Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/238

Cette page n’a pas encore été corrigée
1707
1708
GRANDE-BRETAGNE ET IRLANDE


moitié devaient être catholiques ; l’un des deux secrétaires est aussi catholique, de même que la moitié des inspecteurs. Les écoles sont de deux sortes. Les unes appartiennent à des sociétés composées ordinairement du curé et de deux autres membres ; dans ce cas, le gouvernement paie les deux tiers des frais de construction, et les réparations sont à la charge des propriétaires. Les autres sont la propriété du conseil, et alors le gouvernement paie les frais de construction et prend les réparations à sa charge.

Les maîtres et maîtresses reçoivent leur salaire du gouvernement. Quatre écoles normales les fournissent, une appartient au conseil, deux sont catholiques, et la quatrième dépend de l’archevêque protestant de Dublin. Beaucoup de ces écoles nationales sont tenues par des religieux ou des religieuses. Il y en avait en 1901 8 569, avec 446 827 élèves catholiques et 155 382 protestants. En outre, on comptait 97 écoles primaires appartenant à des communautés catholiques, avec 14 891 élèves, et 471 autres écoles primaires, qui contenaient 10 245 élèves catholiques contre 9 412 protestants. Quant à l’enseignement secondaire, chaque année l’intérêt de 25 millions de francs est consacré à donner des prix et des bourses, ainsi que des allocations aux collèges, sans distinction de croyances, suivant les résultats des examens. On comptait 510 de ces établissements en 1901, avec 38 564 élèves, dont 25 647 catholiques.

Les catholiques d’Irlande ont pendant longtemps réclamé une université qui leur permît d’avoir part à l’enseignement supérieur sans sacrifier leurs croyances. Trinity Collège à Dublin leur était bien ouvert, mais ils ne pouvaient oublier que cette université avait été précisément fondée pour être le boulevard du protestantisme en Irlande. Ce n’est pas ici le lieu de raconter l’essai malheureux tenté en 1854 avec l’aide de Newman. En 1908, une université fut établie, sous le nom d’université nationale d’Irlande, qui ne répond pas complètement aux désirs des catholiques, mais qu’ils ont cependant acceptée, parce que les influences catholiques y auront la prédominance. L’archevêque catholique de Dublin en est le chancelier, et elle est composée de trois collèges, l’un à Dublin, le second à Cork, et le troisième à Galway.

Outre un certain nombre de séminaires diocésains, les jeunes clercs reçoivent leur formation surtout au collège de Saint-Patrick, à Maynooth, magnifique établissement, le plus grand séminaire du monde, qui contient environ 600 étudiants. Il y a aussi le collège irlandais de Paris, celui de Rome, et un autre à Salamanque. Le collège de Ail Hallows, près de Dublin, forme des prêtres qui vont exercer le ministère dans les pays où les Irlandais émigrent.

On a pu voir dans le tableau ci-dessus que le nombre des religieux prêtres est considérable ; presque tous les ordres y sont représentés. Il faudrait citer aussi plusieurs congrégations de frères qui donnent l’instruction dans les écoles. Quant aux religieuses, elles sont innombrables. Les religieux ne desservent pas de paroisses en Irlande.

La presse catholique est bien représentée en Irlande. Il faut citer surtout le Frecman’s journal et le Daily independenl, journaux quotidiens de Dublin ; Ylrish lalholic et le Leader, hebdomadaires, et parmi les revues, Ylrish monthly, rédigée par les jésuites, Ylrish rosarij, par les dominicains, et enfin Ylrish ecclesiastical record et Ylrish theological quarterly, qui paraissent toutes deux à Maynooth.

Il n’existe pas d’étude historique proprement dite sur l’organisation de l’Église dans les Iles Britanniques depuis la Réformation. On pourra prendre pour guides les trois articles England, Scotland, Ireland, dans Catholic encyclopedia, 15 vol., Londres et New York, 1907-1912. Chacun de

ces articles donne une bibliographie très abondante. On trouvera beaucoup de détails épars dans les ouvrages suivants : la collection Calendars of Slate papers, citée ù la fin de l’article Anglicanisme ; Lingard, Ilislory o/ England, jusqu’en 1689 ; Dodd, Cluirch hisiorg o/ England from lôOO to 1088, édit. Tierney, Londres, 1839 ; Flanagan, A hisiorg oj the Churcli in England, jusqu’en 18f>0, Londres, 1857 ; lîutler, Historical account of the laws respecling the Roman catholics, Londres, 1795 ; Lilly et Wallis, A manual o/ the laiv spccially af/ecting eatholics, Londres, 1893 ; et aussi une suite de biographies et monographies parues de nos jours, et qui font honneur à la génération actuelle des catholiques anglais : E. Burton, The li/e and times o/ bishop Challoner, Londres, 1909 ; B. Ward, The eue of catholic émancipation, Londres, 1911-1912 ; The dawn o/ the catholic revival in England, Londres, 1909 ; W. Ward, The life and times of cardinal Wiseman, Londres, 1897 ; The life of John Henry cardinal Newman, Londres, 1912 ; Purcell, Life of cardinal Manning, Londres, 1896 ; Snead-Cox, The life of cardinal Vaughan, Londres, 1910 ; Purcell et de Lisle, Life and letters of Ambrose Phillips de Lisle, Londres, 1900. Ces ouvrages parlent aussi des questions intéressant l’Ecosse el l’Irlande, car la législation en tant qu’elle affectait les catholiques était la même pour les trois pays. Pour l’état actuel, voir The catholic directory, publié chaque année pour l’Angleterre a Londres, pour l’Ecosse à Edimbourg, et pour l’Irlande à Dublin.

II. GRANDE-BRETAGNE ET IRLANDE. Publications catholiques sur les sciences cærces. — I. Période celtique. II. Période anglo-saxonne. III. De la conquête normande au schisme d’Henri VIII. IV. Du schisme d’Henri VIII à la fin du xviiie siècle. V. Du commencement du xix c siècle à nos jours.

I. Période celtique.

1 ° Il est curieux de constater que les plus anciens monuments qui nous restent de l’activité littéraire des Celtes en matière de théologie viennent d’un hérésiarque, Pelage, né probablement en Bretagne de parents irlandais. Ce fut à Rome qu’il professa ses erreurs sur la grâce, mais son hérésie fut introduite en Bretagne par un certain Agricola, et s’y répandit très vite. Son commentaire sur les Épîtres de saint Paul y jouit longtemps, aussi bien qu’en Irlande, d’une faveur exceptionnelle, et nous en avons encore une traduction irlandaise ; cependant le pélagianisme n’infecta jamais l’Église d’Irlande.

Les Vies des saints irlandais, gallois et bretons sont le produit le plus luxuriant de l’activité littéraire celtique. Malheureusement on doit les appeler aussi produits de l’imagination. Les Celtes ont toujours un goût très vif pour le merveilleux, et les auteurs de ces Vies, écrivant longtemps après la mort des personnages, et ayant surtout un but d’édification, ne résistaient pas au désir d’entasser sur leur héros tout ce qui pouvait frapper les esprits et provoquer les cœurs à la vénération et au zèle.

Toutefois tout n’est pas à rejeter dans ces pieux romans ; de patients travailleurs se sont acharnés à démêler le vrai du faux, et sont arrivés à dégager de récits légendaires des faits historiques. On y trouve aussi de très appréciables renseignements sur maints aspects du monachisme dans les pays celtiques, en Irlande et en Ecosse aussi bien qu’en Angleterre.

On croirait facilement qu’un pays si riche en monastères a produit de nombreuses règles, d’autant plus qu’à cette époque chaque monastère devait avoir sa règle propre. Cependant il nous est resté très peu de chose de cette littérature qui fut probablement abondante. Nous rencontrons bien un certain nombre de compositions qui portent le nom de règles, mais ces compositions, écrites en vers irlandais, ne sauraient se comparer aux « grandes règles orientales ou latines. Elles sont beaucoup plus courtes que celles-ci, et encore qu’elles fournissent incidemment des détails intéressants sur l’organisation monastique, la composition de l’office divin dans la liturgie celtique, la vie du cloître