chrétienne. Gœrres n’avait jamais fait la guerre à l’Église ; mais il n’avait pas su dans ses premiers écrits en apprécier le vrai caractère et le vrai rôle. Comme ses idées politiques, ses idées religieuses allèrent toujours se redressant et s’assagissant ; elles finirent par gouverner tout à fait sa pensée. Déjà, dans le Mercure rhénan, il avait parlé en faveur du pape, et, dans sa brochure : Teutschland und die Révolution, il avait défendu la liberté de l’Église, la hiérarchie ecclésiastique, les jésuites, etc. Dans ses brillants articles du Catholique, il eut pour but avant tout de servir la cause de la religion ; il en fut le puissant et généreux athlète.
< ?e période : 1827-1848. Appelé par le roi Louis I" de Bavière, en 1827, à la chaire d’histoire de l’université de Munich, afin d’en accroître le lustre, Gœrres eut à cœur, dans ses cours publics, dans ses conversations privées, dans ses ouvrages, de rendre à la science, à la politiqu : et à l’art la base chrétienne que l’incrédulité frivole du xvin » siècle avait sapée. Il enseignera dans Munich avec un immense éclat, endoctrinant une foule de disciples, d’auditeurs bénévoles de toutes nations ; il sera le centre du groupe d’hommes éminents qui y présidaient à la grande rénovation religieuse et artistique, les Dœllinger, les Mœhler, les Phillips, les Cornélius, etc. ; il écrira avec sa verve coutumière dans le journal catholique, YEos. Il s’occupa de l’Hexaméron et de la table des peuples de la Genèse : Ueber die Grundlage, Gliederung und Zeitenfolge der Weltgeschichte, Breslau, 1830 ; 2 édit., 1880 ; Die Vôlkertafel des Pentaleuch. I. Die Japheliden und ihr Auszug aus Arménien, Ratisbonne, 1845. Mais son œuvre capitale, sera sa Mystique chrétienne, qu’il méditait depuis Strasbourg et qu’il publia de 1836 à 1842, en quatre volumes : monument de vaste érudition, où l’auteur, resté fidèle à Schelling sur le terrain de la physiologie et de la psychologie, veille soigneusement à ne pas s’écarter du vrai point de vue chrétien ; protestation énergique contre le rationalisme des temps modernes, et qui produisit au delà du Rhin une vive sensation. La Mystique a été traduite en français par M. Sainte-Foi, 5 vol., Paris, 1854-1855. Lorsque, en 1837, l’archevêque de Cologne fut jeté en prison, les idées de toute sa vie sur les rapports de l’Église et de l’État., comme sa vieille haine de l’absolutisme politique, inspirèrent à Gœrres son Athanasius : défense éloquente et vigoureuse de Mgr de Droste-Vischering en même temps que lumineux exposé des principes de droit engagés dans l’alïaire ; l’Allemagne catholique y applaudit. Aux attaques des trois hommes de talent qui se firent les avocats du gouvernement prussien, H. Léo. Marheinecke et Bruno Bauer, Gœrres rispota victorieusement par son livre : Die Triarier, qui donna un mouvement singulier aux esprits en Allemagne et que consacre l’approbation de Grégoire XVI. Sous l’impression des affaires de Cologne, une revue nouvelle avait été fondée : Die hislorisch-politischen Blutler, pour combattre les préjugés et les erreurs hostiles à l’Église et à son histoire dans le monde. Gœrres en fut le zélé collaborateur ; pas un numéro de cette revue dans lequel il n’ait inséré quelque article jusqu’à sa mort. En 1 s l"), il poussa un dernier cri pour l’honneur de l’Église dans son livre : Die Wallfalui nach Trier, à l’occasion des attaques lancées, l’année précédente, contre le pèlerinage national à la Sainte Tunique. Le soir de sa vie fut assombri par les désordres que provoqua le séjour de Lola Montez à Munich, et qui amena, sans atteindre Gœrres lui-même, l’exil de plusieurs de ses amis. Gœrres mourut à l’âge de 72 ans. « Priez pour les peuples, qui ne sont plus rien, » avait-il dit sur son lit de mort ; et encore : « La conclusion est tirée, l’État gouverne, l’Église proteste. »
Les œuvres politiques de Gœrres ont paru à Munich en (i vol., de 1854 à 1860 ; on a publié aussi à Munich
ses lettres en 3 vol., de 1858 à 1874. Une société savante a pris son nom, Die GœrresGesellschaft, et continue son œuvre par des publications importantes.
J. Galland, Joseph von Gœrres, Fribourg-en-Brisgau, 1876 ; Sepp, Gœrres und seine Zeitgenossen, Nordlingen, 1877 ; Kirchenlexikon, t. v, p. 794-802 ; Realencyclopiidie fur protestantische Théologie und Kirche, t. vi, p. 744-748 ; Hurtcr, Nomenclator literarius, Inspruck, 1912, t. v, col. 1125-1128 ; H. Briick, Geschichte der katholischen Kirche im XIX Jahrhundert, 2e édit., Munster, 1903, t. ii, p. 488 sq. et passim ; Gœrres, n. 938 des Contemporains, Paris, 1910.
P. Godet.
GŒTHALS. Voir Henri de Gànd.
- GOLDHAGEN Herman##
GOLDHAGEN Herman, jésuite allemand, né à
Mayence le 14 avril 1713, entré dans la Compagnie
de Jésus le 13 juillet 1735, se fit remarquer de bonne
heure par ses savants travaux sur l’histoire de Mayence
et par ses nombreux ouvrages sur la philologie grecque
et latine, en particulier par ses Insliluliones linguee
latinæ et grsecæ, Manheim, 1750, si souvent réimprimées.
Nommé professeur de théologie à Mayence, il mit à
profit ses vastes connaissances linguistiques pour
rétablir le texte grec du Nouveau Testament contre
les interpolations protestantes ou les leçons arbitrairement
choisies et publia, avec un spicilège apologétique,
Kaivri BiaOrj/r, sive Novum D. N. J. C.
Testamentum græcum cum variantibus lectionibus quee
démonstratif Vulgalam lalinam ipsise græcis N. T. codicibus
hodiedum exlantibus authenticam, Mayence, 1753.
Cf. Zaccaria, Saggio critico, t. ii, p. 462-473. L’ouvrage
a été réédité à Liège, en 1839, par Pierre Kersten. Cf.
Journal de Kersten, t. v, p. 594 sq. Comme suite à ce
travail d’ordre exégétique et apologétique, Goldhagen
releva toutes les erreurs matérielles et les transformations
de textes recueillies dans les écrits protestants
et publia un ouvrage de controverse qui fit grand
bruit en Allemagne : Betrugsanzcige in Rcligionschrijten
als in der Teutschen Uebersctzung der allgemeincn Kirchengeschichlen,
Francfort, 1756 ; Puis. Exegesis calholica
in prsecipuas voces sacræ Scripturæ ab acatholicis alieno
sensu maie explicatas, Mayence, 1757, et un ouvrage
de circonstance fort remarquable par la richesse de
l’érudition et la sûreté de la méthode : Meletema biblicophilologicum
de religione Hebreeorum sub lege naturedi,
ibid., 1759, réimprimé dans le Thésaurus iheologicus de
Zaccaria, t. viii, et dans le Cursus théologies de Migne,
t. xv. Désormais c’est surtout contre le philosophisme
et le théisme que Goldhagen dirigera son effort ; il
s’attachera surtout à réfuter les erreurs du temps et
à défendre les bases mêmes de la foi, préoccupé spécialement
de prémunir la jeunesse des universités et défaire
parvenir jusqu’à elle la substance intacte des saines
doctrines. C’est dans ce but qu’il écrivit son Inlroductio
in sacram Scripluram Vetcris ac Novi Testamenti
maxime contra theislas et incredulos, ibid., 1765, t. i ;
1766, t. n ; 1768, t. iii, puis divers ouvrages destinés
à une diffusion plus grande : Nôthiger Unterricht in
den Religionsgruden gegen die Gefahren der heuligen
Freidenkerei, Manheim, 1769 ; Denkbùchlein gegen die
Gefahren der Zeil, Mayence, 1772 ; Grundlehren des
Christentums aus gôttlicher heiliger Schrifl, ibid., 1771,
1773 ; Schriflmâssige Moral in einem kurzen Auszug der
hierzu dienlichen und erklàrten Schriftstellen, ibid., 1774.
Ce traité contient d’importantes remarques sur les
leçons de morale de Gellert parues à Leipzig, en 1770.
Toujours contre les protestants libéraux et les incrédules
de l’époque, l’infatigable travailleur publiait ses
Vindicise harmonico-critiac etexegelicæ in sacram Scripluram.
. contra recentiorcs bibliomachosel varii nominis
incredulos, ibid., 1774, 1775, puis un ouvrage apologétique
contre les Juifs : Tralætus Rabbi Samuclis errorum
Judseorum indicans circaobservalioncmlegis mosaicæ cl