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HILAIRE (SAINT


ergo a nobis cum oramus, exordium, ut munus ab eo s/7… Est quidem in fuie manendi a Deo munus, sed incipiendi a nobis origo est. Et voluntas nosùa hoc proprium ex se habere débet, ut velil ; Deus incipienli incrementum dabit… Divinæ misericordiæ est, ut volentes adjuvet, incipientes confirmet, adeuntes recipiat ; ex nobis auteminilium est, utilleperftciat, Inps.cxvill, litt. v, 12 ; litt. xiv, 20 ; litt. xv, 10, col. 538 sq., 598, 610. Ces phrases ne rendent-elles pas un son semipélagien ? Elles le rendraient si, en affirmant que le commencement de l’acte salutaire ou la volonté de croire vient de nous, le saint docteur entendait parler d’une volonté ou d’une action indépendante de toute grâce, même prévenante. Mais sa doctrine générale ne permet pas de faire cette supposition, et il suffit d’ailleurs de considérer attentivement le contexte de ces phrases, qui visent une objection fataliste, païenne ou manichéenne, pour se îendre compte qu’Hilaire songe uniquement à sauvegarder le caractère de liberté et, dans un certain sens, d’initiative personnelle qui revient à l’homme dans l’acte de foi, comme dans la prière et toute autre action méritoire. C’est dans le même sens que, parlant ailleurs de la bienheureuse éternité, inaccessible pourtant, d’après sa propre doctrine, aux mérites de la loi et de la nature, il dit : De noslro igitur est beala Ma seternitas promerenda, prœstandumque est aliquid ex proprio ut bonum velimus, malum omne vitemus, totoque affectu præceplis cœlestibus obtemperemus. In Matth., vi, 5, col. 953. C’est dans le même sens encore que, parlant de ceux qui devaient croire au Fils, le saint évêque n’admet pas qu’ils aient reçu de celui-ci la volonté, entendant manifestement par là une volonté de croire qui serait comme implantée de toute pièce en eux, ne laissant pas de placé à ce que l’idée même de mérite suppose d’initiative personnelle : quæ (voluntas), si data esset, non haberet fldes præmium, cum fidem nobis nécessitas affixæ voluntatis intcrret. De Trinilate, VIII, 12, col. 244. Voir Coustant, Præf. gen.. § 9, n. 261-262, col. 123 sq. ; Noël Alexandre, Hist. eccl., t. v, diss. XXII, p. 372.

VI. sacrements, église. — L’œuvre de la sanctification des âmes s’opère par les sacrements de l’Église : sanctificalas sacramentis Ecclesiæ animas. In ps. CXXXI, 23, col. 741. Hilaire n’explique pas, il est vrai, ce qu’il entend ici par ce terme de sacrements ; mais nous rencontrons dans ses écrits plusieurs des rites caractéristiques de la vie chrétienne, auxquels ce terme s’applique depuis longtemps dans un sens spécial et réservé.

Baptême.

A la base de l’édifice, comme « premier

degré dans la voie du salut » , vient le « sacrement du baptême, de la nouvelle naissance, de la régénération » , où, grâce à la vertu de la parole, Matth., xxvii, 19, et de l’eau que le Sauveur a consacrée par son propre baptême, nous sommes lavés de nos péchés, héréditaires ou personnels, dépouillés du vieil homme, renouvelés en Jésus-Christ et faits enfants adoptifs de Dieu. Inslruciio psalm, . n ; In ps. LXUI, 7, 11 ; lxv, 1, col. 239, 410, 412, 428 ; In Matth., ix, 24, col. 976 ; De Trinitate, VI, 44 ; De njn., 85, col. 193, 538. Un est le baptême, comme est une la foi du Christ, sans laquelle il n’y a ni régénération, ni baptême. Ad Constant, ii, 6, col. 567. Cependant le baptême d’eau ne nous élève pas à un tel degré de pureté, qu’il n’y ait plus lieu à des compli ments ou perfectionnements ultérieurs, soit par la descente du Saint-Esprit, soit par l’épreuve du feu après la mort, soit par la mort elle-même ou par le martyre sanglant. In ps. cxvill, litt. iii, 5, col. 519.

Confirmation.

Que peut signifier, dans ce dernier

texte, cette descente du Saint-Esprit jointe à une sanctification qui perfectionne l’œuvre du bap tême ? La réponse paraît donnée par Hilaire dans son commentaire sur saint Matthieu, alors que, traitant du baptême de Notre-Seigneur sur les bords du Jourdain, il montre dans la descente visible de l’Esprit sous forme de colombe le symbole visible de ce qui s’opère en ceux qui reçoivent le baptême chrétien : ut ex eis quæ consummabantur in Christo, cognosceremus, post aquæ lavacrum, et de cœlestibus portis Sanctum in nos Spiritum involare, et cœlestis nos unctione perfundi. In Matth., ii, 6, col. 927. Or, dans le même commentaire, iv, 27, col. 927, cette descente du Saint-Esprit, qui vient après le baptême, se trouve comprise avec le baptême lui-même sous le terme de sacrement, mais emplo é au pluriel : in baptismi et Spiritus sacramentis. Les deux choses équivalent pour le chrétien à ce que furent pour les apôtres le baptême d’eau et la descente du Saint-Esprit, au jour de la Pentecôte, sous forme de langues de feu : sacramento aquæ ignisque perfecti. In Matth., ii, 10, col. 934 sq. Le « sacrement de l’Esprit » revient donc, en substance, à notre sacrement de confirmation. Peut-être y aurait-il encore une allusion au même rite dans ces lignes, écrites à propos de l’imposition des mains faite par Jésus sur la tête des enfants : Munus enim et donum Spiritus Sancti per impositioivm manus et precatienem, cessante legis opère, erat gentibus largiendum. In Matth., xix, 3, col. 1024. Voir Coustant, notes sur ces divers passages.

Eucharistie.

Nombreux sont les passages où

l’évêque de Poitiers mentionne la sainte eucharistie : sacramentum sancti cibi, sacramentum potus cœlestis, In Matth., ix, 3, col. 963 ; sacramentum communicalæ carnis et sanguinis, De Trinitate, VIII, 15, col. 247 ; divinæ communionis sacramentum. In ps. lxviii, 17, col. 480. Parlant de saintes hosties profanées par des hérétiques, il lance cette exclamation indignée : In ipsum Christum manus missœl Contra Constant, II, col. 585. Quand Notre-Seigneur consacra son corps et son sang, Judas avait quitté le cénacle, indigne qu’il était de participer au divin mystère. In Matth., xxx, 2, col. 1065. Déjà nettes en elles-mêmes, ces expressions tirent une portée plus grande encore du célèbre passage, De Trinitate, VIII, 13-17, col. 245 sq., où, voulant établir que l’union des fidèles entre eux n’est pas une simple union morale ou des volontés, mais qu’elle repose sur un fondement réel et physique, le docteur gaulois fait appel au corps et au sang de Jésus-Christ, envisagé comme lien ou principe d’unité entre les fidèles : Si enim vere Verbum caro factum est, et vere nos Verbum carnem cibo dominico sumimus, quomodo non naturaliler manere in nobis existimandus est, qui et naturam carnis nostræ jam inseparabilem sibi homo natus assumpsit, et naturam carnis suæ ad naturam œlernitatis sub sacramento nobis communicandæ carnis admiscuit ? lia enim omnes unum sumus, quia et in Christo Pater est, et Christus in nobis est Rappelant ensuite les paroles du Sauveur, Joa., vi, 56 sq. : « Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » , il conclut : De veritate carnis et sanguinis non relictus est ambigendi locus. Nunc enim et ipsius Domini professione, et fuie nostra vere caro est, et vere sanguis est El hœc accepta atque hausta id efficiunt, ut et nos in Christo, et Christus in nobis sii. Anne hoc veritas non est ? Affirmations vigoureuses, dont les champions de la vérité catholique ont su tirer parti contre les ennemis de la présence réelle ; par exemple, au xiie siècle, contre Bérenger, Guitmond, archevêque d’Aversa, De corporis et sanguinis Christi veritate in eucharistia, 1. III, P. L., t. cxlix, col. 1474 sq. ; au xvie et au xvii e siècle, contre les novateurs, les cardinaux Bellarmin, De sacramento eucharisliæ, 1. II, c. xii, et Du Perron,