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HINCMAR _ HIPPOLYTE (SAINT,


revenus du diocèse, et il lui fut permis de célébrer la niasse pontiiicalement. Il mourut l’année suivante.

Cellot, Vila Hincmari junioris, dans son Concilinm Duziaccnse, Paris, 1658, p. 1-60 ; P. L., t. c&.mv. col. 967-978 ; Histoire littéraire de la France, t. v, p. 522 ; Schrôrs, oans le J-’irchenlexikon ; Hetele, Histoire des conciles, trad. Leclerrq, Paris, 1911, t. iv b, p. 613-619 ; Hurter, Nomenclator, Iuspruck, 1903, t. i, col. 806-807.

H. Netzer.

    1. HIPPOLYTE (Saint)##


HIPPOLYTE (Saint).— I. Sa personne. II. Ses œuvres. III. Sa théologie.

I. Sa personne.

Nulle personnalité de l’ancienne Église chrétienne n’est restée aussi longtemps et aussi profondément mystérieuse que celle d’Hippolyte. A vrai dire, c’est seulement depuis le milieu du xixe siècle qu’elle commence à s’éclairer. Groupés par les critiques, les renseignements épars dans l’antiquité ecclésiastique nous permettent de faire revivre cette première grande apparition de la théologie occidentale au début du 111e siècle. Nous commençons à entrevoir en Hippolyte un docteur aussi illustre et plus informé que son contemporain Origène, un homme d’Église d’allure aussi hautaine que les plus grands évêques du iiie siècle, un antipape qui, durant plusieurs années, élève chaire contre chaire dans la communauté romaine, un confesseur et un martyr enfin, qui rachète, par son sacrifice et sa pénitence un peu tardive, les égarements passagers où l’a entraîné son orgueil.

Or, tout cela, les premiers historiens et les premiers critiques ecclésiastiques l’ont ignoré à peu près complètement. Moins d’un siècle après la mort d’Hippolyte, Eusèbe, qui dans la bibliothèque de Jérusalem avait trouvé les œuvres du docteur romain, en donnait un catalogue volontairement incomplet ; mais s’il connaissait le caractère épiscopal d’Hippolyte, il ne pouvait dire de quelle Église il avait été le chef. H. / ;., 1. VI, cxx et xxii. Cinquante ans plus tard, saint Jérôme complétait dans le De viris illustribus, 61, le catalogue des œuvres d’Hippolyte donné par Eusèbe ; dans ses commentaires sur les Écritures, il citait à plusieurs reprises le premier exégète occidental ; dans plusieurs de ses lettres il y faisait allusion, mais, tout comme Eusèbe, il avouait son ignorance relativement au siège épiscopal occupé par Hippolyte. Voir la collection complète des références de saint Jérôme, dans Lightfoot, The apostolic Fathers, part. I, Londres, 1890, t. ii, p. 329-331, et dans Harnack, Geschichie der allchristlichen Lillcratur, t. i, p. 611. Si les érudits les plus considérables du ive siècle sont si maigrement renseignés sur la personne d’Hippolyte, comment s’étonner que les écrivains moins érudits de l’ancienne littérature chrétienne aient ignoré complètement, sinon les écrits, au moins le personnage du docteur romain ?

Chose, curieuse, c’est en Occident, à Rome, sur le théâtre même de son activité, qu’Hippolyte a été le plus méconnu. Écrites en grec, à une époque où le latin prenait dans l’Église romaine une place de plus en plus considérable, ses œuvres seraient bientôt illisibles pour le commun des théologiens ; émanées d’un schismatique, elles devaient soulever contre elles pas mal de préjugés. Ces deux circonstances expliquent à peine l’oubli profond dans lequel sont tombées en Occident les productions d’Hippolyte. Au dire de saint Jérôme, saint Ambroise, pour la rédaction de son Hcxaméron, aurait mis largement à contribution Hippolyte. Episl., lxxxiv, P. L., t. xxii, col. 743. Saint Jérôme lui-même, quelquefois en les citant, très souvent peut-être sans le dire, a utilisé les œuvres de son prédécesseur. Le pape Gélase (492-496), en recueillant les témoignages relatifs à la double nature du Christ, a cité d’Hippolyte un fragment de quelques lignes (texte dans de Lagarde, p. 30-31 ; cf. Biblioihcca Palrum Lugduncnsis, t. viii, p. 704). Et c’est tout pour l’Occi dent, puisque l’on ne peut faire état de l’utilisation par le donatiste Tichonius du commentaire sur l’Apocalypse. Et pendant que les érudits achevaient de perdre le souvenir des œuvres d’Hippolyte, la légende s’exerçait en paix sur sa mémoire. Dans l’inscription à l’endroit même de sa sépulture, le pape Damase (366-384) fait de l’antipape de 218 un prêtre attaché au schisme de Novat (après 251). Le te’xte est dans De Rossi, Inscriptiones christianze urbis Romæ, Rome, 1887, t. ii, p. 82. Prudence s’empare de cette donnée fantaisiste de Damase, et en fait le thème d’un desplus beaux poèmes du Péri Stephanon. De passione sancti Hippohjti, P. L., t. lx, col. 530-556. Mais voici qui est mieux. Le roman composé au vie siècle sur le martyre de saint Laurent, fait une place à Hippolyte. Mais ce dernier a quitté la toge du docteur pour la chlamyde du soldat ; il est devenu vicaire du préfet de Rome. Chargé en cette qualité de la garde du diacre romain, il se convertit à la vue des miracles opérés par Laurent, et meurt martyr avec sa nourrice Concordia et dix-huit autres personnes. Texte du martyre dans de Lagarde, p. v-xiii. C’est sous ce déguisement qu’Hippolyte figure aujourd’hui encore au bréviaire romain et au martyrologe, le 13 août. Un peu auparavant la confusion s’était encore établie entre notre docteur et un martyr du même nom enterré à Porto. C’est ce qui explique le titre d’évêque de Porto (episcopus Porluensis), attribué à Hippolyte par plusieurs documents. Le Porto dont il est ici question est évidemment le Portus romanus de l’embouchure du Tibre, à quelque distance d’Ostie. On a demandé comment le pape Gélase a pu faire d’Hippolyte un évêque de Bostra en Arabie, et comment, encouragés par cette distraction singulière, quelques critiques modernes sont allés chercher jusqu’au sud de l’Arabie, aux environs d’Aden, un Portus romanus où ils pussent situer cet évêque en disponibilité. De tous les Occidentaux, le Chronographe de 354 est le seul à fournir sur le compte d’Hippolyte des renseignements exacts, encore que très certainement incompris de lui-même et de ses lecteurs. Dans sa liste des évêques romains, première ébauche du Liber pontiftcalis, il donne à propos du pape Pontien le renseignement suivant : Eo temporc, Ponlianus episcopus et Hippolylus prcsbylcr exules sunt deporlali in Sardinia in insula vocina ( = nociva), Severo et Quintiano coss. (en 235) in eadem insula discinctus est (il démissionna) VI kal. octobr. et loco ejus ordinalus est Anlheros xi kal. dec. coss. suprascriplis ; et dans la liste des dépositionsde martyrs, on lit aux ides d’août : Hippolyti in Tiburtina et Pontiani in Callisti. Monumenla Germanise historica, Auclorcs anliquissimi, t. ix, p. 74-75, 72.

Sans mieux connaître le personnage d’Hippolyte, les Orientaux, à partir du ive siècle, ont fréquemment cité les ouvrages de notre docteur. Apollinaire de Laodicée le mentionne à propos de Daniel, n et vu. Mai, Scriptorum vcterum nova collectio, t. i b, p. 173. Épiphane le cite, Hser., xxxi, 33, P. G., t. xli, col. 540, et lui emprunte une bonne partie des renseignements contenus dans le Panarion. Palladius (vers 421) consigne dans l’Histoire Lausiaque un récit qu’il a lu dans Hippolyte, un homme, dit-il, de la génération apostolique. P. G., t. xxxiii, col. 12-51. L’Eranistes de Théodoret (en 446) donne à diverses reprises plusieurs citations d’Hippolyte, évêque et martyr. P. G., t. lxxxiii, col. 85, 172, 176, 284, 332, 401 (en tout dix-sept citations et quelques références). Vers 500, André de Césarée, dans son commentaire sur l’Apocalypse, fait appel à plusieurs reprises à Hippohlc. Cramer, Calenie in Apocahjpsim, p. 176. Cyrille de Scythopolis, en 555, dans la Vita sancti Euthymii, Cotelier, Ecclesise græcæ monumenta, t. iv, p. 82, s’en rapporte aux données chronographiques du docteur