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HYPNOTISME


par des moyens naturels, de telles pratiques ne peuvent être approuvées.

2° Le 21 avril 1841, nouvelle réponse du Saint-Oflîce : Vsum magnetismi, prout cxponitur, non liccre. Cf. Denzinger-Bannwart, Enchiridion sijmboloram, 13<-édit., 1921, n. 1653.

3° L’exposé auquel se réfère cette réponse devait sans doute ressembler à celui que fit, le 19 mai 1811, dans sa consultation à la S. Pénitencerie, l’évoque de Lausanne et Genève. Voir le texte complet dans Gury-Ballerini, loc. cil., p. 282-286 ; dans Gousset, rhéologie morale, 8e édit., 1851, t. i, p. 565-567, et la traduction française dans le Dictionnaire de théologie morale de l’abbé Pierrot, t. ii, col. 255-256, dans le t. XXXII de V Rncijclopédie théologique de Migne, 1849. « Une personne magnétisée, laquelle est ordinairement du sexe féminin, entre <lans un tel état de sommeil que ni le plus grand bruit fait h ses oreilles ni la violence du fer et du feu ne sauraient l’en tirer… Alors, interrogée de vive voix ou mentalement (sans doute par le magnétiseur seul) sur sa maladie ou sur celle de personnes absentes, qui lui sont absolument inconnues (mais dont on lui met dans la main une boucle de cheveux"), cette magnétisée, notoirement ignorante, se trouve à l’instant douée d’une science bien supérieure à celle des médecins : elle donne des descriptions anatomiques d’une parfaite exactitude ; elle indique le siège, la cause, la nature des maladies internes du corps humain les plus difficiles à connaître et à caractériser ; souvent elle en prédit la durée précise et en prescrit les remèdes les plus simples et les plus efficaces… Aussitôt que la boucle de cheveux est seulement approchée contre la main de la magnétisée, celle-ci dit de qui sont ces cheveux, où est actuellement la personne de qui ils viennent, ce qu’elle fait : et sur sa maladie elle donne tous les renseignements énoncés ci-dessus avec autant d’exactitude que si elle faisait l’autopsie du corps… Tirée de cet état, … elle paraît complètement ignorer tout ce qui lui est arrivé ])cndant l’accès… » On voit, par cette citation, en quoi diflèrcnt, en quoi se ressemblent les phénomènes du magnétisme et les phénomènes de l’hypnotisme : ce qu’on demaiulait aux sujets magnétisés d’alors, c’était à peu près ce que l’on va demander aujourd’hui aux somnamlmles professionnelles extra-lucides. La S. Pénitencerie répondit, le l"’juillet 1841, exactement comme le Saint-Office : usum magnetismi, prout in casu cxponitur, non licere.

4° Mgr Gousset, loc. cit., p. 567, ne trouvant pas cette réponse " absolue », crut " devoir, en 1842. consulter le saint-siège sur la même ((uestion, demandant si, seposilis rci abusibu’i rcjectoque omni cum divnione joedcre. il était permis d’exercer le magnétisme animal, ou d’y recourir, en l’envisageant comme un remède que l’on croit utile à la santé. « Le cardinal de Castracane, grand-iiénitencicr, répondit à Mgr Gousset, en date du 2 septembre 1843 : « La question n’est pas de nature à être décidée de sitôt, si jamais elle l’est, parce qu’on ne court aucun risque à en différer la décision et qu’une décision prématurée pourrait compromettre l’honneur du saint-siège ; tant qu’il a été question de l’application du magnétisme à quelques cas jiarticuliers, le saint-siège n’a pas hésité à se prononcer ; mais à présent, n’c^l en général qu’on examine si l’usage du magnétisme peut s’accorder avec la foi et les bonnes mœurs.

5° Le 28 juillet 1847, le Salnl-OIIice renouvelait, en la modillant légèrement, sa déclaration du 23 juin 1840. Gf. Dcnzinger-Hannwarl, loc. cit. Le saintsiège se rrovait celle fois en état de porter une décision s’appliquant. non à quel(|U(s cas parllculicrs, mais n l’u.sage du magnétisme en général, car la leltre encyclique du 4 aoiU 18.56, qui rappelle et re produit la déclaration de 1847, la fait précéder de cette explication : verum, quia, præter particulares casus, de usu magnetismi generatim agendum erat, iiinc pcr modum regulæ sic statutum fuit.

6° Enfin, le 4 août 1856. le Saint-Office envoyait h tous les évoques une lettre encyclique ad magnetismi nhusus compescendos. Le texte complet est donné par Gury-Ballerini, loc. cit., p. 287-289 ; par LehmVuhl, loc. cit., p. 226-227 : par MuUer, Theologia moralis, 5’- édit., 1887, t. ii, p. 255-256 ; la plus grande partie s’en trouve dans Denzinger-Bannwart, n. 1653 1654.

1. La lettre encyclique caractérise en ces termes la nouvelle superstition qui se répand dans le monde : Novum quoddam superstitionis genus invehi ex phœnomenis magneticis, quitus haud scientiis phijsicis enuclcandis, ut par essef, sed decipiendis ac scducendis hominibus student neoterici plures, rati passe occulta, remota ac futura detegi magnetismi arte vel præstigio, prœsertim ope muliercularum quæ unice a magnetizatoris nulu pendent.

2. Elle rappelle d’une part les rcsponsiones ad peculictres cctsus quitus reprobantur tanquam illicita illa expérimenta quwad finemnon naturalem.nan hone.’-t.im, non debitis mediis assequendum ordinantur. et, d’autre part, la déclaration de principe et la règle générale portée le 28 juillet 1847.

3. Elle constate que la nouvelle superstition ne fait que grandir ; le magnétisme a dégénéré en divination, en somnambulisme, en spiritisme : ut. neglccto licilo studio scientiæ potius curiosa sectantes. ariolandi divinandive principium quoddam se nactos glorientur. Hinc somnambulismi et claræ intuitionis. uti vacant, prœstigiis, muUereulæ illœ… se invisibilia qmvque conspicerc effutiunt, ac de ipsa religionc scrmoncs instituere, animas mortuoruni evocarc, respousa accipere, ignota ac longinqua delegere aliaque id genus superstiliosa exercere… præsumunt, magnum quæstum sibi ac dominis suis divinando ccrto consecuturæ.

4. Les évoques devront donc s’employer qua paternæ curitalis monitis, qua severis objurgalionibus, qun démuni juris remediis adhibitis, à faire cesser ces abus du magnétisme.

Le principe général qui fait immédiatement découvrir l’illicéilé de pareils usages est rappelé encore en quelques mots : In hisce onmibus, quacumque demum utantur arte vcl illusione, cum ordinentur médit plnisica ad ejlectus non naturales, rcperitur deceplio omnino illicita et hærcticalis. Toutes les fois qu’il y a disproportion évidente entre les moyens naturels employés et les effets surnaturels recherchés, ou est dans l’erreur et dans le désordre.

7° Le dernier document olliciel qu’il nous reste à mentionner est jihis récent et se rai)porte <lirectement à la suggestion hypnoticpie, voire même à la suggestion sans (lualificalif. C’est une réponse, du 26 juillet 1899, du Saint-Office à la consultation d’un médecin catholique. IMIc se trouve dans Ojetli, loc. cit., col. 2135. Le médecin avait demandé : An liceid sibi partem habere in disputationibus quæ fiunt a societate scientiarum medicarum de suggestionibus in cura puerorum infirmorum. Agitur non de discutiendis tantum experimentis jam factis, sed ctiam de novis experimentis agendis, sive hœc rationibus ntituralibus explicar possint, sire non. On lui répondit : Qunad expérimenta jam fada permilti passe, modo absit periculum superstitionis cl scandali… Quoad nova expérimenta, si agatur de juctis quir i i : iriii naturæ vires privlergrediantur, non licere : sin vern de hoc dubil(dur. pnvmissa protesta’lione nullam partem haberi velle in lactis prarlernaturnlibus, liderandum, modo absit periculum scandnli.

En somme, on peut dire qu’une seule idée, toujours la même de 1840 à 1890, une seule préoccupation, se rencontre dans tons ces documents : prendre garde