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GRANDE-BRETAGNE ET IRLANDE


l’ordre de Saint-Augustin, l’égala presque avec son Historia rcrum Anglteanarum, et tous deux laissent, loin derrière eux Geoffroy de Monmouth († 1154), dont la fabuleuse Historia Brilannise, Londres, 1844, contient la plus ancienne forme que nous connaissions des romans de la Table ronde, et Henri de Huntingdon qui écrivit Historia Anglorum, Londres, 1596 ; Francfort, 1601. En Irlande, Marianus O’Gorman composait vers 1170 un Martyrologe, tandis qu’à Rome un Anglais, nommé Boson († 1178), écrivait les Vies de treize papes insérées par Baronius dans ses Annales.

Au xme siècle, nous avons des chroniqueurs intéressants, comme Roger de Hoveden († 1204), Guillaume le Petit († 1208). Giraud de Barri (Giraldus Cambrensis), dont les ouvrages peu critiques contiennent cependant des indications qu’on chercherait vainement ailleurs ; Gervais de Cantorbéry, Ralph de Diceto, et Roger de Wendover († 1237), dont la chronique est appelée Flores hisloriarum. Mais ils sont tous éclipsés par Mathieu Paris, qui cependant doit beaucoup à ses prédécesseurs, en particulier à Roger de Wendover. A la même époque, Thomas d’Eccleston racontait l’arrivée des frères mineurs en Angleterre, et plusieurs autres, tels que Jean de Wallingford, Jean de Tayster et Thomas Sprottus, écrivaient des chroniques.

Le xive siècle ne nous donne pas de chroniqueurs de marque. Le dominicain Nicolas Trivet († 1328), et le cistercien Adam de Murcmuth († 1347) nous ont laissé des chroniques, tandis que Jean de Tynemouth († 1348), moine de Saint-Alban, compilait un ouvrage important intitulé : Sanctilogium Angliæ, Walliæ, Scotiæ et Hibcrniæ, Oxford, 1901. Ranulphe Higden († 1363) s’élève au-dessus des autres dans son Polychronicon continué par Jean de Malvern, puis par Adam de Usk ; il faut encore citer à cette époque le Chronicon Anglise de Jean de Peterborough († 1368), et les Annales Hiberniæ de Jacques Grâce († 1370), meine de Kilkenny. Vers le même temps, 1 Écossais Jean de Fordun († 1386) écrivait son SeolichronicoK, continué par son secrétaire Walter Bower. Cette chronique eut plusieurs éditions, la dernière à Edimbourg, 1872.

Au commencement du xve siècle, le franciscain Jean Clynn, de Kilkenny, nous donne des Annales irlandaises, Dublin, 1848, tandis que son confrère anglais Thomas Otterburne († 1411) écrivait une histoire d’Angleterre, Oxford, 1732. Un peu plus tard, nous rencontrons une autre histoire d’Angleterre écrite par Thomas Walsingham († 1422), moine de Saint-Alban, dernière édition, Londres, 1863, et une histoire de la fondation de Cambridge par Nicolas Cantlow († 1441), carme de Bristol. L’n autre carme, Thomas Scropus, († 1491), évêque de Dromore en Irlande, nous a laissé un Chronicon, ou histoire de l’ordre des carmes, Anvers, 1680. Enfin, au commencement du xvie siècle nous trouvons un martyrologe compilé par Richard Withford, moine brigittin de Sion, près de Londres.

IV. Du schisme d’Henri VIII a la fin du xviii « siècLE (1534-1800). — 1° Théologie dogmatique.

— Le schisme d’Henri VIII donna un nouveau caractère à la théologie dogmatique. De scolastique qu’elle était à l’époque précédente, elle devint surtout polémique ; les écrivains qui se bornèrent à traiter les questions théologiques d’une manière spéculative sont très rares ; au contraire, les controversistes sont fort nombreux, et on peut dire que la controverse a absorbé presque toute l’activité littéraire à cette époque.

Chose étrange, le premier nom anglais qui se présente à nous dans la lutte contre le protestantisme est celui d’Henri VIII, qui, en 1521, publiait contre Luther son livre intitulé : Asserlio septem sacranh nlorum, dans la composition duquel il fut aidé par Jean Fisher. Voir t. v, col. 2555. Fisher, qui publia une riposte à l’attaque

que Luther avait faite contre ce livre, fut bientôt obligé de prendre parti contre son maître en s’opposant au divorce et en refusant de prêter le serment de suprématie, ce qui le conduisit au martyre. Le même sort attendait le chancelier Thomas More, qui, lui aussi, refusa d’approuver le divorce. Plusieurs théologiens écrivirent contre ce divorce, qu’Etienne Gardiner, voir t. vi, col. 1156, soutint par son livre De vera obedientia. Cuthbert Tunstall, évêque de Durham, fut plus courageux, et mourut en prison sous Elisabeth en 1555 ; il a laissé une dissertation De verikde corporis et sanguinis Domini in eueharistia, Paris, 1554, et une autre Contra impios blasphematores Dei pnedestinationis, Anvers, 1555. Ensuite nous rencontrons deux théologiens qui méritent des articles spéciaux, Réginald Pôle († 1558), qui soutint dans ses écrits la primauté du pape, et Richard Smith († 1563), qui combattit surtout les calvinistes. Thomas Harding († 1572), converti du protestantisme, et le dominicain Thomas Heskin défendirent la présence réelle et le sacrifice de la messe contre les attaques des théologiens protestants. Tous deux moururent en exil. Pendant ce temps, Jean Fowler établissait à Louvain une imprimerie d’où sortirent de nombreux ouvrages anglais pour la défense de la foi catholique, et il faisait lui-même un excellent résumé de la Somme théologique de saint Thomas († 1579).

Le long règne d’Elisabeth, qui vit l’établissement définitif du protestantisme, nous fournit une période de brillants polémistes, qui défendirent vaillamment la religion catholique. Le jésuite Edmond Campion, voir t. ii, col. 1448, paya son courage de sa vie, on l’honore maintenant comme un martyr ; après lui nous citerons Richard Bristow, voir t. ii, col. 1133, Nicolas Sanders, voir son article, dont le livre De visibili monarchia Ecclesiæ, Louvain, 1571, eut le don d’exciter au plus haut point les colères anglicanes, et qui mourut de privations, en Irlande, où il avait été envoyé comme nonce par Grégoire XIII ; le bénédictin écossais Ninian Wingate, qui combattit Jean Knox et les calvinistes dans son pays ; le cardinal Guillaume Allen, voir t. i, col. 215, qui le premier eut l’idée de fonder à l’étranger des collèges pour la formation de prêtres anglais, et enfin Thomas Stapleton, voir son article, le prince des controversistes.

Après eux, nous citerons encore Archimbald Hamillon († 1581), qui combattit les calvinistes en Ecosse ; Jean de Feckenham († 1585), le dernier abbé de Westminster, qui passa vingt-cinq ans en prison ; le jésuite Jean Gibbons († 1589), qui publia Concerlatio Ecclesiæ eatholicæ in Anglia, etc., voir col. 1346, et son confrère Arthur Faunt, voir t. v, col. 2099, qui combattit surtout les protestants d’Allemagne ; Guillaume Rainolds, converti de l’anglicanisme, dont les ouvrages méritent un article spécial.

Sous Jacques I er, nous rencontrons le célèbre jésuite Robert Persons, voir son article, et ses deux confrères écossais Jean Hay et Jacques Gordon Huntley, qui écrivirent contre les hérétiques, tandis que l’archiprêtre Georges Blackwell († 1613) et le juriste Guillaume Barclay, voir t. ii, col. 389, entraient en controverse avec Bellarmin et soutenaient les principes gallicans sur les rapports de l’autorité civile avec l’autorité ecclésiastique. A la même époque, écrivaient Guillaume Bishop, voir t. i, col. 1178, le bénédictin Edouard Maihew († 1625), qui composait en anglais A trealise of the grounds of the old and new religion, le franciscain Bonaventure Jackson († 1627), qui par son Calvinolurcisnuis mettait en émoi les calvinistes qu’il comparait aux niahométans ; Sylvestre Noms († 1630), qui écrivit The antidote, or ireatise oj thirty conlroversies againsl scelaries, Saint-Omer, 1618 ; et Edouard Weston († 1633), qui fut surtout apologiste. Pendant ce temps.