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GÉORGIE


ces ouvrages et même une bonne partie de ceux qui se trouvent en Géorgie n’ont pas encore été suffisamment étudiés.

Vers le milieu du x c siècle, le catholicos Arsène II (94(3-976) écrit sous le titre l’Abeille une histoire de la séparation des Géorgiens et des Arméniens ; il aurait aussi travaillé à une collection de vies de saints, particulièrement de saints nationaux. Baumstark, Die christlichen Lileralurcn des Orients, Leipzig, 1911, t. ii, p. 104. A la même époque, Jean Pétrissy traduisait les œuvres de Platon et d’Aristote.

A l’influence byzantine vint bientôt se joindre l’influence des Arabes et des Perses. Les premiers importèrent les sciences positives : mathématiques et astronomie (ils avaient déjà, au viiie siècle, établi un observatoire à Tiflis). Les Perses enrichissent la littérature géorgienne d’une série de compositions en prose et en vers. Le règne de Thamar (1184-1212) est marqué par l'éclosion d’oeuvres remarquables dues à cette influence. Les poètes Tchakhroudzé et Chota Roustavéli célèbrent la reine dans leurs poèmes ; Sarghis Tmogvéli compose le poème héroïque intitulé : AmiranDarédjuniani et le roman Visramiani. Mais de tous les écrivains de cette époque, le plus remarquable est sans contredit le poète Chota Roustavéli. Les Géorgiens lisent et étudient toujours avec une respectueuse admiration son œuvre principale, la Peau de léopard ou mieux l’Homme revêtu de la peau de léopard, composée sous la reine Thamar et que certains évoques trop zélés du xvin c siècle condamnèrent comme impie. Leist en a publié une traduction en allemand, Leipzig, 1880, et Achas Borin une autre en français, Paris, 1885. 3° Période nouvelle.

Après la période classique,

la littérature géorgienne tomba dans une décadence profonde causée par les désastres extérieurs et les troubles intérieurs qui bouleversèrent le pays : invasions des Mongols, de Timour-Leng, des Persans, etc. La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 affaiblit pour toujours l’influence grecque qui était déjà sur le déclin. La renaissance littéraire ne se produisit qu’au xviie siècle ; elle se continua pendant le siècle suivant.

Même l'époque la plus troublée de cette période, du xm° au xviie siècle, nous a laissé de nombreuses traductions et des écrits originaux, entre autres une quinzaine de poèmes épiques. On rencontre aussi quelques monuments de la législation civile et ecclésiastique, tels que les lois du roi Georges V le Brillant (xive siècle), les lois de Béka, complétées au xv° siècle par le prince Aghbougua, suzerain du Samtzkhé Saatabago. Au xiii c siècle, le catholicos Arsène publie des règlements ecclésiastiques ; au xive, l’archimandrite Georges traduit en géorgien les canons de l'Église ; au xve, sur la proposition du catholicos Malachie, un concile publie des ordonnances obligatoires pour tous et confirmées par la signature de onze archevêques. Ces ordonnances et les lois du roi Georges V, ainsi que celles de l’atabek Béka et d’Aghbougua, firent plus Lard partie du code du roi Vakhtang VI. Comme œuvres historiques, citons : l’Histoire des rois d’Jmérétic par le catholicos Arsène (xive siècle) ; la Description du Samlzklié-Saatabago par le moine Jean Mangléli (xv° siècle), la Destruction de la Géorgie par Ismacl du catholicos Domenti (xvie siècle), la Vie et les actes des princes d’Imérétie, par le moine Evdémon. La renaissance des xvii° et xviiie siècles, sous les rois Art chil, Téimouraz I er, Téimouraz II, Vakhtang VI, Iléraclius II, produisit des œuvres plus remarquables. Artchil, roi de Géorgie et d’Imérétie, a laissé plusieurs ouvrages poétiques, dont l’Arlchiliani, œuvre épique qui retrace la vie et les actes de Téimouraz I er. Ce souverain occupe une place importante dans la littérature géorgienne ; il a traduit l’Histoire d’Alexandre

le Grand du pseudo-Callisthènes. Plusieurs autres princes de la famille royale écrivirent aussi des traités sur la théologie, la philosophie et l’histoire, ainsi que des poésies. L'œuvre la plus importante est le poème de David Gouramichvili qui raconte les malheurs de la Géorgie au xviiie siècle. Le prince-moine Saba Soulkan Orbéliani, converti au catholicisme, et qui avait voyagé en Europe, compose un dictionnaire et un recueil de fables intitulé : Livre de la sagesse et du mensonge. Vakhoucht, fils de Vakhtang VI, rédigea une géographie et une histoire, la Vie de la Géorgie ou Annales géorgiennes, d’après les riches matériaux recueillis par le comité historique qu’avait formé son père. Vakhoucht fit imprimer une édition complète de la Bible à Moscou en 1742-1753. Enfin le catholicos Antoine I er, outre diverses traductions d’ouvrages profanes, composa une théologie, un martyrologe, des biographies de saints, etc.

Période moderne.

Cette période a produit un

grand nombre d’auteurs distingués, mais qui ne se sont guère occupés que d'œuvres profanes. Dans la première moitié du xixe siècle, la littérature est à peu près exclusivement d’inspiration géorgienne ; dans la seconde au contraire, l’influence étrangère, russe ou autre, se fait vivement sentir, sans exclure complètement le nationalisme littéraire.

Citons dans la première moitié du siècle : le prince Georges Eristavi, le premier dramaturge géorgien, fondateur du journal Tsiscari (l’Aurore), les princes Alexandre Tchavtchavadzé, Grégoire Orbéliani, Nicolas Baratchvili, Vakhtang Orbéliani, Raphaël Eristavi, les princesses Nino Orbéliani et Barbare Djordjadzé, tous poètes remarquables, et le romancier Djonkadzé. Cette première période est signalée par les travaux littéraires et scientifiques des fils du dernier roi, Georges XII ; le prince David écrit un abrégé de l’histoire de la Géorgie, son frère Jean recueille les actes diplomatiques de Georges XII ; Téimouraz compose une excellente Histoire de la Géorgie ; Bagrat réunit les proverbes et dictons populaires. Le seul auteur ecclésiastique à mentionner à cette époque est l'évêque Gabriel d’Imérétie, prédicateur célèbre, dont les sermons ont été traduits en anglais par Mahun, évêque anglican de Broad-Windsor.

Après 1850, on remarque le prince Ilia Tchavlchavadzé, poète et romancier, fondateur du journal Sakarloelos Moambé (le Messager géorgien), les princes Akaki Tsérétéli et Mamia Gouriéli, poètes lyriques, l'économiste N. Nicolatzé, le romancier Georges Tsérétéli, auteur d’ouvrages d’archéologie et d’histoire, Catherine Gabachvili, auteur de romans, le prince Jean Matchabéli, traducteur des œuvres de Shakespeare. Parmi les dramaturges citons : le prince Raphaël Eristavi, Eugène Tsagaréli et Alexandre Kazbek. Les frères Rasikachvili consacrèrent leur talent poétique à la description de la vie, des mœurs, des coutumes des montagnards. Les historiens les plus connus sont Platon Josséliani, Dimitri Bakradzé et F. M. Brosset, orientaliste français, qui consacra une grande partie de sa vie à l’histoire de la littérature géorgienne. David Tchoubinof a composé de nombreux ouvrages classiques ; A. Khakhanachvili s’est occupé de l’histoire littéraire

Une partie de l’activité littéraire des Géorgiens se dépense depuis longtemps en de nombreux journaux et revues malgré les tracasseries de la censure officielle russe qui supprime ou condamne impitoyablement toute feuille dont les appréciations lui paraissent quelque peu libres. Il convient de citer les principaux organes de la presse géorgienne pour montrer combien est vivante et active l'élite intellectuelle du pays.

Les principaux journaux sont : Imereli (l’Irémétie), qui se publie à Koutaïs ; Khma Kakhetissa (la Voix de