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1821

GRÉGOIRE XV— GRÉGOIRE XVI

1822

Enfin, les expressions, par lesquelles on avait jusqu’alors désigné les doctrines chrétiennes, furent remplacées par des tournures plus élégantes et plus relevées sous le rapport littéraire. Malgré des protestations très compréhensibles d’ailleurs, Grégoire XV constata les nombreuses conversions opérées par la méthode du missionnaire. En 1621, il l’approuva pleinement. D’ailleurs, la largeur des vues, l’intelligence des situations difficiles n’exclurent jamais chez lui la plus grande prudence. Les précautions minutieuses qu’il prit pour donner à l’Abyssinie un patriarche le montrent bien.’Ce n’est que devant un dévouement sans bornes de l’empereur Socinios que le pape nomma, le 19 décembre 1622, patriarche d’Ethiopie, le docteur Alfonso Mendez. membre de la Société de Jésus.

La Congrégation de la Propagande.

Elle fut

instituée, en 1622, sur les conseils du célèbre et pieux prédicateur Girolamo da Narni, dont Bellarmin venant d’écouter un des sermons a fait cet éloge : « Je crois que des trois souhaits de saint Augustin, il m’en a été accordé un, celui d’entendre saint Paul. » Rankc, op. cit., t. iv, p. 116. Trois bulles pontificales Inscrulabili divinse providentiee, Romanum deect pontifteem, Cnm inler multipliées, Magnum bullarium de Cherubini, t. iii, p. 472475, furent données par Grégoire XV. Ses prédécesseurs, Grégoire XIII et Clément VIII, avaient préparé cette commission, en lui donnant comme champ d’action des missions parmi les grecs d’Orient. Il en faisait une Congrégation régulière, en lui assignant de concert avec son neveu les premiers fonds nécessaires. Composée de vingt-neuf cardinaux avec deux d’entre eux, l’un comme préfet, l’autre comme préfet de l’économie, chargée de la propagation de la foi dans le monde entier, elle exerçait une autorité administrative, judiciaire, coercitive, voire même législative avec le concours papal, dans les pays où la hiérarchie ecclésiastique ordinaire était encore à établir ou à rétablir. Seule compétente en pays de missions, la Propagande y tenait heu de toutes les autres, la Pénitencerie non comprise. Elle devait recueillir pour les missions lointaines les libéralités des chrétiens charitables et zélés. Voir Congrégations romaines, col. 1113. La Propagande prospéra dès ses premiers débuts d’une façon très brillante. Son « collège » devenu le collège urbain, quand le pape Urbain VIII, en 1627, lui eut fait construire ses magnifiques bâtiments, fut une pépinière d’apôtres où furent formés à la piété et à la science des jeunes gens de tous les pays. Son imprimerie polyglotte, en reproduisant dans une foule de langues l’Écriture sainte, les livres liturgiques et autres, a rendu d’immenses services à la philologie générale.

6° Canonisations et ré/ormes. — Cf. Bullarium de Cocquelines, t. v, p. 131-137, sainte Thérèse (1622), bulle Omnipolens sermo Dci, dans Bullarium magnum, t. iii, p. 465, saint Philippe de Néri, saint Pierre d’Alcantara, bulle In sede principio, dans Bullarium magnum, t. iii, p. 470. Grégoire XV établit la fête de saint Joachim (1622). Bulle Aposlolalus officium, ibid., t. iii, p. 492.

Le 8 juillet 1623, Grégoire XV mourait après un pontificat de deux années et demie.

I. Sources.

Bullarium magnum de Cherubini, Luxembourg, 1742, t. iii, p. 418-517 ; Bullarium de Cocquelines, t. v, p. 110-225. Les manuscrits concernant Grégoire XV sont mentionnés par Ranke, op. cit., t. iv, p. 529-580.

II. Ouvrages.

Ranke, Histoire de la papauté pendant les XVI* et XYW s tècles, trad. Haiber, Paris, 1838, t. iv, p. 77-177 ; Fernandès (Bento), Oralio funebris Gregorii XV, Lisbonne, 1623-1624 ; Philippson, Les origines du catholicisme moderne, Bruxelles, 1884 ; vicomte de Meaux, La Réforme et la politique française en Europe, Paris, 1889 ; Bonacina, Tractatus de légitima summi ponlilicis electione juxtaïsummorum pontiflcum, prxsertim Gregorii XV et Urbani VIII conslituliones, et de censuris occasione ipsius

electionis a summis ponlificibus ad liane usque diem imposais, in-fol„ Lyon, 1637 ; Venise, 1638 ; Passerini, De electione canonica, in-fol., Rome, 1661-1693 ; Camarda, Constitutionum aposlolicarum una cum cxremoniale Gregoriano de pertinentibus ad lectionem papæ synopsis accurata et plena, neenon elucidatio omnium fere difficultalum qux euenire possunt circa pertinenlia ad eleclionem romani pontificis, in-fol., Rieti, 1732-1737 ; Lucius Lector, Le conclave, in-8 » , Paris, 1894 ; L’élection papale, Paris, 1896 ; Chronologie des papes et des élections pontificales, Paris, 1897 ; J. Crétineau Joly, Histoire religieuse, politique et littéraire de la Compagnie de Jésus, 6 vol., Paris, 1844-1851 ; Hough, Hist. of christianilg in India, Londres, 1839 ; O. Meyer, Die Propaganda, 2 in-8°, Gcettingue, 1853 ; Blumhardt, Versuch einer Allgemein-MissionsGeschichte der Kirche Christi, 5 vol., Bâle, 1828-1833 (inachevé) ; V. Brown, History of the Propagation of christianitij… since the Reformation, 2° édit., 3 vol., Edimbourg, 1854 ; Hahn, Geschichte der kathol. Missionen, 5 vol., Cologne, 1857-1865.

P. Mon celle,

16. GRÉGOIRE XVI, pape (1831-1846). — I. Avant son pontificat. IL Pendant son pontificat.

I. Avant son pontificat.

Barthélémy Albert Capellari, qui devait être pape sous le nom de Grégoire XVI, naquit à Bellune (Vénétie) le 18 septembre 1765. A l’âge de dix-huit ans, il entre dans l’ordre des camaldules au couvent de Saint-Michel de Murano et prend le nom de Maur. Il fait profession en 1786, reçoit la prêtrise en 1787 et se fait bientôt remarquer par ses qualités intellectuelles et ses dispositions morales. En 1795, il est désigné pour accompagner à Rome le procureur général de l’ordre. C’est des premières années de son séjour en la Ville éternelle que date l’ouvrage qui porte ce titre, si singulièrement paradoxal à l’époque où il fut composé : Il trionjo délia Santa Sedee délia Chiesa contra gli assaili dm nouatori, eombatlutie respinli colle slesse loro armi, Rome, 1799 ; 3e édit., Venise, 1832 ; trad. allemande, Augsbourg, 1838, 1848. Dédié à Pie VI persécuté et prisonnier, ce livre était une affirmation tranchante des doctrines ultramontaines, que l’on opposait aux maximes gallicanes, un cri d’espérance dans le triomphe prochain et définitif de l’Église. « Les catholiques, disait la préface, ne doivent-ils pas apprendre par les faits, selon l’expression de Chrysostome, qu’il est plus facile d’éteindre le soleil que de détruire l’Église ? »

Cette publication mit en vue le jeune camaldule ; en 1800, il était nommé vicaire abbatial du monastère de Saint-Grégoire sur le Cœlius, et en 1805 Pie VII confirmait, sa nomination d’abbé de ce même monastère. En 1807, Maur Capellari devenait procureur général de son ordre. Il n’exerça pas longtemps ces fonctions ; contraint de quitter Rome comme tous les ecclésiastiques étrangers aux États romains, après l’enlèvement de Pie VII, il dut se retirer à Murano, puis à Padoue, et ne rentra dans son couvent du Cœlius qu’en 1814. Pie VII le nomma successivement examinateur des évoques, consultent’du Saint-Office et de plusieurs autres Congrégations, lui offrit l’évèché de Zante, dans les îles Ioniennes, puis celui de Tivoli que Capellari refusa l’un et l’autre. Il était réservé à de plus hautes dignités ; Léon XII en 1825 le désigne in petto comme cardinal, et le proclame au consistoire du 13 mars 1826. Préfet de la Propagande, le cardinal Capellari donne aux missions catholiques, bien abandonnées depuis la fin du xviii c siècle, une nouvelle impulsion ; il négocie avec le sultan la nomination d’un métropolitain arménien catholique, mettant ainsi fin à une situation très douloureuse pour les arméniens unis. Membre de la Congrégation des affaires ecclésiastiques extraordinaires, il eut à négocier le concordat avec les Pays-Bas (1827). Enfin il eut une part importante dans la rédaction du bref de Pie VIII aux évêques rhénans sur les mariages mixtes.

Pie VIII étant mort après un pontificat de quelque : »