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GUIGUES


furent l’ermitage de Portes, dans le Bugey, et la chartreuse du Mont-Dieu, au diocc’se de Reims. C’est pour établir l’uniformité de l’observance régulière dans ces nouvelles maisons que dom Guigues écrivit le recueil des Coutumes de la Grande-Chartrepe. En 1132, au soir du Il janvier, une avalanche de terre et de neige détruisit presque entièrement ce monastère. Sept religieux furent engloutis dans les ruines. Dom Guigues, très affligé de ce désastre, songea de suite à le rebâtir dans un emplacement meilleur, à l’abri des avalanches, et il choisit l’endroit que la Grande-Chartreuse occupe aujourd’hui. En quelques mois, aidé par saint Anthelme de Chignin, son procureur, il put terminer son ouvrage et fit consacrer la nouvelle église le 13 octobre de la même année. Mais le triste événement eut un contre-coup sur la santé du prieur. « Les dernières années de sa vie furent exercées par de fréquentes inlirmités. Il suppléa, par son courage, aux forces qui lui manquaient. Mais enfin il succomba sous le poids de sa faiblesse, le 27 juillet de l’an 1137, dans la cinquante-quatrième année de son âge. » Histoire littéraire de la France. Dom Guigues a laissé une telle réputation de sainteté que, de nos jours encore, divers écrivains sérieux le nomment Vénérable et même Bienheureux, comme déjà, de son vivant, on l’appelait le bon prieur. Voici la liste de ses écrits avec quelques-unes de leurs éditions : 1° Consuetudines domus Carlusiee imprimées, en 1510, à Bâle par Jean Amerln.ch, par ordre de dom François Dupuy, général des chartreux, avec les autres Statuts, anciens et nouveaux, la troisième compilation et le recueil des principaux privilèges accordés à l’ordre par les souverains pontifes. Dom Grégoire Raisch, prieur de la chartreuse de Fribourg-en Brisgau, dirigea cette édition et l’enrichit de notes marginales ainsi que d’un répertoire général disposé par ordre alphabétique. Le texte des Coutumes de dom Guigues se trouve dans l’ouvrage de dom Innocent Le Masson, intitulé : Annales ordinis cartusiensis tribus tomis dislribuli. Tomus primus…, qu’il fit imprimer, en 1687, in-fol., à la correrie de la Grande-Chartreuse, et que, seize années après, en 1703, il mit dans le commerce, à Paris, sous ce nouveau titre : Disciplina ordinis cartusiensis in très libros distribula. En 1894, l’imprimerie de la chartreuse de Montreuil-sur-Mer a réédité la Disciplina, grand in-4°. Migne a publié le texte des Coutumes avec le commentaire de dom Le Masson, P. L., t. cliii, col. 631-760. — 2° Dom Guigues recueillit en un seul corps les lettres de saint Jérôme, éparses auparavant en divers manuscrits et confondues avec plusieurs pièces fabriquées par les hérétiques et faussement attribuées au saint docteur. Dans une lettre aux chartreux de Durbon, il rend compte de ce travail et leur apprend qu’il avait déjà épuré les œuvres d’autres Pères de l’Eglise. Le travail de dom Guigues n’est pas perdu, quoique les éditeurs des œuvres de saint Jérôme au xviiie siècle ne s’en servirent pas. Il en existe encore, à notre connaissance, trois copies. La première était au château de Middlehill, chez sir Philipps, ms. sur parchemin du xii° siècle ; la deuxième se trouve à la bibliothèque Mazarine, à Paris, ms. du xii° siècle, in-fol., n. 261 ; enfin la troisième est à la bibliothèque de la ville de Dijon, et provient de l’ancienne abbaye de Cîteaux, ms. du xiie siècle, in-fol., n. 102. — 3° Dom Guigues composa des méditations dont le mérite a fait multiplier les éditions. Elles ont été insérées dans les grandes collections des œuvres des saints Pères publiées, en différentes époques, à Paris, à Cologne et à Lyon. Migne les a éditées, P. L., t. cliii, col. 601-632. On en trouve diverses éditions anciennes et modernes, en petit format. La plus récente semble être celle de Cologne, 1865, in-32. — 4° C’est aussi à dom Guigues

que l’on doit l’opuscule sur l’oraison publié dans les œuvres de saint Augustin, sous le titre de Scala paradisi, P. L., t. xl, col. 997-1004, et dans celles de saint Bernard, sous le titre de Scala claustralium sive tractatus de modo orandi, P. L., t. clxxxiii, col. 475484. Cet ouvrage a été très souvent imprimé sépa rément, et il y a des traductions anciennes et modernes, en allemand, en français et en italien. Signalo^ j seulement la version de F. Fuzet : L’Échelle du ciel ! ou traité de l’oraison. Texte latin avec traduction’française et commentaires tirés de Suarez, in-18, Lille

et Bruges, 1880. — 5° Vila sancti Hugonis, episcopi

Gralianopolilani, écrite par ordre du pape Innocent II,

en 1134, se trouve dans Surius, au 1 er avril, t. ii, des

| Vies des saints. Les bollandistes l’ont insérée dans I les Acta sanctorum et y ont ajouté des notes. Migne j a publié l’édition des bollandistes, P. L., t. cliii, i col. 761-784. Mgr Charles Bellet fit paraître, en 1889, I une nouvelle édition de cette Vie d’après plusieurs ! anciens manuscrits, in-8°, Montreuil-sur-Mer. — I 6° Dom Guigues était en correspondance avec les ! plus grands personnages de son temps. Mais de la ! grande quantité de lettres qu’il écrivit, six seulement I ont échappé aux injures du temps. Elles se trouvent dans les appendices de l’histoire de l’ordre des chartreux de Tromby et dans les Anncdes de dom Le Couteulx. On les trouve aussi respectivement dans les œuvres de saint Bernard, du pape Innocent II, de Pierre le Vénérable, dans la P. L., t. cliii, col. 593-602, et dans d’autres collections de ce genre. Dans Tromby, dom Le Couteulx, Migne, etc., on trouve deux lettres de saint Bernard et trois de Pierre le Vénérable à dom Guigues. Plusieurs auteurs, entre autres, les bénédictins Martène et Massuet, et le chartreux Tromby, à leur suite, ont attribué à dom Guigues la fameuse lettre ou traité Ad jralres de Monte Dei, publiée dans les œuvres de saint Bernard, P. L., t. clxxxiv, col. 298-364. Cette attribution est fausse. Le véritable auteur de cette lettre est Guillaume de Saint-Thierry, qui la composa vers 1145, huit ans après la mort de dom Guigues. Cf. Gillet, La chartreuse du Mont-Dieu, in-8°, Reims, 1889, p. 83 sq.

Dom Guigues, en sa qualité d’auteur du recueil des Coutumes de la Grande-Chartreuse et de premier propagateur de l’ordre, occupe une grande place dans l’histoire des chartreux. Tous les chroniqueurs ont parlé de ses vertus et de ses œuvres. Nous nous bornons à citer seulement ces trois grands écrivains, qui ont résumé les notices des autres : Histoire littéraire de la France, t. xi ; dom Le Couteulx, Annales ont. cartus. ; dom Le Vasseur, Eplieni. ord. cart., t. ii, p. 535 sq. ; P. L., t. cliii, col. 501-592 ; voir dom Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, 2e édit., Paris, 1863, t. xiv, p. 305-310 ; Hurter, Nomenclator, 1906, t. ii, col. 59-60, 1583.

S. Autore.

    1. GUIGUES##


2. GUIGUES, second de ce nom, était procureur de la Grande-Chartreuse, lorsque ses confrères, en 1173. l’élurent pour leur prieur et général de tout l’ordre, Il succéda à dom Basile († 1179), qui, après vingt-deux ans de généralat, rentra dans la vie privée pour vivre uniquement occupé à la contemplation et à la pénitence. Dom Guigues imita cet exemple, et, en 1180, abdiqua sa charge et vécut saintement dans une cellule du cloître jusqu’au 27 septembre 1188 ou, selon dom Le Couteulx, jusqu’au 6 avril 1193. Il avait le don d’oraison et son recueillement continuel lui mérita le surnom d’angélique. Après sa mort, il troubla la solitude et la paix de la Grande-Chartreuse par ses nombreux miracles. Les populations s’empressaient de porter leurs malades à la porte du monastère et faisaient des instances pour les déposer sur la tombe du vénérable religieux, afin d’obtenir leur guérison. Dom Jancelin, son successeur, fit cesser ces pieux pèlerinages en ordonnant au mort de ne