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nitio, col. 547 ; le docte bénédictin admet, cependant, une certaine différence entre le contenu de la lettre telle que nous la possédons et le résumé que, dans sa Vila S. Hilarii, i, 6, P. /-.. t. ix, col. 188, Fortunal donne de la lettre, portant la signature du saint docteur, la uelle, afti met-il, se conservait encore de son temps à Poitiers. Actuellement, la plupart des critiques sont défavorables à l’authenticité de la lettre imprimée par Coustant ; quelques-uns étendent ce jugement à la letlre mentionnée par Fortunat, par exemple, B. Krusch, Fortunali opéra pedeslria, p. vi, dans Monumenla Germanise historica. Auctorum antiquissimorum, Berlin, 1885, t. iv b. D’où l’expression de fille légendaire ou imaginaire dont se sont servis divers auteurs en parlant d’Abra. D’autres, -comme Reinkens, op. cit., p. 232, et Bardenhewer, Geschichte, t. iii, p. 387, estiment que les difficultés d’ordre intrinsèque, tirées du genre et du style peu hilariens de la leitre actuelle, ne valent pas contre la lettre primitive, à en juger par le résumé de Fortunat. 13e même l’hypothèse d’après laquelle la lettre aurait été fabriquée pour mettre sous le nom d’Hilaire l’hymne Lucis largitor oplime est sans valeur, quand il s’agit de la lettre primitive, puisque, dans le résumé de Fortunat, il n’est question ni de cette hymne ni d’aucune autre. A plus forte raison a-t-on le droit de ne pas reléguer dans le domaine de la légende la Tille d’Hilaire, honorée d’un culte public le 12 décembre, sous le nom d’Abra ou Apra. Auber, Vie des saints de V Église de Poitiers, Poitiers, 1858, p. 542 ; Acta sanctorum. Tabulæ générales, dans l’Elenchus des prsetermissi, p. 398 : S. Apra plia S. Hilarii Pictavis, 7 "> dec.

La question des Hymnes est d’une portée plus générale. Saint Jérôme en attribue à l’évêque de Poitiers, dans son catalogue, De viris illuslr., 100 : et liber hymnorum. En 633, le IVe concile de Tolède sanctionna l’usage de chanter dans les offices ecclésiastiques des hymnes à la louange de Dieu et en l’honneur des apôtres et des martyrs, « comme celles que les bienheureux Hilaire et Ambroise ont composées » . Mansi, Coneil., t. x, col. 622. Vers la même époque, saint Isidore de Séville, De ecclesiast. o/ficii ;, i, 6, P. L., t. lxxxiii, col. 743, revendique pour l’évêque de Poitiers la gloire de s’être distingué le premier dans ce genre de composition, hijmnorurn carminé floruit primas. La généralité de ces affirmations a favorisé les attributions conjecturales ou purement arbitraires, surtout avant que la découverte du manuscrit d’Arezzo, en 1887, eut fourni à la critique des bases d’appréciation plus solides. Jusqu’alors, diverses hymnes avaient été mises sous le nom de saint LIilaire : sept, par Daniel, Thésaurus hymnologicus, t. i, n. 1-7 ; huit, par Wrangham, dans Julian, Dictionanj o/ hymnology, p. 522 ; neuf, par d’autres. En premier lieu viennent trois hymnes, dont l’une : Lucis largilor splendide, en huit strophes, a été publiée par Coustant en appendice à ÏEpislola ad Abram, P. L., t. x, col. 551, et identifiée par lui avec l’hymne du malin qu’Hilaire annoncerait à sa fille, eu mime temps qu’une hymne du soir, à la fin de sa letlre : Intérim tibi hijmnum matulinum et serotinum misi. L’hymne du soir serait, d’après quelques-uns, l’Ad cseli clara non sum dignus sidéra, formant un abécédaire de vingt-trois strophes avec une doxologie. Constant, qui ne la considérait pas comme étant de saint Hilaire, en a rapporté seulement quatre strophes, P. L., t. x, col. 553 sq. ; on la trouve complète dans diverses collections : Mai, Nova Patrum bibliolheca, 1. 1, p. 491 ; A. Daniel, Thsaurus h’jm ologic.is, t- iv, p. 127 ; E. Duemmler, Monumenta Germanise historica. Poetx lalini sévi Carolini, t. i, p. 147 ; Pitra, Analecta sacra et classica, t. v, p. 138 ; Dreves, Analecta hymnica medii sévi, t. î. p. 1-18. De ces deux hymnes on peut

rapprocher une autre : Hijmnum dical turba [ralrum, publiée comme la précédente dans plusieurs collections : Tommasi, Opéra, t. ii, p. 405 ; Daniel, Thésaurus, t. i, p. I*t3 ; Cl. Blume, Die Hymnen desThesaurus hymnologicus H. A. Daniels und anderer Hymnus-Ausgaben, t. i, p. 264, etc. Viennent ensuite trois hymnes du bréviaire mozarabique : Deus Pater ingénue, In matutinis surgimus t Jim meta noclis transiit, P. L., t. lxxxvi, col. 201, 205. 939 ; Cl. Blume, Die mozarabischen Hymnen, p. 71, 102 ; de même, trois hymnes du bréviaire romain, relatives à l’Epiphanie, au carême et à la Pentecôte : Jésus refulsil omnium, Jesu guadragenaritr, Beata nobis gaudia, reproduites par Cl. Blume, Die Hymnen des Thésaurus h<mnolo :  ; icus, t. i a, p. 51, 58, 97. Pour le dossier bibliographique de toutes ces hymnes, voir U. Chevalier Repertorium hymnologicum, Louvain, 1892 sq., passim, d’après la première lettre des Incipit.

La découverte de Gamurrini apporta dans le débat un élément nouveau ; car, au traité De mysteriis s’ajoutaient des hymnes dans la reproduction qu’il donna du manuscrit d’Arezzo, p. 28 : Incipiunt hymni eiusdem… Malheureusement cette seconde partie n’est pas mieux conservée que la première : ellecontient seulement trois hymnes, et tontes incomplètes, à tel point qu’on peut se demander si ce que nous possédons représente le quart du recueil primitif. La provenance hilarienne, d’abord contestée, voir Watson, op. cit., p. xi.vh, semide aujourd’hui communément admise. Bardenhewer, Geschichte, t. iii, p. 388. Le texte, donné par Gamurrini, a été plusieurs fois revisé et amendé : en 1904 par Mason, The first Latin Christian poet ; en 1907, par Dreves, Analecta hymnica, t. i ; en 1909, par W. Meyer, Die drei arezzaner Hymnen. Le P. Feder l’a re. rodirtt ilans le Corpis te iplorum, t. lxv, p. 2JJ sq. Les trois hymnes ont pour objet l’Hommj-Dieu et son œuvre rédemptrice. Dans la première, le poète chante, d’une façon incisive, mais un peu sèche et parfois abstruse, la génération éternelle du Verbe et ses rapports avec Dieu le Père. La pièce comprend vingt strophes acrostiches alphabétiques, allant des lettres A à T. Les strophes sont de quatre vers et se composent, en général, de glyconiens et d’asclépiades qui s’entre-croisent ; par exemple, la seconde strophe :

Bis nobis genite Deus,

Gliriste, dum innato nasceris a Dec, vel dum corporeum et Deum

mundo te gentil virgo puerpera.

Dans la seconde pièce, Hilaire met en scène, semLle-t-il, l’âme d’un néophyte régénéré le jour de Pâques, el lui fait célébrer la glorieuse résurrection du Sauveur, prélude et gage de notre future victoire sur la mort. Comme la précédente, celle hymne est acrostiche alphabétique, comptant dix-hait strophes, allant des lettres F àZ. Les strophes sont de deux vers ïambiques triinètres ; exemp’.e, la deuxième strophe, qui trompa Gamurrini en lai faisant attribuer la composition de cette pièce à une femme, peut-être Florentia :

Renata sum — o vila ; l ; el ; c exordia — novisque vivo christiana legibus.

Dans la dernière pièce, le poète, se proposant de chanter les combats et le triomphe du second Adam. présene Satan d’abord victorieux du genre humain, puis troublé à la venue du Christ ; les strophes absentes devaient dépeindre la victoire de ce dernier. Sujet tout à fait conforme aux idées émises par le docteur gaulois, fnps. LXV, 1, P. L., t. ix, col. 425 sq, alors qu’il fait devant ses Poitevins l’éloge des chains ecclésiastiques. Il reste de cette hymne neuf strophes et