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C.RANDE-RRETAGNE ET IRLANDE

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deux franciscains irlandais, Hugues Cavcllus, voir t. n. col. 2045, et Florent Connus, voir t. m. col. 1150, cultivaient la philosophie et la théologie dogmatique. Il faut aussi rattacher à ce règne le jésuite Thomas Fitzhcrhert, voir t. v, col. 2561, dont les traités sur les rapports de la politique et la religion parurent en 1606 et en 1610, et son confrère Jean Fisher († 1641), dont le vrai nom était Percy, qui disputa sur la foi devant le roi Jacques I er, et qui publia sa dispute sous ce titre : An answerunio the nine points of controversy, proposée by our laie sovereign, Saint-Omer, 1625. Il a aussi laissé un ouvrage remarquable intitulé : A treatisc of failli, Londres. 1600.

Les jésuites se distinguèrent encore sous le règne suivant. Parmi leurs nombreux théologiens nous signalons Laurent Anderton, voir t. i, col. 1178 ; Henri Fitz-Simons, voir t. v, col. 2561, et Guillaume Malone († 1656), qui démontra l’antiquité de la religion catholique romaine contre le célèbre Ussher. Les autres ordres sont aussi représentés, par exemple, par le franciscain Bonaventure Hocquard, qui a écrit Perspectivum liitheranorum et calvinislarum, Vienne, 1648, et le bénédictin Guillaume Johnson († 1663), qui, dans Novelly reprcsl, établissait solidement la position i( l’Église catholique. Dans le clergé séculier, nous trouvons Mathieu Kellison, qui mourut en 1641, après avoir dirigé pendant de longues années le collège de Douai. Un ministre anglican converti, Thomas Vane, dans A losl sheep returned home, Paris, 1648, donna un excellent exposé des motifs de revenir à la religion catholique.

Pendant ce temps, les franciscains irlandais enseignaient la théologie scolastique dans les collèges fondés sur le continent pour leurs compatriotes. Jean Ponce enseignait à Rome la doctrine de Scot ; Antoine Hickey († 1641) publiait les œuvres du grand docteur franciscain ; François Bermingham (f vers 1656) écrivait une Somme théologique de Dco uno et trino, suivant la méthode du docteur angélique et l’esprit du docteur subtil ; François Molloy faisait paraître un traité De incarnalione Verbi divini. Patrice Raw, de l’ordre de Saint-Augustin, fit aussi paraître des traités sur les fins dernières, et sur diverses autres questions théologiques.

A mesure que les collèges se développèrent à l’étranger, la théologie scolastique fut plus cultivée. Ainsi sous Charles II nous rencontrons le dominicain Jean-Baptiste Hacket († 1676), Conlroversorium Iheologicum sur la pars secunda du docteur angélique ; Henri Holden († 1662), Divinir fldei analgsis, Paris, 1652, dans Mignc, Cursus complctus theologiæ, t. vi ; Luc Wadding (voir son article), non moins savant théologien qu’historien et exégète ; le franciscain irlandais Antoine Bruodine († 1664), Œconomia minorilicæ scholæ, Prague, 1633, manuel de théologie scolastique dans l’esprit du docteur subtil ; le jésuite Thomas Compton († 1666), Cursus theologicus, exposition de la Somme de saint Thomas ; le carme Laurent de Sainte-Thérèse (voir son article) ; Augustin Gibbon, de l’ordre de Saintvugustin († 1676), qui outre, son Spéculum Iheologicum, Mayence, 1669, publia un excellent ouvrage de controverse intitulé : Lutherocalvinismus schismedicus quidem sed reconciliabilis, Erfurt, 1663.

La polémique contre les protestants fut loin d’être négligée à cette époque. Outre Thomas Bailey, voir t. n. col. 491, et Jean Barnes, voir t. ii, col. 423, nous devons signaler plusieurs jésuites qui écrivirent soit en faveur de la transsubstantiation, soit pour défendre l’autorité et l’infaillibilité de l’Église. Pierre Talbot († 1680), qui devint archevêque de Dublin, après être sorti de la Compagnie, publia en anglais : A treatise oj the nature oj catholic faith and heresy, Rouen, 1657, et en outre De efficaci remedio contra atheismum et hæresim, Paris, 1674, une histoire des iconoclastes et une

histoire du manichéisme et du pélagianisme. Le plus remarquable théologien de ce temps fut le franciscain Christophe Davenport († 1680), qui trouva moyen au milieu de ses travaux apostoliques de composer des ouvrages nombreux et solides, parmi lesquels nous mentionnerons : Systema fidei, Liège, 1648, et Deus, naturel et gratia, Leyde, 1634, où il traite de la prédestination, des mérites et de la justification suivant la doctrine de Scot ; il y avait ajouté une critique des trente-neuf articles de la confession anglicane dans un esprit assez conciliant, si bien que cet appendice fut mis à l’Index en Espagne, bien qu’il eût été autorisé à Rome. II fut traduit en anglais et publié avec une introduction par F. G. Lee, Londres, 1865. Il faut citer encore le franciscain irlandais Raymond Caron, voir t. ii, col. 1799, sir Kcnelm Digby, voir t. iv, col. 1307, cl l’Irlandais Jean Sinnich, fauteur du jansénisme.

Sous Jacques H, nous n’avons à citer que Richard Archdekin, voir t. i, col. 1759, et Jean Gother, voir t. vi. col. 1502, qui écrivirent des ouvrages de controverse, et le franciscain irlandais Bonaventure Baron qui, outre des ouvrages de philosophie, publia des traités de théologie où il défend la doctrine de Scot : De Trinilale, Lyon, 1666 ; De Dco uno, ibid., 1670 ; De angelis, Florence, 1676.

Le xvine siècle nous présente quelques bons polémistes. Edouard Hawarden, dont les écrits sont très remarquables ; Jean Constable († 1740), qui écrivit contre le livre de le Courayer en faveur des ordinations anglicanes, et critiqua l’histoire de l’Église en Angleterre de Ch. Dodd ; le plus remarquable fut Richard Challoner, vicaire apostolique du district de Londres. Voir t. ii, col. 2208.

La théologie scolastique ne fut pas négligée. Le franciscain irlandais Antoine Ruerk composait un Cursus théologies scholaslica> d’après les principes et sur le plan de Scot, Valladolid, 1746, et le bénédictin écossais Marianus Brockie († 1757) défendait aussi le docteur subtil dans son ouvrage : Scotus a Scoto propugnalus ; il défendit aussi la bulle Unigenitus contre Quesnel, il donna en outre une édition du Codex regularum de Holsten, avec des additions, 1759.

Les attaques des incrédules contre la religion révélée donnèrent naissance à un nouveau genre de théologie, l’apologétique, qui commença à être cultivée en Angleterre vers le milieu du siècle, et laissa dans l’ombre l’ancienne controverse avec les protestants : le nouveau danger était plus grave que l’ancien, car il tendait à saper par la base les fondements même du christianisme, et les anglicans eux-mêmes eurent des apologistes de grande valeur. Nous citerons quelques noms : Simon Berington († 1755) disserta sur plusieurs passages de la Genèse ; Antoine O’Brien († 1764) écrivit un traité de la révélation, Prague, 1762 ; Luc Joseph Hook († 1796) donna Religionis naturalis et revelatæ prinr.ipia, Paris, 1752 ; Arthur O’Leary, franciscain irlandais, écrivit Défense of the divinily of Christ ami the immortality of the soûl, 1771 ; Jacques Barnard démontra par l’Écriture et la tradition The divinily of our Lord Jésus Christ, dans une série de lettres à Priestly, et publia un autre ouvrage d’apologétique : A gênerai view of the arguments for the divinily of Christ and plurality of persons in God, Londres, 1789 et 1793. Enfin Georges Hay, vicaire apostolique en Ecosse, célèbre par ses travaux apostoliques, ne le fut pas moins par ses œuvres d’apologétique.

2° Théologie monde, ascétique, liturgie. — Nous réunissons ces trois matières, car les auteurs qui les ont traitées sont très peu nombreux, aussi bien d’ailleun que les exégètes et les historiens ; la nécessité de défendre l’orthodoxie contre le protestantisme fut la cause de cette disette. L’ordre de saint Benoît produisit à cette époque un casuiste remarquable, Grégoire