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GLOIRE

col. 408 ; Origène, De princ, 1. II, c. xi, n. 6 ; 1. I, c, vi, n. 2 ; De oraiione, n. 11, P. G., t. xi, col. 246, 166, 419 ; Terlullien, De anima, 55, P. L., t. ii, col. 712-714 ; S. Grégoire le Thaumaturge, Sermo pancgyricus in honorera sancti Siephani, 2, dans Pitra, Analecla sacra, t. iv, p. 409. Mais déjà, à cette époque, plusieurs Pères envisagent cette vérité sous l’aspect qui nous occupe, à savoir que la société du ciel sera la continuation des liens de la terre et contribuera de ce chef à procurer aux élus une nouvelle gloire accidentelle. Saint Irénée, commentant l’histoire du mauvais riche et de Lazare, rappelle que « les âmes continuent de se connaître et de se rappeler les choses qui sont ici-bas. » Cont. hær., 1. II, c. xxxiv, n. 1, P. G., t. vii, col. 831. Saint Cyprien, arrêtant son regard sur le ciel, assure que « nous y sommes attendus par un grand nombre de personnes qui nous sont chères, que nous y sommes désirés par une foule considérable de parents, de frères et d’enfants qui, désormais assurés de leur immortalité, conservent encore de l’inquiétude pour notre salut. » De mortalilalc, c. xxvi ; cf. Epist., lvi, ad Thibarilanos, P. L., t. iv, col. 601, 357.

De beaucoup d’ouvrages de saint Ambroise, voir Ciel, t, ii, col. 2181, se dégage l’union mystique des élus entre eux et avec le Christ. Mentionnons tout particulièrement les espérances du saint évêque, pleurant son frère Satyrus, mais auquel il espère pouvoir bientôt se réunir, De excessu fralris Salijri, 1. I, n. 79 ; 1. II, n. 135 ; cf. n. 53 sq., P. L., t. xvi, col., 1311, 1354, 1329. Saint Jérôme (voir t. ii, col. 2485), réfutant Vigilance, n’admet pas que les saints ne puissent plus maintenir au ciel les relations d’affection qu’ils ont pu avoir ici-bas. Epist., lxxv, n. 2, P. L., t. xxii, col. 686. Saint Augustin, quelles que soient les hésitations de sa pensée sur la nature du ciel (voir t. ii, col. 2485-2486), affirme que les élus o se connaîtront, non pas parce qu’ils verront la face les uns des autres (avant la résurrection), mais parce qu’ils verront comme les prophètes ont coutume de voir ici-bas et même d’une manière bien plus excellente. » Serm., ccxliii, c. vi ; cf. cccxvi, c. v, P. L., t. xxxviii, col. 1146, 1434. Cette certitude de la réunion des élus au ciel est un thème de consolation. Epist., xcii, n. 1, 2, P. L., t. xxxiii, col. 136. Pour éviter les répétitions, notons simplement encore la doctrine de saint Grégoire : « (Les bienheureux), dit-il, reconnaissent ceux qu’ils ont connus en ce monde, agnoscunt quos in hoc mundo noverant ; ils reconnaissent aussi, comme s’ils les avaient vus et connus, les bons qu’ils ne virent jamais » , velut visos ac cognilos agnoscunl. Dial., 1. IV, c. xxxiii ; cf. c. xxxiv, P. L., t. lxxvii, col. 373-376. Voir, reproduisant la doctrine de saint Grégoire, saint Julien de Tolède, Prognoslicon, 1. II, c. xxiv, P. L., t. xevi, col. 486 ; Haymon d’Halberstadt, De varietate librorum, 1. I, c. viii, P. L., t. cxviii, col. 882 ; Honorius d’Autun, Elacidarium, 1. III, n. 7, 8, P. L., t. clxxii, col. 1161-1162. Dans un sens plus strictement philosophique, signalons saint Paulin de Noie, pour qui J’âmc, en vertu de sa céleste origine, survit au corps et doit nécessairement conserver ses affections et ses sentiments comme elle conserve sa vie. Poemata, xviii, xxiv, P. L., t. lxi, col. 492, 620.

En ce qui concerne les Pères des Églises grecque et syrienne, nous n’avons que peu de chose à ajouter à l’art. Ciel, col. 2488-2492. De saint Jean Chrysostome, signalons tout particulièrement In Matlhxum, homil. xxxi, n. 4, 5, P. G., t. lvii, col. 374 sq., et les si touchantes consolations qu’il adresse île, vêcixepav /jripEuaaaav, P. G., t. i.xviii, col. 600 sq. Cf. pseudo-Athanase, Quxsliones ad Antiochum ducem, q. xxir, P. G., t. xxviii, col. 609-612. Saint Théodore Studite développe la même vérité en l’appuyant sur le fait du jugement dernier. Ce jugement ne peut avoir lieu qu’à la condition que tous les chrétiens se reconnaissent ; les douze apôtres, assis sur douze trônes, Matth., xix, 28, ne pourront juger les nations qu’à la condition de les connaître ; Job ne pourra recevoir le double de ses enfants, cf. Job, xlii, 10, 13, qu’à la même condition de les reconnaître pareillement. Il faut donc croire que « le frère reconnaîtra son frère, le père ses enfants, l’épouse son époux, l’ami son ami… ; tous nous nous connaîtrons, afin que l’habitation de tous en Dieu soit rendue plus joyeuse par ce bienfait, ajouté à tant d’autres, celui de nous connaître les uns les autres. » Serm. catech., xxii, P. G., t. xcix, col. 538, 539 ; cf. Epislolarium, 1. I, epist. xxix ; 1. II, epist. clxxxviii, ibid., col. 1005, 1573, 1577. Voir aussi Photius, Epist., 1. III, epist. lxiii, Tarasio palricio, jralri, P. G., t. en, col. 969 sq.

L’hagiographie, l’épigraphie, l’iconographie et plus encore la liturgie fournissent de nombreux témoignages concernant cette société céleste qui sera l’une des gloires accidentelles des élus. Voir Ciel. On lira, avec fruit, sur le même sujet, S. Bernard, Serm., ii, in nalali sancti Victoris, n. 3, P. L., t. clxxxiii, col. 374-375 ; Bossuet, Sentiment du chrétien louchant la vie et la mort, Œuvres complètes, Besançon, Paris, 1840, t. iv, p. 692 sq. — Les élus pourront-ils trouver quelque joie accidentelle du côté des habitants des limbes ? « On peut regarder comme… probable qu’il y aura des rapports d’amitié humaine entre (les enfants morts sans baptême) et les bienheureux, citoyens de la patrie céleste. Ceux-ci pourraient venir converser avec eux, les consoler, les instruire de bien des choses qui leur feront mieux connaître et aimer Dieu… Cette croyance, si elle ne peut s’appuyer sur aucun texte positif de la révélation divine, n’y rencontre non plus aucune contradiction positive. » De Smet, op. cit., t. i, p. 304, note.

S. Thomas, Sum. theol., 1> II*’, q. iv, a. 8 ; IIa-IIæ , q. xxvi, a. 13 ; In IV Sent, I. III’dist. XXXI, q, ii, a. 3 ; et les commentateurs ; Muratori, De paradiso regnique cœleslis gloria, Vérone, 1738 ; et, parmi les auteurs récents, Monsabré, Carême de 1889, Le ciel, n c point ; Élie Méric, L’autre vie, Paris, 1912, t. ii, c. ix ; Blot, Au ciel on se reconnaît, Paris, 1909.

III. Gloire consommée et accroissement de la gloire.

La gloire ou béatitude consommée consiste dans l’épanouissement complet de la gloire dans la nature humaine totalement reconstituée. La gloire consommée n’existera donc qu’après la résurrection. Cette vérité se trouve affirmée dans la tradition, mais non sous une forme toujours identique. Quelques Pères et écrivains ecclésiastiques, jugeant que le corps doit être réuni à l’âme pour que celle-ci puisse jouir de la gloire, ont reculé la vision béatifique elle-même jusqu’après la résurrection. Cette erreur a été condamnée par Benoît XII. Voir ce mot. Les autres, tout en admettant la doctrine catholique que Benoît XII devait promulguer, varient dans leur façon de s’exprimer touchant les rapports entre ce que nous appelons maintenant, avec nos formules théoloçiques précises, la gloire consommée et la gloire essentielle. La gloire consommée ajoute quelque chose à la gloire essentielle, voilà ce que tous sentaient et exprimèrent en des formules parfois équivoques et qu’on a tâché d’expliquer ailleurs. Voir Benoit XII, t. ii, col. 684-688.

Ce qui nous reste à faire ici, c’est donc la mise au point théologique de la différence qui existe entre l’une et l’autre gloire. Cette mise au point peut se résumer en deux propositions, dont la première est nécessaire à l’intelligence de la seconde :

V ? proposition : L’accroissement de la gloire acci-