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GERRET — GERMAIN


française le beau Livre de sainte Théodosie, Amiens, 18.Y1. Enfin, sur la proposition de l’empereur Napoléon III, Pie IX éleva l’abbé Gerbet, le 16 avril 1854, sur le siège épiscopal de Perpignan. Évèquc, Gerbet témoignera, comme toujours, de son attachement profond aux doctrines romaines ainsi qu'à la personne du souverain pontife, et il prendra vigoureusement part à la défense de l’indépendance du Saint-Siège. L’acte le plus important de son épiscopat fut l’Instruclion pastorale du 23 juillet 1860 sur les diverses erreurs du temps présent, un avant-coureur et un modèle du Syllabus, qui lui mérita, pendant le voyage qu’il fit à Rome en 1862, les éloges publics de Pie IX. Voir Hourat, Le Syllabus, Paris, 1904, t. i. De retour à Perpignan, il épancha devant son clergé ses pensées et ses impressions, dans la Conférence sur Rome, Perpignan, 1863. Ce fut son testament. Il mourut le 8 août 1864, tandis qu’il mettait la dernière main à une brochure intitulée : La stratégie de M. Renan, publiée après sa mort par Mgr de Ladoue, avec préface, in-18, Paris, 1866.

Un choix des Mandements et instructions pastorales de Mgr Gerbet a paru en 2 in-8°, Paris, 1875. M. Augustin Vassal a publié récemment les Pensées de Mgr Gerbet, Paris, 1911,

De Ladoue, Mgr Gerbet, sa vie et ses œuvres, 3 vol., Paris, 1872 ; Ricard, Gerbet et Salinis, 2e édit., Paris, 1883 ; Kirchenlexikon, t. v, col. 356-360 ; abbé Gerbet, Mgr Gerbet, évêque de Perpignan, dans G. Bertrin, Les grandes figures catholiques du temps présent, t. i, p. 175-214 ; L. de la Save, Mgr Gerbet, n. 87 des Contempo.ains, Paris, 1894 ; Hurtcr, Nomenclator literarius, Inspruckr 1912, t. iv, col. 11781181 ; H. Brémond, Gerbet, Paris, 1907 ; L'épiscopat français depuis le concordat jusqu'à la séparation, in-4°, Paris, 1907, p. 474-475.

P. Godet.

    1. GERDIL##


GERDIL. — I. Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

Hyacinthe-Sigismond Gerdil, un des noms les plus saillants de l'Église d’Italie du xviiie siècle, prêtre exemplaire de tout point, apologiste et métaphysicien très distingué, mais aussi érudit universel, naquit à Samoëns de Faucigny (Savoie), le 20 juin 1718, au sein d’une pieuse famille de condition modeste, et entra, dès l'âge de quinze ans, dans l’ordre des barnabites. Après son noviciat, il fut envoyé de Bonneville à Bologne pour y étudier la théologie et, par ses vertus comme par sa science précoce, il y mérita l’estime et la confiance de l’archevêque, Prosper Lambertini, le futur Benoît XIV. En 1737, à dix-neuf ans, il fut chargé d’enseigner la philosophie dans quelques maisons de son ordre, d’abord à Macerata, puis à Casai, où, cinq ans plus tard, il occupa la chaire de théologie morale. Sur le conseil du pape Benoît XIV, le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III, lui confia l'éducation de son petit-fils, ce Charles-Emmanuel IV qui abdiquera sa couronne en 1802, et mourra sous l’habit de jésuite à Rome en 1819 ; Gerdil se montra, dans l’acccomplissement de sa tâche, le digne émule des Bossuet et des Fénelon. Mandé à Rome par le pape Pie VI et sacré évêque titulaire de Dybonne, il fut nommé cardinal le 27 juin 1777, et, bientôt après, préfet de l’Index et de la Propagande. Lorsque le général Berthier occupa Rome au mois de février 1798, il fut réduit, pour être à même de quitter la ville, à vendre sa précieuse bibliothèque, et, séparé malgré lui de Pie VI, qu’il était venu retrouver fidèlement à Sienne, il ne dut qu’aux libéralités de deux amis, le cardinal espagnol Lorenzana et l’archevêque de Séville Despuig, de pouvoir se retirer en Piémont. A la mort de Pie VI, il assista, en décembre 1799, au conclave de Venise, et se vit presque à la veille d'être élevé au souverain pontificat, si l’exclusive n’avait été prononcée contre lui au nom de l’Autriche. Il suivit le pape Pie VII à Rome, et y mourut le 12 août 1802, à quatre-vingt-quatrç ans..

II. Œuvres. — Les œuvres de Gerdil, écrites les unes en français, les autres en italien ou en latin, et toutes d’un style clair, simple et agréable, ont été publiées par Fontana à Rome, 1806-1821, en 20 in-4°, et à Naples, 1853-1856, 7 vol. Des travaux inédits ont été imprimés dans les Analecla juris ponli/ïcii, Ve série, Rome, 1852. Mais nombre des manuscrits de la vieillesse du laborieux écrivain se sont perdus. La réfutation des erreurs de son temps et la défense des vérités chrétiennes comme des droits de l'Église, tel avait été le but, inviolablement poursuivi, de l’activité littéraire du cardinal Gerdil. Physique et mathématiques, histoire, philosophie spéculative et morale, droit civil et droit politique, pédagogie, théologie et droit canon, il a tout abordé ; c’est un esprit encyclopédique. Sans parler ici de ses études purement profanes, qui lui valurent, en 1754 et en 1755. deux lettres flatteuses de d’Alembert, je rappellerai qu’il a été, en philosophie, de l'école de Malebranche et qu’il en a renouvelé l’intuitionisme, en l’adoucissant un peu. Théologien et canoniste, il a été le vigoureux et habile champion de la primauté du Saint-Siège. Parmi ses écrits théologiques, outre le Saggio d’istruzione teologica, composé peu après son arrivée à Rome, je citerai, à cause de l’intérêt historique qui s’y rattache, les Opuscula ad hierarchicam Ecclesix constitulionem speclanlia, parus à Parme en 1789, Œuvres, t. iv ; puis la réfutation de deux opuscules lancés contre le bref Super soliditale, qui condamnait le joséphiste Eybel, Rome, 1789, Œuvres, t. v ; une remarquable critique de la rétractation de Fébronius, Animadûsrsiones in Commentar. J. Febronii in suam relractationem, Rome, 1793, Œuvres, t. v ; la critique des théories canoniques de Slevogt et de Lakiez, Œuvres, t. iv ; des observations sur la bulle Auctorem fidei du pape Pie VI, où il redresse quelques notes de Feller, Opéra, t. vi, et dans Migne, Theologise cursus completus, t. ix, col. 913-940. Dans le même volume, on trouve les traités De pontificii primalus auctoritate in I J etri cathedra ; Del malrimonio (contre de Dominis et Launoy), et dans le t. vu sa Theologia moralis, son De Ecclesia ejusque notis ; le Mcmorie nell’auloriià délia Chiesae dcl romano ponte fice rilcvatc dagli Alli apostolici.

Piantoni, Vita del card. G. S. Gerdil ed analisi délie sue opère, Rome, 1831 ; Picot, Mémoires, 3e édit., Paris, 1855, t. iv, p. 113 ; t. v, p. 47 ; t. vi, p. 411 ; t. vii, p. 135, 279 ; Gams, Gescbichte der Kirche Cbristi im XIX Jahrhundert, Inspruck, 1853, t. i, p. 293 sq. ; Kirchenlexikon, t. v, p. 368365 ; Hurter, Nomenclator literarius, Inspruck, 1912, t. v, col. 600, 609-615.

P. Godet. 1. GERMAIN Saint, patriarche de Constantinople (715-729). — I. Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

1° Avant l'épiscopat. — Les premières années de la vie de saint Germain sont très peu connues. Il appartenait à une des plus grandes familles de Byzance. Son père, le patrice Justinien, était très en faveur à la cour d’Héraclius (610-641). Il semble avoir moins été dans les bonnes grâces de Constant II (641-668) ; il aurait même trempé dans le complot qui mit fin aux jours de cet empereur. C’est du moins pour ce motif que Constantin IV Pogonat (668-685) le fit mettre à mort. Son fils, Germain, qui protestait, comme de raison, fut fait eunuque et incorporé au clergé de Sainte-Sophie (668). Quel âge avait-il alors ? La Vie éditée par Papadapoulos-Kérameus dit qu’il était encore un adolescent, et qu’il n’avait pas plus de vingt ans. Par contre, d’après la lettre apocryphe de Grégoire II à l’empereur Léon III l’Isaurien, Mansi, Concil., t. xii, col. 959, qui lui donne quatrevingt-quinze ans précis en 729, il serait né en 634 et aurait eu exactement trente-cinq ans, au moment où il fut fait d’office clerc de la Grande Église,