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GIRY

GISMONDI

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consacrer son premier travail à l’enfance de JésusChrist. Cet ouvrage, continue le Journal, n’a pas encore vu le jour. Peu après, il composa l’Entretien de JésusChrist avec l'âme chrétienne, qu’il joignit à une poésie d’Aspirations saintes, dont il y eut plusieurs éditions à Paris et dans les provinces. Son petit Livre des cent points d’humilité est entre les mains de tout le monde, et la duchesse de Ventadour l’a fait imprimer à ses dépens à Moulins. Les Explications, les notes et les lions qu’il a faites sur la règle du tiers-ordre de saint François de Paulc, sont recherchées par plusieurs personnes de piété. » On lit encore au même endroit qu’on retrouva dans ses manuscrits le dessein d’un ouvrage en quarante chapitres, sous le titre de Singulttis animée pœnitentis, qui aurait été tout différent de celui de Bellarmin De gemitu columbæ. Il laissait aussi de nombreuses dissertations qui auront probablement disparu, ainsi que ses restes ensevelis dans une tombe de pierre en l'église du couvent de la place Royale, rasée en 1803.

Journal des savants, 1698, t. xix, p. 444, d’après la Vie du R. P. François dry, par le P. Claude Raffron, Paris, 1691 ; Morérl, Le grand dictionnaire historique, Paris, 1745 ; Henri de Grczes, Vie du R. P. Barré, fondateur de l’Institut des Écoles charitables du Saint-Enfant-Jésus dit de SaintMaur, Bar-le-Duc, 1892.

P. Edouard d'Àlençon. GISBERT Jean, jésuite français, hé à Cahors en 1630, admis au noviciat de la Compagnie de Jésus, le 2 octobre 1654, enseigna la philosophie et la théologie à Tournon, puis la théologie dogmatique à Toulouse pendant dix-huit années avec un succès dû à l’excellence de sa méthode et au caractère original de son enseignement. Défenseur ardent de la scolastique, le P. Gisbert chercha dès le début à renouveler la théologie de son temps en donnant à la positive et spécialement à l'étude des faits en connexion avec le dogme une importance qui semblait excessive à plusieurs et qui constituait vraiment ime intéressante et hardie nouveauté. Son premier ouvrage où il exposait et appliquait tout ù la fois sa méthode : Vera idea theologiæ cum historia ccclesiaslica socialse, sive quæsliones juris et facti theologiæ, Toulouse, 1676, eut un immense succès. Réimprimé à Paris, à Gratz, a Vienne, à Passau, à Augsbourg et dans d’autres villes, il exerça une influence incontestable sur l’orientation des méthodes théologiques en Allemagne dans tout le cours du xviiie siècle. L’introduction contenait une longue dissertation sur la méthode en théologie. L’auteur gardait à la scolastique tous ses droits, mais il s'élevait contre les excès de la dialectique et les vaines subtilités d'école ; il entendait ramener la théologie à l'étude des questions vraiment fondamentales de la religion et des vérités dogmatiques en s’appuyant tout d’abord sur la base solide des textes et des faits. La scolastique ne doit pas être une métaphysique du dogme, mais une connaissance raisonnée des matières de la religion, une dialectique serrée, mais portant sur l'Écriture, les Pères, l’histoire de l'Église et l’antiquité sacrée. Dans le même ordre d’idées et de tendances, le P. Jean Gisbert entreprit bientôt une série de conférences théologiques à l’Académie de Toulouse sur des matières historicodogmatiques. Les principales : Petrus Paulo concors seu discordia Pclrum inlcr et Paulum ; De Zozimo pontiflee in causa Pelagii et Cseleslii ; Defensio Ecclesiie in negotio trium capitulorum ; De Ilonorio pontiflee in casu monothelilarum, furent publiées sous ce titre : Disserlaliones Academicse seleclæ, ad ornatum christianse theologise cum historia ccclesiaslica nova methodo ocialse, Paris, 1688, et plusieurs fois rééditées. Il serait intéressant de suivre dans les écrits du temps l’impression produite par cette méthode alors si

nouvelle, mais qui ne semble pas avoir exercé sur les études théologiques en France une influence comparable à celle qu’elle obtint peu à peu à l'étranger. Le Journal des savants, dans un article approfondi du 19 septembre 1689, avait attiré l’attention sur la méthode théologique du P. Gisbert, dont il louait sans réserve les mérites. « Il est difficile de former, disait-il, une plus belle idée de théologie que celle que le P. Gisbert vient de donner. » C’est seulement dans le cours du xviii siècle que ces idées alors très neuves pénétrèrent en Sorbonne, sans toutefois rénover son enseignement. Le P. Gisbert avait conçu le projet de publier une théologie complète, en une vingtaine de volumes, suivant cette méthode à la fois scolastique, historique et critique, dont il revendiquait à bon droit la paternité et qui marque un étonnant effort dans l’histoire de la théologie au xvii c siècle. Le I er volume parut en 1699 : Scicnlia religionis universel, sive christiana Iheologia historiæ ccclesiaslicæ nova methodo sociala, quæstiones juris et facti theologicas complcctens, Paris, 1789, suivi aussitôt du iie volume : Dcus in se unus et trinus, ibid., lorsque, pour des causes peu connues, la publication cessa brusquement. Il est vraisemblable que la méthode souleva des critiques en haut lieu, car nous voyons à partir de cette date le P. Gisbert abandonner ses chères études dogmatiques pour prendre part aux discussions soulevées par la question du probabilisme. Le dernier ouvrage sorti de sa plume a pour titre : Antiprobabilismus seu tractatus Iheologicus fidelem lolius probabilismi stalcrum conlinens, in qua ex ralionibus divinis accuratc examinatur seu veriias seu falsilas ulriusquc probabilismi in maleria morali, Paris, 1703. Le titre indique exactement l’objet et la méthode de cet important ouvrage dont le cardinal de Noailles avait accepté de grand cœur la dédicace en ferme tenant de la doctrine exposée. L’ouvrage souleva un vif émoi dans la Compagnie de Jésus et au dehors, car, à la suite du P. Thyrse Gonzalez, l’auteur combattait résolument le probabilisme, en déclarant qu’il rétractait ses premiers sentiments et un enseignement de vingt années, pour se ranger à l’opinion des probabiliorisles. Pour lui, il existe deux espèces de probabilisme : le probabilisme rigide qui fait valoir la probabilité de la loi contre la liberté, et le probabilisme mitigé qui soutient la probabilité de la liberté contre la loi. Ces deux théories lui paraissent également irrecevables. Sa conclusion est que, soit en jugeant, soit en agissant, il est permis de suivre le sentiment le plus probable, même quand il est le moins sûr. Il ajoute que le surplus de probabilité doit être considérable. Mais le critérium qu’il propose pour régler sa conduite est fort complexe et indécis. Pour lui le degré de probabilité requis pour agir consiste dans une vraisemblance si grande que, tout bien examiné, elle suffise pour persuader un homme prudent, et elle le persuadera si l’esprit s’aperçoit qu’elle n’a pas coutume de le tromper dans de pareilles circonstances. Le système est jugé par là même. Le P. Gisbert mourut à Toulouse le 5 août 1710, après avoir rempli pendant les dernières années de sa vie la charge de provincial.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. III, col. 1463-1466 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., t. iv, col. 956, 1285 ; Zaccaria, Thésaurus tlwologicus, t. vii, p. 776-795, 1409-1413 ; Lambert, Histoire littéraire du siècle de Louis XIV, Paris, 1776, t. i, p. 116 sq. ; Acla eruditor. Lipsise, 1707, p. 373 sq.

P. Bernard.

    1. GISMONDI Henri##


GISMONDI Henri, théologien de la Compagnie de Jésus. Né à Rome, le 29 avril 1850, il entre dans la Compagnie le 1 er janvier 1869, à Rome, achève ses études classiques à Eppan en Tyrol, étudie la philosophie à Maria-Laach, puis à Louvain, la théologie à