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1835

GREGOIRE XVI

GRÉGOIRE (SAINT)

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pas près de Unir, elle préoccupera souvent encore Grégoire XVI. se mêlera, en 1837 et les années suivantes, à l’affaire des mariages mixtes et reprendra de plus belle a l’avènement de Pie IX en 1846. C’est le concile du Vatican qui résoudra définitivement le problème difficile des relations entre la foi et la raison.

5. L’immaculée conception.

L’action de Grégoire XVI nous a paru jusqu’à présent surtout négative ; il convient pourtant de mentionner à son actif le progrès qu’il fit faire à la doctrine de l’immaculée conception de Marie. De nombreuses demandes lui furent adressées au cours de son pontificat afin qu’il définît et proclamât ce dogme ; il ne voulut pas aller si loin, mais encouragea de tout son pouvoir la doctrine en question et sa manifestation liturgique. En 1834, Grégoire XVI accorda à l’archevêque de Séville la faveur d’ajouter à la préface de la messe de la Conception : et te in conceptione immaculala B. M. V. La même faveur fut bientôt accordée aux Églises de France, d’Angleterre, d’Allemagne, d’Amérique ; le pape lui-même usa de cette formule et ordonna qu’elle fût employée, dans la chapelle Sixtine, par le cardinal officiant en sa présence. En 1843, il accorda à l’ordre de saint Dominique, sur la demande de son général, de célébrer la fête de la Conception avec octave solennelle et d’ajouter le mot immaculala à la préface. C’est encore sous son pontificat que l’on commença en divers endroits, avec son autorisation, à ajouter aux litanies de Lorette l’invocation : Regina sine labe originali concepta.

Notons enfin que Grégoire XVI inscrivit au rang des saints, le 26 mai 1839, les bienheureux Alphonse de Liguori, Pacifique de San Severino, Joseph de la Croix, François de Hieronimo, et la bienheureuse Véronique de Julianis.

G. Missions catholiques. — Mais le plus beau titre de gloire de Grégoire XVI, c’est incontestablement d’avoir donné aux missions catholiques, fort négligées depuis la fin du xviiie siècle, une vigoureuse impulsion. Préfet de la Propagande sous Léon XII, Maur Capellari avait attiré sur ce point si important l’attention du pontife ; devenu pape, il y consacra tous ses efforts. C’est lui qui a vraiment commencé le mouvement d’expansion catholique dans le monde qui est caractéristique du xixe siècle. Les difficultés, d’ailleurs, ne lui manquèrent pas. La plus grave lui vint de la part de l’archevêque de Goa, qui, soutenu par le gouvernement de Portugal, prétendait conserver sur toutes les Indes, nonobstant les nombreux changements politiques survenus, la juridiction qui lui avait été autrefois accordée. A plusieurs reprises, le clergé portugais de ces régions refusa de reconnaître l’autorité des vicaires apostoliques nommés par Grégoire XVI ; il y eut même des schismes dans plusieurs églises. En même temps qu’il se heurtait à la mauvaise volonté des Portugais, Grégoire XVI voyait la persécution sanglante décimer, d’une manière épouvantable, les missions de l’empire d’Annam. De 1833 à 1839, quatre vicaires apostoliques, neuf missionnaires, vingt piètres indigènes et un grand nombre de chrétiens périrent ; la persécution de 1842 fit des milliers de victimes parmi les chrétiens indigènes. Grégoire XVI à plusieurs reprises éleva la voix pour glorifier ces martyrs.

Au même ordre d’dées se rattache la condamnation solennelle que le pape porta le 3 décembre 1839 contre le trafic des esclaves. Unissant ses efforts à ceux des nations civilisées, Grégoire XVI déclarait, dans la lettre In supremo aposlolalus /asligio, que la traite des nègres, telle qu’elle se pratiquait encore sur une vaste échelle, était chose tout à fait indigne du nom chrétien, et qu’il la réprouvait de son autorité apostolique. En vertu de cette même autorité, il défendait strictement à tout fidèle, ecclésiastique ou laïque, de soutenir la licéité de ce commerce des nègres, sous quel que prétexte que ce fût. Il paraît que cette prohibition n’était pas inutile, et qu’on avait pu lire peu de temps auparavant dans des feuilles catholiques des apologies plus ou moins déguisées et rétribuées de cet infâme commerce.

Grégoire XVI mourut le l tr juin 1816, après une très courte maladie, à l’âge de quatre-vingt-un ans ; il avait régné quinze ans et quatre mois.

I. Documents officiels.

Ils sont loin d’être complètement réunis. La Bullarii romani continuatio, Rome, ÎSÔT, t. xix, s’arrête au 10 janvier 1835 ; le fasc. 1 du t. xx. au 2C septembre 1835. La Colleclio lacensis donne les divers conciles tenus sous le pontificat, et les lettres apostoliques s’y rapportant. Le Jus pontificium de Propaganda fide, Rome, 1393, t. v, et le Bidlarium pontificium S. C. de Propagamla fide, Rome, 1811, t. v, donnent les textes relatifs aux missions. A. M. Bernasconi a essayé de réunir les actes officiels de Grégoire XVI, Acta Gregorii papæ XVI, scilicet constitutiones, bullæ, litlerx apostolicæ, epistohe, 4 vol., Rome, 1901-1904. Ce travail fait peu d’honneur à l’entrepreneur ; des pièces importantes sont omises, les dates sont souvent fausses, l’orthographe des mots allemands illisible.

II. Mémoires.

Wiseman, Recollcciions of the last four

popes, Londres, 1898 ; Bunsen, Mcmoir, Londres, 1868 ; Guizot, Mémoires, t. vu.

III. Travaux.

Maynard, J. Crélineau-Joly, Paris, 1875 (Crétineau-Joly a été l’intime confident du pape dans ses dernières années) ; Sylvain, Grégoire XVI et son pontificat, Lille, 1890 ; von lielfert, 1895 ; Contemporains, 1890, n. 351 ; Kirchenlexikon, t. v, p. 1148-1156.

E. Amann.

17. GRÉGOIRE (Saint), appelé, en raison de son rôle, Grégoire l’Illuminateur, l’apôtre et le premier évêque de l’Arménie, appartenait à l’une des plus nobles familles du royaume. Élevé chrétiennement en Cappadoce, où il recevra plus tard la consécration épiscopale à Césarée, il convertit le roi Tiridate, et s’employa ensuite avec un zèle infatigable à instruire ses compatriotes, à les baptiser et à fonder des églises. Il mourut vers l’an 332, après une carrière longue, active et traversée d’orages. Voir t. i, col. 1893. Le pape Grégoire XVI, par un bref du 1 er septembre 1837, a inscrit le nom de l’Illuminateur au martyrologe romain et a fixé sa fête au 1 er octobre. Les Arméniens modernes vénèrent, comme une relique littéraire de l’Illuminateur, un recueil d’homélies et de lettres, contenant 23 morceaux, et imprimé en arménien, à Constantinople en 1737 et à Venise en 1838 Le recueil, néanmoins, est d’une authenticité douteus ? ; tandis que F. Nève, L’Arménie chrétienne et sa littérature, Louvain, 1886, p. 250 sq., lient ces homélies pour authentiques, P. Vetter, dans Nirschl, Lehrbuch der Patrologie und Palristik, 1885, t. iii, p. 219-222, en relègue la composition dans la première moitié du ve siècle et l’attribue à saint Mesrop. Voir 1. 1, col. 1934. Une histoire de la vie et des travaux de l’Illuminateur et de l’introduction du christianisme en Arménie sous le règne de Tiridate porte le nom d’un certain j Agathange, que les Arméniens ont toujours honoré comme le premier historien de leur nation. Il existe un texte arménien et un texte grec du livre ; le premier intitulé : Histoire du grand Terdal et de la prédication de saint Grégoire l’Illuminateur ; le second : Martyre de saint Grégoire. Le texte arménien a paru à Constantinople en 1709 et en 1824, à Venise en 1855 et en 1862 ; on en trouve la traduction française, hormis les passages de pure édification, dans Langlois, Collection des historiens anciens et modernes de l’Arménie, Paris, 1867, t. i, p. 97-193. Le texte grec a été publié, d’après un manuscrit de Florence, par J. Stilting dans les Acta sanctorum de septembre, Anvers, 1762, t. viii, p. 320-402. Ce texte arménien ne fut rédigé que dans la première moitié du ve siècle sur un original grec aujourd’hui perdu, et, au viie siècle, cette rédaction arménienne fut retraduite en grec