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HÉBREUX


tionne pas sous le nom d’Epistola ad Alexandrinos, comme quelques-uns l’ont pensé, puisqu’il dit que celle-ci a été mise sous le nom de Paul pour défendre l’hérésie de Marcion ; or les marcionites n’admettaient pas l’Épître aux Hébreux. Saint Hippolyte connaissait l’Épître aux Hébreux et il la citait. In Susan., 23 ; Adversus Judœos, 3 ; In Dan., 14, 15, 17, P. G., t. x, col. 696, 789, 652, 653 ; Hippolytus Werke, Leipzig, 1897, p. 21, 28, 33, 78, 208, 212, 262, 266, 270, 284. Cf. N. Bonvretsch, Studicn zu den Kommentarcn Hippolifts zum Bûche Daniel und Hohenlied, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1897, t. xvi, fasc. 2, p. 25-26. Mais, au témoignage de Etienne Gobar, dans Photius, Bibliothcca, cod. 232, P. G., t. ciii, col. 1104, il ne la reconnaissait pas pour l’œuvre de saint Paul. Le pTêtre Caius n’admettait que treize Épîtres de l’apôtre, parce qu’il excluait celle aux Hébreux, que quelques Romains, plus tard encore au iv c siècle, estimaient n’être pas de saint Paul. Eusèbe, H. E., vi, 20, P. G., t. xx, col. 572, 578 ; S. Jérôme, De viris, 59, P. L., t. xxiii, col. 669 ; Photius, Bibliotheca, cod. 48, P. G., t. ciii, col. 85. Les Melchisédéciens, qui avaient pour chef le banquier Théodote, prouvaient par l’Épître aux Hébreux, vii, 3, que Melchisédech était sans père ni mère, S. Hippolyte, Philosophoumena, vii, 36 ; X, 24, P. G., t. xvi, col. 3343, 3439 ; S. Épiphane, Hær., lv, P. G., t. xli, col. 972 ; pseudo-Tertullien. De præscripl., 53, P. L., t. ii, col. 73 ; mais il n’est pas certain qu’ils la tenaient pour une lettre de saint Paul. Novatien l’utilisait, De Trinitate, 16, P. L., t. iii, col. 1917, ainsi que ses disciples, au témoignage de saint Philastre. Hær., 89, P. L., t. xii, col. 1201. Nous avons déjà dit qu’au début du ive siècle, des Romains n’admettaient pas cette Épître comme paulinienne et Eusèbe savait que d’autres la rejetaient parce que l’Église de Rome elle-même ne la recevait pas. H. E., iii, 3, P. G., t. xx, col. 217. L’Ambrosiaster, qui la connaissait, In II Tim., i, P. L., t. xvii, col. 485, où il cite Heb., vii, 9, 10, ne l’a pas commentée. Mais le prêtre Faustin l’attribuait à l’apôtre Paul. De Trinitate, c. ii, n. 13, P. L., t. xiii, col. 61. Le juif Isaac nomme deux fois l’apôtre, en citant l’Épître aux Hébreux. Qusestiones Veteris et Novi Testamenti, q. cix, De Melchisédech, P. L., t. xxxv, col. 2325. Le canon dit de saint Gélase, qui est peut-être de saint Damase dans sa I ro partie, mentionne quatorze Épîtres de saint Paul, voir t. ii, col. 1592, ainsi qu’Innocent I er dans sa lettre à Exupère, évêque de Toulouse. Voir t. v, col. 2027. L’Église de Rome a donc admis l’Épître aux Hébreux comme œuvre de l’apôtre, au cours du iv° siècle.

b) En Afrique. — Tertullien ne cite textuellement cette Épître qu’une seule fois et il l’attribue expressément à saint Barnabe. Après avoir cité les Évangiles, les Épîtres de saint Paul et l’Apocalypse, pour abondance de preuves, il invoque, en outre, le témoignage d’un compagnon des apôtres, car il y a un titulus de Barnabe ad Hcbrœos, qui est plus recevable dans les Églises que l’écrit apocryphe du Pasteur, et il cite Heb., vi, 1, 4-8, où il croit trouver une malédiction irrévocable contre les impudiques. C’est le témoignage d’un disciple des apôtres, qui interprétait bien la loi et ses figures. De pudicitia, 20, P. L., t. ii, col. 1021. Étant encore catholique, il y avait fait allusion au sujet de l’hospitalité, Heb., xiii, 2. De oratione, 26, P. L., t. i, col. 1193. Saint Cyprien ne cite pas une fois cette Épître, pas même dans ses Testimonia, qui sont un recueil de citations bibliques. Il affirme que saint Paul n’a écrit qu’à sept Églises. Epist. ad Fortunatum, De exhorlatione martyrii, 11, P. L., t. iv, col. 668 ; Testimonia contra Judœos, i, 20, ibid., col. 689. Le canon, qui a été découvert par Mommsen et qu’on croit d’origine africaine, ne compte, au début du iiie siècle, que treize lettres de saint Paul. Victorin de Pettau dit de

même. In Apoc., i, P. L., t. v, col. 3-20. Marius Victorinus Afer, qui n’a pas commenté l’Épître aux Hébreux, la cite cependant une fois sous le nom de saint Paul. Adversus Arium, i, n. 38, P. L., t. viii, col. 1070. Saint Optât de Milève ne la cite jamais. Les conciles d’Hippone (393), can. 47, et de Carthage (397), can. 36, déclarent canoniques : Pauli apostoli epistolse tredecim ; ejusdemad Hebrœos una. Mansi, Concil., t. iii, col. 891, 924.

On a relevé environ 150 citations de l’Épître aux Hébreux dans les écrits de saint Augustin ; des 303 versets de la lettre, il en reproduit environ 80. Or, la position qu’il a prise relativement à l’auteur est assez curieuse. Jusqu’en 406, il la cite comme l’œuvre de l’apôtre Paul, De diversis quæstionibus LXXXUi, q. lxxv, n. 1, P. L., t. xl, col. 86 ; De sermone Dei in monte, 1. II, c. vii, n. 27, t. xxxiv, col. 1281 ; Contra Adimantum manichseum, c. xvi, n. 3, t. xlii, col. 157 ; Epist. ad Rom. inchoata expositio, n. 11, t. xxxv, col. 2095 ; De doctrina cliristiana, 1. II, c. viii, n. 13, t. xxxiv, col. 41 ; Contra Cresconium, 1. III, c. lxxiv, n. 86, t. xliii, col. 542 ; £nar. in ps. viii, n. 12, t. xxxvi, col. 114. De 409 à 430, il ne parle plus que de YEpistola ad Hebrœos, qu’il distingue des lettres de saint Paul. Il la cite, quoiqu’elle soit incertaine pour quelques-uns, mais il la tient pour canonique à cause de l’autorité des Églises orientales. De peccatorum meritis et remissione, 1. I, c. xxvii, n. 50, t. xxjv, col. 137. Les nombreux passages, où l’Épître aux Hébreux est distinguée d « 6 lettres de l’apôtre, ont été recueillis par le P. Rottmanner, S. Augustin sur l’auteur de l’Épître aux Hébreux, dans la Revue bénédictine, juillet 1901, p. 258-261. La raison de cette manière différente de citer cette Épître provient sans doute de ce que l’évêque d’Hippone, qui n’avait d’abord aucun doute sur l’origine paulinienne de la lettre, a appris que quelques-uns la niaient, et tout en la maintenant au canon biblique du Nouveau Testament, il ne l’a plus citée comme œuvre de l’apôtre. Il le dit expressément une fois : In episiola quee inscribitur ad Hebrœos, quam plures apostoli Pauli esse dicunt, quidam vero negant. De civilate Dei, 1. XVI, c. xxii, t. xli, col. 500. Dans deux citations qu’il fait de Julien d’Éclane, l’Épître est citée comme l’œuvre de l’apôtre, Contra Julianum opus imperfeclum, 1. III, n. 40 ; 1. V, n. 1, t. xlv, col. 1268, 1436, mais c’est son adversaire qui parle. De même, l’Épître aux Hébreux est attribuée à saint Paul par Maximinus. Collatio cum Maximino arianorum episcopo, il, n. 4, 9, t. xlii, col. 725, 728.

Les hésitations de saint Augustin n’ont pas eu d’influence dans l’Église d’Afrique, puisque le concile de Carthage de 419 ne distingue plus l’Épître aux Hébreux des lettres de saint Paul. Il dit, en effet, catégoriquement : Epistolæ Pauli apostoli quatuordecim, can. 29. Mansi, Concil., t. iv, col. 430.

c) En dehors de Rome et de l’Afrique. — Saint Phébade d’Agen, saint Zenon de Vérone, saint Vincent de Lérins et Orose ne citent jamais l’Épître aux Hébreux comme étant de saint Paul. Mais d’autres écrivains ecclésiastiques le font : S. Hilaire de Poitiers, De Trinitate, 1. IV, n. Il ; In ps. Xl V, n. 5 ; lui, n. 13 ; cxviii, lit. viii, n. 16 ; CXXix, 7, P. L., t, x, col. 104, 302. 345, 558, 722 ; Lucifer de Cagliari, De non conveniendo cum hæreticis, P. L., t. xiii, col. 782 ; S. Ambroise, De fuga sœculi, c. iii, n. 16 ; De benedictionibus patriarcarum, c. iv, n. 16, P. L., t. xiv, col. 577, 678 ; De pœnitenlia, 1. II, c. ii, n. 6, 10 ; c. iii, n. 15, t. xvi, col. 497, 499, 500 ; S. Gaudence de Brescia, Serm., ii, de Exodi lectione, P. L., t. xx, col. 358 ; Serm., i, col. 848 ; S. Pacien, Epist., iii, n. 13, P. L., t. xiii, col. 1072 ; Priscillien, Tractatus III, Opéra, édit. Schepps, Vienne, 1899, p. 45 ; Rufin admet quatorze Épîtres de saint Paul. De symbolo aposiolorum, 37, P. L., t. xxi, col. 374.