Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/568

Cette page n’a pas encore été corrigée
2367
2368
HIERARCHIE


ministris, anathema sit. Denzingcr-Bannwart, Enchiridion, n. 966.

De nos jours, le concile du Vatican a solennellement proclamé la doctrine traditionnelle, par l’organe de Pie IX. s énonçant dans la constitution Paslor seternus, promulguée le 18 juillet 1870. lbid., n. 1821.

3° Comme conséquence immédiate de cet exposé de principe, on voit ce qu’il faut penser du système amorphe des anabaptistes, quakers et séparatistes. Ils a< nul lent la convenance, l’utilité même, de la hiérarchie, ainsi établie dans l'Église catholique. Mais ils ne veulent pas en admettre la nécessité. Ils font abstraction des propositions impératives consignées dans les saintes Écritures, de l’interprétation traditionnelle, inaltérablement reproduite dans l’enseignement public de l'Église.

En fait, ils oublient que les passions humaines, toujours impatientes du joug, ont continuellement besoin d'être soumises au frein, à une puissante autorité qui les maîtrise et les rappelle à la ligne du devoir. Ces considérations seront mises en plus grand relief dans la réfutation des erreurs suivantes.

IV. Exposition et réfutation des erreurs. — Les erreurs contraires à la hiérarchie catholique peuvent se ranger sous cinq titres.

Il y a des sectes protestantes qui rejettent la distinction des clercs et des laïques : elles réclament parité entre eux.

D’après les protestants, le Christ n’a pas établi un sacerdoce distinct et visible : tous les fidèles sont prêtres en vertu de leur baptême. Ils peuvent prêcher, consacrer, administier tous les sacrements. Seulement ils ne sauraient exercer ces pouvoirs qu’en vertu de la délégation populaire, indispensable à l’exercice de leur juridiction, comme à leur élection. Selon ce concept, le système démocratique est en vigueur dans l'Église.

En retour, certains schismatiques admettent l’institution hiérarchique ; mais ils nient obstinément que la primauté de juridiction ait été conférée à saint Pierre et à ses successeurs.

Les partisans de Richer, de Fébronius, De statu Ecclesiæ, § 5, 6, admettent l’institution hiérarchique et l'établissement de la primauté. Seulement, ils ne veulent pas que Pierre, le collège des apôtres et le corps épiscopal soient les dépositaires de l’autorité suprême. D’après eux aussi, le bénéficiaire direct, immédiat du pouvoir spirituel, c’est la société des fidèles, transmettant aux papes et aux évêques délégation juridictionnelle.

De l'énoncé de ce système à son adoption par les régaliens, il n’y avait qu’un pas. Il fut vite franchi. Les légalistes proclament en effet la subordination du pouvoir spirituel à la souveraineté civile.

Enfin, quelques hérétiques appliquent un système d'évolution historique à l'établissement de la hiérarchie dans l'Église.

Dijjérence entre clercs et fidèles.

1. Comment

expliquer autrement l’acte de Jésus-Christ, faisant choix de douze apôtres parmi tous ses disciples et leur disant : Allez aux brebis d’Israël ; prêchez-leur le royaume de Dieu : ce que vous ayez gratuitement reçu, donnez-le gratuitement ? Matth., x, 1 ; Mare., m, 13 ; Luc, vi, 13. Saint Pierre proclame à son tour qu’il a reçu mission d’instruire le peuple : Præcepit nobis prædicare populo et testifleari, etc. Act., x, 41. Saint Paul explique la différence entre apôtres et peuples, par la comparaison des membres du corps humain, parmi lesquels existe une subordination parfaite pour le bien de tout l’organisme. I Cor., xii, 12-30. Voir col. 225-226. Il est inutile de répéter les textes cités plus haut, affirmant le caractère hiérarchique de l'Église catholique.

2. Les Constitutions apostoliques formulent énergiquement cette règle, 1. II, c. xl : Neque œquum est, o episcope, ut lu qui capul es, assenliaris caudse, id est. laico, sed Deo soli. Elles continuent en précisant la situation : « Il t’appartient de diriger tes subordonnés et de ne pas te laisser dominer par eux. De droit naturel, ce n’est pas le fils qui commande au père 1° Que peuvent opposer les protestants à des principes scripturaires, traditionnels, aussi précis ?

3. Ils s’emparent de quelques textes isolés et les interprètent en un sens absolument contraire à d’autres textes catégoriques, retenus par renseignement universel, comme déclarations décisives de l’inégalité des membres de l'Église, établie d’ordre divin. Ainsi, ils prétendent que toute distinction a été nivelée, selon ces paroles : Et ponam… universos filios luos doctos a Domino, Is., lv, 13 ; Et non docebit ultra vir proximurn suum et vir fralretn suum, dicens : Cognosce Dominum ! Omnes enim cognoscent me a minimo eorum, usque ad maximum, Jer., xxxi, 34 ; Vos unelionem habelis a Sancto et nostis omnia…. non necesse habelis ut aliquis doceat vos, sed sicut unclio ejus docel vos de omnibus L Joa., ii, 20, 27.

Il n’est pas malaisé de ramener ces paroles au sens de l’enseignement traditionnel, sans faire aucune violence à leur portée naturelle, en se conformant aux règles de la saine exégèse. En effet, elles indiquent que les fidèles sont éclairés par Dieu : rien de plus juste. Mais il s’agit de préciser le procédé choisi par le ciel à cet effet. Dieu a instruit les hommes, d’abord par le Verbe incarné qui a révélé toute doctrine. Puis, il a établi le ministère apostolique pour répandre l’enseignement divin à travers les nations, l'Église, assistée de son Esprit, pour maintenir dans le temps l’intégrité des doctrines surnaturelles. De telle sorte que, selon la règle énoncée par saint Augustin, la parole matérielle frappe les oreilles ; mais le maître infuse la conviction dans les cœurs. Sonus verborum noslrorum dures perculit ; magister inlus est… Admonere possumus per slrepilum vocis nostrse : si non sit intus qui docel, inanis fit strepilus nosler.

2° Négation de la primauté de saint Pierre par les schismatiques. — La doctrine catholique enseigne d’une façon irréfragable que le Christ a établi une autorité centrale, souveraine, à laquelle seraient soumis tous les autres pouvoirs préposés à l’administration partielle de l'Église. Ce chef suprême a été divinement et nommément désigné ; c’est l’apôtre saint Pierre, dont les successeurs, pontifes romains, hériteront de la même primauté, sans aucune restriction. Voir Pape.

1. Contre cette thèse, à laquelle souscrivent les fidèles de tous les siècles, les schismatiques objectent le texte de saint Paul aux Corinthiens, I Cor., iii, 28, et celui aux Éphésiens, iv, 11-12 : Et ipse (Christus) dédit quosdam quidem aposlolos, quosdam autem prophelas. alios vero evangelislas, alios autem paslorcs, cl doctores, ad consummationém sanctorum in opus ministerii in œdificationem r.orporis Christi. Or, en tout cela, disent-ils, il n’y a pas trace de cette prétendue primauté d’un apôtre.

L’objection est vaine et inopérante. En effet, saint Paul, en énumérant tous les ministères, n’a eu pour but que d’indiquer aux Corinthiens et aux Éphésiens quelques-uns des dons que le Christ a voulu leur octroyer, alin de faciliter leur salut. Si l’assertion des adversaires était fondée, il résulterait une contradiction monstrueuse entre la doctrine du Maître et celle du disciple, le premier, établissant catégoriquement un chef du collèce apostolique, le second, sapant cette suprématie.

2. Ils se font une arme de l’opposition de saint Paul à saint Pierre : Cum autem venisset Cephas Antiochiam, in facicm ei resisti, quia reprehensibilis eral…