Adi’crsus Eunomium. I. I, n. 10 ; t. II, n. 28 ; t. IV, n. 1 sq., P. G., t. xxix, col. 533, 636-637, 689 sq. Ainsi donc, en Dieu, la raison d’oùaia est commune, par exemple, la bonté, la divinité ou autre chose semblable. Mais l’hypostase se distingue dans le caractère ne paternité ou de filiation ou de puissance sanctificatrice. Epist., ccix, n. 4 ; cLxxxix, n. 6, 7, 8, P. G., t. xxxii, col. 789, 692-696. La définition de saint Basile n’est pas suffisante : elle identifie trop l’hypostase avec la substance individuelle, fin Dieu, en efl’et, la substance commune aux trois personnes, ou plutôt identique dans les trois personnes, serait, malgré cette < communauté », d’après les principes de saint Basile, une hypostase au sens projire du terme, puisqu’elle est une substance individuelle. Remarquons néanmoins que saint Basile a formulé, au sujet de l’hypostase, le mot essentiel, le to y.aO" jy.aiTov dont les théologiens postérieurs déduiront la notion philosophique complète de l’hyposti’se. Quant au mot personne, r.y’iTo-’jy. saint Basile en redoute remploi : ce terme paraît trop signifier une hypostase unique pouvant remplir différcnts rôles, comme l’entendent les sabelliens. Epist., ccxxxvi, n. 6, P. G., t. xxxii, col. 884 ; ccxiv, n. 3, col. 788 ; ccx, n. 5, col. 776.

Saint Grégoire de Nysse, sans aborder expressémerit la question philosophique comme saint Basile, adopte la terminologie de son frère, mais de plus il donne droit de cité au mot rpô’j’orov, considéré comme l’équivalent d’OrooTai’. ;. L’ouata divine n’est pas partagée ni distribuée entre les personnes (rpocjo » ;  : » ) de façon qu’il y ait trois oùr ;  !  !  ! comme il y a trois -pda »  » - !. De communibus notinnibus, P. G., t. XLV, col. 177, 180. Voir l’expression xp-a rpoitni : » dans le discours catéchéiiqiie, c. xxxix, col. 100. Grégoire expose à la mrnicre de Basile la différence entre l’hypostase et la substance. Contra Eunomium, I. I, coi. 320 ; cf. De communibus nolionibus, co. 182 sq. ; Discours catéchftique, c i, col. 13. On trouve parfois, comme synonyme d’h>7>ostase, to virrox-’aEvov, Contra Eunomium. col., 308 ; cf. Origènc. De oralione, n. 15, P. G., l m.