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1997
1998
GUYARD — GUYON


fonctions de régent à Saint-Jacques. Il avait commencé vers ce temps de publier La Fatalité de S. Clou près Paris, in-fol., Lille, 1673 ; in-12, 1674 ; in-8°, 1692 |Brunet, mais date fausse]. Cet écrit, au dire de Brunet, aurait été inséré en plusieurs éditions île la Satire Ménippée. L’auteur aurait pour but de prouver que l’assassin d’Henri III n’était point le dominicain Jacques Clément.

Echard, Scriptores ordinis pnedicalorum, Paris, 17191721, t. il, p. 653-654 ; Matthieu’texte, Recueil de pièces, etc. Nécrologe de S. Jacques de Paris [Arch. de l’ordre à RomeJ ; Cosnard, Histoire du couvent des frères préclieurs du Mans, le Mans, 1879, p. 93 ; Hurter, Nomenclator, Inspruck, 1910, t. iv, col. 67, 41 ; P. Féret, La faculté de théologie de Paris. Époque moderne, 1901, t. v, p. 240-244.

R. CoULON.

    1. GUYON Claude-Marie##


1. GUYON Claude-Marie, historien et théologien français du xviiie siècle (f en 1771) qui fut un moment de l’Oratoire. Il écrivit contre Voltaire et les encyclopédistes VOracle des nouveaux philosophes, 2 in-8°, Berne, 1759-1760, et publia en 1771 une Bibliothèque ecclésiastique par forme d’instructions… sur la religion, en 8 in-12, qui, bien que de peu de valeur, fut traduite en allemand en 1785 et imprimée à Augsbourg.

Picot, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique du XV 111° siècle, 3° édit., Paris, 1855, t. IV, p. 472 ; Hurter, Nomenclator, 1912, t. v, col. 51.

A. Ingolh.

    1. GUYON (Jeanne-Marie Bouvier de La Mothe)##


2. GUYON (Jeanne-Marie Bouvier de La Mothe), célèbre parses doctrines quiétistes et par l’éclatante controverse qu’elles provoquèrent, naquit à Montargis, le 13 avril 1648, d’une famille de petite noblesse. Mariée à seize ans à Guyon qui entreprit le canal de Briare, elle souffrit beaucoup, à en croire sa Vie écrite par elle-même, d’un mari valétudinaire, difficile de caractère, et d’une belle-mère plus désagréable encore. Veuve en 1676, elle se livra dès lors avec ardeur aux œuvres de charité qui l’avaient toujours attirée, et à la pratique de l’oraison. Ses vertus étaient indéniables, et, seules, la prévention ou la mauvaise foi ont pu les contester ; son désintéressement lui fit abandonner à la famille de son mari la garde noble de ses enfants, laquelle lui procurait plus de 40 000 livres de rente ; ses aumônes étaient considérables ; on a même signalé chez elle, à ses débuts, des dons éminents qui eussent pu faire une sainte. Gombault, Madame Guyon, 1910. « Quand on lit sa Vie, écrite par elle-même et qui paraît sincère, dit le R. P. Auguste Poulain, S. J., on est amené à regarder comme probable qu’étant jeune, elle eut vraiment l’oraison de quiétude. » Des grâces d’oraison, c. xvi. Une imagination ardente et immodérée, l’absence d’une direction sûre et ferme arrêtèrent chez elle l’œuvre divine. Le zèle de l’apostolat et le goût des voyages conduisirent M me Guyon à Gex, dont l’ordinaire (M. d’Arenthon, évêque de Genève) lui confia la direction d’une communauté de Nouvelles catholiques où elle ne resta point ; à Thenon, dans le Chablais ; à Verceil, où l’évêque lui rendit un bon témoignage ; à Turin, à Grenoble dont l’évêque, Etienne Le Camus, défiant de ses idées, lui recommanda « de quitter le barnabite pour lequel elle avait une attache éclatante et d’avoir soin de ses enfants et de ses affaires domestiques. » Lettre au duc de Chevreuse, 18 janvier 1685. Partout, M ra « Guyon fomentait la piété, et répandait des opinions que nous exposerons plus loin ; partout aussi ou presque partout, comme le lui reproche Le Camus, elle était accompagnée du barnabite La Combe, esprit exalté, qui encourageait chez sa pénitente des tendances périlleuses, lui prodiguait les flatteries, et se laissait conduire bien plus qu’il ne dirigeait. En juillet 1686, M me Guyon revient en France et à Paris ; elle s’installe auprès de Notre-Dame, mais elle n’y reste pas longtemps. Des bruits fâcheux circulaient sur elle et saison guide. La Combe, rentré à Paris en octobre 1687,

est arrêté par ordre royal, et emprisonné d’abord à la Bastille, puis au château de Lourdes ; il meurt fou à Vincennes, en 1699, après avoir souscrit contre lui-même et contre sa pénitente d’infamants aveux, arrachés par la contrainte. M m « Guyon elle-même fut arrêtée en octobre 1687, et conduite aux isitandines de la rue Saint-Antoine. « Elle y subit plusieurs interrogatoires en présence de l’official et de son vice-gérant. Les pièces de cette procédure n’ont jamais été publiées. Mais il est bien évident que cette instruction juridique n’avait fourni aucune preuve des accusations si graves qu’on avait intentées contre ses mœurs. » Bausset, Histoire de Fénelon, 1. II, ix. L’intervention d’une des grandes chrétiennes du xviie siècle, M me de Miramion, fit sortir du couvent M me Guyon, le 15 septembre 1688, après huit mois de captivité. « La duchesse de Charost et la duchesse de Beauvilliers l’avaient connue à Montargis, l’une était venue s’y fixer, l’autre y faisait élever ses filles… Par elles M me Guyon s’était acquis la sympathie des duchesses de Chevreuse et de Mortemart. Ce petit concile de duchesses avait proclamé la sainteté de leur amie… » M. Masson, Fénelon et M me Guyon. Introduction, p. xxiv. De l’hôtel de Beauvilliers, M me Guyon fut introduite à Saint-Cyr, où sa parente, M me de La Maisonfort, et M me deBrinon l’avaient attirée. On y lut ses écrits ; M me de Maintenon elle-même n’échappa point au charme de la prophétesse, et, comme l’a ditM me Du Pérou, « presque toute la maison devint quiétiste. »

Nous allons exposer la doctrine de M me Guyon, telle que la présente M. Gosselin, d’après le livre des Torrents et l’Explication du Cantique des cantiques. « 1° La perfection de l’homme, même dès cette vie, consiste dans un acte continuel de contemplation et d’amour, qui renferme en lui tous les actes de la religion et qui, une fois produit, subsiste toujours, à moins qu’on ne le révoque expressément… « 2° Il suit de ce principe, et la nouvelle mystique paraît en conclure qu’une âme arrivée à la perfection n’est plus obligée aux actes explicites, distingués de la charité, qu’elle doit supprimer généralement et sans exception tous les actes de sa propre industrie, comme contraires au parfait repos en Dieu… « 3° Dans ce même état de perfection, l’âme doit être indifférente à toutes choses pour le corps et pour l’âme, pour les biens temporels et éternels. « 4° Dans l’état de la contemplation parfaite, l’âme doit repousser toutes les idées distinctes, et par conséquent la pensée même des attributs de Dieu et des mystères de Jésus-Christ… » Analyse de la controverse du quiétisme, a. 2, § 2, 3.

La conquête la plus brillante que fit M me Guyon fut celle du guide de cette société d’élite, l’abbé de Fénelon, qui devait atténuer la doctrine, sans la rendre irrépréhensible. Fénelon et M me Guyon se rencontrèrent en octobre 1688, à Beynes, près de Versailles, chez la duchesse de Charost. Ils ne s’entendirent pas du premier coup. « Je sentais intérieurement, a écrit M m0 Guyon, que cette première entrevue ne le satisfaisait point, qu’il ne me goûtait pas. » Fragment d’autobiographie, p. 3, dans Fénelon et M me Guyon. La raison et la théologie du prêtre résistaient, malgré de secrètes affinités qui finirent par prévaloir. Fénelon devint l’admirateur, l’ami cher entre tous, le disciple d’une femme qu’il ne craint pas de rapprocher, à cause même des illusions qu’on lui imputait, de sainte Catherine de Bologne, jouet elle-même durant quelque temps de ruses diaboliques. « Je l’estimai beaucoup, a-t-il écrit ; je la crus fort expérimentée et éclairée dans les voies intérieures, quoiqu’elle fût très ignorante. Je crus apprendre plus sur la pratique de ces voies en examinant avec elle ses expériences, que je n’eusse pu faire en consultant des personnes fort savantes, mais sans expérience pour la pratique. » Réponse à la Relation sur le quiélisme, c. i,