Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 6.2.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

U495

GONZALEZ DE SANTALLA

GORDON

1496

le P. Thyrse Gonzalez, qui regardait le probabilisme comme une théorie dangereuse et funeste dont il importait de préserver son ordre, fit approuver son traité par le P. Philippe de Saint-Nicolas, vicaire général de l’ordre des carmes déchaussés, et par le P. Marie Gabriel, visiteur général des cisterciens, tous deux qualificateurs du Saint-Office. Les approbations des deux réviseurs sont de janvier 1694. L’ouvrage parut aussitôt. Le premier soin et le principal souci de l’auteur sont d’établir que le probabilisme. dont il fait remonter l’origine à Antoine de ( m. loue, religieuxde l’ordre de saint François, en 1571, n’a pas pour auteurs les théologiens de la Compagnie, ce qui est rigoureusement exact, qu’il n’est pas non plus une doctrine particulière à la Compagnie, ce qui est vrai encore, et il note avec soin que les premiers adversaires de ce système sont précisément des jésuites, les PP. Ferd. Rebelle, Paul Comitolus et André Bianchi. Le fait est exact pour Comitolus (1609) et pour Bianchi (1612). Mais ce sont les seuls que l’on puisse citer parmi les adversaires du probabilisme jusqu’en 1656 et le P. Thyrse Gonzalez se trouvait en opposition avec la doctrine alors unanimement admise par les membres de la Compagnie. Aussi les cinq reviseurs nommés en 1673 par le Père général Paul Oliva, à qui l’ouvrage était dédié, s’étaient-ils énergiquement prononcés contre la publication du manuscrit dans leur Jugement du 18 juin 1674. Cf. Concilia, Dijesa délia Compagnici di Gesù, Venise, 1767, t. ii, p. 31. Quand parut le décret de l’Inquisition du 2 mars 1679 condamnant par ordre d’Innocent XI les 65 propositions entachées de laxisme, le nonce de Madrid, Mellini, manda au pape qu’un professeur de Salamanque avait combattu quelques années auparavant des propositions condamnées, en particulier la troisième, dans un écrit qui n’avait pu obtenir l’imprimatur. Le pape demanda une copie de l’ouvrage, qu’il fit examiner par deux théologiens. Sur le rapport du P. Lorenzo Brancacci di Laurea, les cardinaux membres du Saint-Office décidèrent en séance du 26 juin 1680 que le cardinal secrétaire d’État enjoindrait au nonce de Madrid de transmettre au P. Gonzalez la satisfaction du souverain pontife avec ordre d’enseigner et de prêcher ses doctrines. Thyrse Gonzalez n’eut connaissance de ce décret qu’en 1693. Envoyé par la province de Castille à la 13e congrégation générale chargée d’élire le successeur du P. Charles de Noyelle, Thyrse Gonzalez fut nommé général de la Compagnie, et cette élection répondait au vœu publiquement exprimé d’Innocent XI. Le nouveau général, dès la première audience accordée par le pape, reçut ordre de faire enseigner le probabiliorisme au Collège romain : le P. Jos. de Alfaro fut chargé de cette mission. En même temps, la 13e congrégation rendait un important décret permettant aux membres de la Compagnie d’enseigner le probabiliorisme. Instilulum S. J., t. i, p. 667.

Aucun auteur jésuite ne soutenant cette doctrine, le P. Thyrse Gonzalez se décida, après quatre années d’attente, à publier lui-même en faveur du probabiliorisme un écrit qui, dans sa pensée, servirait de préface à son traité encore manuscrit du Fundamentum theologiæ moralis. Cet écrit dont les assistants n’eurent point connaissance, mais qui fut soumis à l’examen de quelques jésuites, sans doute Alfaro et Estrix, et approuvé par deux théologiens d’autres ordres, fut imprimé à Dillingen sous ce titre : Trælatus succinclus de reelo usu opinionum probabilium, en 1691. La nouvelle, aussitôt répandue, combla de joie les jansénistes et les ennemis de la Compagnie, qui voyaient dans ce livre la condamnation officielle « de la morale relâchée des jésuites » et qui espéraient bien tirer profit des discussions et des conflits que cet

ouvrage ne pouvait manquer de susciter au sein de l’ordre. Mais comme ce traité n’avait ni l’approbation de la Compagnie ni celle du maître de sacré palais, les assistants intervinrent au nom des constitutions et ni le pape Innocent XII ni le maître du sacré palais ne se montrèrent favorables à cette publication. L’édition fut tout entière supprimée. Mais dans les premiers mois de 1694, avec l’approbation du maître du sacré palais Ferrari, le P. Thyrse Gonzalez put faire paraître enfin son manuscrit de 1671. Tel est, réduit a ses points essentiels, l’historique de cette publication qui a donné lieu à tant de controverses et de jugements souvent peu fondés. Voir, en particulier, l’important ouvrage de Dôllinger et Reusch, Geschichle der Moralstreiligkeiten in der romisch-katholischen Kirche, Nordlingen, 1889, t. i, p. 123 sq., et l’article de Reusch dans Prcussische Jahrbùcher, 1888, t. lxviii : Ein Krisia in Jcsuitenorden, p. 52-83.

Le P. Segneri, qui avait employé son crédit auprès d’Innocent XII pour empêcher la publication de l’édition de Dillingen, fut le premier à attaquer la doctrine du Fundamentum theologiæ. moralis sous forme de lettre adressée à son ami Lattanzio Vajani : Lettera terza nella quale si abbatono i fondamenli d’un nuovo sistema, dans Opère, t. iv, p. 816-854. Rassler, professeur à Dillingen, combattit avec plus d’énergie encore l’ouvrage de Gonzalez dans sa Controversia théologien tripartita de recto usu opinionum probabilium, soutenue publiquement à l’Académie de Dillingen et publiée en 1694. Les ennuis causés au P. Thyrse Gonzalez par la publication de cet ouvrage ne firent que s’accroître et les dernières années de sa vie furent attristées. Dans ses Vindiciæ Socictatis Jesu hiscc lemporibus cjusque doctrinarum purgatio, Venise, 1769, ouvrage très important pour cette question et très curieux, le dominicain Concilia a recueilli vingt-deux documents relatifs au P. Gonzalez qui les avait remis lui-même au cardinal Ferrari. Voir t. iii, col. 701-702. Le P. Thyrse Gonzalez mourut à Rome le 22 octobre 1701.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iii, col. 1591-1602 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit., 1910, t. iv, col. 951 sq. ; Crétineau Joly, Histoire de la C le de Jésus, t. IV, p. 345.

P. Bernard.

    1. GOODWIN Ignace-Jacques##


GOODWIN Ignace-Jacques, jésuite anglais, né dans le Somerset en 1601, entré au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1623, fut employé durant trente années dans les missions d’Angleterre et de Hollande, où son aménité, sa sainteté douce et attirante non moins que sa science profonde et son art merveilleux d’exposer dans toute leur force et leur clarté les vérités de la foi catholique ramenèrent une foule de protestants à l’Église romaine. Il enseigna la controverse, science dans laquelle il était passé maître, et la théologie morale à Liège et mourut à Londres le 26 novembre 1667. Il a laissé un ouvrage de controverse fort estimé : Lapis Lydius eontroversiarum modernarum catholicos intcr et acatholicos, Liège, 1656. Cet ouvrage, destiné aux controversistes de profession, et spécialement aux maîtres de cette science, fut souvent réimprimé en Allemagne, en Bohême, en Pologne.

Sommervogel, Bibliothèque de la C" de Jésus, t. iii, col. 1007 sq. ; Hurter, Nomenelator, 3e édit., t. iv, col. 92.

P. Bernard.

    1. GORDON Huntley Jacques##


1. GORDON Huntley Jacques, jésuite écossais, né en 1541. entré à Rome au noviciat de la Compagnie de Jésus le 20 septembre 1563. Il enseigna pendant près de cinquante ans la philosophie, la théologie et l’hébreu à l’université de Pont-à-Mousson, à Paris et à Bordeaux. Sa haute réputation de sainteté, de science et de prudence le firent choisir par le pape