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HIPPOLYTE (SAINT)

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magne et ailleurs. Leur auteur les renforça dans un compte rendu de l’ouvrage de Th. Schermann, Weiherituale der rômischen Kirche am Schlusse des ersten Jahrhundcrts, publié dans Oriens christianus, 1915, nouv. série, t. ii, fasc. 2, p. 347-354.

Il était réservé à dom René-Hugues Connolly, bénédictin anglais de l’abbaye de Downside, de donner une démonstration solide des conclusions suggérées par Schwartz. The so-called egyptlan Church order and derived documents, dans Texls and studies de Robinson, Cambridge, 1916, t. viii, n. 4. Par la comparaison des textes des prières de l’ordination d’un évêque dans les Canons d’Hippolyte, l’Épilomé du VIIR livre des Constitutions apostoliques, ces Constitutions elles-mêmes, l’Ordonnance ecclésiastique égyptienne et le Testament de N.-S. Jésus-Christ, dom Connolly a constaté, p. 11-54, une identité parfaite entre l’Épilomé et l’Ordonnance, un accord fréquent de cette Ordonnance avec les Constitutions apostoliques, là où celles-ci diffèrent des Canons d’Hippohjte et du Testament. Les deux premiers écrits sont donc en contact immédiat et il est impossible d’interposer entre eux les trois autres documents, quoique les Constitutions apostoliques aient eu un contact avec l’Ordonnance égyptienne plus direct que les Canons d’Hippohjte et le Testament. Quelle est maintenant la priorité des Constitutions apostoliques et de l’Ordonnance ? Les Constitutions présentant le caractère d’un texte développé ou interpolé, la priorité en somme doit être accordée à l’Ordonnance, dont l’Épilomé n’est qu’un abrégé. L’Ordonnance doit donc être considérée comme la source première de toute cette littérature. Connolly, p. 54-134.

Deux documents, rattachés au nom d’Hippolyte par leur titre, l’Épilomé et les Canons, dérivent ainsi parallèlement de l’Ordonnance égyptienne. La mention d’Hippolyte ne proviendrait-elle pas de la source commune ? N’y aurait-il pas quelque indice que cette source, l’Ordonnance égyptienne, aurait autrefois été attribuée à saint Hippolyte ? C’est ici qu’intervient la distinction, mentionnée plus haut, entre le Ilspi 7apt<ru.dtTtov et LAîtocToXoà] ^apâooaiç, inscrits sur la même ligne de la statue. Cette distinction est établie par la comparaison des documents qui dérivent de l’Ordonnance égyptienne. En effet, parmi les sous-titres du texte grec de l’Épilomé, on lit les deux suivants : A’.oasxaXta itov ctYtû)v à~oiTÔ/.")v r.ip. yaotcixdttov ; AiarâEnç t<ov àytejv owtoaToXwv r.tpl yeipoTovtûv Bià I--oÀuxo’j. Ces titres ne sont que des développements de la ligne précitée de la statue et le second assigne au Ihpt’/.E’. Potoviûv le caractère d’une tradition apostolique, qu’il rattache expressément à saint Hippolyte. Or, le prologue des fragments latins de l’Ordon nance égyptienne fournit le lien qui existait entre ces deux développements des titres, des dons divins et d’une tradition apostolique. E. Hnuler, Didascalia apostolorum fragmenta veronensia latina, Leipzig, 1900, p. 101-103. Les Constitutions apostoliques, 1. VIII, 3, établissent le même rapprochement, mais sans nommer Hippolyte. Ce nom a sans doute été empruntée l’Ordonnanceégyplienne par l’auteurde V Épitomé. L’Ordonnance elle-même présente ce qu’ellecontient surlesordinations comme une tradition apostolique. On peut en conclure que 1 A^oiTo/.ixr, icapâSoaiç de la statue désigne l’écrit du docteur romain sur les ordinations, qui nous a été conservé dans la soi-disant Ordonnance ecclésiastique égyptienne, Connolly, p. 135-149.

L’ancienne’AjcootoX’.xy] 7capâ803tç de saint Hippolyte, ainsi reconstituée, est un document du plus haut prix pour l’histoire de la théologie et de la discipline romaine dans la première moitié du iiie siècle. Hippolyte a décrit ce qu’il avait sous les yeux ; eût-il mis à cette description son empreinte personnelle,

qu’il resterait néanmoins un témoin tout particulièrement qualifié. Il y aura toutefois à déterminer à quelle époque de sa vie, avant ou pendant son schisme, il a composé cet ouvrage et quelle influence ont pu exercer sur sa rédaction les circonstances de la vie de l’auteur.

Voir R. H. Connolly, The ordination prmjers of Hippolytus, dans Journal of theological studies, 1916, t. xviii, p. 55-58 ; A. d’Aies, dans les Recherches de science religieuse, Paris, 1918, t. viii, p. 132-138.

Homélies et odes.

1. Il est incontestable qu’Hippolyte

a prononcé de très nombreuses homélies ; on peut même affirmer que ses commentaires sur l’Écriture étaient primitivement des homélies. En dehors des fragments déjà cités l’on connaît au moins de nom plusieurs homélies de notre docteur.

Saint Jérôme mentionne, De viris ill., 61, une ^poioiviXîa de laude Domini Salvedoris, in qua prsesente Origene se loqui in ecclesia significal. Ce séjour d’Origène à Rome est à situer en l’an 212. Il ne reste rien de cette homélie.

Nous avons signalé plus haut l’homélie rspifou râoya distincte du comput pascal et dont quelques fragments se sont conservés.

On possède au complet, en grec et dans une version syriaque, le texte d’une homélie intitulée : Ao’yo ; etç xà àyia 6sotpâveia. C’est en réalité un discours à propos d’un baptême illustre. L’authenticité est bien douteuse ; Achelis attribue la paternité de l’œuvre à quelque évêque oriental du ive ou du ve siècle. Batiffol n’hésite pas à en faire honneur à Nestorius. Cependant on a voulu en ces dernières années en démontrer l’authenticité, pour la plus grande gloire d’Hippolyte.

Texte grec : de Lagarde, p. 36-43 ; édition de Berlin, t. i l>, p. 257-263. Texte syriaque dans Pitra, Analecta sacra, t. iv, col. 57-61. Discussion sur l’authenticité : Achelis, Hippolyt-Studien, p. 194-202 ; Batiffol, Hippolytea, dans Revue biblique, 1898, t. vii, p. 119-121 ; Sermons de Nestorius, ibid., 1900, t. ix, p. 341-344. Pour l’authenticité, F. Hôfler, ’Iuitio-XÛtou e !  ; ta âyix ôeoçàvsia, Munich, 1904.

2. Aux lignes 21 et 22 de l’inscription, on a cru lire : ùiBoct (s) !  ;  ;  : âcja ; t<xç ypacpaç, odes sur toutes les Écritures. Lightfoot voulait y voir des résumés en vers sur les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament ; le canon dit de Muratori ne serait autre chose qu’une mauvaise traduction latine d’une composition métrique de ce genre, que Lightfoot ne craignit pas de restituer. C’est une conjecture hardie. Batiffol proposait de lire cntouoai et voyait dans le texte une indication sur l’ensemble des travaux scripturaires d’Hippolyte.

Il paraîtrait qu’il faut lire non pas wSaî s !  ;, mais simplement à)Sat : a ; les deux points devant le S signifiant que la lettre est prise avec sa valeur numérique : 200. Cette lecture est susceptible à son tour d’une double interprétation : a) deux cents odes. (Voilà) tous les écrits (d’Hippolyte) ; b) des odes. (Soit) deux cents écrits. En ce dernier cas, le chiffre de deux cents se rapporterait à tout l’ensemble de l’œuvre d’Hippolyte. Les deux interprétations ont chacune leur difficulté. Et ce petit problème n’est encore pas résolu ; il reste qu’il faut lire wSat ; mais la postérité n’a pas conservé le souvenir de travaux poétiques d’Hippolyte

Sur cette question, Lightfoot, The apostolic Fathers. I. Clément of Rome, Londres, 1850, t. ii, p. 405-413 ; Batiffol, Les prétendues Odse in Scripturas de saint Hippolyte, dans la Revue biblique, 1896, t. v, p. 268-271.

Si l’on veut essayer de fixer au moins provisoirement la physionomie intellectuelle d’Hippolyte, on peut prendre le cadre proposé par d’Alès et distinguer dans son activité trois phases. La première est celle de