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GILLES DE ROME — GILLES DE VITERRE

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u) en français par Henri des Gauches, dont il existe des manuscrits à la Bibliothèque nationale de Paris ; b) en italien, éditée par Fr. Corazzini en 1858, mais entreprise dès 1288 ; c) en hébreu, dont on posséderait un manuscrit à Leyde ; d) en espagnol par Bernardo ou Bernabe.évêque d’Osma, à la requête d’Alphonse XI de Castille, Comienza et Ubro inlitulado : Regimiento de principes jecho y ordenado por Fr. Gil de Rome, de la orden de S. Agustin, e fizolo trasladar en romance D. Bernardo, obispo de Osma, por honrae ensenamicnlo del mmj noble infante D. Pedro, fijo primero, heredero del miuj allôe muy noble D. Alonso rey de Castilla, de Toledo y Léon, in-fol., Séville, 1494. L’on dit que d’autres traductions furent faites en portugais, en catalan et en anglais. Quant à l'édition latine originale, elle a été réimprimée à différentes reprises : s. 1.. 1473 ; Rome, 1482 ; Venise, 1498, 1502 ; Rome, 1556 ; Venise, 1585, 1598 ; Rome, 1607 ; avec biographie de l’auteur, Venise, 1617. D’après l’Histoire littéraire de la France, p. 525, les mss. en sont tellement nombreux qu’on en rencontre à peu près dans toutes les bibliothèques publiques de l’Europe ; l’augustin Léonin de Padoue en a fait un résumé, publié par H. Mùller, dans Zeilschrijl fur die gesamte Slaaisivissenschaft, Tubingue, 1888, t. xxxi, p. loi sq. (mss. à Munich, bibliothèque royale, n. 8809, et à l’Angelica, n. 750) ; présenté comme ouvrage de Gilles de Rome à YAcademia dei Lincci en 1885 par M. Narducci. Cf. V. Courdaveaux. JEgidii romani de regimine principum doctrina, Paris, 1857.

Les idées de Gilles de Rome, principalement en théologie, ont été exposées d’une manière synthétique dans Sehola .Egidiana, sive theologia exantiquata juxta doctrinaux S. Augustini ab JEgidio Columna expositam. C’est un cours complet de théologie tiré en grande partie des œuvres de Gilles et publié d’abord à Naples en 1683-1690, puis à Rome en 1692-1696, par le P. Fred. Nicolas Gavardi, augustin. N. Mattioli, O. S. A., Studio crilico sopra Egidio Romano Cnlonna arcivescovo di Bourges dell' ordine Romitano de sant' Agostino, dans V Anlologia agost iniana, Rome, 1896, t. i ; Histoire littéraire de la France, t. xxx, au mot : Gilles de Rome ; Analecta augustiniana, 1 907-1 908, ; t. ii, p. 278 sq. ; G. Boffito, Saggio di bibliograpa Egidiana, Florence, 1911 ; Ossinger, Bibliotheca augustiniana, Ingolstadt, 1768, p. 237250 ; Féret, La faculté de théologie ci ses principaux docteurs. Moyen âge, Paris, 1895, t. ii, p. 168-169 ; Scheeben, dans Kircbenlexikon, t. iii, p. 690 ; Werner, Der Augustinismus im spàteren Miitelaltcr, "Vienne, 1883, p. 225 sq. ; Hurter, Nomenclator, 1906, t. ii, col. 481-486.

N. Merlin.

4. GILLES DE V1TERBE, un des plus illustres savants et cardinaux de l’ordre de Saint-Augustin. Un historien de Viterbe, Bussi, Istoria délia citlà di Vilerbo, Rome, 1742, t. i, p. 291, l’appelle Antonini de son nom de famille, Ughelli, Caninius.

Ces renseignements sont erronés. Son père s’appelait Antonin Canisio, et sa mère Maria del Testa. Plusieurs de ses biographes, même Mgr Grana, déclarent que sa famille, dépourvue des biens de la fortune, était d’une condition très modeste ; Gandolfo cite plusieurs documents pour révoquer en doute cette assertion, p. 16. Gilles naquit vers 1465, cf. Fiorentino qui cite, p. 254, un passage de l’Historia XX sseculorum, dans lequel Gilles dit qu’il était enfant en 1469, à Viterbe, ou, selon d’autres écrivains, à Canepina, et l’an 1488 il embrassa la vie religieuse dans l’ordre de Saint-Augustin. Dans une lettre à Nicolas Mannio, publiée par Martène, il raconte qu’il étudia la théologie, la philosophie, le latin, le grec et l’hébreu dans plusieurs couvents de l’ordre, a Amélia, à Padoue, dans l’Istrie, à Florence et à Rome. Velcrum scriplorum colleclio, t. iii, col. 1242. Le P. Mariano de Genazzano, général des augustins, l’appela à Rome et lui conféra le diplôme de maître en théologie. Il lui témoigna une telle confiance qu’il voulut se l’associer dans le gouvernement

de l’ordre. Lorsqu’il fut envoyé par Alexandre VI comme ambassadeur auprès du roi de Naples, il se fit accompagner de Gilles et, à leur retour, celui-ci assista, à Sessa, le général à ses derniers moments, au mois de décembre 1498, et dans la suite, il en fit transporter les dépouilles mortelles au couvent des augustins de Lecceto. Le P. Gilles s'était déjà rendu célèbre dans toute l’Italie par son éloquence et son érudition. Il avait prêché à Florence, Bologne, Ferrare, Venise, Sienne, Naples, et partout il avait remporté des triomphes. Sa renommée était si grande qu’Alexandre VI voulut entendre ses sermons à plusieurs reprises. Jules II lui écrivait le 4 novembre 1505 : Romam est redeundum ; tantum enim lui desiderium reliquisli, ut ab omnibus in lege Domini et salulem animarum quærentibus expecteris. Pastor, Gcschichte der Pdpstc seil dem Ausgang des Miltclallcrs, Fribourg, 1895, t. iii, p. 856. Le même pape l’envoyait à Venise. en 1506, pour obtenir de la république qu’elle rendît au Saint-Siège la ville de Fænza. Pastor, loc. cit., p. 588. La même année, à la mort du P. Augustin Faccioni de Terni, général des augustins, il le nommait vicaire général de l’ordre. C’est alors que commencèrent ses premiers rapports avec Staupitz. Voir Kolde, Die deutsche Augusliner Congrégation und Johan von Staupitz, Gotha, 1879. L’année suivante, au chapitre général tenu à Naples, le P. Gilles était appelé au gouvernement de sa famille religieuse. Son humilité l’engagea à fixer son séjour dans un couvent solitaire du Mont-Cimino, près de Viterbe. Il y vivait avec un petit nombre de religieux dans l’observance de la règle, et par ses lettres et ses exhortations il s’efforçait de relever et vivifier l’esprit de son ordre. Le 2 mai 1512, en présence de Jules II et des cardinaux, il prononça le discours d’ouverture du concile de Latran. Il y indiqua les maux dont l'Église soutirait, et les bénédictions que, par le moyen des conciles, Dieu fait pleuvoir sur elle. Pastor, loc. cit., p. 661. Ce discours excita la plus vive, admiration, et le cardinal Sadolet, dans une lettre au cardinal Bembo, ne tarissait pas d'éloges sur son auteur. Au concile, le général des augustins prit la défense des ordres mendiants, qu’on menaçait de dépouiller de leurs privilèges et exemptions. Dans ses lettres, surtout dans une lettre aux augustins de Paris, il demandait aux religieux de prier pour éloigner la tourmente, et les engageait à réformer leur vie. Martène, loc. cit., col. 1262-1261. A la mort de Jules II, Léon X témoigna à Gilles la même bienveillance que son prédécesseur. En 1515, il l’envoya à l’empereur Maximilien pour l’amener à traiter la paix avec Venise et à combattre les Turcs. En 1517, il le chargea d’une légation auprès du duc d’Urbin. U lui écrivait familièrement et l’invitait à quitter sa solitude de Cimino et à rentrer à Rome, où il l’aurait revêtu de la pourpre romaine. Mais le P. Gilles, qui avait été confirmé dans sa charge de prieur général aux chapitres généraux de Viterbe (1511) et de Rimini (1515), préférait l’humilité du cloîlie aux dignités ecclésiastiques. Cependant, au mois de juillet 1517 Léon X le nomma cardinal, et l’envoya, l’année suivante, comme ambassadeur à Charles-Quint, poui l’engager à se mettre à la tête d’une nouvelle croisade contre les Turcs, enorgueillis de leurs victoires en Perse. Les charges que lui imposait sa nouvelle dignité obligèrent Gilles à renoncer au gouvernement de son ordre, et à le remettre entre les mains du P. Gabriel de Venise. U annonça cette démarche à ses religieux dans une lettre très touchante, qui est un véritable monument d’humilité chrétienne. Martène, op. cit.. t. iii, p. xxii. Au retour de sa légation, le cardinal Gilles fut nommé par Clément VII protecteur de l’ordre en 1523, patriarche de Constantinople et évêque de Viterbe. On lui confia l’administration des églises épiscopales de