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HEXAMERON


vantable, qui a bouleversé la terre entière et l’a replacée dans l’état de confusion décrit au verset 2e du même récit. Dieu aurait alors restitué son œuvre première dans l’ordre qu’indique la Genèse et dans l’intervalle de six jours naturels. Les principaux partisans de ce système furent Rosenmùller, Antiquissima telluris historia, Ulm, 1776 ; Hetzel, Die Bibel A. und N. T., Lemgo, 1780 ; Th. Chalmers, Reviewof Cuvicr’s theory of the earth. Edimbourg, 1814 (Cuvier enseignait que toutes les époques géologiques avaient été terminées par des catastrophes, qui avaient détruit les formations qui caractérisaient les époques) ; Evidence and authorilij of the divine révélation, Edimbourg, 1814 ; Desdouits, Les soirées de Montlhérij, entretiens sur les origines bibliques, Paris, 1836 ; W. Buchland, Geology and mineralogij considered wich référence to natural theology, Londres, 1838 ; L. F. Jehan, Nouveau traité des sciences géologiques, 1840 ; N. "Wiseman, Twelve lectures, iii, Londres, 1849 ; trad. franc., dans Migne, Démonstrations évangéliques, Petit-Montrouge, 1843, t. xv, col. 160-172 ; cf. Note sur les ouvrages de Buckland, ibid., p. 197-216 ; G. Molloy, Géologie et révélation, trad. Hamard, 2e édit., Paris, 1890.

Si l’exégèse n’a rien à opposer à la catastrophe qui aurait produit le chaos de la Genèse, la géologie ne constate pas l’existence d’un cataclysme qui aurait, vers la fin de l’époque tertiaire, bouleversé le globe terrestre de fond en comble et anéanti la flore et la faune existantes. La transition de l’époque tertiaire à l’époque quaternaire s’est faite sans commotion. Le restitutionnisme est donc abandonné, et l’hypothèse plus récente de Stenzel, Wellschôpfung, Sintflulh und Gott, Die Ueberlieferung auf Grund der Naturwissenschaften erklàrl, Brunswick, 1894, qui attribue le chaos biblique à l’action du déluge, est encore beaucoup moins fondée.

b) Le diluvionisme. — D’autres ont prétendu que les couches géologiques avec les plantes et les animaux fossiles étaient l’œuvre du déluge de Noé, et que la création mosaïque les avait précédées. C. F. Keil, Biblischcr Commentar ùber die Bûcher Mosc’s, Leipzig, 1866 ; P. Laurent, Éludes géologiques, philosophiques et scripturales sur la cosmogonie de Moïse, Paris, 1863 ; A. Sorign^t, La cosmologie de la Bible, Paris, 1854 ; J. E. Veith, Die Anfànge der Menschenwelt, Vienne, 1865 ; A. Bosizio, Das Hexacmeron und die Géologie, Mayence, 1864 ; Die Géologie und die Sùndfluth, Mayence, 1877 ; V. M. Gatti, Inslilutiones apologeticopolemicæ, 1867 ; A. Trissl, Sùndfluth oder Gletscher ; Das biblische Sechstagwerk, 2e édit., Munich, Ratisbonne, 1894 ; G. J. Burg, Biblische Chronologie, Trêves. 1894.

Rien dans la Genèse n’autorise cette hypothèse, qui n’est pas admise non plus par les géologues. Les couches sedimentaires ont exigé de longues années pour se former, et elles n’ont pu être produites pendant le déluge, qui n’a duré qu’une année, et toutes d’ailleurs ne se sont pas déposées sous l’action de l’eau. Ce système n’aboutit donc pas à ses fins, et il ne concilie pas la Bible et la géologie. Aussi a-t-il été abandonné.

c) Système concordiste ou périodisle. — Les partisans de ce système admettent que les jours de la création ne sont pas des jours de 24 heures, mais qu’ils représentent de longues époques ou périodes, durant lesquelles les œuvres attribuées par la Genèse à chacun de ces jours se sont constituées. Aussi pensent-ils établir par ce moyen l’accord des sciences de la nature avec le récit mosaïque, les uns jusque dans les moindres détails, les autres dans les grandes lignes seulement. Pour justifier leur interprétation des jours-époques, ils prétendent que le mot yôm ne désigne pas nécessairement un jour naturel de 24 heures, puisqu’il est employé assez souvent dans l’Écriture dans le sens d’une

durée indéterminée Ainsi en est-il dans cette formule du récit même de la création : « au jour que » , Gen., ii, 4, dans des formules analogues, Gen., ni, 5, et dans des expressions telles que « le jour du salut » , Is., xlix, 8, « le jour de l’extermination » , E^éch., vii, 7, cette dernière étant synonyme de temps. Les jours génésiaques peuvent donc signifier une époque indéterminée. Les jours-périodes introduits dans le récit mosaïque, on constatait un concordisme frappant entre l’ordre des œuvres de la création et les résultats obtenus dans l’étude des sciences naturelles par les savants modernes. Les premiers concordistes s’attachaient à montrer l’accord de la Genèse avec les données de la géologie, en tenant compte de l’état de la science de leur temps. G. Cuvier, Discours sur les révolutions du globe, Paris, 1812, avait distingué dans les couches géologiques six époques qui correspondaient aux six jours de la création, mais qui étaient séparées par des catastrophes violentes, qui avaient bouleversé les œuvres précédentes. Son interprétation fut adoptée, avec des retouches et des précisions, par Marcel de Serres, De la cosmogonie de Moïse comparée aux faits géologiques, Paris, 1838, par F. Krûger, Geschichte der Urwelt, Quedlimbourg et Leipzig, 1822, par Mgr de Frayssinous, Défense du christianisme, Paris, 1825, par Auguste Nicolas, Éludes philosophiques sur le christianisme, Paris, 1842, par le P. J.-B. Pianciani, In historiam creationis mosaicam commentalio, Louvain, 1853. Quand la théorie des dépôts sedimentaires fut élaborée par C. Lyell, on constata que les couches géologiques ne correspondaient pas exactement aux œuvres des jours génésiaques, et on en fut réduit à établir l’accord de la Genèse et de la géologie dans les grandes lignes seulement. Si l’âge primaire ou azoïque a précédé l’apparition des êtres vivants, celle-ci ne s’est pas produite exactement dans l’ordre du tableau de la Genèse. Tous les végétaux n’ont pas paru à la même époque, et la faune existe aussitôt que la flore. Les concordistes en furent réduits à dire que le récit mosaïque rapporte tous les végétaux au 3e jour par anticipation et qu’il netie itpas compte de la faune primitive parce qu’elle ne comprenait ni grands poissons ni oiseaux ni mammifères, ces représentants de la faune étant reportés aux 5e et 6e jours. Sous bénéfice de ces remarques, ils reconnaissaient que l’âge paléozoïque correspondait au 3e jour, l’âge môsozoïque aux 4e et 5e jours, et les âges tertiaire et quaternaire aux 5 et 6e jours. Beaucoup de concordistes ne se bornèrent pas à mettre d’accord la géologie et la paléontologie avec la Genèse ; ils voulurent encore établir la concordance du récit mosaïque avec l’astronomie, et ils découvrirent la nébuleuse primitive dans le chaos biblique. Mais c’était introduire dans la Bible, qui n’a aucune prétention scientifique, non plus seulement les résultats de l’étude des sciences, mais encore les hypothèses des savants. Aussi le concordisme passa par des variations successives, et il alla de l’accord complet et jusque dans les moindres détails à l’accord dans les grandes lignes seulement ou à un concordisme plus ou moins idéalisé.

Le concordisme a eu de nombreux partisans, surtout en France, où il a été enseigné dans les séminaires. Nous nommerons les principaux seulement : H. Miller, The testimony of the rocks, Edimbourg, 1857 ; J. Ebrard, Der Glaube an die Schri/t and die Ergebnisse der Naturforschung, Kœnigsberg, 1861 ; G. Meignan, Le monde cl l’homme primitif selon la Bible, Paris, 1869 ; 3e édit., 1879 ; M. Pozzy, La terre et le récit biblique de la création, Paris, 1874 ; H. Reusch, Bibel und Natur, Fribourgen-Brisgau, 1860 ; trad. franc, par Hertel, Paris, 1867 ; J. Fabre d’Envieu, Les origines de la terre et de l’homme, Paris, 1873 ; La terre et le récit biblique de la création, Paris, 1874 ; Marin de Carranrais, Études sur les ori-