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seminariorum, Venise, 1789, t. iii, De fi.de, c. i, S 2, p. 428. Quelle est d’ailleurs la science dont il est pratiquement question dans cette controverse ? C’est la théodicée. Or les vérités de cette science, si solidement prouvées qu’elles soient, peuvent à l’occasion, per accidens, laisser place à un doute imprudent, et avoir besoin de Vimperium voluntatis, d’après l’expérience, et d’après le cardinal Billot lui-même. Op. cil.. p. 205 (l TO édit..)). 202). Même dans le cas normal (per se) où les démonstrations do la théodicée s’imposent à l’esprit sans le concours de la volonté libre, l’intelligence, îjien que forcée d’admettre ces énoncés en vertu de l'évidence d’un principe abstrait, cl. en allant de l’effet à la cause, ce qui appartient à la science. l’intelligence, dis-je, n’a pourtant pas son parfait repos, parce que ces effets n’ont qu’une trop lointaine ressemblance avec la cause in finie, parce que Dieu n’est connu qu'à travers des concepts analogues et extrêmement imparfaits. C'était déjà la remarque de Pierre de Tarentaise, contemporain de saint Thomas. Voir col. 454. De ce que la science naturelle de Dieu, a l’instar des autres sciences, peut.se ruminer tant bien que mal à la vision, il ne faut pas en conclure qu’elle lui équivaut, qu’aussi bien que la vision proprement dite, elle donne à l’intelligence pleine satisfaction et parfait repos. Ainsi il n’y a pas uneclarté telle dans les démonstrations de théodicée, qu’elles empêchent toujours de s’adresser au témoignage pour en recevoir une nouvelle confirmation des mêmes vérités. El île fait n’a-t-on pas coutume de recourir aussi $ une preuve de l’existence de Dieu par le consentement du genre humain, par la croyance de tous les peuples, ou par les grands génies et les grands savants qui ont admis son existence, ce qui n’est pas autre chose qu’une preuve extrinsèque par témoignage ? A plus forte raison, nous pourrons demander la connaissance des attributs divins au témoignage même de Dieu qui se connaît lui-même mieux que personne, pour en recevoir cette certitude spéciale et supérieure même à celle de la science, que peut donner la foi divine. Voilent. 390 sq. Saint Thomas a montré que la raison humaine a une faiblesse bien plus grande dans l'étude des choses divines, el il en conclut : (7/ ergo essel indubilntit et eerta cognitio apud humilies de lieu, oportuii quod divina eis per modum fidei traderetitur, quasi u Deo dicta qui mentiri non pot est. Sum. theol., [I « II » , q. u. a. 1. Rappelons-nOUS encore celle autre belle remarque qu’il fait : Si ille, a quo auditur, multum dit visum videnlis (c’est le cas pour Dieu relative ment à l’homme), sic cerlior est audilus quam visus. Ibid., q. iv. a. 8, ad 2'"". Voir col. 332. Cf. Scheeben, La dogmatique, trad. franc., Paris, 1.X77. 1. 1, §41, p. 168. In L’obscurité requise par la vertu de foi n’est pas

virement la même dans tous ses actes. Les actes principaux. cv qui allinnent l’objet matériel principal (les mystères divins), réalisent davantage l’obscurité de la foi : ils excluent toute science concomitante, el la théodicée n’atteinl pas leur objet. Les

secondaires qui affirment les vérités sur Dieu

-ibles à la raison humaine, réalisant moins

i obscurité de la foi, n’ont pas besoin d’exclure la pré de la science, du moins d’une science imparfaite

il demi-obscure comme la théodicée. m si l’on peut concilier la liberté de la foi avec Veoidentia aile

similis ou évidence de l’objcl formel, on peut l ; i coin i avec l'évidence de l’objet matériel : car la

première amené aussi irrésistiblement que la leconde : i

admettre cel objet, el omble, par là devoir détruire

tout autanl la liberté de la foi. Voir Schiffini, l>c virtu

1904, Ihes. xii. p. 126, Or la grande

ordes théoloi ions, la majorité même de l'écoli

admel avec la foi une concomitance de

Veoidentia ulteiiantis, h pai divers systèmes expliqua

comment la liberté de la foi peut alors se maintenir. Voir col. 401 sq. Parmi ces systèmes, il en est qui concilieraient tout aussi bien la liberté de la foi avec l'évidence intrinsèque de l’objet matériel ; on n’a qu'à choisir.

4. L’opinion affirmative, sa preuve scripturaire. — « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu : car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie qu’il existe, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent. » Ileb.. xt, 6, S’approcher de Dieu, c’est se disposer à la justification, à la réconciliation avec Dieu : le concile de Trente s’appuie sur ce texte pour affirmer que l’acte de foi est la première disposition à la justification. Soss. VI, c. vi, Denzingcr, n. 798. Cet acte de foi doit porter sur l’existence même de Dieu, d’après l’apôtre, credere quia est. Or, parmi ceux qui se disposent à la justification, il s’en trouve qui connaissent parfaitement les preuves de l’existence de Dieu, qui en ont la science : l’apôtre veut que ceux-là. comme tout le monde, en aient la foi. La coexistence de la science et de la foi sur le même énoncé n’est donc pas impossible.

Réponse. — Elle est d’une variété étonnante. —

a) Cajétan dit que saint Paul, en proclamant comme nécessaire la foi proprement dite à l’existence de Dieu, vise seulement la grande multitude qui n’a pas la science de cette vérité, et non pas les rares philosophes qui en ont la science « ce qui vaut beaucoup mieux que la foi. » La foi n’est donc nécessaire qu’en règle générale, in commuai, avec des exceptions. Episiolæ Pauli… enarratse, Paris, 1542, Ileb., xr, fol. 401. Mais un autre thomiste non moins célèbre. Melchior Cano. dit que Cajétan s’est tout à fait écarté du sens de l’apôtre ; et après avoir blâmé celle idée, qu’il est beaucoup mieux de savoir que de croire, ce que l’on peut admettre de la foi humaine, mais non de la foi divine dont il s’agit ici, il attaque cette interprétation, que l’apôtre a parlé in commuai et ut plurimum : elle rendrait vain tout son raisonnement en cet endroit. Delocis theologicis, 1. XII, c. iii, dans Migne, Théologies cursus, t. i. col. 566, 507. Ajoutons que la masse des théologiens voit dans cet oporlel credere quia est, dans ce sine fi.de impossibile est placere Deo. une absolue nécessité de moyen ; or une telle nécessité n’admet ni exception ni excuse. l’A les Pères, on expliquant ce texte ou les symboles de foi, n’ont jamais fait de différence entre savants et ignorants, ni dispensé les premiers de croire quelqu’un dos dogmes éiiuinérés. —

b) Cano cherche donc une autre solution : « Pour pouvoir plaire à Dieu, dit-il. ce n’est pas assez de le connaître Comme principe et auteur de la nature, niais il faut l’atteindre comme fin surnaturelle… Savoir ce qu’enseigne la raison naturelle ne siiitii pas n cette surnaturelle approche de Dieu (qu’est la justification). » l.uc. Cit., Col. 568. La réponse est juste en partie : l’apôtre parle ici de Dieu coin nie fin su rua lu relie, soit ! Mais cela est déjà dit dans le mol rcmiinerulor : on ne doit donc pas le mettre encore sous le mot est, qui signifie une autre vérité. Drus est ne dit pas autre chose que l’existence de Dieu : il signifie ce que Dieu est absolument et nécessairement en lui-même, et non pas ce qu’il devient librement par rapport a nous, comme dit le grec ffvtrai (en latin /il. Véritable leçon à la place de s/7, d’après la conjecture d’Estius : remuni loi or /il). Que Dieu SOii notre fin surnaturelle i, cela

ne lui appartient pas nécessairement et absolument,

c’est un décret libre et gratuit de Dieu à notre égard ;

Cela entre donc non pas dans t : i, niais dans y./STïi. On voit bien poiiKpioi Cano a voulu I ransfoi nier Dcus est en DeUS csl /mis supiriiiiliiridis : c’est afin d’avoir

un dogme que la science naturelle ne puisse atteindre. Mais on mvoit pas que cette transformation soit jui tirer i) Une exégèse analogue, >t qui a le même