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IIYPOSTASE


cliez saint Paulin d’Anlioclie (ou sait que saint Jérôme avait séjourné à Antioche) : cf. S. Basile, EpisL, ccxiv, n. 3, P. G., t. XXXII, col. 788 ; S. Jérôme, loc. cit. ; S. Atlianase, Tomiis ad Anliochenos, n. 4-6, P. G., t. XXVI, col. 800-801 ; lorniule qui, eu réalité, est d’origine latine ; elle est la traduction littérale de l’umi subslantia, (rcs pcrsuiuides Occidentaux. D’autre part, elle nous dépeint l’état d’espril des lalins relativement à la terminologie grecque. Cet état d’esprit, très marqué chez saint Jérôme, se manifeste peut-être d’une façon plus expressive encore dans sa traduction du Di’Spiritu Sa/jc/o de Didy nie l’Aveugle, i-*. G., t.xxxix, col. 1031-1086 : ’Les mots substanlin, essenti), luitura sont indifléremment employés de l’unique Cisence divine, ou « les trois jiersonnes considérées à part, tandis que le terme persona, qui pouvait faire songer au grec ûnôi-ra ?’. ;, est évité avec soin, » G. Bardy, op. cit. p. 73-74, où l’on trouvera en note toutes les références.

c) Sans insister, cf. S. Épipliane, // « t.jLxxii, P. G., t. xLii, col. 385, 400, sur Marcel d’Ancyre, qui soutenait une hypostase en Dieu, peut-être par sabellianisme, et sur son disciple Photin, qui était nettement hétérodoxe et fut condamné comme tel, la première apparition de la formule trinitaire [J-ia

6a- : a.^’.ç en

Orient remonte au concile de Sardique, en 3J9. voir Arianisme, t. i, col. 1813, 1814, où furent rédigées par quelques évêques, sous l’inspiration d’Hosius de Cordoue et de Protoaène de Sardique, des explications du symbole de Nicée, explications que d’ailleurs le concile se refusa à sanctionner de son autorité, par respect pour le sjnnbole. La « feuille » de Sardique nous a été conservée par Théodoret, H. E., 1. IL c. vi, P. G.. t. Lxxxii. col. 1012. On y trouve le mot ÛTîôataCTi ; employé dans le sens d’oùtrîa ; on y proclame, dan^’la Trinité, [xiav… jrrrJaraa’.v, t, v olÙtoI oi aipsT’.y.ot oùat’av -poîsayopEuo’jac ToCf llaTpo : xaî xoû Yîou zaî tou’Ayîou IlvEjiisiTo ;  ; on y affirme que l’hypostase du Fils est identiquement celle du Père. C’est dans la même année (364) que l’on rencontre, vraisemblablement dans un synode tenu à Antioche, voir Arianisme, 1. 1, col. 1815, l’expression Tpia rpoTWTta, ]ioiir désigner les trois personnes divines. Mais ce synode, tenu par des antinicéens, n’ayant pu faire accepter sa profession de foi par les Occidentaux, ne peut être regari’.é comme exprimant la foi catholique. Ce n’est que plus tard, sous l’influence de Lucifer de Cagliari, exilé en Orient et fixé à Antioche, cf. de Régnon, op. cit., p. 170, 175, et probablement aussi par la diPEusion à Antioche de la feuille de Sardique, que l’on vit les anciens eustathiens, voir Eustathiens d’Antioche, t. V, col. 1574-1576, connus par la fermeté de leur doctrine, accepter, par opposition à la personne et à l’autorité de saint Mélèce, devenu évêque parla faveur des ariens, les formules occidentales apportées par Lucifer. C’est ici que se place la formule [xia JTcdaTaa. ;, Tpta TipôtjfoTta de saint Paulin, chef et évêque des eustathiens d’Antioche, formule qui. on le voit, n’est pas ilorigine orientale. Importée d’Occident, elle ne pouvait qu’accroître la confusion.

3° Détermination canonique de l’équivalence des termes hypostase et personne dans les formules trinitaires. — 1. Œuvre de paci fication de saint Aihanase et du concile d’Alexandrie {3€2). — Sur la tenue et les actes de ce concile, voir Arianisme, t. i. col. 1832. La lettre écrite par saint Athanase et adressée aux disciples de Paulin à Antioche, toï ; ttep’. Oa’jXtvov, sous le nom de Tomus ad Antiochenos, P. G., t. xxvi, col. 796. engage les destinataires à recevoir pacifiquement ceux qui viennent de l’arianisme et spécialement les partisans de Mélèce. Il ne faut mettre rien en avant, sinon le symbole de Nicée. La feuille (Tttr-axov), colportée comme une exposition de foi édictée par le

concile de Sardique, ne doit être imposée à personne, car ce concile n’a rien délini de semblable, 3-5 : « Le synode raconte ensuite par le détail comment il a confronté les partisans et les adversaires des trois hupostases. en leur demandant d’expliquer pourquoi ils attachaient de l’importance à leurs formules et quel sens ils leur attribuaient. Les premiers répondirent que, par trois liypostases, ils entendaient la doctrine suivante : la Trinité est une réalité substantielle et subsistante, le Père est subsistant, jçejtm ;, le Fils est subsistant ; le Saint-Esprit est subsistant cependant, il n’y a qu’une seule divinité, car le Fils est consubstantiel au Père et l’Esprit n’est pas séparé de Vusie du Père et du Fils. Les seconds répondirent qu’ils soutenaient une seule hypostase, jugeant que dire hypostase ou usic, c’est dire identiquement la même chose. On avait ensuite demandé à chaque partie si elle reconnaissait comme orthodoxe l’explication de la partie adverse, et l’accord s’était fait. » De Régnon, op. cit., p. 179, 180. Les partisans d’une seule hypostase étaient, au dire de saint Grégoire de Nazianze, dont on va rapporter le témoignage, les latins dont les chefs, Eusèbe et Astérius, reconnurent l’orthodoxie de la formule grecque des trois hypostase ; ?. Voir Arianisme, t. i, col. 1834. Cette œuvre pacificatrice de saint Athanase et du synode d’Alexandrie, saint Grégoire de Nazianze la décrit en des termes qui méritent d’être cités : « Nous, grecs, nous disons religieusement une seule usie et trois hypostases, le premier mot manifestant la nature de la divinité et le second, la triplicité des propriétés individuantes. Les latins l’IxaXo !) pensaient de même, mais, par suite de l’étroitesse de leur langage et de la pénurie de mots, ils ne pouvaient distinguer l’hypostase de l’usie et employaient le mot personne, pour ne pas paraître supposer trois usies. Qu’est-il arrivé ? Une chose qui serait bien risible, si elle n’était si lamentable. On a cru à une différence de foi, là où il n’y avait qu’une chicane sur un son. On a voulu voir le sabellianisme dans les trois personnes, l’arianisme dans les trois hypostases : purs fantômes engendrés par l’esprit de critique. » Oral., xxi, n. 35, P. G., t. xxxv, col. 11241125. Cf. Baronius, Annales, an. 362, n. 186. Saint Atlianase, en plusieurs textes, avait admis lui mên e le mot îmrj^za^’.ç dans le ^eni de personne distincte. Voir plus haut, col. 375. Il faut reconnaître d’ailleurs que la terminologie athanasienne n’a jamais revêtu de formules définitives ; personnellement, saint Athanase s’en tient aux décisions de Nicée et conserve la synonymie d’ojjîa et d’Oro’oTaau. Voir plus haut, col. 372. Mais, jiourvu cpie l’orthodoxie soit sauve, il accepte volontiers la substitution à un terme reçu d’un terme moins employé ; on trouve, synonyme d’ÛTZ’Ji-cin’.ç. De decretis Niceeis ; synodi, n. 2b, êûva|j.tç, n. 22, àpsxr ;, etc., P. G., t. xxv, col. 461, 456. Sur la terminologie de saint Athanase, voir ce mot, t. i, col. 2171-2174. Saint Paulin, évêque de la fraction d’Antioche qui tenait pour les trois personnes, souscrivit aux décisions du synode d’Alexandrie. Cf. S. Athanase, Tomus ad Antiochenos, n. 11, P. G., t. XXVI, roi. 809. Nous savons, par saint Épiphane, voir col. 375, que saint Mélèce était évêque de la fraction qui tenait pour les trois hypostases. Paulin, tout en souscrivant aux décisions d’Alexandrie, professait une seule hypostase, c refusant de dire verbalement trois hypostases… ; il suivait les saints évêques d’Occident qui, par suite de la pénurie de la langue romaine, ne peuvent traduire notre phrase grecque ni dire trois hypostases ». Acace de Bérée, dans S. Cyrille d’Alexandrie, Epist., XV, P. G., t, Lxxvii, col, 100, Il est donc à supposer que Paulin disait rpîa rpôirojTza, Ces terminologies différentes persistant encore après 362, l’œuvre pacificatrice de saint Atlianase ne produisit