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    1. HÉRÉSIE##


HÉRÉSIE. HÉRÉTIQUE

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theologicis, 1. XII, c. ix ; Simanca, De enlholicis institutionibus, Ferrare, 1692, tit. xxx ; Eymeric, Directorium inquisitorum, Rome, 1578, part. II, q. i ; Pegna, Commentaire du Dircctorium d’Eymeric, Rome, 1587, loc. cit., comm. 26 ; Farinacci, Tractatus de hæresi, etc., Rome, 1616, q. clxxviii, § 1, n. 29-41. Cf. Suarez, De fide, disp. XIX, sect. i, n. 1 ; Thésaurus, De pœnis ecclesiasticis, au mot Hæresis ; Ferraris, Prompla biblio-Iheca, au mot Hseresis ; Ojetti, Synopsis, au mot Hæresis.

Définition et conditions.

Toute doctrine opposée

à la vraie foi, d’une façon soit négative (nescience), soit privative (ignorance), soit positive (doctrine contraire ) constitue en soi une infidélité. Voir ce mot. Cf. Kilber, dans la théologie des jésuites de Vurzbourg, De fide, n. 219 ; S. Alphonse de Liguori, Theologia moralis, 1. II, tr. I, n. 17 ; S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ , q. x, a. 1. L’hérésie étant, d’après l’étymologie même du mot, un choix, une sélection faite par l’esprit humain dans les vérités révélées par Dieu, comporte donc une véritable infidélité positive. Mais toute infidélité positive n’est pas une hérésie ; l’infidélité est le genre, l’hérésie est l’espèce. Saint Thomas, loc. cit., q. xi, a. 1, explique que l’hérésie, étant un choix dans la doctrine, se rapporte non à la fin même de la foi, mais aux moyens proposés pour atteindre cette fin. Dans le domaine de la foi chrétienne, la fin, c’est l’autorité divine du Christ, à laquelle nous adhérons par la foi ; les moyens, ce sont les vérités révélées dont l’acceptation soumet notre intelligence à l’autorité divine. Or, en rejetant cette autorité elle-même, on tombe dans l’infidélité positive proprement dite (naturalisme, paganisme, judaïsme) ; en maintenant, d’une part, une certaine foi au Christ, mais, d’autre part, en corrompant par une sélection humaine le dogme révélé, on tombe dans l’hérésie : ideo hæresis est infidelilalis species, pertinens ad cos qui fidem Christi profitentur, sed ejus dogmala corrumpunl. S. Thomas, loc. cit. Cf. Bouquillon, Institutions theologiæ moralis, Bruges, 1878, De virtutibus theol., n. 211-214.

Cette analyse sommaire nous aide à expliquer la définition que nous proposons de l’hérésie : une doctrine qui s’oppose immédiatement, directement et contradicloirement à la vérité révélée par Dieu et proposée authentiquemenl comme telle par l’Église. Deux éléments principaux sont à retenir dans cette définition :

Premier élément : l’hérésie s’oppose à la vérité révélée, immédiatement, directement et contradictoirement. — 1. L’hérésie s’oppose à la vérité révélée. Sélection faite par l’esprit humain dans le dogme, l’hérésie s’attaque nécessairement aux vérités explicitement ou implicitement, mais formellement révélées. Voir Dogme, t. iv, col. 1575 ; Explicite et Implicite, t. v, col. 1869. Sur la révélation que suppose la foi, voir Foi, t. vi, col. 122 sq. — 2. Immédiatement, c’est-à-dire sans le secours d’un moyen terme. Par conséquent, avec nombre de théologiens et, en parliculier, avec l’école thomiste, voir Molina, In I 3’" Sum. theol., disp. I et II, a. 1 ; Salmanticenses, De fide, disp. I, dub. iv, § 4 ; Kilber (Wirceburgenses), De virtutibus theol., disp. II, c. i, a. 3 ; Montagne, De censuris seu notis theologicis, a. 2, § 1, dans Migne, Cursus theol., t. i, col. 1147 sq. ; Mazzella, De virtutibus infusis, n. 458 ; Hurter, Medulla theologiæ dogmaticæ, n. 409 ; Billot, De Ecclesia, q. x, th. xviii, § 2 ; Van Noort, De jonlibus revelationis, n. 196 ; cf. C. Pesch, Compendium theologiæ, t. iii, n. 376, on doit refuser de voir une hérésie dans la négation d’une vérité qui n’est que virtuellement révélée, c’est-à-dire d’une simple conclusion thêologique, déduite d’une vérité formellement révélée, même si cette conclusion paraît évidente (thèse soutenue par M. Cano, De locis, 1. VI, c. viii, n. 10, et par Vasquez, In I : n " Sum. theol., disp. V, c. iii), même si cette con clusion est définie par l’Église (thèse de Suarez, De fide, disp. III, sect. xi, n. 11, reprise par De Lugo, De fide, disp. I, sect. xiii, n. 261 ; par S. Alphonse de Liguori, Theologia moralis, 1. I, tr. II, n. 104 ; par Schifïini, De virtutibus, Fribourg-en-Brisgau, 1904, sect. iv.th. xviii, n. 127 ; par Wilmers, De Christi Ecclesia, Ratisbonne, 1897, 1. IV, c. iv, a. 2, scholion ; par Bouquillon, op. cit., . n. 216, etc.). La raison de notre choix est claire : une définition de l’Église ne peut changer la nature des vérités niées par l’hérésie et ne peut faire que ces vérités soient révélées, lorsqu’elles sont de simples conclusions théologiques s’imposant à notre adhésion par la foi ecclésiastique et non par la foi divine. Voir Dogme, t. iv, col. 1576. Il faut observer cependant que l’opinion rejetée peut s’entendre en ce sens que la négation d’une vérité virtuellement révélée pourrait conduire logiquement à l’héiésie, si on voulait la pousser à sa conséquence dernière, ou encore qu’elle pourrait comporter une hérésie concomitante. Voir plus bas, même col. De plus, certains auteurs admettent que l’hérésie peut exister à l’égard de ce qu’ils appellent l’objet de la foi médiate. Cf. Suarez, loc. cit., disp. XIX, sect. ii, n. 8, citant Corduba, Quæslionarium theologicum, Venise, 1604, 1. I, q. xvii. Avant de rejeter leur manière de voir, il faut s’assurer si l’expression foi médiate ne s’applique pas, dans leur pensée, aux vérités formellement quoique implicitement révélées. Suarez, loc. cit., n. 10. L’âme intellective est la forme du corps humain, voilà une vérité implicitement mais formellement révélée ; voir Forme du corps humain, col. 551 ; c’est donc à bon droit que la doctrine de J. P. Olivi a été qualifiée d’hérésie par les inquisiteurs, le P. Bernard de Côme, Eymeric, Pegna, Albertini, Alphonse de Castro, Ferraris, que cite M. Garzend, L’Inquisition et l’hérésie, Paris, 1913, p. 130 sq., leur reprochant à tort d’avoir fait d’une vérité de foi ecclésiastique une vérité de foi divine. — 3. Directement, c’est-à-dire qu’il ne suffit pas d’une connexion étroite entre un dogme et une vérité religieuse ou un fait dogmatique, voir Dogme, t. iv, . col. 1576 ; Église, col. 2188, nécessaires à la conservation ou à la proposition de ce dogme, pour que la négation de cette vérité religieuse ou de ce fait dogmatique constitue une hérésie. La proposition qui nierait, par exemple, la convenance du terme transsubstantiation, convenance d’ailleurs définie au concile de Trente, sess. XIII, can. 2, ou encore l’authenticité de la Vulgate, sess. IV, ne serait pas, par là même, hérétique. Ces deux vérités, en effet, ne sont pas révélées et ne se rapportent au dogme qu’indirectement ; la définition de l’Église ne peut pas en changer la nature. Sans doute, en niant une vérité virtuellement révélée et définie par l’Église ou encore un fait dogmatique, on> nie indirectement l’infaillibilité de l’Église par rapport à ces objets secondaires de son magistère. Mais l’infaillibilité, en tant qu’elle s’étend à l’objet secondaire, n’est pas encore proposée comme une vérité révélée, quoiqu’elle soit considérée comme une vérité proche de la foi ou tout au moins théologiquement certaine, voir Église, t. iv, col. 2184 sq. ; deviendrait-elle un jour vérité définie de foi divine et catholique, il ne s’ensuivrait pas encore que nier une conclusion théologique, un fait dogmatique, même définis par l’Église, constituerait en sol une hérésie ; cette négation comporterait simplement une hérésie concomitante, à savoir le rejet de l’infaillibilité de l’Église quant à l’objet secondaire de son magistère. Cf. Billot, loc. cit., ad 2 UI ". Les mêmes remarques s’appliquent à toute doctrine qui nierait la convenance des censures doctrinales infligées par l’Église, sauf en ce qui concerne la note d’hérésie.. En décrétant le caractère hérétique d’une proposition, . l’Église, en effet, définit par le fait même la vérité de la proposition contradictoire : definiendo propositionem>