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HILAIRE (SAINT)


disciple, poursuivant son propre but, garde son originalité et, a l’occasion, son indépendance. Watson, op. cil., p. xun sq. Si, mentionnant le commentaire sur les psaumes dans le De viris illustribns, saint Jérôme semble attribuer au docteur gaulois le rôle de simple » imitateur, ajoutant un peu du sien, nonnulla etiam de suo addidit » , ces paroles ne doivent pas se prendre trop a la lettre ; parlant ailleurs d’Hilaire et de Victorin, le même critique substitue à l’idée de vulgaire interprète celle d’auteur pouvant se réclamer d’une œuvre personnelle : non ut interprètes, sed ut auctores proprii operis Iranstulerunt, Epiât., lxxxiv, ad Pammarhium, 7, P. L., t. xxii, col. 749. Cf. Constant, Admon. 13, col. 227 ; Bardenhewer, op. cit., t. iii, p. 374.

Tractalus in Job.

Ce commentaire, dont il ne

reste que deux fragments sans importance, P. L., t. x, col. 723-724, est signalé plusieurs fois par saint Jérôme, en particulier De viris illust., 100 : Tractatus in Job, quos de græco Origenis ad sensum transluHl. A en juger par ce que le même docteur dit ailleurs, Apologia adv. libros Rufini, i, 2, P. L., t. xxiii, col. 399, le commentaire sur Job devait être assez étendu, puisque, avec le commentaire sur les psaumes, il représenterait environ 40 000 lignes traduites d’Origène ; ce qui, d’après certains calculs, donnerait, pour le Tractatus in Job, à peu près les deux septièmes du Tractatus super psalmos dans son état présent. Watson, op. cit., p. xl. Rien de certain sur l’époque où l’écrit fut composé. Dom Coustant conjecture, Vila, 44, col. 145, qu’Hilaire l’aurait fait en Asie Mineure pour se consoler des souffrances et des peines de l’exil ; mais d’autres, comme dom Rivet, Histoire littéraire de la France, t. I b, p. 182, et dom Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés, t. iv, p. C4, s’appuyant sur le terme d’homélies dont saint Jérôme et saint Augustin se sont servis en parlant de cet ouvrage, l’estiment composé à Poitiers, comme les autres commentaires.

Liber ou Tractatus miisteriorum.

Signalé par

saint Jérôme, De viris illuslribus, 100, mais supposi perdu, cet écrit fut pendant longtemps une énigme. La plupart conjecturaient qu’il s’agissait d’une sorte de sacrameutaire, dont le contenu se serait ensuite fondu dans des recueils liturgiques. Voir Constant, Prœj. gen., 23, col. 21 ; Rivet, op. cit., p. 191 ; Reinkens, op. cit., p. 267. En 1887, une heureuse découverte, faite par J.-F. Gamurrini dans la bibliothèque d’Arezzo, restitua un peu plus du tiers de l’ouvrage, c’est-a-dire deux fragments notables, contenus dans un manuscrit du xie siècle. En outre, cinq ou six passages ont été reproduits ou résumés par Pierre Diacre, Scolia in quæstionibus Veleris Testamenti ; voir Bibliotheca Casinensis, 1891, t. v a, et dom Wilmart, Le De mgsteriis de S. Hilaire au Mont-Cassin, dans la Revue bénédictine, 1910, t. xxvii, p. 12. Enfin Bernon de Reichenau († 1048) a cité, Ratio generalis de initio adventus Domini secundumauctoritatem Hilarii episcopi, P. L., t. cxlii, col. 1086 sq., un texte d’une quinzaine de lignes en le référant à un Liber officiorum qui s’identifie, en réalité, avec le Liber mysteriorum. Dom Wilmart, Le prétendu Liber offl’iorum de saint Hilaire et l’Avent liturgique, dans la Revue bénédictine, 1910, t. xxvii, p. 500.

L’autbenticité des fragments publiés par Gamurrini est incontestable, surtout depuis l’examen critique qui en a été lait en 1905 par H. Lindemann. M us le Liber mysteriorum n’a rien à voir avec la liturgie ; il traite seulement de prophéties et d’actions ou de types symboliques. Aussi rentre-t-il dans la série des écrits exégétiques de l’évêque de Poitiers. Un principe est énoncé au début, qui en explique l’idée : « Tout ce qui est contenu dans les saintes

D1CT. DE THÉOL. CATB.

Lettres se rapporte à la venue en ce monde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, soit en l’annonçant prophétiqucrmnt, soit en la figurant par des faits, soit en la confirmant par des exemples : et dictis nuntial, et factis exprimit, et confirmât exemplis. Tels, le sommsil d’Adam, le déluge au temps de Noé, la bénédiction de Melchisédech, la justification d’Abraham, la naissance d’Isaac, la servitude de Jacob. Le principe est appliqué, dans un I er livre, aux patriarches depuis Adam jusqu’à Moïse ; dans un IIe, aux prophètes, le fram^nt conservé ayant pour objet Osée et l’épouse de fornication, puis Rahab, à propos d’Osée, i, 2. Hilaire dut composer cet écrit dans les dernières années de sa vie, car on y trouve quelques réminiscences du commentaire sur les Psaumes, et dans ce commentaire lui-mîmî, In ps. cxxxviii, 4, col. 795, le sujet traité dans le Liber mysteriorum est énoncé comme à l’état de projet.

Le P. Fêler a édité le Trr talus m]slen>rum, en tête du t. lxv du Corpu- ; de Vie nie, Leipzig, 1916.

Écrits douteux ou apocryphes.

Saint Jérôme

nous apprend, De viris illuslr., 100, que de son temps quelques-uns attribuaient à l’évêque de Poitiers un écrit sur le Cantique des cantiques, mais il ajoute ne pas connaître lui-m’me cet ouvrage. Malgré la citation, faite par le IIe concile de Séville, tenu en 619, d’un témoignage apporté à une » Exposition de l’Épître à Timothée » par saint Hilaire, P. L., t. x, col. 724, et malgré quelques autorités de date postérieure cf. Reinkens, op. cit., p. 272, il ne semble pas que l’évêque de Poitiers ait été réellement l’auteur d’un commentaire sur les Épîtres de saint Paul. En tout cas, les fragments considérables d’un commentaire de ce genre, qui ont été publiés par le cardinal Pitra, Spicilegium Solesmense, t. i, p. 49-159, n’ont pu être mis sous le nom de saint Hilaire que par une erreur, reconnue plus tard par l’éditeur ; l’œuvre est, en effet, de Théodore de Mopsueste. Bardenhewer, op. cit., t. iii, p. 377. Le commentaire sur les sept Épîtres canoniques, qui se trouve imp imé dans le Spicilegium Casinense, t. iii, est de saint Hilaire d’Arles. Enfin l’on considère généralement comme apocryphes trois fragmeits publiés par le cardinal Mai, Nova Pitrum bibliolheca, Rome, 1852, t. i a : le 1 er, sur le début de l’Évangile de saint Matthieu ou la généalogie de Notre-Seigneur, p. 477-484 ; le 2e, sur le début de l’Évangile de saint Jean, ou la génération du Verbe, p. 484-489 ; le 3e, sur Matth., ix, 2 sq., ou la guérison du paralytique. Même jugement semble devoir être porté sur un fragment relatif à la chute de nos premiers parents, Gen., iii, 6-12, publié dans le Spicilegium Solesmense, t. i, p. 159-165.

À. Zingerle, Studien ru Hilarius’von Poitiers Psalmencommentar, dMs]Sitzung^berichle de l’Académie de Vienne, 1885, et Der [Marias-Codex voit Lyon, 1893, t. cvm et cxxvin ; Zum hilarianischen Psalmencomrnentar, et Die lateinischen Bibelcilate’bei S. Hilarius non Poitiers, dans Kleine philologische Abhandlungen, 4 « fasc, Inspmek, 1887, p. 55-75, 75-89 ; Fr. Schellauf, Rationem afferendi locos litterarum divinarum, quam in trætntihus super psalmos seqai videtur S. Hilarius, episcopus Pict/vtiensis, illustravit, Gratz, 1898 ; F. J. Bonnassieux, Les Évangiles synoptiques de saint Hilaire de Poitiers. Étude et texte (thèse de doctorat en théologie), Lvon, 1903 ; II. Jeannotte, Les « capitula » du Commentarius in Mallhvewn de S. Hilaire de Poitiers, dans Biblische Zeitechrift, FribourK-en-Brisgau, 1912, t. x, p. 36-45 ; A. Souter, Quotalions from the Epistles of St. Paul in St. Hilary on the Psalms, dans The journal of theological sludies, Oxford. 1916, t. xviii, p. 73-77 ; H. Jeannotte, Le psautier de saint Hilaire de Poitiers, Paris, 1917.

J.-F. Gamurrini, S. Hilarii tractatus De mgsteriis et Hymni et S. Silviss Aquitaïue Pcegrinalio ad loca sancta, Rome, 1887, dans Bibliolheca deW Accademia storicogiuridica, t. iv-vi ; dom Fernanl Gabrol, Les écrits inédits

VI.

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