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GODOY — GŒRRES


amis et censeurs, François de Ayllon et Hyacinthe de Parra, le lui reprochèrent, le premier dans le prologue ad leclorem du traité De Trinitate, le second dans la censure des Disputationcs in 1-"" 1P V. Echard excuse Gonet, en disant que peut-être sans le stimulant que Godoy reçut de la publication du CUjpeus, il ne se serait point décidé à faire paraître son travail, qui eût été ainsi perdu ou qui eût paru sous d’autres noms.

Echard, Scriptores ordinis pnvdicatorum, Paris, 1719, 1721, t. ii, p. 073-671 ; Fontana, Theatrum dominicanum, Rome, 1666, p. 256 ; Mich. Cavalieri, Gallcria de’sommi ponteflei, etc., Bénévent, 1696, t. i, p. 699 ; Ilurter, Nomenclator Uterarius, Inspruck, 1910, t. IV, col. 7 ; Gams, Séries episcoporum, p. 75.

R. Coulon.

GŒPFFERT Georges, jésuite allemand, né à Bischofsheim, dans le duché de Bade, le 8 décembre 1635, entra dans la Compagnie de Jésus le 16 décembre 1656. Après avoir enseigné les humanités à Mayence, la philosophie à Heiligenstadt et à Wurzbourg, il professa successivement la théologie à Bamberg, à Wurzbourg, à Molslieim, à Fulda, devint chancelier de l’université de Bamberg et mourut à Wurzbourg le 14 septembre 1704. Il reste de lui quelques thèses de théologie : Dux et lux divini judicii siv Verbum incarnalum ex be(dissima Virgine natum, Bamberg, 1697 ; JEnigma theologicum ex 1° parle Summæ theologiæ desumptum. Deus unus et trinus, ibid., 1698 ; Thèses theologicæ de inearnati Verbi mysterio, ibid., 1698 ; De prolegomenis et principiis juris canonici, ibid., 1698.

Sommervogel, Bibliothèque de la C’° de Jésus, t. iii, col. 1527 sq. ; Group, Collectio scriptoram Wircebwgentiwn, Francfort, 1754, t. ii, p. 511-526.

R. Coulon.

GŒRRES (Jean-Joseph de), né le 25 janvier 1776 à Coblentz, mort à Munich le 29 janvier 1848, est un des hommes de son temps qui ont le mieux mérité à la fois de l’Église et de leur patrie ; personne, au xixe siècle, ne s’est voué à la défense des droits de l’Église et de la liberté politique et religieuse du peuple allemand avec plus de persévérance et d’éclat. Esprit universel, qui embrassait dans le vaste cercle de ses connaissances les parties les plus diverses du savoir humain, l’histoire et les sciences exactes, la théologie et les sciences naturelles ; âme de feu ; plume fertile autant que ferme et hardie, Gœrres a été, par ses facultés puissantes comme par ses talents variés, le second Leibniz de son pays, et il a exercé en Allemagne une influence considérable sur l’étude des sciences ecclésiastiques. On distingue dans sa vie trois phases, ayant chacune son caractère et sa physionomie propre.

7 re période : 1776-1800. Issu d’une famille bourgeoise aisée, Gœrres fut élevé dans le gymnase de sa ville natale, mais ne put, en raison des événements politiques, suivre les cours de l’université de Bonn, où il avail projeté d’abord d’aller étudier la médecine ; le docte, l’infatigable, le généreux Gœrres sera, par-dessus tout, un autodidacte. En 1794, lorsque les victoires de la République française l’eurent rendue maîtresse de la rive gauche du Rhin et lui eurent ouvert Coblentz, le jeune Gœrres se fit le champion enthousiaste des idées républicaines et les célébra tant par sa vive parole dans les clubs de sa patrie que par de spirituels et mordants écrits, brochures ou articles de journaux ; l’Église catholique et ses institutions n’y furent même pas épargnées. Cette exaltation juvénile, néanmoins, tomba vite ; le mirage des idées républicaines dura peu ; à la clarté de l’orage qui était venu fondre sur Coblentz, Gœrres entrevit bientôt l’immense vanité de ses illusions et, profondément désabusé, il laissa de côté la politique, pour se tourner vers la science et vers l’art.

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

On le vit s’adonner surtout à l’étude des sciences naturelles, et y rester plus ou moins enlacé dans les formules panthéistes de Schelling, dont la philosophie avait fasciné sa jeunesse.

2e période : 1801-1826. Pourvu de la chaire de physique à l’école secondaire de Coblentz, le publiciste d’hier, le laborieux et pénétrant écrivain, après avoir traduit en 1801 les Tableaux synoptiques de chimie de Fourcroy, faisait paraître, en 1803, ses Aphorismen ùb’: r die Organonomic, en 1805, une Exposition de la physiologie, et des Aphorismen ïiber die Organologie, en 1806, les Aphorismen ùber Glaube und Wissen. Cette année même, sur la chaude recommandation d’un savant jurisconsulte, le professeur Thibaut, Gœrres était transféré à l’université de Heidelberg, et y entamait une série de leçons d’histoire et de littérature. Dans son livre des Teulschen Volksbùcher, il excita l’intérêt pour les obscurs et lointains domaines de la vieille Allemagne, et noua d’étroites relations avec les membres de l’école romantique allemande, dont il fut l’un des promoteurs. Mais l’animosité des protestants contre cette école décida Gœrres en 1808 à quitter Heidelberg, et, le projet de l’appeler à Landshut ayant échoué, il reprit sa chaire à l’école secondaire de Coblentz. Là, en poursuivant ses travaux sur le passé de l’Allemagne, il pénétra dans les mythes du monde asiatique et publia, en 1810, son célèbre livre : Die Mylhen(jeschichte der asialischen Well, qui depuis a été dépassé, mais qui fut alors pour les esprits cultivés une révélation. Quelques années plus tard, au commencement de 1814, le patriotisme de Gœrres le ramena dans l’arène politique. Quand l’Allemagne se souleva contre la domination de l’empereur Napoléon I er, Gœrres mit sa plume au service de l’œuvre d’indépendance nationale, et fonda, pour rallumer par son éloquence enflammée le patriotisme des Allemands, une feuille hebdomadaire, le Rheinisehe Merkur. Ce journal acquit très vite une importance extraordinaire, et telle que Napoléon put le tenir pour « la cinquième des puissances coalisées contre lui » Mais, la guerre terminée, l’intrépide journaliste ne désarma pas ; obstinément il demeura l’apôtre de la cause de la liberté des peuples. L’âpreté de langage avec laquelle il dénonçait et flagellait les plaies de l’époque, sans ménager les plus hauts personnages, blessa et irrita les hommes au pouvoir : le 10 jan vier 1816, le Mercure rhénan était supprimé ; Gœrres fut révoqué de ses fonctions d’inspecteur de l’instruction publique. En 1819, il ne laissa pas, dans sa brochure : Teutschland und die Révolution, de stigmatiser l’attitude des gouvernements envers l’Église et de leur rappeler avec sa force coutumière leurs engagements sacrés envers leurs sujets catholiques. Rien ne put arrêter la difïusion de la brochure ; l’écho que ces ardentes revendications trouvèrent dans toute l’Allemagne, en YVestphalie notamment et dans les pays du Rhin, fit sentir aux plus hautes régions du pouvoir la nécessité d’une entente religieuse avec Rome. Devant les menaces et les tracasseries de la police, Gœrres s’enfuit de Coblentz et fixa sa résidence à Strasbourg. Ce fut à Strasbourg qu’il écrivit, en 1820, He’ldenbuch von Iran, et l’année d’après, son Apologie personnelle contre les procédés du bureaucratisme prussien, In Sachen des Rheinprovinz und in cigener Angelegenheit, laquelle parut à Stuttgart en 1822 ; il y prit aussi congé définitivement de la politique par une étincelante et patriotique brochure : Europa und die Révolution ; désormais, il sera tout à la science et a l’Église. Pendant son séjour à Strasbourg, en effet, il apporta une collaboration active et très remarquée à la revue : Der Kalholik, que Bœss et Weiss avaient fondée à Mayence en 1821. De cette époque date, pour Gœrres, sous l’influence de ses relations avec les Liebermann, les Rœss, les Weiss, etc., un pas décisif dans l’évolution

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