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lion directe et purement intellectuelle des difficultés. Voir ce que nous avons dit d’après l'Écriture et les Pères sur le mérite spécial de la foi, col. 398. On a aussi reproché à ce système de ne pas mettre l’assentiment de foi sous une dépendance assez immédiate de la volonté. Mais l’exigence d’une dépendance plus immédiate ne paraît pas fondée : il y a une connexion si intime entre la mineure et la conclusion d’un syllogisme que la volonté actionne vraiment celle-ci en actionnant celle-là. Rien ne prouve que l'Écriture, la tradition ou l'Église exigent davantage pour que la foi soit suffisamment libre. Le P. Pesch tâche de le prouver ainsi : « L’acte par lequel on admet librement le l’ait de la révélation précède la foi ; du moment que cet acte est posé, avec l’autre qui affirme la véracité de Dieu, l’intelligence, suivant les adversaires, ne peut plus hésiter à admettre l’article révélé, lequel suit évidemment de ces deux prémisses. La foi d’après ce système n’est donc pas un acte libre en lui-même, niais seulement dans ses causes. Or, l’assentiment de foi doit être libre en lui-même, in se, comme dit le concile du Vatican : Fides ipsa in se… est actns quo liomo liberam pnestal ipsi Deo obedienliam. » Sess. III, c. nr, Denzinger, n. 1791 ; Pesch, Præleclioncs, 3e édit., l !)lu, t. viii, n. 416, p. 191, 192. Malheureusement pour ce raisonnement, la phrase du concile y est détournée de son véritable sens. D’abord le concile ne dit pas : Fides ipsa in se est uelus, etc., mais : Fides ipsà in se, eliamsi per curilalem non opcrctur, donum lui est ; et actus ejus est opns, etc. Ensuite fides ipsa in se signifie la foi sans la charité, c’est-à-dire la foi « morte » , ou plus exactement la foi prise en elle-même, en faisant abstraction du fait d’avoir avec elle la charité ou de ne pas l’avoir, d'être « vive » ou d'être

morte » : prise ainsi, elle est déjà « un don de Dieu » , elle implique une grâce ; voilà tout ce qu’affirme ici le concile, à rencontre de Hermès, qui n’exigeait la grâce que pour la foi vive et à raison de la charité, lai liii, nous avons montré par le contexte et surtout par les Actes du concile, quc ces mots fides ipsa in se, opposés à actus ejus, prennent la foi comme vertu infuse, et en tant que distincte de l’assentiment qui en procède. Voir col. 351. On ne peut donc en aucune i traduire : « L’assentiment de foi doit être libre en lui-même, et non pas dans ses causes : dans la phrase du concile il ne s’agit de cela ni de près ni de loin.

b) Un reproche plus grave que l’on fait aux tenants du second système, c’est de nier absolument, pour le besoin de leur cause, tout exemple d’evidentia atteStanlis dans la foi. Voir col. 403 sq. Ils ne reconnaissent d’acte de foi proprement dit dans les anges in via, <l ans la sainte Vierge, dans les apôtres, etc., qu'à la condition d'étendre jusqu'à eux le doute sophistique que la volonté aidée de la grâce vient éliminer ; ils niiili ipiieni outre mesure ces doutes imprudents, Ils ne peuvent expliquer non plus les actes de foi confaits par habitude, où les fidèles n’onl pas même l’idée ni la possibi lit <' de douter. Voir col. 405. Ou bien, ils regardent ces actes comme n'étant pas des h foi salutaire, et diminuent ainsi considérablement parmi les fidèles et les saints un acte si important de vertu théol"

i. Système qui explique lu liberté de la fui par Vinévidence ordinaire du fait < ! < lu révélation, sans exiger

cette liberté spéciale absolument dans tous les actes de foi. C’est une mitigation du système précédent. On admet encore que l’influence spéciale de la volonté dans la foi consiste a expulser l<s doutes imprudents ; que ces doutes viennent du manque d’evidentia ultetlanlis ; qu’avec cette évidence ils ne seraient pas possibles ; que le manque de cette évidence caractéri foi. In i le manque d'évidence irrésistible des pré ambules est la règle générale, voir col. 210, 211, il peut y avoir par exception des actes particuliers de foi dérivant de cette évidence. Il n’est pas nécessaire que tous les actes de foi aient une aussi grande liberté les uns que les autres. Pareillement, dans la « foi confuse » : quand le fidèle renouvelle rapidement un acte de foi souvent répété, quelle nécessité y a-t-il d’exiger inutilement la même influence de volonté libre qui a dû intervenir dans les actes plus lents et plus réfléchis, avant la formation de l’habitude ? Ainsi ont pensé plusieurs théologiens de diverses écoles. —

a) École thomiste. — « Il faut un acte de volonté, dit Jean de Saint-Thomas, quand une vérité est crue pour la première fois, de novo… Une fois qu’elle a été crue, il suffit que la volonté (de la croire) demeure virtuellement, et un nouvel acte de volonté n’est pas requis expressément et formellement. » Cursus theologicus, Paris, 1886, t. vii, De fide, q. i, disp. III. a. l.'n. 8. p. 80. Un autre thomiste dit que l’intelHgence est déterminée par la volonté, quoad specificationcm le plus souvent, ut plurimum. « Il peut arriver, ajoute-t-il, qu’une vérité de foi lui apparaisse avec Yevidentia in attestante, ce qui l’empêchera d’avoir pour cette vérité un dissentiment positif, quand même la volonté pourrait librement interrompre et suspendre l’assentiment. « Labat, Theologia scholaslica secundum illibaiam I). Thomse doclrinam, Toulouse. 1659, p. 176, 177. —

b) Compagnie de Jésus. — Suarcz admet que le fidèle habitué à croire n’a pas toujours besoin d’une nouvelle motion de la volonté : « parce qu’alors il est déjà conduit par l’habitude, et les actes surnaturels de l’intelligence, qui ont lieu alors, ne sont pas produits dans leur espèce déterminée par la force du commandement présent de la volonté, mais en vertu des actes précédents de la volonté actionnant surnaturellement l’intelligence et la soumettant à la foi chrétienne. » De fuie, disp. VI, sect. vii, n. 6, dans Opéra, 1858, t. jcii, p. 187. Ripalda traite largement la question : « Tout assentiment de foi, dit-il, s’il procède d’un esprit qui puisse dissentir, a besoin de la détermination et du commandement positif de la volonté ; s’il procède d’un esprit incapable de dissentir, il n’en a pas besoin. Or on est capable de dissentir, quand on a une parfaite advertance de l’objet sous toutes ses faces, c’est-à-dire avec des motifs pour et contre (l’assentiment). On en est incapable, quand l’advertance ou connaissance de l’objet est imparfaite (du point de vue de la liberté). quand on voit seulement la vérité de l’objet sans aucun inoiif pour le dissentiment… Parce que l'Écriture, les conciles et les l’cics prennent généralement et communément, comme type de l’acte de foi. cet assentiment qui suit la complète advertance de l’objet (laquelle comprend aussi la vue des objections, même sophistiques et de peu de valeur), on doit dire généralement et communément que l’acte de foi se fait par le commandement positif de la volonté… J’affirme donc que l’assentiment de foi régulier et ordinaire… demande d'être déterminé par la volonté. « De fide, disp. W I. n. : '.. I. dans le De ente siiprrnnturtili. Paris, 187 : '.. t. vii, p. 308. Il ajoute que même dans cet assentiment de foi ou l’on n’a pas le pouvoir de dis scnlir, il y a une pari de libellé et de mérite par le fait de la volonté qui applique l’intelligence à la con itlon des motifs ; de plus, seuls les vrais fidèles oui un tel assentiment, car il suppose une résolution de considérer les seuls motifs de la foi (et non les raisons sophistiques qui en détourneraient) et une hab11 1 id c d’agir ainsi : résolution et habitude qui n’existent

pas chez les hérétiques (formels et mal disposes), qui sont portés a l’erreur, à ce qui contredit la i

al., n. 21, |> 313. De nos jours et même après le cou elle du Vatican. Si hillini admet qu’avec ['évident ta m attestante on n’est plus libre de douter de la vérité du