Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/543

Cette page n’a pas encore été corrigée

2317

HERVET’2318

Mais Lyon, pas plus qu’Orléans ou Bordeaux, ne satisfait les ambitions ou les besoins de Hervet. Il est attiré par l’Italie. Il se retrouve, quel ques années plus tard, dans la famiglia de Reginald Pôle, devenu cardinal. Il exerce à son service ses talents de traducteur, qu’il applique surtout aux écrivains ecclésiastiques. Il prend ainsi sa part des travaux préparatoires aux décrets du concile de Trente. Ainsi paraissent, en 1546, à Venise, Zachariæ Scholastici dialogus Ammonium ; en 1548, à Venise encore, Alexandri Aphrodisiensis quæsliones natarales et de anima morales ; puis, la même année, Nicolai Cabasillæ de divino altaris sacrificio. Mais il intervient plus directement dans leur rédaction. Il fait partie des congrégations de théologiens mineurs, où se discute leur première forme. C’est ainsi qu’il donne son opinion motivée, le 28 octobre 1540. sur le projet d’articles concernant la justice imputative et la certitude de la grâce. Il combat la première et il admet le seconde. De même, Je 29 janvier 1547, il prend part à la discussion des articles concernant les sacrements en général, et, le 12 février 1547, à celle qui élabore le projet d’articles concernant l’eucharistie. Enfin, en mars, il écrit et peut-être prononce un long discours très intéressant sur les traductions de la Bible en langue vulgaire. Il se déclare nettement pour l’utilité et même la nécessité de semblables traductions. Archives du Vatican. Rex suec. cod. lat. 1570, fol. 88-93 a. Cf. Maichle. Das Dekret de editio’ie et usu sacrorumlibrorum, Fribourg-en-Brisgau, 1914, p. 73.

Mais le concile est interrompu. Reginald Pôle cède son traducteur à son collègue Marcello Cervini, le futur Marcel II. Hervet continue à son service ses publications érudites. C’est, en 1549, à Bâle, Theodoreti episcopi Cyrenensis Eranistes ; la même année, à Venise, S. Chrysostomi opéra. En 1551, à Florence, paraît l’une de ses traductions les plus importantes et qui est restée célèbre. Pietro Vettori avait donné l’année précédente l’édition princeps du texte grec de Clément d’Alexandrie. Hervet le mit à la portée des théologiens dans démentis Alexandrini omnia quse quidem exlanl opéra latine facta. Il revint plus tard sur ce travail, auquel il ajouta un commentaiie, superficiel du reste, qu’on peut trouver dans l’édition de Potter. L’année suivante paraissent, à Florence, Theodoreti commentarii in quatuordecim S. Pauli epislolas, et, à Anvers, S. Joannis Chrysostomi aurea in Psatmos Davidis ralena. Mais le concile reprend ses séances. Hervet prend de nouveau une part importante à ses travaux préparatoires en particulier pour l’édition authentique de la Bible qui était en projet. Il collationne pour Cervini le codex Beza, que Guillaume du Prat, évêque de Clermont, avait apporté à Trente. C’est même trè* probablement pai lui, selon Hôpfl, Kardinul Wilhelm Sirlel’s Annolalionen zum neuen Testament Fribourg-en-Brisgau, 1908, p. 40, que Robert Estienne put utiliser les variantes du célèbre manuscrit pour Ycdilio regia du texte grec du Nouveau Testament.

Mais il s’occupait aussi des questions dogmatiques et disciplinaires que l’on soulevait au concile. L’une d’entre elles intéressait plus spécialement la France et les théologiens français : la question des mariages clandestins. Hervet lui consacre une Oratio ad conci-Uum Tridenlinum, qua suadetur ne matrimonia quse contraliuntur a filiisfamilias habeantur deineeps pro leqitimis, Paris, 1556. Le concile, transféré à Bologne, n’eut pas alors le temps de la traiter. Hervet soutient, au point de vue théologique, les principes que l’on retrouve dans le célèbre édit d’Henri II sur H nullité des mariages clandestins. Plus tard, en 1561 quand le concile reprendra ses

séances, Hervet donnera de son discours une nouvelle édition, dédiée à Jean de Morvillier, évêque d’Orléans et ambassadeur de France à Trente. La thèse française de la nullité ayant été repoussée par les Pères, l’ouvrage de Hervet figure à l’Index de Ouiroga. Il est reproduit dans Le Plat, Monumenta ad hiloriam concilii Tridentini pertinentia, t. vi, p. 366-336.

Mais le concileétait de nouveau interrompu, Cervini, devenu Marcel II, mourait après un très court pontificat. Fleureusement, le rôle joué par Hervet l’avait j mis en relation avec de nouveaux personnages, en particulier Jean de Hangest, évêque de Noyon, et Morvillier. Le premier donna à Hervet le titre de vicaire général. Le second le nomma à la cure, alors importante, deCravant, près deBeaugency. Ces nominations n’interrompirent point ses travaux. Il publie à Paris, en 1555, Palladii episcopi Helenopolitani historia lausiaca et Theodoreti religiosa hisloria, et, en 1561, Canones sanctorum aposlotorum. Toutes ses études convergent alors autour de la discipline ecclésiastique dont la restauration, en France, est à l’ordre du jour. Pour appuyer ces essais de réforme, que la menace protestante exige de plus en plus impérieusement, il publie, en 1561, De reparanda ecclrsiasticorum disciplina. Il préconise, comme remède infaillible à tous les maux de l’Église, la résidence des évêques. C’était aussi la seule solution qu’avaient trouvée les édits royaux du même temps.

La controverse protestante prenait une acuité tous les jours plus grande. Catherine de Médicis essaie de provoquer une entente au colloque de Poissy. Morvillier y députe Hervet. Les actes de la fameuse assemblée n’ont pas gardé trace d’une action immédiate du curé de Cravant. Mais il fit la rencontre de l’homme qui allait décider de son avenir. Charles de Guise, cardinal de Lorraine, l’avait remarqué. II l’enrôla dans le groupe de théologiens qu’il voulait former pour combattre les progrès du calvinisme. Il lui offrit une stalle de chanoine en son archevêché de Reims, avec la perspective d’une chaire à l’université qu’il y voulait fonder. Avant même de s’y rendre, Hervet avait entame la polémique avec le groupe de ministres qui allaient faire d’Orléans la capitale protestante de la France. Il publie, en 1561, à Paris une Épistre aux ministres predicans et supposts de la nouvelle Église de ceux qui s’appellent fidelles et croyons à la parolle. La même année, il traduit, de Guillaume Lindanus, un Recueil d’aucunes mensonges de Calvin, Melanchthon, Bucere et autres nouveaux évangélistes. Ce volume renferme en outre différentes pièces l rès intéressantes pour l’histoire de la diffusion du protestantisme dans l’Orléanais, un Sermon de Gentian Hervet après avoir oui ; prescher un prédicant suspect d’hérésie, une Epistre du mesme Hervet par laquelle est clerement monstre qu’en la saincte eucharistie est rcalement et de faict le précieux corps et sang de Jesu-Christ, et surtout une Épistre du mesme Hervet à un prédicant sacramentaire qui ce caresme mil cinq cens soixante et un a osé publiquement dogmatiser en la ville de Beaugency-sur-Loyre. Il y ajouta la traduction de trois traités de saint Jean Damascène, saint Grégoire de Nysse et saint Nicolas de Modon sur le saint sacrement de l’autel, et enfin, « l’oraison » de Gennade, archevêque de Constantinople. « à un dieu en trois personnes » . Les protestants ne laissèrent naturellement pas passer ces attaques sans réponse. Hervet publia de nouveau contre eux un Brie/ discours sur certain advertissement au lecteur duquel les ministres de la nouvelle Église réformée d’Orléans ont remparé une gentille response qu’ils ont faict imprimer pour respondre aux epistres de Gentian Hervet, Paris, 1562. Enfin, il termine cette période orléa-