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HENNEBEL — HENNEGUIER


Domini. Le 30 avril 1709, il signa, comme doyen de la môme faculté, une autre déclaration d’adhésion aux doctrines romaines. Mais, on regrette dedevoii l’ajouter, ces deux actes publics, parce que toujours enveloppés de réserves et de réticences, se trahissant dans les paroles et l’attitude subséquente de leur auteur, laissaient encore planer quelque soupçon sur la sincérité de sa soumission. Ce n’est que plus tard qu’il repoussa les erreurs jansénistes avec toute la franchise désirable : la lettre adressée à l’université de Douai par l’étroite faculté de théologie de Louvain, le 8 juillet 1715, était nette et absolue, elle fermait enfin la porte à toute équivoque possible. Hennebel ne survécut guère que cinq années à cet heureux événement. Il mourut, le 30 août 1720, dans ce collège de Viglius dont il avait gardé la présidence pendant trente-six ans, et il fut inhumé dans l’église de Saint-Quentin. En dépit des tendances doctrinales de la plus grande partie de sa vie, c’était, au témoignage de tous ceux qui l’approchèrent, un homme d’un caractère doux et accommodant. Ce sont ces qualités, sans doute, qui lui valurent d’être, en 1710, porté par les suffrages de ses collègues à l’honneur du rectorat : c’est peut-être aussi à elles qu’il dut d’être député à Rome par l’université. Après qu’il se fut déclaré ouvertement et absolument, en 1715, pour la bulle Unigenitus, il passa ses derniers jours dans une pieuse et studieuse tranquillité et ne voulut plus rien avoir de commun avec les non-acceptants.

On rattache communément au nom d’Hennebel, comme rédigés par lui, soit seul, soit en collaboration avec d’autres tenants du parti janséniste, un assez grand nombre d’opuscules, dont plusieurs ont paru sous le voile de l’anonymat. La plupart, pris un à un, sont sans grande importance ; mais leur série nous présente, pour ainsi dire en action, une partie des vicissitudes de l’existence et de la pensée d’Hennebel, et tous ensemble peuvent servir très utilement à l’histoire du jansénisme dans les Pays-Bas. Voici les principaux : 1° Notæ brèves ac modeslæ in propositions XXXI S.Inquisitionis decrelo nuper proscripias, in-4°, Louvain, 1651. Ces Notas furent blâmées et prohibées par l’archevêque Humbert de Precipiano, comme attribuant aux propositions flétries par le Saint-Office un sens absolument fantaisiste et qui aurait fait de leur condamnation un acte ridicule et illusoire. 2° Rcsponsio ad articulos XLII quos eximii DD. Martinus Harney et Mailinus Steyært altestemtur, authoribus Gummaro Huijgens, aliisque, ut loquuntur, Mi adhserentibus et confœdcralis, qua clam, qua palam serpere et circumferri, tradi et inculcari apud scholse theologicw alumnos, non sine ingenti periculo injectionis, in-4°, Louvain, 1091. Cet écrit sera aussi mentionné sous le nom de Huygens, qui paraît y avoir eu une part prépondérante. 3° Il en va de même de la Rejulalio Synopseos opponendorum responsioni ad articulos XLJI Ex. De Huygens et aliorum. 4° Apologia pro Jo. Liberlo Hennebel, ab Academia Lovaniensi ad S. Sedan deputalo, adversus rumorem publicum, qui spargitur in Bclgio quasi propositionem aliquam Romæ sustincal aut heereiicam, aut de heercsi suspeclam, in-4°, 1093, 5° Libelli hispanice edili hoc litulo : Mémorial al rcy… nomine ac jussu Thyrsi Gonzalez, Soc. Jesu prsepositi generalis, obltdi, confulatio per Belgas theologos, in-8°, Bruxelles, 1699. 0° Propositioncs quadraginta excerptæ ex libro cui lilulus : Nodus prædeslinationis, adjunclis quibusdam notis. Le Nodus preedestinationis est une œuvre posthume du cardinal Sfondrate. Publiée en 1097, elle fut fort disculée dès son apparition et même accusée, mais à tort, semble-t-il, de pélagianisme. Hennebel se montra l’un des plus ardents a l’attaquer. Sa critique parut, insérée dans un recueil de même esprit, dû, croit-on, du moins en partie, à la plume de Quesnel et

intitulé : Augustiniana Ecclesiee romanæ doclrina a cardinalis S/ondrati nodo extricata per varios S. Auguslini discipulos, in-12, Cologne, 1700. 7° Declaratio circa articulos doctrinse in Belgio controversée…, Die

10 septembris 1700 coram apostolica in Urbe exhibita, in-12, Louvain, 1701. Toutes les pièces de ce volume, sauf une, se trouvent reproduites dans les Opuscula mentionnés ci-dessous. 8° Memoriale pacis Romam missum die 4 martii 1701 et ibidem sacrée Congregalioni S. Oflicii exhibitum, in-12. 9° Plusieurs autres Mémoires adressés par Hennebel aux Congrégations romaines pendant son séjour dans la Ville éternelle ont été imprimés dans le Commonitorium ad orlhodoxos du P. Désirant, ainsi que dans le Commonitorium d’Opstræt. 10° Via pacis seu status controversiæ inter theologos Lovanienses, in-4°, Liège, 1701. 11° Des Opuscula, ainsi détaillés dans le sous-titre : Eximii viri J. L. Hennebel thèses theologicse de gratia et psenilentia ; accedit Declaratio theologorum Belgarum per eumdem doclorcm coram Sede apostolica eihibita ; item accedunt Martini Steyært thèses de sacerdole lapso et asserlio censurée Lovaniensis et Duacensis adversus quorumdam hodie objectiones, in-12, Louvain, 1703. 12° Declaratio facultatis theologicse Lovaniensis contra quinque propositiones ab apostolica Sede damnatas qui n’a été publiée qu’en 1717, à Cologne, dans le Molinismus profligatus du carme Henri de Saint-Ignace. 13° Epistola ad illustrissimum D. Fenelonem, archiepiscopum Cameracensem. Elle est du 12 mai 1714 et a^été, elle aussi, reproduite dans le Molinismu » projligatus. Enfin, 14° on trouve dans la Causa quesnelliana plusieurs autres lettres d’Hennebel, adressées au P. Quesnel ou à Brigode, son secrétaire. Ces divers écrits, dont quelques-uns, je l’ai dit, notamment les n os 2, 3 et 5, ne sont pas certainement et exclusivement l’œuvre personnelle d’Hennebel, sont fort différents de portée comme d’étendue ; mais tous ou presque tous ont un trait commun : on y plaide plus ou moins ouvertement soit pour la thèse du « silence respectueux » , soit pour la suppression et l’apaisement par voie d’autorité, de toutes les discussions ; on travaille discrètement à innocenter YAugustinus et ceux qui s’en réclament, et l’on va, par exemple, dans la Réfutation du mémoire des jésuites espagnols (n° 5), jusqu’à prétendre, contre l’évidence aveuglante des faits, que les Pays-Bas n’offrent trace ni de jansénisme ni de rigorisme. Le lecteur remarquera du reste qu’aucun n’est postérieur à la date de 1695. Après ce qui a été dit plus haut, cette circonstance s’explique d’elle-même.’Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, édit. de Louvain, t. xviii, p. 286-303 ; édit. in-fol., t. iii, p. 628-632 ; Hurter, Nomenelator, Inspruck, 1910, t. iv, col. 725 ; Reusens, art. Hennebel, dans la Biographie nationale de Belgique, Rruxelles, 1886-1887, t. îx, p. 69.

J. FoRGET.

    1. HENNEGUIER Jérôme##


HENNEGUIER Jérôme, dominicain né à Saint-Omer en 1633, fit profession dans le couvent de cette ville en 1650. Il fit ses études au collège Saint-Thomasd’Aquin de Douai, où il enseigna ensuite la philosophie. Maître des étudiants, puis second régent (1667-1669), premier régent (1669-1672), il fut reçu maître en théologie le 8 octobre 1678. Il prit, semble-t-il, le bonnet de docteur à l’université de Douai en 1679. En 1675, il avait été chargé d’organiser à Cambrai une école publique de théologie. Dans son ordre, il fut prieur de Tournai (1672), puis de Saint-Omer (16861689), et il fut nommé définiteur de la nouvelle province de Sainte-Rose de Lima au chapitre général de Rome (1686). Il mourut à Saint-Omer le 13 mars 1712.

Il prit une grande part aux polémiques qui s’engagèrent vers ce temps sur la prédétermination physique et pour l’administration du sacrement de pénitence ; tous ses écrits sont de circonstance et signalent les