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GEOROTE

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tous d’origine russe, dont 32 000 aux seuls Molokans. On comptait 060 écoles paroissiales instruisant 26 070 élèves, dont 7 201 filles, plus 13 écoles établies à côté des monastères, avec 546 élèves. Ces chiffres donnés par les autorités russes sont fortement sujets à caution, parce que le saint-synode a tout intérêt à diminuer l’importance d’une Église qu’il n’arrive pas à russifier. Tous les Géorgiens que nous avons pu consulter affirment qu’il y a au moins 2 500 000 chrétiens de leur race dans la région du Caucase. En 1913, il y avait 2 055 paroisses. Le gouvernement russe leur donnait 809 868 roubles (2 105 000 francs) dont 400 000 seulement aux paroisses géorgiennes qui sont au moins les deux tiers, et le reste aux paroisses russes. L’exarchat eut, pendant quelque temps, son périodique, le « Messager ecclésiastique de Géorgie » , qui parut fous les mois depuis le 1 er juillet 1864 jusqu’en 1903. Le manque de lecteurs fut la raison mise en avant pour justifier sa suppression. La rédaction était établie au séminaire de Tiflis. La revue, rédigée en géorgien, comprenait deux parties, une officielle et une non officielle, avec un supplément en russe. Cf. C. Rounkéviteh, L’exarchat de Géorgie, dans l’Encyclopédie théologique orthodoxe de Lopoukine-Gloubovski, Saint-Pétersbourg, 1903, t. iii, col. 717-753.

Ainsi que nous l’avons déjà remarqué, le clergé russe immigré s’est tout naturellement attribué les postes les plus importants et de meilleur rapport. 11 agit de même façon envers les ecclésiastiques géorgiens qui se montrent favorables aux entreprises de saintsynode et que leurs compatriotes s’obstinent à regarder comme des traîtres à la patrie. L’exarque est toujours un Russe de race et de tendances. Pour qui connaît les procédés de gouvernement employés par le cabinet de Saint-Pétersbourg vis-à-vis des autres races de l’empire, il n’y a rien d'étonnant à ce que le saint-synode le choisisse parmi les plus fermes champions de l’orthodoxie officielle, sans trop s’inquiéter de l’accueil que lui réservent les fidèles. De plus en plus, le clergé russe proscrit tout ce qui est purement géorgien. Le staroslave ou slavon est seul admis dans les cérémonies du culte, au moins dans les villes et les centres les plus importants. La langue et le chant géorgien ont été refoulés dans les campagnes dont les paroisses moins riches ne tentent pas la cupidité des Russes. Elles sont d’ailleurs presque toujours attribuées aux ecclésiastiques géorgiens qui se montrent opposés à la politique religieuse de l’exarque, malgré le désir sincère de conciliation qui anime ses trois suffragants. Ces derniers sont presque toujours choisis parmi les ecclésiastiques géorgiens. Actuellement, l'évêque de Soukhoum est cependant un Russe. Il n’est point besoin de noter que le gouvernement russe ne nomme, pour gouverner les éparchies, que des gens dont il est sûr.

La proscription des coutumes nationales, les procédés vexatoires du clergé russe et la « trahison » de certains prêtres géorgiens ont eu pour résultat la désertion en masse des églises. Le peuple préfère s’abstenir de toute pratique publique de religion plutôt que de pactiser avec les « ennemis de la nation » . Les préoccupations politiques contribuent plus à accentuer cet éloignement systématique que le souci de la dignité de l'Église. Il y a quelques années, l’exarque Innocent se plaignait même qu’un certain nombre de villages avaient demandé qu’on leur construisît des mosquées 1 C'était là sans aucun doute des gens mal convertis. Il y a aussi des montagnards indépendants qui sont encore à moitié païens, bien qu’ils reçoivent le baptême ; ils vont jusqu'à offrir des sacrifices de moutons dans les grandes circonstances et à certains jours déterminés. C’est à peine s’ils voient un prêtre de temps en temps. On voit par ce rapide aperçu que la situation est loin d'être brillante en Géorgie au point de vue de la reli gion. Il est probable qu’elle ira même en empirant, si le régime politique ne change point.

La persécution entreprise par les Russes contre tout ce qui est géorgien s'étend non seulement aux chrétiens, mais encore aux musulmans. Les Hadjarélis, tribu montagnarde des environs de Batoum, ayant demandé récemment au gouvernement la permission de revenir au christianisme à condition de pouvoir prier en géorgien, se sont vu refuser cette faculté. Les autorités russes ont retiré aux Géorgiens musulmans le droit d’enseigner leur langue nationale dans les écoles qu’ils possèdent ; elles leur imposent le turc pour les dénationaliser. Il est vrai que ces musulmans passent outre aux défenses du gouvernement et que celui-ci n’ose pas les inquiéter. Il est difficile d'évaluer le nombre des Géorgiens qui sont passés à l’islamisme pendant la domination turque ou persane. Ils seraient de 600 à 800 000. Après la conquête russe, bon nombre d’entre eux ont émigré en Turquie où on les confond souvent avec les Tcherkesses ou Circassiens, sans doute parce qu’ils portent le même costume. Il y en a 30 ou 40 000 dans la seule région d’Ismidt-Sabandja.

XVII. Liste des catholicos et des exarques. — Xous donnons ici la liste des catholicos et des exarques qui ont gouverné la Géorgie du ve siècle jusqu'à nos jours, telle que l’a dressée le P. Tamarati dans son Église géorgienne, Rome, 1910, p. 408-410. Cette liste est forcément incomplète pour les catholicos, caries documents font presque entièrement défaut pour certaines époques. Il semble aussi qu’il y ait eu à diverses reprises plusieurs catholicos à la fois. Les dates indiquées par le P. Tamarati sont quelquefois incertaines, ainsi qu’il l’avoue lui-même. La liste sera du moins précieuse à consulter, parce qu’elle est la seule qu’on ait dressée jusqu'à nos jours. Dans celle des catholicos de la Géorgie occidentale notamment, on remarquera des vacances considérables qui n’ont peut-être pas eu lieu ; mais l’auteur n’a évidemment pu noter que les titulaires dont l’histoire nous a conservé le nom.

Catholicos de la Géorgie proprement dite.

1° Pierre I", 471.

33°

Talalé.

2° Samuel I", 513-528.

34°

Samuel VIII.

3° Pierre II.

35°

Sarméan.

4 » Samuel II.

36°

Cyrille.

5° TaphtchiagI' r, T>28- : >42.

37°

Grégoire II.

6° Tchimag.

38°

Samuel IX.

7° Dassaba, 542-557.

39°

Georges II.

8° Evlalé, 555-557.

40°

Gabriel I".

9° Macaire, 557-570.

41°

1 lil.iiïiui

10° Simon-Pierre ou Ki 42°

Arsène I er.

rion, 590-604.

43°

Eussouki.

11° Samuel III.

44°

Basile I er.

12° Samuel IV.

45°

Michel I", 947.

13° Samuel V.

46°

David I er.

14 » Barthélémy, 610-642.

47°

Arsène II, 946-976.

15° Jean I er.

48°

Samuel X.

16° Babila.

49°

Simon.

17° Thabor.

50°

Melchisédcch I", 1035

18° Samuel VI.

51°

Chrysostome, 1042.

19° Evnon, 634-663.

52°

Georges III.

20° Taphtchiag II.

53°

Gabriel II, 1073.

21° Evlalé II.

54°

Jean III, 1105.

22° Jovel.

55°

Basile II.

23° Samuel VII.

56°

Épiphane.

24° Georges I er.

57°

Nicolas I er, 1170.

25° Kvirion II.

58°

Michel II, 1185.

26° Izdobosid.

59 »

Théodore I", 1186.

27 » Tév.

60°

Jean IV.

28° Pierre III.

61°

Arsène III, 1218-1226

29° Mania.

62°

Georges IV, 1226.

30° Jean II.

63°

Nicolas II, 1245-1282

31° Grégoire I er.

64°

Abraham I", 1282.

32° Clément,

65°

Euthyme,