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liberté, ils disent que l’homme « pourrait résister > à cette grâce, avec laquelle de fait il « coopère » .

Que ce passage du concile vise Hermès, nous le savons : a) par le discours du rapporteur du nouveau schéma, Simor, primat de Hongrie, Colleclio lacensis, t. vii, col. 87 ; b) par le discours du rapporteur des amendements proposés, l'évêque de Paderborn, toccil., col. 16f> : c) par la note 17e que les théologiens romains avaient ajoutée au schéma primitif et où ils expliquent en détail, avec textes à l’appui, cette erreur d’Hermès et de ses disciples, loc. cit., col. 529, 530. Cf. Vacant, Éludes théologiques sur le concile du Vatican, t. ii, p. 07-73. L'Église a donc défini que la grâce est nécessaire à l’acte de foi, en tant que distinct de la charité ; mais la définition garde une certaine généralité ; le concile ne précise pas, avec la clarté absolue d’une définition, par lequel de ses éléments cet acte est surnaturel, quoiqu’il indique plutôt la volonté libre et son consentement à la grâce.

2. L’acte de volonté, qui commande la foi, est-il surnaturel ? — Il nous faut maintenant prendre en détail les éléments surnaturels qui figurent dans l’acte de foi largement compris. Nous commençons par la volonté de croire, le pius credulilalis affeclus, comme disent les Pères, parce que sa surnaturalité est plus manifeste, et fait l’objet d’une célèbre définition du concile d’Orange, dont les canons, comme on sait, ont une valeur œcuménique :

Si quis… initium fidei ipstmique credulitatis affectum, quo in eum credimus qui justificat inipium… non per gratis donum, id est, per inspirationem Spiritus Sancti corrigentem vnUintatem nostram…, sed naturaliter nobis inesse dii it apostolicia dogmatibus adversarius approbatur… 5 I Hnzinger, n. 178.

Si quelqu’un dit que le commencement de la foi et le désir même de croire, en vertu duquel nous croyons en celui qui justifie l’impie, ne vient pas d’un don de la grâce, d’une inspiration du Saint-Esprit corrigeant notre volonté, mais que c’est en nous l'œuvre de la nature, en disant cela il se montre en opposition avec les dogmes apostoliques.

Quant au concile du Vatican, nous venons de le voir, pour prouver contre Hermès que l’acte de foi en général est un produit de la grâce, il affirme tout d’abord que c’est un acte salutaire. Ceci renferme implicitement la surnaturalité de l’acte de volonté dans la foi. Qu’est-ce, en effet, qu’un acte salutaire ? C’est essentiellement un acte libre, qui conduit soit à la justification (salut commencé ici-bas) sous forme de disposition morale qui la prépare, soit à la vie éternelle (salut consommé au ciel) sous forme d’acte méritoire de la céleste récompense. Or un acte libre ne peut proprement résider que dans la volonté ; c’est en nous la seuli faculté libre, la seule capable de mériter. On peut, il est vrai, appeler libre et méritoire le mouvement de la main qui donne l’aumône, mais par une sorte d’analogie et de participation, et à la condition de ne pas liséparer, même par la pensée, de l’acte de volonté libre qui commande ce mouvement, et qui seul est foncièrement libre et méritoire ; de même on peut donner la dénomination de libre et de méritoire à l’acte Intellectuel de foi, mais seulement en tant qu’il

ir la volonté libre de croire, qu’il fait moralement un seul tout avec elle, et participe ainsi comme il peut à cette liberté dont il n’a pas la source m lui-même. Concluons que, dans ce groupe de deux auquel on étend le nom de « foi » , c’est l’acte volontaire qui est proprement « l’acte salutaire ; s’il reçoll di l’acte intellectuel la dénomination de i foi, il lui prêti i son tour celle de libre et de méritoire ; c’ast donc lui qui a besoin de la grâce nécessaire aux

. et qui à ce titre doit être surnaturel. OU < » > i

3. L’assentiment de foi est-il surnaturel'.' — Considérons maintenant l’acte intellectuel en lui-même, et en faisant abstraction de la volonté qui le commande. Ainsi considéré, il ne peut être libre ni salutaire, comme nous l’avons dit ; mais il peut être surnaturel. Car la qualité d’acte libre et salutaire n’est pas, comme se l’imaginent quelques-uns (ainsi déjà Hermès), le seul titre à la surnaturalité. Il y a des actes qui ne sont ni libres, ni salutaires, et qui toutefois sont surnaturels : par exemple, une illumination prophétique ; ou mieux encore, dans le ciel, la vision intuitive et l’amour béatifique, qui ne sont pas des actes libres, qui ne sont pas des actes salutaires, c’està-dire conduisant au salut, mais le salut même auquel nous tendons. Il n’y a donc pas d’impossibilité en ce que l’acte intellectuel de foi soit surnaturel en luimême, et non pas seulement commandé par un acte surnaturel de volonté. L’est-il ? L'Église ne l’a pas défini. Saint Augustin et les autres défenseurs de la grâce ne se sont pas occupés de ce côté de la question. La controverse, en effet, portait directement sur le « libre arbitre » , dont les pélagiens se constituaient les défenseurs exagérés ; craignant pour le libre arbitre, ils attaquaient surtout une grâce intérieure de la volonté : et par suite, c’est surtout une grâce intérieure de la volonté, un acte surnaturel de volonté, que défendaient contre eux saint Augustin et les Pères et les conciles d’alors. Aussi ces Pères, quand ils viennent à préciser, considèrent distinctement dans la foi la volonté de croire et la grâce qu’il faut à cette volonté. Voir notre citation du concile d’Orange. Pareillement le concile di Vatican est amené par l’erreur d’Hermès à indiquer plutôt la grâce de la volonté.

Cependant on peut donner des preuves très solides pour la thèse que saint Thomas exprime ainsi : F ides quantum ad assensum, qui est principalis aclus fidei, est a Deo interius movente per gratiam. Sum. t licol., II" II', q. vi, a. 1. Il appelle l’assentiment le « principal acte de foi » pour indiquer que l’acte préalable de volonté peut aussi être considéré comme une partie dans l’ensemble, mais secondaire, étant donné le sens propre du mot « foi » . D’autres endroits de saint Thomas qui renferment cette même doctrine, c’est quand il met la vertu surnaturelle de foi dans l’intelligence, ou du moins principalement dans l’intelligence, loc. cit., q. iv, a. 2 ; quand il appelle cette vertu une lumière, lumen fidei. Voir col. 240. Les théologiens admettent communément cette thèse, bien que plusieurs la supposent plutôt qu’ils ne la prouvent. Nous la prouverons par le concile du Vatican, l'Écriture et des considérations théologiques.

a) l.e concile du Vatican, sans définir ce point, nous permet de le conclure de ses paroles. Il dit que la foi est une < vertu surnaturelle, dont il assigne l’acte propre. Voir col. 115. Or cet acte qu’il assigne est l’acte intellectuel de foi, puisqu’il a pour objet le vrai : virtutem supernaturalrm qua, Dei aspirante et adjuvante gratia, ab eo revelala vera essr credimus. L’acte intellectuel de foi, l’assentiment aux vérités révélées, a donc pour facteur une grâce, une vertu surnaturelle : il est donc surnaturel.

b) La sainte Écriture nous représente l’homme comme entièrement régénéré par la rédemption du Christ, recevant une nouvelle vie spirituelle qui

s'étend a foutes ses facultés spirituelles, à l’intelligence comme à la volonté. Si le péché, détruisant l'œu vre première du créateur, a mis l’ignorance et l’erreur dans l’intelligence, comme la faiblesse et l’impuissance

dans la volonté, la grâce a partout surabondé. Voir.

par exemple, Rom., v, 17, 20 ; vi, i. Nous avons reçu en nous l’Kspiit s.iint poui connaître les chosi.

que Dieu nous : i données par la grflce, i I Cor., ii, 12 ; l’homme animal i, qui n’a que la vie naturelle, ne