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1889
1890
GROU — GUADAGNOLI


établit que ces Extraits ne contiennent pas moins de 758 falsifications.

Après la suppression de la Compagnie de Jésus en France par le parlement, le P. Grou s’était retiré en Lorraine. Il passa l’année 1764 au noviciat de Nancy, puis pendant deux ans enseigna la langue grecque à l’université de Pont-à-Mousson. La mort de Stanislas en 1766 amena la dispersion des maisons jusque-là conservées en terre lorraine. Le P. Grou fut appelé secrètement à Paris par l’archevêque, Mgr de Beaumont, qui lui confia le soin d’écrire sur les matières religieuses mises alors en discussion par les incrédules. Il rassembla une immense quantité de documents qui auraient servi, suivant quelques témoignages rapportés par le P. Cadrés, mais nullement décisifs, au Dictionnaire théologique de Bergier. Sous le nom de Le Claire, il vivait pauvre et caché, dans un galetas de la rue de Sèvres, proche du couvent des Filles de Saint-Thomas de Villeneuve, où il disait la messe tous le- ; jours. Il dirigeait en même temps une communauté de religieuses bénédictines, tout en poursuivant activement sa traduction de Platon. Dans sa détresse, il ne craint pas d’entreprendre le voyage de Hollande, en 1770, pour mener à bien la publication des Dialogues. Mais une retraite qu’il fit cette même année, nommée par lui l’année de sa conversion, vint orienter son esprit vers des pensées toutes divines. Désormais il ne sera plus occupé que de la perfection de son âme, qu’il conduira aune éminente sainteté et ses études neseront plus que des voies spirituelles et des choses de Dieu.

Alors commence la série de ces magnifiques traités de spiritualité douce et ferme, pénétrante et élevée, qui font du P. Grou un des maîtres les plus éminents et les plus aimés de la vie intérieure : Caractères de la vraie dévotion, par M. l’abbé Grou, Paris, 1778 ; Morale tirée des Confessions de saint Augustin, ibid., 1786 ; cf. Journal de Feller, août 1787 ; Maximes spirituelles avec des explications, ibid., 1789 ; La science pratique du crucifix dans l’usage des sacrements de pénitence et d’eucharistie, pour servir de suite à un livre intitulé : La science du crucifix. Par l’abbé G., ibid., 1789. La science du crucifix est du P. Marie, S. J. Il parut de ce livre, en 1783, une nouvelle édition revue par le P. G. L’initiale a fait attribuer au P. Grou cet ouvrage qui est du P. Gasté. Cf. Sommergovel, Bibliothèque de la C le de Jésus, au mot : Nie. Gaslè, t. iii, col. 1254, n. 2 ; Méditations en forme de retraite sur l’amour de Dieu avec un petit écrit sur le don de soi-même à Dieu, Londres, 1796. Toutes les éditions publiées par Périsse frères depuis 1828 et celles de Lecoffre à dater de 1847 contiennent des Pensées chrétiennes qui remplissent les onze dernières pages du volume. Ces Pensées ne sont pas du P. Grou. L’intérieur de Jésus et de Marie, 2 in-12, Paris, 1815, ouvrage publié après la mort de l’auteur sur une mauvaise copie d’un manuscrit qui n’était pas destiné à l’impression ; les fautes typographiques se sont par surcroît multipliées dans les éditions suivantes ; le P. Cadrés, en 1862, a publié le manuscrit destiné par l’auteur à l’impression ; la meilleure édition est celle du P. A. Pottier, Paris, 1889 ; Le chrétien sanctifié par l’oraison dominicale, publié d’abord par A. Chanselle, Paris, 1832, sur la version anglaise du P. Laurenson ; puis par le P. Cadrés, Paris, 1858, sur k ms. original ; Manuel des âmes intérieures. Suite d’opuscules inédits du P. Grou, Paris, 1833 ; Le livre du jeune homme ou maximes pour la conduite de la vie, ouvrage inédit publié par le P. Jean Noury, Paris, 1874 ; le P. Grou avait composé ce traité pour un jeune seigneur anglais ; L’école de Jésus-Christ, publiée par le P. Doyotte sur le ms. autographe, 2 in-12, Paris, 1885. Tous ces ouvrages ont eu un nombre considérable d’éditions et ont été traduits en anglais, en allemand, en italien, en espagnol, en flamand, en polonais.

DICT. DE THÉOL. CATtlOL.

En 1792, le P. Grou s’était retiré en Angleterre, dans la famille de sir Thomas Weld, au château de Lulworth. Il continua dans la retraite sa vie de recueillement, d’austérités et de labeur, en dirigeant dans les voies de la perfection un groupe de prêtres et de religieux émigrés. Son activité littéraire tient du prodige. En dehors des nombreux ouvrages publiés de son vivant et après sa mort, tous d’une sûreté de doctrine et d’une perfection de forme également admirables, le P. Grou a travaillé pendant quatorze ans, avec le P. Guérin du Rocher, à la composition d’un Traité historique et dogmatique de la vraie religion, dont les matériaux laborieusement rassemblés, s’ils n’ont pas été utilisés par Bergier, ont disparu. Les volumineux manuscrits laissés par le P. Grou contiennent plusieurs retraites qui n’ont pas encore été publiées, des traités sur le bonheur, sur la paix de l’âme, des instructions écrites pour miss Weld, des corrections du texte de Platon d’après l’édition et les notes d’Henri Etienne, des corrections de tout le texte de Cicéron, 2 vol. de 876 et 1488 p., des corrections de l’Iliade et d une partie de l’Odyssée (inachevé), des corrections de tout le texte d’Horace, de Tite-Live, une Novi Testamenti versio vulgalae græco emendata, 2 vol. de 720 et 459 p., des Observations sur la doctrine et le sli/le de Massillon, 713 p., des Lettres adressées àMme d’Adhémar. La Retraite spirituelle sur les qualités et devoirs du chrétien a été publiée par le P. H. Watrigant, Paris, 1913, dans le texte même du manuscrit. Cette Retraite est mentionnée par le P. Grou dans une lettre du 30 octobre 1803 au P. Simpson.

Lorsque la Compagnie eut été rétablie en Russie par Pie VII, le 7 mars 1801, les anciens jésuites d’Angleterre demandèrent aussitôt à être incorporés de nouveau à l’institut renaissant. Le P. Gruber leur obtint cette faveur et le P. Grou eut la joie de renouveler ses vœux de profès le 22 mai 1803. Il mourut le

13 décembre de cette même année au château de Lulworth.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iii, col. 1868-1882 ; Mémoires de Trévoux, 1762, p. 773 sq., 892 sq., 965 sq. ; Journal des savants, 1762, p. 515 sq. ; 1763, p. 3 sq. ; Année littéraire, 1762, t. ii, p. 289 sq. ; Journal encyclop., 1763, t. viii, p. 25 sq. ; 1770, t. vii, p. 194 ; Correspondance de Grimm, t. i, p. 85 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., Inspruck, 1913, t. v, col. 830 ; A. Cadrés, Le P. Jean-Nicolas Grou, 2 8 édit., Paris, 1866 ; Eug. Martin, L’université de Pont-d-Mousson, Paris, 1891, p. 416.

P. Bernard.

    1. GUADAGNOLI Philippe##


GUADAGNOLI Philippe, né à Magliano dans les Abruzzes vers 1596, fit profession dans la congrégation des clercs réguliers mineurs, le 13 mai 1612. Doué d’une grande aptitude pour l’étude des langues orientales, il apprit le grec, l’hébreu, le chaldéen, le persan et principalement l’arabe, qu’il enseigna à la Sapience. Le

14 janvier 1656, il complimentait en cette langue la reine Christine de Suède ; ce devait -être sa dernière satisfaction d’orientaliste ; il mourut le 27 mars suivant. En 1631, Guadagnoli faisait paraître une Apologia pro christiana religione, qua respondetur ad objectiones Ahmed filii Zin Alabedin Persse Asphahensis, contentas in libro inscriplo Polilor speculi, in-4°, Rome. Ce livre a une histoire : un jésuite espagnol, le P. Jérôme Xavier, avait publié en langue persane un ouvrage apologétique intitulé : Le miroir qui montre la vérité, 1586. Il tomba entre les mains du I ersan Ahmed qui chercha à le réfuter par le Polisseur du miroir, 1621 ; on dit qu’il envoya son livre au pape en le défiant de lui répondre. Urbain VIII, auquel il parvint, chargea Guadagnoli de ce travail ; de là l’Apologia, écrite en latin avec de nombreux passages en arabe. L’auteur la traduisit en cette langue et elle parut sous ce titre latin : Responsio ud objeciioncs Ahmed, etc., in-4°, Rome, 1637. Continuant encore le même travail, notre apologiste donna

VI. — 00