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pour l’infaillibilité elle l’emportât très notablement comme nous l’avons prouvé, et que pour la fermeté elle fût à peu près égale.

C’est peut-être l’idée de saint Thomas dans la Somme Ihèologique, IIa-IIæ , q. iv, a. 8. La distinction qu’il y donne en disant que la foi a une certitude supérieure, secundum causam suam, et non ex parte subjecti, n’est pas très claire : elle a été diversement interprétée. Banez en fait la remarque : £170 tamen erediderim quod est maxima sequivocatio in eo quod dicitur, ex parie subjecti, et quoad nos. Commentaria in II"" 1I*>, Douai, 1615, q. iv, a. 8, concl. 2 p. 220. Suarez dit aussi : Distinclio est obscurci, et sano modo inlerpretanda, ne aliquid falsum contineal. De fide, disp. VI, sect. v, n. 12, dans Opéra, Paris, 1858, t. xii, p. 182. Cf. Salmanticenses, Cursus theologicus, t. xi, De fide, disp. II, n. 116, 117, p. 159, 160.

XI. Liberté et obscurité de la foi. — Dans cette double question fort difficile, nous suivrons cet ordre : 1° documents positifs sur la liberté de la foi ; 2° conclusion théologique certaine : il faut admettre dans la foi une liberté spéciale qui n’existe pas dans la science ; 3° l'évidence irrésistible des préambules. evidenlia alleslanlis, est-elle contraire à cette liberté spéciale de la foi ? 4° systèmes sur la liberté de la foi ; 5° documents positifs sur l’obscurité de la foi ; 6° conclusion théologique certaine : il faut admettre dans la foi une obscurité spéciale qui n’existe pas dans la science ; 7° systèmes sur l’obscurité de la foi ; 8° controverse célèbre : peut-on avoir simultanément sur un même objet la science et la foi ?

Documents positifs sur la liberté de la foi.

Si

nous prenons la liberté de la foi d’une manière générale et un peu vague, sans entrer encore dans aucune explication théologique, nous la trouvons affirmée : 1. par l'Écriture ; 2. les Pères ; 3. les conciles, en sorte que nous pouvons la regarder comme une doctrine de foi, et de foi définie.

1. L'Écriture. — « Prêchez l'évangile à toute créature. Celui qui aura reçu la foi et le baptême sera sauvé ; celui qui n’aura pas cru sera condamné. » Marc, xvi, 15, 16. « Celui qui croit en lui n’est pas jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Or voici le jugement : c’est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. » Joa., ni, 18, 19. « Repentez-vous, et croyez à l'évangile. » Marc, 1, 15. < Son commandement est que nous croyions en son Fils Jésus-Christ. » I Joa., iii, 23.

La liberté dont il peut être ici question n’est pas un droit de ne pas faire l’acte do foi salutaire ; ce n’esl pas e qu’on appelle parfois liberté morale, plus clairement, liberlas ab obliqalione. Au contraire, l'Écriture atteste notre devoir de croire, et nous en fait le commandement : Croyez. Ce ne peut être qu’une liberté physique, une possibilité physique de tic pas faire cel même quand nous nous déterminons à le faire. telle liberté peut en effet se déduire des textes cités, et de plusieurs manières, ) Aussi sont-ils rendus responsables, « jugés et condamnés pour leur mauvais choix. Or la responsabilité, la condamnation SUp posent dans le condamné un délit volontaire et libre. UrtOUt lorsque, comme ici. le juge est infaillible. ') Le commandement, le précepte <iu<iu de- 1 roire supcette liberté de la foi. Les préceptes ne s’adresqu’aux êtres libres, et pour une chose où ils sonl libre fin pouvant faire ou ne pas fin

qu’on leur ordonne, On ne donne paa à l’homme qui

1 tombe d’une maison dans la rue, l’ordre de ne pas tomber ; à un boiteux, l’ordre de ne pas boiter, pas

| plus que celui de boiter ; parce qu’il ne peut pas faire autrement.

2. Les Pérès.

a) Leur défense de la liberté de la

| foi contre les qnostiques. — Ces hérétiques ont été les premiers à attaquer, au 11e siècle, la liberté de la foi, par exemple, en disant avec Valentin, un de leurs chefs, qu’il y a parmi les chrétiens des natures supérieures et des natures inférieures, les pneumatiques et les psychiques ; les premiers aboutissant par la nécessité même de leur nature à la science ou gnose, les seconds à la foi. Ainsi la foi n'était d’après eux que le résultat fatal d’une organisation, d’une nature particulière. Les Pères de ce temps réclamèrent. « Ce n’est pas seulement dans les œuvres, dit saint Irénée, c’est aussi dans la foi que Dieu a conservé à l’homme son libre arbitre… A cause de (cette liberté de la foi), celui qui croit en lui a la vie éternelle. » Cont. hser.. 1. IV, c xxxvii, P. G., t. vii, col. 1102. Clément d’Alexandrie réfute aussi les gnostiques, et définit la foi « une anticipation volontaire, un assentiment pieux. » Slrom.. II, c. ii, P. G., t. viii, col. 940 ; cf. col. 941, 961, 964. « Croire et obéir, dit-il encore, sont en notre pouvoir. » Slrom.. VII, c. iii, P. G., t. ix, col. 419. Ce qui ne l’empêche pas de reconnaître en même temps la nature intellectuelle de la foi. Voir plus haut, col. 79, 80.

b) Leurs définitions de la foi. énonçant par/ois sa liberté. — Non seulement Clément que nous venons de citer, mais d’autres Pères encore font entrer le concept de volontaire, c’est-à-dire de libre, dans la définition même de la foi. Ainsi Théodoret : « Suivant notre définition, la foi est un assentiment volontaire. » Grsecarum affectionum curalio, serm. 1, P. G., t. i.xxxiii, col. 815. D’après saint Bernard, la foi est « un avant-goût volontaire et certain de la vérité qui n’est pas encore manifestée (au ciel). » De considérations ; 1. V, c. iii, P. L., t. clxxxii, col. 791. Or on ne fait entrer dans une définition que des éléments essentiels : ces Pères regardent donc la liberté comme essentielle à la foi.

c) La liberté de croire, donnée par eux comme condition ou élément de l’acte de foi. — On cite ordinairement ce mot de saint Augustin : Crcdere non potest, nisi volens. In Joa., tr. XXVI, n. 2. P. L., t. xxxv. col. 1607. Ce mot dit bien que l’acte de croire suppose comme condition un acte de la volonté, de la partie affective : mais cet acte a-t-il la liberté que nous voulons ici, liberlas a necessitalct Le contexte montre qu’il est seulement question ici de la liberlas a coactione. Voir Wilmcrs, De fide. 1902, p. 131. 135. Or, c’est la liberlas a necessilale qui est requise pour un acte méritoire, d’après la condamnation de la 3e proposition de Jansénius. Donzinger. n. 1(194. Mais ailleurs, paraphrasant cette liberté par ces mois : < avoir un

acte « -n notre puissance, ou bien : le faire ou ne pas

le faire, a notre choix, » saint Augustin dit : Quant aliquis, ulrum fuies ipsa in nostra constiiuta sit poieslale… Hoc i/nisijiir in potestate habere dicitur. quod si vult facii. si non vult non fæit… Profecto fuies in

potestaie est. Dr spirilu et lillera. c. xl, P. L.. t. xi. iv. col. 235. Ceci rappelle la formule de saint Cyprien : credendi vil non (credendi) Uberlatem in arbitrio posilam. Tesiimonia, I. m. c. iii, /'. /… t. iv, col. 760.

d) Leurs assertions sur le mérite de lu foi (ce qui suppose sa liberté). - Fides habet obedlentim meritum, dll saint Hilaire. In ps. CXVlll, ht. x. n. 12. /'. /.. t. ix. col. 568. Neque entm nullum est meritum fldel, dit saint Augustin. Bptst., cxciv, ad Slxlum, n- 9.

/'. /… I. wiii. col..S77. Il dit encore : Quls dlcal cum. qui fam CCfpit ' mli 11. ah ; //<>. m </'""' '" '