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HÉBREUX


ses frères. Comme eux, il a eu part à la chair et au sang, alin de réduire, par sa mort, à l’impuissance, le diable qui avait causé la mort et d’affranchir ceux qui, par crainte de la mort, étaient, durant toute leur vie, tenus en servitude. Il a pris en main la cause, non pas des anges, mais des fils d’Abraham. Il devait donc devenir en tout semblable aux hommes, ses frères, pour expier les péchés du peuple, ii, 10-18. Ses souffrances et sa mort ne détruisent donc pas sa supériorité sur les anges, puisqu’elles en étaient la condition, voulue par Dieu.

L’apôtre de notre salut et le gTand-prêtre de la foi que nous professons a été fidèle à Dieu comme Moïse le fut. Mais il a été plus glorieux que Moïse. Celui-ci n’a été qu’un serviteur dans la maison de Dieu ; lui, comme Fils de Dieu, qui a construit la maison, il est le chef de la maison, le chef du nouveau peuple élu de Dieu, ni, 1-6.

Le sacerdoce du Christ.

Les chrétiens ont en

Jésus, Fils de Dieu, un grand-prêtre parfait qui, au jour de son ascension, a pénétré dans les cieux, iv, 14. Us peuvent recourir à lui avec confiance, parce qu’il n’est pas incapable de compatir à leurs faiblesses, ayant été tenté en tout de la même manière qu’eux, à l’exception du péché, iv, 15, 16. Il ressemble donc en quelque chose au grand-prêtre hébreu qui, choisi d’entre les hommes, était préposé pour les hommes à leurs relations avec Dieu afin d’offrir des dons et des sacrifices pour le péché, pour lui-même et pour le peuple. Il a offert son sacrifice pour l’humanité pécheresse, v, 1-3. Tout prêtre ne prend pas de lui-même l’honneur du sacerdoce ; il doit y être appelé par Dieu, comme Aaron l’a été. Le Christ, lui aussi, ne s’est pas attribué à lui-même cet honneur ; c’est son Père qui l’a appelé au sacerdoce selon l’ordre de Melchisédech. Ps. cix, 4. Cet appel eut lieu aux jours de sa chair mortelle, et il accomplit son sacrifice en mourant sur la croix par obéissance aux ordres de son Père et en devenant par son obéissance la cause du salut éternel, v, 4-10.

Melchisédech a été la figure de Jésus, pontife de son ordre. L’auteur de l’Épître, qui aime à rechercher le caractère typique de l’Écriture, relève trois circonstances de l’histoire du pontife, type de Jésus : c’était un prêtre-roi, roi de justice et roi de paix, d’après l’étymologie de son nom et du nom de sa capitale ; il bénit Abraham victorieux, qui lui paya la dîme du butin ; l’Écriture se tait sur son origine ; il était, dans le récit de la Genèse, sans père, sans mère, sans généalogie ; sa vie n’a eu ni commencement ni fin, et comme le Fils de Dieu, il a été prêtre pour toujours. Ces circonstances montrent la supériorité du sacerdoce de Jésus sur le sacerdoce lévitique. Melchisédech a béni celui qui avait reçu les promesses divines. Or c’est un principe admis que l’inférieur Teçoit la bénédiction de son supérieur. Melchisédech est donc supérieur au patriarche, ancêtre des lévites. Abraham a payé la dîme au roi de Salem ; il s’est donc soumis au prêtre du Très-Haut. Par cet acte, toute sa postérité, renfermée dans ses flancs, y compris les lévites eux-mêmes qui prélèvent la dîme sur leurs frères, a reconnu la supériorité de Melchisédech et du grand-prêtre chrétien dont II était la figure. Enfin, les lévites sont des mortels » Melchisédech vit toujours, et, à ce titre, il leur est encore supérieur, vu, 1-10.

C’est parce que le sacerdoce lévitique était imparfait et incapable de conduire les Israélites à la justification et au salut, qu’un prêtre de l’ordre de Melchisédech a été établi, et non plus un prêtre de l’ordre d’Aaron. Noire-Seigneur, en effet, n’est pas de la tribu sacerdotale ; il est issu de Juda et il a obtenu son sacerdoce, à la ressemblance de Melchisédech. non par droit de descendance charnelle et par héritage, mais par élec tion divine, élection qui lui a communiqué une vie impérissable, assurée par un serment de Dieu, vii, 11-19. En outre, Jésus, étant éternel, est l’unique prêtre de son ordre, tandis que les prêtres juifs, astreints à la mort, étaient nombreux et se succédaient. Toujours vivant, il interpelle sans cesse au ciel pour les hommes, vii, 20-25. Il est donc le grand-prêtre saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs et élevé au-dessus des cieux. Comme les prêtres juifs, qui étaient eux-mêmes pécheurs, il n’a pas besoin d’offrir chaque jour un sacrifice pour ses péchés personnels d’abord et ensuite pour ceux du peuple. Il n’a offert qu’un seul sacrifice, dont il était lui-même la victime, vii, 26-28.

Le sacrifice du Christ.

Le grand-prêtre de la

nouvelle alliance est au ciel, assis à la droite du trône de la majesté divine. Or, puisque tout pontife est établi pour offrir des dons et des sacrifices, il était nécessaire qu’il eût de quoi offrir, viii, 1-3, comme les prêtres de l’ancienne alliance le faisaient dans le tabernacle du désert, ix, 1-10. C’est pourquoi le grand-prêtre des biens à venir, avant de pénétrer une fois au ciel pour y remplir les fonctions de son sacerdoce, ne prit pas le sang des boucs et des veaux immolés, mais son propre sang qu’il avait versé une fois pour la rédemption éternelle des pécheurs, et le sang de cette victime sans tache a plus d’efficacité pour purifier les consciences que le sang des victimes animales et l’aspersion faite avec la cendre de la vache rousse, ix, 11-15. C’est, en effet, par sa mort sur la croix, sacrifice offert une fois pour toutes, qu’il peut accomplir au ciel les actes de son sacerdoce éternel, ix, 23-28. Il a aboli les sacrifices sanglants de l’ancienne loi, qui étaient impuissants à rendre parfait pour toujours, et ayant pris un corps, il s’est offert lui-même pour accomplir la volonté de Dieu qui n’avait plus pour agréables les holocaustes et les sacrifices antiques, x, 1-10 ; xiii, 10-13. Son unique sacrifice a rendu parfaits pour toujours ceux qu’il a sanctifiés, x, 11-18. Le pontife céleste applique donc les fruits de son unique sacrifice terrestre. Son sang parle mieux que le sang d’Abel, xii, 24.

La foi.

Pour jouir des fruits du sacrifice de

Jésus, il faut persévérer dans la foi, x, 19-39. C’est pourquoi l’auteur de l’Épître insiste principalement sur cette vertu. — 1 II décrit sa nature, xi, 1. Voir col. 86-88. — 2. Il expose son rôle dans la vie des anciens qui, à cause d’elle, ont obtenu dans l’Écriture un bon témoignage, et il indiqua d2 nouveau sa nature : une adhésion de l’intelligence à la parole de Dieu, 3, 6, mais aussi un acquiescement de la volonté qui la rend libre et méritoire Tous ies justes de l’ancienne alliance, depuis Abel, ont été sanctifiés par la foi, 4-38. Leur foi était une anticipation ilo celle des chrétiens, dont les fruits sont plus parfaits, 39, 40.

VIII. Commentaires, — 1 ° Des Pères. — 1. Grecs. — Ils sont peu nombreux. Origène avait composé un commentaire, dont Eusèbe, H. E., vi, 25, P. G., t. xx, col. 584-585, a conservé deux fragments, P. G., t. xiv, col. 1307-1309. M. Riggenbach, Historische Studien zum Hebràcrbriej, dans Zahn, Forschungen zut Geschichte des neutestamentlichen Kanons, Leipzig, 1907, t. viii, p. 7-10, a démontré que Smaragde en a reproduit deux autres. Collectiones in epistolas et evangelia, P. L., t. en, col. 165-166. S. Cyrille d’Alexandrie, Explanatio in Epist. ad Heb. (fragments), P. G., t. lxxiv, col. 953-1605 ; S. Chrysostome, Homilix (34) in Epistad Heb. (posthunes), P. G., t. lxiii, col. 9236 ; Théodore de Mopsueste, Fragmenta, P. G., t. lxvi, col. 952-968 ; Théodoret, Inierpretatio, P G., t. lxxxii, col. 673-785 ; S. Jean Damascène, Loci selecti, P. G., t. xcv, col. 929-997 ; Œcuménius, Commentarius in Epist. ad Heb., P. G., t. exix, col. 280-452 ; Théo| phylacte, Explanatio Epis 1, ad Heb., P. G., t cxxv,