Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/389

Cette page n’a pas encore été corrigée

2009

HABACUC (LIVRE D’2010

estimaient ces morceaux émis dans le public à des dates diverses, bien que par un seul et même prophète. Stade, dans Zeitschrift /tir altest. Wissenschaft, Giessen, 1884, p. 154-159 ; Ruben, Slrophic forms in the Bible, dans Jewish quaricrly review, Londres, 1899, t. ix, p. 448-455, 474 sq., détachèrent de la prophétie le c. iii, le tenant, celui-ci pour un psaume du temps de l’exil, le premier pour un morceau postérieur à l’exil. Plusieurs : Budde, Nowack, Rothstein, G. A. Smith, cf. Nicolardot, p. 68 sq., tout en enlevant au prophète Habacuc la composition de ce c. ni, considérèrent encore les malédictions du c. n comme « un élément originaire du poème (la prophétie) formant, dès le début, avec tout ou partie du c. i, une véritable unité. » Parmi eux, Rothstein rapporte le morceau, ii, 5-20, à la chute des Chaldéens, mais trouve « à la base de ce texte développé » une « vieille plainte prophétique, beaucoup plus brève, contre les exactions que le roi Joachim (cf. Hitzig) et des riches injustes font subir à leurs compatriotes, en Israël. » Il y aurait eu là remaniement du texte en vue d’annoncer la ruine du peuple conquérant. La suite du texte aurait été primitivement : i, 2-4, 12 a, 14 ; il, 1-5 a ; i, 6-10 ; n, 6 sq. Nowack, avec Giesebrecht, Wellhausen, Peake, cf. Nicolardot, p. 80 sq., tiennent l’annonce de la venue des Chaldéens pour une prophétie plus ancienne (vers l’an 610), postérieurement intercalée dans la suite naturelle que forment i, 2-4, 12 sq. (vers 590). Il ne s’agirait point des crimes de Juda, mais de l’oppression des Juifs par les Chaldéens dans i, 2-4 ; et l’ordre des versets devrait être i, 5-11, 2-4, 12-17, etc. Budde et G. A. Smith proposent de reculer i, 5-Il jusqu’après ii, 4. Les oppresseurs de i, 2-4 sont ou les Assyriens (Budde), ou les Égyptiens (Smith). La prophétie remonte aux environs de 615 ou 608. Les libérateurs sont les Chaldéens. Mais Marti brise totalement l’unité des c. i et n. Selon lui, i, 2-4, 12-n, 4 forment, comme le c. iii, un psaume, dont la date est à chercher du ve siècle au iie, et au milieu duquel a été intercalée une prophétie, i, 5-11, composée vers 604. Le c. ii, 5 sq., constitue une autre prophétie, indépendante de la précédente et à descendre jusque vers l’an 540. Das Dodekaprophcton, Tubingue, 1904, p. 326 sq. Cf. aussi Nicolardot, p. 32 sq., et Revue d’histoire et de littérature reliijieuses, Paris, 1899, t. iv, p. 181-182.

Pour la critique de ces diverses opinions et de la théorie particulière de O. Happel, Das Bueh des Propheten Habackuk, Wurzbourg, 1900, voir aussi (outre Nicolardot) A. Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. 453457, qui admet seulement que les versets î, 5-11 « formaient àl’origine ledébut du livre, » et quein, 17-19 constituent une « addition d’une main étrangère, » faite « à l’occasion de l’adaptation du c. in au service liturgique, » p. 458-459. C’est « entre les deux dates, 605 et 600, que se vérifient le mieux les conditions où les Chaldéens pouvaient être envisagés à la fois comme un fléau imminent pour la Judée (i, 5-11), et comme des oppresseurs déjà entrés, aux yeux de tous, en possession de l’héritage de leurs devanciers, les Assyriens (i, 2-4, 12 sq., marquant « la recrudescence des maux qui devait résulter de la conquête chaldéenne prévue aux versets 5-11), p. 458, 462. Les versets i, 2-4 ne sont pas « une plainte touchant les violences qui se commettent au sein même de la société juive, sans aucun égard à l’oppression étrangère ; mais, rapprochés des versets 12 sq., ils atteignent les « impies dont Habacuc, dans les deux passages, dénonce les violences, » et qui sont « les dominateurs étrangers, p. 467. F. E. Gigot, Spécial introduction to the study o/ the Old Testament, New-York, Cincinnati, Chicago, 1906, t. ii, p. 426-438, discute les questions relatives au c. m et à la prophétie i, 5-11. Il conclut que le livre est contemporain de Jérémie.

III. Autorité, Auteur. — Saint Paul cite plusieurs fois Habacuc (sans le nommer toutefois) comme « prophète » et comme « Écriture » : Act., xiii, 41, « ce

qui est dit dans les prophètes, » cf. Hab., i, 5 ; Rom., i, 17 (Gal., iii, 11 ; Heb., x, 37-38), « selon qu’il est écrit, » cf. Hab., ii, 3, 4.

Nous ne possédons aucune tradition authentique touchant la personne d’Habacuc. « Les traditions nombreuses et divergentes qu’on a recueillies sur lui ne livrent à l’historien aucune donnée résistante. » Nicolardot, La composition du livre d’Habacuc, p. 3, avec renvoi à Fr. Delitzsch, De Habacuci prophelæ vita atque œtalc, Leipzig, 1842, p. 7-98 (riche documentation sur ces légendes). Cf. aussi Knabenbauer, op. cit., p. 577-580.

IV. Enseignements doctrinaux.

Dieu.


Seul Dieu vivant, en opposition aux vaines idoles, n, 18-20. Ses attributs : pureté sans tache, sainteté, i, 12 sq. Sa providence : 1. à l’égard de l’univers tout entier : roi de l’humanité, il, 14 ; dominateur souverain des forces et éléments de la nature, iii, 2-16 ; 2. à l’égard d’Israël : il soutient son peuple, qu’il a établi pour assurer le règne de la justice, i, 12 b.

Temps messianiques.

Ils ne sont pas spécialement

décrits. Mais, au temps où la « prophétie » s’accomplira, le juste qui aura eu confiance en Dieu vivra, ii, 4 ; la terre sera remplie de la connaissance de la gloire de Dieu, il, 14.

V. Commentateurs.

En dehors des commentateurs des douze petits prophètes, voir Knabenbauer, Comment, in prophetas minores, Paris, 1886, t. i, p. 4 ; A. Van Hoonacker, Les douze petits prophètes, Paris, 1908, p. xiii-xiv, ont commenté spécialement le livre d’Habacuc : 1° Au moyen âge. — Théophylacte, Comm. in Osée, Habacuc, Jonam, Nahum, Michœam, P. G., t. cxxvi, col. 563 sq. ; Vén. Bède, Super Canl. Habacuc allegorica exposilio, P. L., t. xci, col. 1235 sq. ; Richard de SaintVictor, In Cant. Habacuc, P. L., t. exevi, col. 401 sq.

Dans les temps modernes.

1. Catholiques. — Antoine

Guévara, Comm. et eephrasis in Habacuc prophetam, Madrid, 1585 et 1593 ; Vienne, 1603 ; Anvers, 1609 ; Antoine Agcllio, Comm. in proph. Habacuc, Anvers, 1597 ; Thomas Beauxamis, Homiliæ in Habacuc Paris, 1577 ; Alph. de Padilla, Commentaria, annotationes et discursus ad mores complcctentia in Habacuc, Madrid, 1657 ; Corn. Jansénius d’Ypres, Analecta in… Habacuc et Sophoniam, Louvain, 1644 ; Louis de Poix, Les prophéties d’Habacuc traduites de l’hébreu, précédées d’analyses, etc., Paris, 1775 ; Louis Beda, Habakuk der Proph. nach dem hebr. Text ùbcrlragen und erlaulert, Francfort, 1779 ; L. Reinke, Der Prophet Habakuk, Brixen, 1870.

2. Non catholiques.

Franz Delitzsch, Der Prophet Habakuk, Leipzig, 1843 ; Udgren, Vaticinium quod Habacuci nomine inscribitur, Upsala, 1854 ; C. G. Berg, Propheten Habakuk, Stockholm, 1857 ; J. von Gumpach, Der Prophet Habakuk, Munich, 1860 ; F. Martin, La prophétie d’Habacuc, Strasbourg, 1864 ; P. Kleinert, Obadja, Jona, Micha, Nahum, Habakuk, Zephania, Bielefeld et Leipzig, 1868 ; A. J. Baumgartner, Le prophète Habakuk, Leipzig, 1885 ; N. A. Papagiannopoulos, ’Epij.Tjvêîa Tou "Yfxvou to3’AâSazotjix, Athènes, 1894 ; A. B. Davidson, The books of Nahum, Habakkuk and Zephaniah, Cambridge, 1896, 1899 ; G. Sinith, De Prophétie van Habakuk, Utrecht, 1900 ; O. Happel, Das Buch des Propheten Habakuk, Wurzbourg, 1900 ; J. Halévv, Habacuc (commentaire critique complet), dans la Revue sémitique, Paris, 1906, p. 97-108, 193-202, 289-303 ; 1907, p. 1-26 ; B. Duhm, Das Buch Habakuk, Tubingue, 1906 ; Guthe, Der Prophet Habakuk, traduction et commentaire critique dans Kautzsch, Die Heilige Schrijt des Allen Testament, Tubingue, 1910, t. ii, p. 62 sq. ; J. M. P. Smith, W. H. Ward et J. A. Bewer, A critical and exegetical commentary on Micah, Zephaniah, Nahum, Habakuk, Obadiah and Joël, Cambridge