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sont présents, les combat et les exclut ; s’ils sont absents, elle est prête à les exclure. » Ainsi la liberté de la foi reste essentiellement une « liberté de contrariété » entre la foi et l’incrédulité, comme il ressort des documents positifs. Voir ce que nous avons dit dans la critique du 5e système, col. 429. Ainsi le fidèle n’a pas à choisir entre deux procédés intellectuels différents, complication que nous avons réfutée au même endroit. Sans qu’il ait à se préoccuper d’un tel choix, c’est la disposition régnante de sa volonté qui dirige tout, déterminant l’intelligence où il faut la déterminer, et en tout cas lui donnant ce super omnia, cette fermeté supérieure, ce caractère d’hommage suprême à la Vérité divine, qui est un élément essentiel de la foi théologale. Voir col. 383 sq. — c) Ce système pourtant ne semble pas suffire, s’il n’emprunte à quelqu’un des autres telle remarque qui le complète. Par exemple, le 4e système insiste avec raison sur les libres efforts qui ont été faits précédemment pour croire promptement sur la simple affirmation de Dieu, malgré notre tendance naturelle à pénétrer l’objet affirmé, à l’examiner intrinsèquement avant de nous rendre ; c’est à ces efforts qu’est duc ensuite, pour une large part, la facilité avec laquelle le fidèle est entraîné à la foi, et croit maintenant sans crainte, sans arrêt et comme spontanément. Voir col. 416. Mais ces efforts précédents, qui les a suscités et soutenus, sinon la pieuse résolution (inspirée par la grâce) de rendre à Dieu constamment l’hommage de la foi, de captiver l’intelligence, et de préférer la parole divine à tout ce qui lui est contraire ? C’est cette résolution île préférence qui a fait contracter l’habitude de croire Dieu sur parole, sans entrer dans l’examen du mystère ire, sans se laisser hypnotiser par les difficultés. la détermination spontanée de l’intelligence est donc en quelque sorte son œuvre, et lui emprunte un élément de liberté. Par là nous voyons qu’un acte de foi. même enlevé spontanément dans certains cas, n’a pas cette résolution seulement pour compagne, mais encore pour cause : qu’il en procède ; condition nécessaire pour qu’il puisse en recevoir de la libellé, et pour qu’elle joue à son égard le rôle d’imperium voluntatis, d’après l’expression ordinaiie de saint Thomas. Car suivant la remarque du cardinal Billot, la volonté dans fade de foi ne doit pas être. purement concomitante i, mais il faut croire par une influence de la volonté libre, et cette préposition par, ou en latin l’ablatif, libéra voluntate, doil absolument signifier une relation causale, en sorte que l’adhésion de l’intelligence dépende de la volonté libre comme l’effet de sa e. « De virtutibus infusis, 2e édit., Rome, 1905, tins, xviii, p. 325. Distinction indiquée par saint Thomas, Simi. theol., I » , q. xi.i. a. 2.

Objection. Dans le cas de Yevidentia altestantis, l’assentiment nécessairement produit par les preuves des préambules pourra être fade de foi lui-même. d’après ee système, pourvu qu’il soit en même temps produit par la vertu infuse. Or, celle production nécessaire par les arguments est condamnée par le concile du Vatican. Can..">, De fuir. Denzinger, n. 181 l.

Réponse. - - a) On pourrai ! dire : Le concile cou damne la doctrine d’Hermès, et fait abstraction du itionnel de Vevidenlia altestanlis. Voir 3 « système, col. 116. Mai en outre : b) dans ce cas exceptionnel, I icte de foi, considéré précisément dans sa partie intellectuelle, sera le produit nécessaire des preuves évidentes des préambules, soit : mais il ne pas que cela. Il faut tenir compte de celle réso ration régnante, qui entre dans la composition de de toi. et qui ne dérive nullement des arguments nts, mais qui en reste indépendante. I lei mes. lui. ne tenait aucun compte de cet élément volontaire qu’il n’admettait pa i, pa plus que I i grâce. Poui lui.

l’acte de foi n'était que le produit nécessaire des arguments, et c’est ce qu’on a voulu condamner. Le canon proposé aux Pères le disait explicitement : Si quis dixerit ftdèm… non esse nisi persuasionem necessariis scientiæ humaine argumentis induclam…, anathema sil. Colleclio lacensis, t. vu. col. 77. Non esse nisi : il ne faut pas dire qu’elle n’est que cela. Or le système précédent ne le dit pas, puisqu’il réclame un élément volontaire inconnu à Hermès, et lui attribue sur l’assentiment une influence réelle, même dans le cas exceptionnel de Yevidentia at lestant is. Si l’on objecte que ce canon proposé aux Pères a été modifié par suite des amendements, et que les mots non esse nisi n’y figurent plus, la réponse sera que les amendements successifs d’où a fini par sortir la forme actuelle n’avaient jias pour but de changer le sens premier du cancn proposé, qui reste toujours le même, mais ne visaient qu’une question de style : et les Acla en font foi. Ce terme, necessaria argumenta, est la seule cause des changements introduits. Destiné à traduire en bon latin les « arguments nécessitants » de Hermès (necessitantia, comme on l’a plusieurs fois remarqué au concile, serait d’une mauvaise latinité), le mot necessaria parut équivoque à plusieurs, et non sans raison. Loc. cil., col. 164. Chose étrange, c’est pour expliquer ce mot ambigu que la commission de la foi introduisit alors dans ce canon le passage qui nous paraît maintenant le principal : Si quis dixerit assensum ftdei non esse liberum, et… l.oc. cil., col. 1C5. Ainsi tombèrent les mots fidem non esse nisi, qui ne pouvaient plus cadrer avec la nouvelle forme de la phrase. La commission et son rapporteur pensaient avoir, par cette addition explicative, donné satisfaction complète : E contexlu verborum jam etiam apparet, necessaria dici argumenta, quiv vim inlcllcclui inférant, cl ml assensum cogunl. Loc. cit., col. 188. On n’en continua pas moins à attaquer la malheureuse expression necessaria argumenta, col. 191. Il fallut une nouvelle délibération de la commission, qui proposa alors le texte actuel, adopté ensuite par les Pères, col. 192, 193. Cf. Granderath-Kirch. Histoire du concile du Vatican, trad. franc., Bruxelles, 1911, L n b, p. 113115.

En terminant, observons quc tous les systèmes précédents, malgré leurs divergences, sont d’accord pour distinguer deux actes, l’un de volonté, qui précède, l’autre d’intelligence qui suit, en sorte que le premier soit au second dans la relation de cause à effet, et non réciproquement. C’est Viniellectus a VOluntate moins de saint Thomas. Sum. tlicol.. II » II"'. ([. n. a. 2. Vaclus intellcclus assentientis veritidi divinm ex imperio voluntatis, loc. cit.. a. 9, avec la théorie

célèbre de Vaclus imp<rans et de Yui lus imper atUS, actes

différents quoique avec une certaine unité, quodammodo uniis actus, [ « II'. ([. Jtvn, a. I ; cf. a. 6. Ainsi pouvons-nous répondre a cette difficulté : L’assentiment est un acte de l’intelligence ; or l’intelligence n’est pas une faculté libre : comment donc le concile. dit-il, après les théologiens, que L’assentiment de loi est Libre ? i L’assentiment, acte de l’intelligence. n’est pas libre formellement, Intrinsèquement, c’esl

vrai ; mais il peut participer a la libellé de l’acte de

volonté qui l’a commandé, et en i ecevoir la dénomination de volontaire, de libre, de méritoire. Quoique ces mois : acte (le volonlé. acle olonl aile se disent premièrement défaite immanent de volonté, 00 peut les

étendre secondairement a tout acte qui, n'étant pas

dans la volonté, est commandé par clli. comme dit saini Thomas : Aclus voluntatis dicttur esse, non solum qiiem OOlunlCU ilt< il. seil ipiem minutas imprrat : unde m ulroque merttum considerari potest. Qusesl. dtsp., De

oertlale, q. xiv, a. t. ad 6 La volonté commande à

toutes nos énergies, el les met en acte : pi ises par rap-