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HABACUC (Livre D’). Bible hébraïque : Hâlaqqûq. Le 8e des petits prophètes : nebî’îm qetanntm. — Bible grecque : AMBAKOUM (Grégoire de Nazianze, Synopse [Lagarde] : ’A56axoûp.. Cf. H. B. Swete, Introduction lo the OUI Testament in Greek, Cambridge, 1902, p. 205-206). — Bible latine : Habacuc. (Gélase : Abacu ; Cassiodore : Abbacuc ; codex Claromontanus : Ambacum. Cf. H. B. Swete, op. cit., p. 210-214). Sur les formes du nom, cf. Beinke, Der Proph. Habakuk, Brixen, 1870, p. 1 sq. — I. Forme poétique. II. Composition, date. III. Autorité, auteur. IV. Enseignements doctrinaux. V. Commentateurs.

I. Forme poétique.

La forme poétique est aujourd’hui reconnue au livre d’Habacuc, certainement pour le c. m ; plus probablement aussi pour les c. i et ii.

Voir spécialement Gietmann, De re metrica Hebrœorum, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 77 (Hab., iii) ; G. Bickell, CarminaVeleris Testamenti melrice, Inspruck, 1882, p. 213 sq. (Hab., ni) ; D. H. Millier, Strophenbau und Responsio, Vienne, 1898, p. 36-39 (Hab., iii) ; Condamin, La forme jhorule du chapitre 1Il d’Habacuc, dans la Bévue biblique, Paris, 1899, p. 133-140 ; Ruben, Strophic forms in the Bible, dans Jeœish quarterh/ review, Londres, 1899, t. xi, p. 448455, 474 (Hab., n et ni) ; Sievers, Melrische Sludien, I, Leipzig, 1901, p. 490 sq. (Hab., I) ; Kelly, The strophic structure of Habacuc, dans American journal of semitic languages and literature, Chicago, 1902, t. xviii, p. 94-119 ; Eakin, The lext of Habakkuk, l-n, 4, Toronto, 1905 ; Stærk, Ausgewàlhte poelische Werke des A. T. im melrischer und strophischer Gliederung, IIe partie, Leipzig, 1908 ; Commentaires de Marti, 1904 ; de Duhm, 1906.

II. Composition. Date. — Longtemps le livre a été tenu pour un dans sa composition, œuvre du seul prophète Habacuc, sur les indications précises de i, 1 : « Oracle que vit Habacuc, le prophète, » et iii, 1 : « Prière d’Habacuc, le prophète. » Unité apparente du sujet : le peuple de Dieu est opprimé, i, 2-4 ; mais Dieu châtiera les oppresseurs, i, 5-10 ; les justiciers suscités par lui outrepassent toutefois leur mission, opprimant à leur tour Israël et les autres nations, i, 11-n, 1 ; leur tyrannie provoquera donc de justes représailles, ii, 2-19 ; le prophète attend la délivrance et la décrit sous forme de théophanie, ii, 20-m.

Le peuple suscité d’abord pour le châtiment des oppresseurs est celui des Chaldéens, i, 6. Mais qui sont ces oppresseurs ? L’exégèse traditionnelle et le grand nombre des critiques ont répondu : La partie corrompue (rasa’) de Juda, opprimant les justes (saddiq). Quelle époque est visée ? Le temps d’Ézéchias : Théodore de Mopsueste ; Ribera ; cf. Knabenbauer, Introduclio specialis, Paris, 1897, t. ii, p. 580, note 6 ; Betteridge, The interprétation of the prophecy of Habakkuk, dans American journal of theology, Chicago, 1903, p. 647-662 (les coupables de i, 2-10 seraient les Assyriens), suivi par Hirsch, art. Habakkuk et Book of Habakkuk, dans Jcwish encyclopœdia, New-York, 1904, t. vi, p. 117 sq. La fin du règne de Manassé : le Scder Olam rabba, 20 ; Sanchez, Corneille de la Pierre,

Jalm, Ackermann, Kaulen, Zschokke, Knabenbauer, Schenz, Vigouroux, Trochon, Hàvernick, Kueper, Keil ; cf. Knabenbauer, op. cit., p. 580, note 8 ; Delitzsch, Messianische Weissagungen, Leipzig, 1899, p. 136 ; Baumgarten, Le prophète Habakuk, Leipzig, 1885. Le règne de Josias : Scholz, Danko, Reinke, Holzammer, Volek ; cf. Knabenbauer, ibid., note 6 ; Delitzsch, Der Prophet Habakuk, Leipzig, 1843. Celui de Joakim ( Jehoiakim) ; premières années, avant 601 : Schegg, Haneberg, Kleinert, Bleek-Kamphausen, Cook, Driver-Rothstein ; cf. Knabenbauer, ibid., note 6 ; vers 604 : Knobel, Theiner, Hitzig, Bàumlein, de Wette, Schrader, Bleck, Stàhelin, Carrière, Davidson, Kônig, Strack ; cf. Knabenbauer, ibid., et Nicolardot, La composition du livre d’Habacuc, Paris, 1908, p. 39. Les dernières années de Joachim (Jehoiachin) : Oort, dans Theologisch Tijdschrift, Leyde, 1891, t. xxv, p. 357-367 (les oppresseurs de i, 2-4 sont à la fois les Juifs orgueilleux et les Chaldéens dont la venue ne serait pas suffisamment présentée, en i, 5-11, comme un châtiment). Le règne de Sédécias : Clément d’Alexandrie ; cf. Knabenbauer, ibid. L’époque de l’exil : S. Jérôme, Bertholdt ; cf. Knabenbauer, ibid. ; Lauterburg, dans Meili’s Theologische Zeitschri/t aus der Schweiz, Zurich, 1896, p. 74-102 (les oppresseurs sont les Chaldéens ; les justiciers, les Perses : i, 6, lu ainsi : « Voici que je suscite contre vous, Chaldéens oppresseurs… » , d’après les LXX : î80ù âÇeveipo) ètp’jij.à ; toÙç XocàBoclou ; -où ; |.iayr|Tàç…). Les temps macédoniens, entre les batailles de l’Issus et d’Arbelles, an 331 : B. Duhm, Das Buch Habakuk, Tubingue, 1906 (i, 2-4, les Juifs s’hellénisent, oublient la loi ou l’enfreignent ; habitués, depuis deux siècles, à la paix dans le vasselage, ils s’étonnent de l’invasion des Grecs : i, 5 sq. ; au ꝟ. 6 Kasdîm est lu Kittîm, < Chypriotes » ; dans une acception plus large : « les Grecs » ; spécialement les Macédoniens, cf. I Mac, i, 1 ; viii, 5).

Pour la critique de ces diverses opinions, voir Knabenbauer, op. cit., p. 377-382 ; Commentarius in proplielas minores, Paris, 1886, p. 51-121, qui opine pour le temps de Manassé, dernières années du règne ; Nicolardot, op. cit., p. 33-61. A signaler aussi l’hypothèse curieuse et ingénieuse de Peiser, Der Prophet Habakuk, Berlin, 1903, p. 10 sq. : le prophète n’est pas en Judée (m, 16, « le peuple citez lequel je demeure*, cf. LXX : si ; >, aôv uapoixta ; u.a>), mais à Ninive. Il est un prince juif, fils ou petit-fils de Manassé, « oint de Jahvé, ni, 13, portant un pseudonyme assyrien hambakûku (nom de plante) ; c’est le juste entouré d’impies de i, 4, retenu comme otage (vers 609) chez les Assyriens, qui l’ont élevé, et dont il connait la littérature (rapprochements relatifs aux versets i, 14 ; ii, 2-5 sq., 9-14, p. 4-10). Critique dans Nicolardot, p. 41-43.

Selon d’autres critiques, plus modernes, le livre d’Habacuc n’est point « homogène » ; « il se compose de morceaux dont la rédaction première s’échelonne sur plusieurs siècles. » Nicolardot, p. 96. Renan, Histoire du peuple d’Israël, Paris, 1891, t. iii, p. 177, 293-296, 307, et Stevenson, Habakuk, dans The Expositor, V » série, Londres, 1902, t. i, p. 388-400,