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HYPOCRISIE — HYPOSTASE

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s. Thomas, In IV Seul.. I. IV, dist. XVI, q. tv, a. 1. q. l-iv ; Sum. theoL. I » II^ q. - ; xi, a. 2-4 ; Suarez, I. IX, c.xvil. Opéra ownia, 28 in-4o, Paris, 1856-1878, t. vi, p. 512 sq. ; Lessius, De justilin et jure ea’lerisque uirlutibus cardinalilnis, I. ii, c. XLVH, n. 45, in-fol.. Milan, 161.3, p. 520 ; Gous-ct, Théologie morale. Traité des péchés, c. v, 2 in-S", Paris, 1877, t. i.p.lOO ; Palmieri, Opus theoloqicum morale itiBusemltanm meduUam, tr. IV, c. iii, dub. i, n. 353, 7 in-8o, Prato, 18891893, t. 1, p. 752 ; l.ehmkuhl, Tbeologia moralis, part. II, divis. II, sect. iv, c. iii, n. 723, 772, 1182, 2 in-8o, r>ibourg-en-Brisgau, 1902, t. i, p. 427, 452, 754 ; Marc, In.stituliones morales alphonsiamp, part. I, tr. IV, c. v, n. 3(>1, 3° ; part. II, sect.ii.tr. VIII, c.i, £)e lœsione verilatis, n. 1177, 2 in-8o, Rome, 1904, t. i, p. 231, 739 ; Bucceroni, /n^dmtiones tlieologiæ moralis, tr. De octavo Decalogi prirceplo, IV. De mendacio, n. 1525, 2 in-8, Rome, 1908, t. i, p.659 ; Goaicot, Theologiæ moralis insti tuliones, tr. IV, c. v, § 1, n. 177 ; tr. V, Appendix, § 2. n. 248. 2 in-8o, Bruxelles, 1909, l. i, p. 145, 207.

T. Ortolan.


HYPOSTASE. Dans le langage théologique actuel, u ;  : o’3Tacjiç, « hypostase », est l’équivalent de persona, personne ». Pour ce motif, dans le mystère de l’incarnation, l’union des deux natures dans l’unique personne du Fils de Dieu est appelée union hijposlalique. Toutefois, l’équivalence des mots hypostase et personne n’a été reconnue, dans le langage des Pères et de l’Église, qu’à la suite de longues controverses. De plus, des précisions nouvelles, tendant à approfondir le mystère de l’IIomme-Dieu, se sont fait jour dans l’enseignement théologique. Le mot hypostase a donc subi, quant à sa signification, une évolulion véritable. On peut dire que cette évolution est double : avec les Pères, elle est principalement d’ordre dogmatique ; au moyen âge, elle devient, avec les scolastiques, exclusivement d’ordre théologique. Enfin, en ces derniers siècles, un enseignement, issu de la philosophie moderne, a prétendu réformer les notions traditionnelles d’hypostase et de personne, appliquées aux choses de la toi. Nous étudierons donc l’hypostase :
I. chez les Pères :
II. chez les théologiens scolastiqucs ;
III. dans les systèmes hétérodoxes modernes.

I. Chez les Pères.

I. DASS LES FORMULES TRISITAIRES. — X" Chez Ics Pères grecs, avant la détermination scientifique des formules trinitaires. -1. Sens primitif vulgaire. — Alors que le mot usir, rtW<.%, voir Essence, t. v, col. 837, avait trouvé une définition précise chez Aristote, le mot ûroira^tç ne fait pas partie du langage philosophique du Stagirite. Socrate, H. E., t. III, c. vii, P. G., t. lxvii, col. 395. Dans son sens philosophique, ce mot paraît phitôt d’origine platonicienne, avec la double signification que lui assigneront T<his tard les Pères grecs. Voir l’emjjloi qu’en fait Plotin, Knnéades, Bàle, 1582, V, t. I, c. iii, VI, VII. C’est le terme hypostase qui, chez les néo-platoniciens. explique la théorie des émanations, de ces puissances, intermédiaires entre Dieu, dont elles sont comme le prolongement et l’instrument, et le monde, dont elles sont les exemplaircs, les modèles, les forces créatrices. Cf. Rcnouvier, Les dilemmes de la métaphysique pure, Paris, 1901, Introduction, XIII, p. 28. Toutefois, Aristote étudie à plusieurs reprises le sujet individviel, envisagé dans son dernier complément, lequel n’est autre que l’hypostase, telle que nous la concevons aujourd’hui. Melaph.. I. V, c. VIII : I. Vif, c. XIII, § 7 ; c. xv, §2 ; I. X, c. ii, §5, trad. fianç. Harthélemy-Saiiit-Hilaire, Paris, 187(t, t. II, p. 132, 313, 354 ; t. iii, p. 16. Mais dans le langage vulgaire, et Aristote l’emploie en ce sens, j7 : ôitit : signifie simplement ce qui est réalité objective, consistante, par opposition à ce qui n’est que))hénomène subieftif ou illusoire : Parmi les météores, il faut distinguer ceux qui ne sont que des apparences et ccu qui existent réellement, "i [i.'v> xaT’^x^ai’.I. -.’j. « 5 ; y.i’i' jzo’ïTaj’.v. Du monde, c. iv, § 25. Méléfirol, trad. Barthé

lemy-Saint-Hilaire, Paris, 1863, p. 378. De là, une autre signification, celle de résidu pesant. Météor., t. II, c. II, § 14 ; c. iii, i ? 15, ibid., p. 114, 127. Un commentateur du iv<e siècle, Themistios, In Phi/s., t. II, oppose les choses distinctes par la seule raison aux choses réellement distinctes, a xrfié toi Xc ! y<.) yocctâ. Taira y.aî J-o^tâ-jEi Pjpîroja ; I. Réalité objective, consistance, d’où substance.

Cette signification primitive se retrouve dans le langage ecclésiastique courant. On la rencontre dans l’Écriture avec les nuances de réalité ou substance, Heb., I, 3 ; de sujet, base, fondement, II Cor., ix, 4 ; XI, 17 ; Heb., iii, 14 ; xi, 1 ; cf. Ps. xxxviii, 6, 18 ; Lxviii, 3 ; ixxxviii, 48 ; cxxxviii, 15 ; Sap., xvi, 21 ; Jer., xxiii, 18 : I Reg., xiii, 23 ; Il Reg., xxiii, 14. On la retrouve chez certains Pères, qui désignent par le mot h3’postase une réalité, c’est-à-dire ce qui possède l’être ou l’être tout court., insi Tatien, Adversus grœcos oralio, n. 5, appelle Dieu l’hypostase du monde, parce qu’avant la création, Dieu subsistait seul ; n. fi, déclare que dans le sein maternel, l’enfant appartient à l’hypostase de la mère. Cf. ibid., et n. 15. P. G., t. vi^ col. 813, 817, 837. Origène, Contra Cclsum, I. I, n. 3, P. G., t. XI, col. 700, met au défi Celse de montrer la substance, jTroVTacj’.v, des idoles. Cꝟ. t. III, n. 23, ibid., col. 945 ; t. VI, n. 71, où. par hypostase. il entend la réaUté substantielle, ibid., col. 1408 ; t. VIII, n. 67, ibid., col. 1617 : De oratione, n. 27, ibid., col. 512. Voir d’autres références dans Kœtschau, Origenes Yerkc, Leipzig, 1899, aux tables, au mot Oxocj-as !  ;. Le pseudo-Ignace, Ad PhiL, xii, 3, invoque Dieu, gardien de sa persévérance, j ;  : oa- : aa=(o ; çJÀay.a. Funk, Pc-Ires apostolici, Tubingue. 1901, t. ii, p. 120. Saint Basile, parlant de la substance des anges, emploie successivement les termes oùjîa et iir.’Jnxy.c.i, De Spiritu Sanclo, c. xvi, n. 38, P. G., t. xxxii, col. 137, 138 : même remarque pour la substance des justes, chez le pseudo-Basile, .It/pers. JSdnom/um, l.V. Dr Spiritu, P. G., t.- XXIX, col. 769. Saint Cyrille d’Alexandrie explique que ce qui n’a pas d’hypostase équivaut au néant, n’est absolument rien : to ; j.r, jçîa-Ko ;, èv Ij(.) ij.rjO£vc’, ij.àX).ov oï r.oiwzÔMi oùoi’j.De recta ftde ad Thnidosium, n. 13, P. G., t. lxxvi, col. 1153. A rapprocher de ce sens la formule cyrillienne si usitée : y.aO’'jKcIciTaa’.v, équivalente de xa-à akr’fii<.a’/, et qu’on retrouve chez d’autres auteurs postérieurs à saint Cyrille, et même, comme saint (-régoire de Nysse. antérieurs. En ce sens aussi, saint Épiphane, voulant insister sur la réalité de rintelli ;  ; ence humaine, l’a]’pelle û-dîiTaai ;. User., i.xxvii. n. 24, P. G., t. xlii. col. 676. Saint Basile parle de la réalité des sciences, Ttôv TE/v<r)v ï| jrôaTaT’. ;. Contra Eui.omium, L II, n. 16. P. G., t. xxi.x, col. ()05..Saint Grégoire de Nysse, exprimant la fragilité des sophismes d’Iùinomius, les compare à une toile d’araignée : ils n’ont aucune consistance : ûrôi-aaiç os oùy, "s’jz’.v iv Tꝟ. 7/r’aaT’.' ôya’. à’}â ; j, £voç, ojôévo ; jçÉaT’DTOç à-TîTai. Contra Eunoniium, t. II, P. G., t. XLv, col. 489. Cf. Oralio catechctica, c. xvi. XXI, xxxvii, ibid., col. 52. 59. 96. 97. Ainsi encore, d’après saint Cyrille d’Alexandrie, il y a eu, dans l’incarnation, concours de réalités (d’hypostases) : TzpoL^ij.ii’o’j Ti’yo’jv j~’)JTâaE(i)v ^iyo’^i oûvoSoç. Apol. contra Theodoretum pro Xil capifibus, P. G., t.Lxxvi, col. 396. Dans son commentaire sur Aristote, saint Thomas reprend ce sens vulgaire d’hypostase, Mrteor. , t. II, lect. ii, v, et, s’appuyant sur la comparaison de la lumière, qui est l’hypostase, c’est-à-dire le soutien, le fondement des couleurs, il cxiiHqiie le texte de Heb., xi, 1, relatif à la foi, substance, c’est-à-dire fondement de nos espérances. In IV Sent.. t. III, dist. XXII I, q. ii, a. 1. ad I’"". Sur ce sens iirimilif cl populaire d’j’o’aTajt ;, voir Pelau, Théologien dngmata, Paris, 1867, De Trinilnle, I. TV, c. I, n..5 ; n. 13,