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GNOSTICISME


"ExTptouLa, flls de uo^ta et nommé aussi aocpin extérieure, se trouve désormais dans l’ogdoade. Le Christ et l’Esprit-Saint rentrent dans le plérome, rejoignent vouç et àÀY)’8=ta pour glorifier le Père. Philosoph., VI, 31, p. 286-287.

Ainsi délivrés d’une présence importune et pacifiés à jamais, les éons du plérome veulent témoigner leur reconnaissance au Père incréé ; et à eux tous, en donnant chacun le plus pur de leur essence, comme fruit de l’unité, de la paix et de la concorde rétablies, ils produisent l’éon Jésus, le grand pontife, ’Itjctou ;.

Cette théogonie ou éonologie de l’école orientale de Valentin est appuyée de la manière la plus extraordinaire qu’il soit possible d’imaginer sur la Genèse et les Évangiles. On y retrouve les éléments déjà connus de Simon et de Basilide : un premier principe d’émanation, les syzygies, l’éon limite, la chute due à l’ignorance et à l’orgueil, l’ogdoade ; seuls, diffèrent le nom et la distribution des éons, les péripéties de ao^ta et d’k’xiptoaa.

b. Cosmologie. — La sagesse extérieure, ïx.zpu>[j.a, , abandonnée par le Christ et l’Esprit-Saint, se met à leur recherche, remplie de frayeur, et aspire vers eux ; elle se met à les prier. Philosoph., VI, 32, p. 288. La Pislis Sophia donne douze de ces prières qui ne sont que la paraphrase de certains psaumes appliquée aux malheurs d’IxTpcofjLa. Les éons du plérome lui envoient l’éon Jésus qui doit apaiser ses douleurs et la prendre pour épouse. L’éon Jésus trouve la sagesse extérieure en proie à la crainte, au chagrin, à l’anxiété ; il lui enlève ces passions qu’il convertit en essences permanentes : de la crainte, il fait l’essence psychique ; du chagrin, l’essence hylique ; de l’anxiété, l’essence des démons. Et chaque essence devient démiurge. Il y a ainsi le démiurge de l’essence psychique, qui a l’esprit faible et grossier, ne comprend rien à ce qu’il fait, car c’est la sagesse qui agit à sa place ; et il se croit Dieu. Et cette sagesse, de l’ogdoade où elle se trouve, agit partout dans le monde intermédiaire jusqu’à l’hebdomade. Le diable est le démiurge de l’essence hylique, et Béelzébub celui de l’essence démoniaque. Philosoph. , VI, 32-33, p. 289-291. Il est à remarquer que le démiurge de l’essence psychique se trouve dans l’hebdomade ; et c’est très vraisemblablement le Dieu des juifs. Dans ce monde intermédiaire il n’est question que de l’ogdoade et de l’hebdomade, dont a parlé Basilide. L’école valentinienne admettait-elle les 365 cieux ?

c. Anthropologie. — C’est la partie sacrifiée du système. L’homme étant un composé d’âme et de corps, il s’ensuit que son âme vient du démiurge de l’essence psychique, et son corps du démon, le démiurge de l’essence hylique. Ce dualisme d’origine est une conception bizarre. Mais Valentin partageait les hommes en trois catégories : l’homme hylique l’homme psychique, et l’homme pneumatique. L’hylique est matériel et sert d’hôtellerie au diable, à tous les appétits grossiers : c’est le païen dont le sort est fatalement voué à la destruction. Le psychique, bien que possédant une âme supérieure, est ignorant comme le démiurge dont il est la création : c’est le chrétien, qui peut descendre vers l’hylique ou s’élever jusqu’au pneumatique, se perd dans le premier cas, se sauve dans le second. Il ne possède que la foi, il n’a pas la gnose, et c’est celle-ci qui est le moyen du salut. Le pneumatique est l’homme parfait par excellence ; il reçoit du Verbe, de Jésus et de la sagesse des semences d’immortalité, c’est-à-dire la gnose ; il est élu dès le principe ; il est assuré de son salut. Philosoph., VI, 34, p. 291-249.

d. Solériologie. — Le système valentinien comporte une triple rédemption : celle du plérome, du monde intermédiaire et du monde terrestre. Dans le plérome, nous l’avons déjà indiqué, le trouble avait été intro duit par aosîa ; ses désirs indiscrets, fruits de l’ignorance et de l’orgueil, avaient abouti à la production d’un avorton. Et ce fut le couple Christ et Saint-Esprit qui réparèrent sa faute et rétablirent la concorde et la paix. Dans le monde intermédiaire, soit dans l’ogdoade où a été relégué Vh-o">[j.a, soit dans l’hebdomade où se trouve le démiurge, la rédemption s’opère par le fruit commun du plérome l’éon Jésus, qui épouse Iy.-pro ; xa, la sagesse extérieure, et lui communique la gnose supérieure. Et eV.Tptoua, à son tour, communique cette science supérieure au démiurge ignorant de l’hebdomade. Reste notre monde. Le Sauveur est ici un autre Jésus, bien différent de celui qui rachète le monde intermédaire. Le Jésus qui rachète notre monde ne doit rien au plérome ; il est uniquement redevable de sa formation d’abord à ey.Tp<ojji « , l’épouse du premier Jésus, qui lui communique quelque chose de l’ogdoade, et ensuite au démiurge, qui lui communique quelque chose de l’hebdomade, et enfin à la Vierge Marie, qui lui communique quelque chose de la création terrestre. Ce Jésus, sauveur de notre monde, qu’est-il en réalité ? Sur la nature de son corps, on ne s’entendait pas parmi les disciples de Valentin. Pour ceux de l’école italique, c’était un corps psychique, c’est-à-dire ne renfermant qu’une âme psychique ; pour ceux de l’école orientale, c’était un corps pneumatique, c’est-à-dire animé par une âme pneumatique. Philosoph., VI, 35, p. 296. Quelle était la véritable pensée de Valentin ? On l’ignore. Quels hommes ce Jésus est-il venu sauver ? Apparemment les seuls psychiques, puisque d’une part les hyliques sont fatalement perdus par leur nature et que, d’autre part, les pneumatiques sont certainement sauvés par leur qualité de gnostiques. Et comment les a-t-il sauvés ? Par la réalité des souffrances, par une expiation sanglante ? Ce n’est pas à croire, el bien que rien ne fasse ici allusion au docétisme, le docétisme était trop dans l’esprit du gnosticisme pour que le système valentinien ait fait exception. Selon toute vraisemblance, et conformément au principe de similitude qu’on trouve dans chaque système, le Jésus terrestre a sauvé les hommes comme le Jésus du monde intermédiaire et comme le couple, Christ-Saint-Esprit, du monde supérieur, par la simple communication de la gnose, par l’illumination de la science. c. Eschatologie. — Il ne saurait être question du corps, mais seulement de l’âme. « Si l’homme psychique, dit l’auteur des Philosophoumena, VI, 32, p. 290, se rend semblable à ceux qui sont dans l’ogdoade, il devient immortel, il monte dans l’ogdoade, qui est la céleste Jérusalem. Si, au contraire, il se rend semblable à la matière, il se corrompt et périt. » Et voici, d’après un extrait de Théodote, Excerpta Thcodoli, 63, P. G., t. ix, col. 689, la nature de ce bonheur dans l’ogdoade : « Les pneumatiques se reposeront dans le monde du Seigneur, c’est-à-dire dans l’ogdoade qui est appelée Seigneur. Les autres âmes (celles des psychiques sauvés) demeureront dans l’hebdomade avec le démiurge jusqu’à la fin des temps ; alors elles monteront aussi dans l’ogdoade, et là se fera un festin splendide, le festin des noces de tous ceux qui auront été sauvés jusqu’à ce que toutes choses soient devenues égales pour tous, et que tous les élus se connaissent les uns les autres. » Les psychiques sauvés ne seront donc admis au bonheur de l’ogdoade qu’après un long séjour dans l’hebdomade, séjour qui est épargné aux pneumatiques. « Alors les pneumatiques, ayant dépouillé l’âme psychique, recevront les anges pour époux, comme leur mère elle-même a reçu un époux, ils entreront dans la chambre nuptiale qui se trouve dans l’ogdoade en présence de l’Esprit (c’est-à-dire de Sophia et de Jésus) ; ils deviendront les éons intelligents, ils participeront à des noces spirituelles et éternelles. » Excerpta Theodoti, 64, P. G., t. ix, col. 689.