Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée
453
454
FOI


qu’elle l’exige. Elle gagne plutôt en perfection à son absence ; et le fidèle doit être dans la volonté de croire indépendamment de toute démonstration surajoutée. Les Pères demandent au fidèle à l'égard de Dieu la disposition des disciples de Pythagore à l'égard de leur maître : être prêt à croire sur parole, sans exiger de démonstration philosophique, sans explication du pourquoi et du comment. Voir col. 110, 112. 114. 115. Si le fidèle, par la résolution de préférence et le super omnia, sait rejeter les plus séduisantes apparences d’une science contraire, il sait à plus forte raison se passer du concours de la science et n’en pas faire dépendre sa foi. Voir col. 329-331. D’ailleurs, ces démonstrations scientifiques des vérités révélées qui en sont susceptibles varient avec chacune d’elles, et sont longues à acquérir : les exiger avant de croire serait donc retarder beaucoup et sans raison l’acte de foi salutaire et agréable à Dieu, déjà suffisamment raisonnable grâce à la preuve extrinsèque. Voir col. 110,

/) La controverse qui nous reste à exposer peut se décomposer en trois. - l Te question. La foi habituelle, Vliabitus fidei. est-elle compatible dans le même sujet avec la scienc » du même objet ? — Cette question peut s’expédier tout de suite par une réponse affirmative, quoi qu’aient pu dire quelques outranciers. Les deux habitua ne peuvent se faire tort l’un à l’autre. « Ils peuvent, dit (irandiii, coexister dans la même intelligence. On objecte : Les ténèbres excluent totalement la lumière. Cela est vrai, parce que les ténèbres sont une pure privation, et parce que la lumière ou les ténèbres occupent tout l’espace. Mais la foi n’est pas une pure privation île science, ni la science une privation de foi : elles sont toutes les deux quelque chose de positif ; et la science n’occupe pas l’esprit tout entier, elle x laisse place à d’autres habilus > el de même la foi. Opéra, Paris, 1 71 o. t. m. p. i.">. Que la vertu de foi bannisse de l’esprit toute science, c’est une absurdité démentie par l’expérience du savant qui se convertit a la foi ; dément le aussi par les principes de saint Thomas, que le surnaturel. la grâce ne détruit pas la nature, mais la présuppose et la perfectionne. La science, de son côté, ne peut détruire la foi : nous saxons.pie les vei lus infuses ne peuvent être détruites naturelles autres que le péché, et la vertu de toi par le seul péché d’infidélité ou d’hérésie. Von col, 313, "1 I Si la vision céleste détruit l’habitus fldei, c’est qu’elle le remplace supérieurement et pour toute l'étendue de son objet, et ainsi le rend inutile : que ne fail.incline science ici-bas. pas même la

in relie de Dieu, soii parce qu'étant naturelle

elle « si d’ordre inférieur, soit parce qu’elle ne peul

udie.> tout l’objet de la foi. comme le remarquent

Salmanticenscs, ni atteindre l’objet principal

divins), mais tout au plus quelques

objets matériels et secondaires de la loi. comme

de Dieu, auteur et fin de la nature : il n’arrivera donc jamais que, par la seule science nain nlle. quel que puisse être son développement et son lue. Vluibitus fidei soil exclu. Cursus theol.,

79, I. xi. De fi’lr. disp. III. n. 12. p. 21 I.

a. La science habituelle d’un objet empêchi i elle loui acte de to i sur le même objet ? En d’autres

eiiir précis que j'.ii, || |.| ( IcIIIOII si 1.1 1 i(>l I

de i et objet, ou du moins de l’avoir démontré, ou l.i po iioliie de reconstituer cette démonstration, m’einpêche-l elle de lecroin ' Il faut rappeler ici que

non. p. nions. ni. m. ni de la science, et non de la

Ion propn mrnl dite : s’il s’agissait di celli

ible incontestable que même a l'étal habituel elle

empi appuyer sur le témoignage, suivant la

remarqui de Saint Thomas : Qui scmri vidit

am, non /i< i ampliu credert Romain tue, Itcei

aclu non vident illam ; quia memoria sufjicienter convincit et quietat intelleclum. Cursus theol., q. i, disp. II, a. 1. n. 19, Paris, 1886, t. vii, p. 31. On peut appliquer ici ce que nous avons dit de la vision actuelle. Voir col. 452. Mais si l’on restreint la question à la science, c’est une partie de la controverse que nous verrons tout à l’heure. — 3 question. Les deux actes, de foi et de science, peuvent-ils se faire en même temps sur le même objet ? — ( Test ainsi que la controverse est le plus souvent présentée : mais alors il faut en limiter le terrain comme nous allons le faire.

g) Le débat étant ainsi posé sur la simultanéité des actes, on évitera utilement certaines questions secondaires, subtiles, appartenant à la psychologie, qui sont venues souvent embrouiller une controverse déjà bien assez touffue, comme celles-ci : Peut-il y avoir simultanéité absolue, et pour ainsi dire dans un seul instant mathématique, entre les deux actes ? Peuvent-ils même s’identifier en un acte unique et simple, affirmant un seul objet pour les deux motifs réunis de la démonstration scientifique et du témoignage ? Si cet acte pouvait exister, au moins dans l’ordre naturel de la science et de la foi humaine, devrait-il être classé dans la science ou dans la foi ? Peut-on admettre un tel acte lorsqu’il s’ngil de foi divine ? D’ailleurs, sur ces questions moins importantes, on voit des défenseurs de la simultanéité faire des concessions, surtout ne pas admet Ire cet acte unique pour la foi divine ; et même en admettant deux actes distincts, on en voit soutenir une simultanéité non pas mathématique, mais seulement monde, qui consiste dans la succession rapide de l’acte de science et de l’acte de foi sur le même objet. Voir l’esch, Prælecliones, .' ! édit., 1910, 1. vin. n. 403, p. IX.-). 186.

Comme résultat de toutes ces remarques, voici le point capital de la discussion, le seul qui ail pour la foi divine une certaine importance et une application pratique : Un philosophe qui vient de se démontrer une vérité de théodicée. par ailleurs révélée, ou qui en n du moins la science habituelle, pcul-il faire un acte de foi divine sur cette vérité?

2. Les (leur opinions en présence : leurs défenseurs. — L’opinion négative (qui nie la simultanéité) paraît être celle de saint Thomas ; toutefois nous examinerons à part ce que pense le docteur angélique. Elle est suivie par deux grandes écoles : l'école thomiste en général : la plupart (les scolistes avec Scot. Bien d’autres Ihéo

logiens s’y rallient : même parmi ceux de la Compagnie de Jésus, on peut citer Père/., lue. cit. : Kspar/.a. Inc. cil., et de nos jours le cardinal Billot, Inc. cit.

L’opinion affirmative a néanmoins pour elle : (/) de grands docteurs du moyen âge, et même de la meilleure époque. On peut citer : Albert le Grand, In IV Sent.. 1. III. disi. XXIV, a. '.i. Opéra, Paris, 1894, t. xxvin.

p. 168 ; Alexandre de I laies : In philosopha venicnle ud

fidem, idem est scilum ri creditum, (4c. Summa theologica, part. III. q. lxviii, m. vu. a. ?.. Venise, l.">7.'>. fol. 2X9 ; S. Bonaventure : Quando <diquis est simul

sciais et credens, liabitUS fidei tend m en principulum. etc., In l Sent., I. III. dlst, XX IV. a. 2. q. m.

ad I, Opéra, Quaracchi, 1887, t. m. p. 523 ; leB, Pierre

de Tarentaise, 0, P. (Innocent V) : Sctentia vite de divinis (la théodicée) propice admixtam obscuritatem ex improporlionalilate tnlellectus nostri ad objection, ci frequentem obnubilationem phanlasmatum, non excludit (Idem, etc. In I Seul., I. III. dlst, XXIV, q, unica, , i. I. Thomas de Strasbourg représentera les ai Uns dont il était général. In IV Sent., Venise, 1564, In prolog. Magittrt, q, m. a. 2. fol. 12, i opinion opposée reconnaît elle-même que bon nombre d’anciens il principaux docteurs sont contre elle ; sens

COIICéde Alexandre de Ihdes. Il icrt le Grand, s. uni

Bonaventure, Durand, Gabriel o beaucoup d’autres.