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1832, p. 3. ou Schrifien und Aufsàtze, édit. Dollingcr, Ratisbonne, 1839, p. 283 347 ; P. Fournier, Élude sur les fausses Décrétâtes, dans la Reuue d’histoire ecclésiastique, 1906, t. vu. p. 36, et Dictionnaire apologétique de la foi catholique, t. i, col. 903-910 ; Décrétales, t. iv, toi. 212-222), qui font, l’une et l’autre, une place au dogme. Mais tout cela n’est pas comparable à l’importance que prend la théologie dans les collections rhénanes. Avec Y Anselmo dedicala qui leur sert de source, celles-ci sont parmi les grandes collections, les premières en date qui abandonnent l’ordre chronologique pour assurer désormais le triomphe à un groupement plus méthodique des matières ; par suite, leur plan logique met davantage en relief la part qu’elles font à la théologie.

2. Groupe des collections rhénanes.

Au début du xe siècle, Réginon, De causis et disciplinis ecclesiasticis, P. L., t. cxxii, col. 175, dominé plus que tout autre par des préoccupations d’ordre pratique, parle de sujets dogmatiques dans les rapports qu’ils peuvent avoir avec la conduite morale ; les matières liturgiques et sacramentelles sont à citer ici : eucharistie, 1. 1, 63 sq. ; extrême-onction, 1. I, 106 sq. ; baptême, 1. I, 265 sq. ; pénitence, 1. I, 292 sq. ; ordre, 1. I, 399 sq. ; mariage, 1. II, 101 sq. Mais tout cet ensemble est fort élémentaire encore, comme du reste l’annoncent les questions lxxxii-xcvi de l’interrogatoire placé en tête de l’oeuvre et destiné à la visite des paroisses.

La collection du nord de l’Italie, V Anselmo dedicala, du nom d’Anselme II, archevêque de Milan, à qui elle est dédiée (883-897), a aussi quelques passages relatifs aux matières théologiques, comme sur le baptême et la confirmation dans sa partie IX ; l’eucharistie et la pénitence font défaut ; la primauté de l’Église romaine intervient dans la l rL’partie (ms. de Bamberg, P. I, 12, fol. 106, 107, 221-227, etc. ; Fournier, L’origine de la collection Anselmo dedicala, dans les Mélanges P. F. Girard, Paris, 1912, extrait).

Beaucoup plus que Réginon et que V Anselmo dedicala, ses deux modèles principaux, Burchard de Worms augmente la part des matières théologiques ; son Decre/um, composé avant 1023, commence par la primauté du pape et donne de longs développements à divers sacrements : 1. I, 2, 3 ; 1. IV, P. L., t. cxl, col. 726, baptême et confirmation ; 1. ii, col. 717, ordre et devoirs du prêtre ; 1. III, 56, col. 719, matière de la catéchèse, etc. Si le chapitre sur l’eucharistie, quoi qu’en dise Burchard, laisse beaucoup à désirer, 1. V, col. 751, le chapitre de pastorale intitulé : De visilaiione infirmorum, 1. XVII I, col. 937, parle de la rémission des péchés et de l’extrême-onction. Les deux derniers livres, surtout, intéressent la théologie : le XIX, Correclor et medicus. qui n’est pas à enlever à Burchard, est un traité fort développé de l’administration de la pénitence au xi c siècle. A. Lagardecn a donné récemment une analyse détaillée, Le manuel du confesseur au XIe siècle, dans la Revue d’histoire et delillérulure religieuses, nouvelle série, 1910, t. i, p. 542-550, mais les conclusions qu’il en tire appellent des réserves. L’importance de ce traité s’affirme jusque dans les copies qu’on en fait en Allemagne au xiii c et au xve siècle. Ce XIX’livre de Burchard ouvre désormais au De pœnilenlia une place à part dans les collections canoniques ; même les auteurs dis recueils canoniques à l’époque de la réforme grégorienne, puis les compilateurs du groupe français, agiront souvent comme Burchard, jusqu’au moment où Gratien fera entrer dans son traité sur la pénitence diverses questions dogmatiques (texte de Burchard dans P. L., t. cxl, loc. cit., et dans Schmitz, qui fait intervenir quelques nouveaux manuscrits, Die Bussbiicher und das kanonische Bussverfahren, Dusseldorf. 1898, t. ii, p. 407). Le 1. XXe est de matière essentiellement théologique comme le dit son litre Spcculatoi ;

spcculatur enim de pmdestinalione, etc., ibid., col. 1013-1058 : âme humaine, chute et liberté, grâce, prédestination, anges et démons, fins dernières, prière pour les morts, etc., Antéchrist.

Les nombreuses collections qui copient Burchard ou s’inspirent de lui. et parmi lesquelles il faut citer la Colleelio duodeeim partium (inédite, mss. de Bamberg, /’. /, 13, et P. 3, 10, etc.), reproduisent la plupart de ces matières. On les retrouve, un siècle plus tard, jusque dans le Pohjcarpus et dans la collection italienne du Vatican 1346. Theiner, op. cit., p. 345, 355, etc. ; de Ghellinck, op. cit., p. 287. Yves de Chartres les fait même entrer dans son Decrclum, mais non plus dans sa Panormia.

3. Groupe des collections grégoriennes. - — Après le groupe des collections rhénanes, il faut mentionner un groupe plus important encore : il doit son origine à ce grand mouvement de réforme auquel est attaché le nom de Grégoire VII et qui est devenu célèbre dans l’histoire par la querelle des investitures à laquelle il donna lieu. La première caractéristique de ces collections dans le développement de la théologie et du dogme, réside dans l’affirmation des droits du Saint-Siège, primauté, infaillibilité, etc. L’autre a trait surtout aux questions sacramentaires ; la valeur des sacrements conférés par les indignes y est l’objet de développements spéciaux. Cela seul nous dit déjà combien les traités théologiques De Ecclesia et romano ponlifice et De sacramentis in génère peuvent trouver de renseignements précieux dans les travaux des canonistes grégoriens. Ceux-ci avaient été précédés dans leurs essais de réforme par un groupe de recueils, qui se fait jour surtout au sud de l’Italie ; mais cette tentative avait été sans succès, semble-t-il. (Note d’un mémoire communiquée à l’auteur par M. P. Fournier, sur les collections canoniques du pays de Bénévent et du sud de l’Italie.) C’était l’appui de la papauté qui devait assurer le triomphe à l’œuvre réformatrice. Les collections grégoriennes aboutissent à préciser, dans les points qu’on vient d’indiquer, l’expression du dogme et de la théologie, non pas seulement grâce aux formules qu’elles emploient, ou dont elles favorisent la diffusion. Elles obtiennent encore ce résultat par la pratique qu’elles répandent de plus en plus dans les mœurs et qui, à son tour, se traduit dans les exposés didactiques. Ces collections, fort nombreuses, sont surtout représentées par les noms suivants : en tête, vient un recueil anonyme du milieu du xi c siècle environ, la Collection en 74 titres, inédite encore (Thaner prépare une édition ; bonne étude et indication du contenu et des titres dans P. Fournier, Le premier manuel canonique de la réforme au xie siècle, dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire publiés par l’École française de Rome, 1894, t. xiv, p.147-223 ; quelques chapitres imprimés d’après l’édition de Wendelstcin, parPilhou, Corfrrca/iom<m velus Ecclesiæ romaine, Paris, 1687, p. 177-180). Ce recueil donne une place prépondérante au De primalu romaine Ecclesiæ. C’est le titre que lui donnent divers manuscrits du reste : Sententiæ Palrum de primalu romaïuv Ecclesiæ, d’après le titre de ses premiers chapitres. La collection en 74 titres sera imitée par une vingtaine de collections qui dérivent d’elle. Les documents qu’elle utilise proviennent tous des collections antérieures, si bien qu’on a pu dire de l’auteur qu’il ne fait pas une innovation, mais qu’il restaure l’ancien droit. C’est le premier essai (voir les titres i, ii, puis xx, xxiii, xxv), du reste encore très imparfait, d’une codification canonique et théologique d’un De Ecclesia et de romano ponlifice. Malheureusement, tout n’est pas de même valeur, le pseudo-Isidore ayant alimenté ce recueil comme tous les autres du moyen âge.

Après la Collection en 14 litres, qui prend l’initiative en cette matière, il faut signaler surtout les œuvres