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EPHESIENS (EPITRE AUX’108

Eph., I, 22, 23, et Rom., xii, 5 ; I Cor., xii, 0 ; Eph., 11, 5, et Honi., V, 6 ; Epli., iii, 4, et Rom., v, 1, etc. — b. Langue et slijle. — Pour le vocabulaire, il y a, dans cette Épître, 22 mots propres à saint Paul et non usités dans le reste du Nouveau Testament : àyaOïi)(j-jvT), V, 9 ; à).r|6£-jEiv, VI, 15 ; àvay.eçaXaiovffJai, l, 10 ; àve^r/viao-TOÇ, iii, 8 ; à/iAÔTV) ;, VI, 5 ; àppaêo’)V, I, 14 ; kTi.yjù^-i]-([(x, IV, 16 ; e-Jvcii’a, vi, 7 ; c’jœSc’a, V, 2 ; 9à).7t£iv,

V, 29 ; x31(j.TUTEiv, lll, 14 ; 7re71016r|(71ç> iii, 12 ; TteptxcçaÀaia,

VI, 17 ; TiXeovéxTïiç, v, 5 ; Koir).a., ii, 10 ; Troea-êe-Jeiv, VI, 20 ; TrposToijxâîeiv, ir, 10 ; TipoTaY^Yri, II, 18 ; upo-T [’6Ê(j6ai, I, 9 ; utoBsuia, i, 5 ; ÛTtspSi/./ov, i, 19 ; ii, 7 ; vTtEpsxTtept’T’TO’j, III, 20. La conjonction apa o-Jv, que saint Paul est seul à employer et qui se lit douze fois dans ses Épîtres, se rencontre ii, 19. Ato, une conjonction favorite de saint Paul, est employée cinq fois ici. On y retrouve les figures de mots et les particularités de style de l’apôtre. Cf. Ewald, Die Briefe des Paulus un die Epheser, Kelosser und Philemon, Leipzig, 1905, p. 42-47.

2. Preuves indirectes.

Elles consistent dans l’explication des particularités de doctrine et de langue qu’on oppose à l’origine paulinienne de cette Épître. — a) Solution des objections tirées de ta doctrine. — On a renoncé à voir des traces de gnosticisme dans l’emploi des mots « plérôme » et « éons » . « C’est Paul lui-même, non ses adversaires, qui emploie ces termes, et c ?la en des sens différents de ceux qu’ils auront chez les valentiniens. Ce sont les gnostiques qui ont emprunté ces mots à saint Paul, tout comme ils ont pris à saint Jean ceux de Logos, Zoé, etc. » Mgr Ducliesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1906, t. ii, p. 75, note 1. Les doctrines sur le Christ et l’Église, exposées dans cette Épître, ne sont pas absolument nouvelles’relativement à celles des Épîtres authentiques de l’apôtre. Jésus-Christ, il est vrai, occupe ici une place prédominante qu’il n’a pas dans les autres lettres ; mais toutes les attributions, mises ici au premier plan, sont énoncées ailleurs par saint Paul en termes presque identiques, et, quand les expressions sont différentes, elles expriment les mêmes idées. L’apôtre admet la préexistence du Christ et sa filiation divine, distincte de la filiation purement messianique. Le participe rij aT !.r]p.Bvo :, i, 6, est sans doute inusité ailleurs. On le rapproche souvent de l’adjectif verbal àyaTT/]TÔi :, pris substantivement pour désigner le Fils bien-aimé du Père. Mais ce participe pourrait avoir un autre sens, et Ewald, op. cit., p. 72, l’explique : « celui qui est aimé de nous » , en observant que cette explication répond parfaitement à la pensée de saint Paul dans la doxologie du début de sa lettre. Pour l’apôtre, le Christ est, comme ici, l’auteur de la création, I Cor., viii, 6 ; le centre de tout, I Cor., XV, 28 ; le principe de la sanctification. I Cor., XV, 45-49 ; Rom., VIII, 18-23. Le Christ, ayant reçu la plénitude de la divinité, agit comme Dieu, dans l’œuvre de la création aussi bien que dans celle de la rédemption ; il est le centre de l’univers et le principe moral de la vie clirétienne comme il a été le principe de toutes les créatures. Puisque Dieu réalise en lui et par lui sa pensée éternelle, il est l’organe de l’action divine, et il occupe dans l’univers une place royale et souveraine. Dans toutes les Épîtres de saint Paul, la résurrection a la même efficacité que la mort du Christ, qu’elle suit et dont elle est inséparable. Quant à l’Église, elle n’est pas composée de juifs et de païens, comme si ceux-ci avaient part aux privilèges des juifs. Le mur de séparation qui est détruit, les affranchit tous de la loi mosaïque et met les uns et les autres sous le régime de la grâce : ce qui est du paulinisme le plus pur. Si, dans cette Épître, le mot’ExxXrjai’a est employé au sens collectif et abstrait, on le retrouve pour désigner la réunion des communautés chrétiennes, I Cor., xv.

9 ; Gal., i, 13 ; Phil., iii, 6, ou même l’Église idéale, ICor., x, 32 ; xii, 28, avec des détails qui correspondent à ceux d’Eph., iv, 11. L’unité de l’Église, si nettement affirmée ici, est indiquée ailleurs. I Cor., XII, 13 ; Rom., xii, 5. La relation du Christ, tête de l’Église, avec ce corps, Eph., i, 23 ; iv, 15, est exprimée par la métaphore du principe vital, qui agit dans l’Église. I Cor., vi, 17 ; xii, 12. Le Christ est dit la tête de l’homme. I Cor., xi, 3. Les chrétiens forment un seul corps dans le Christ, Rom., xii, 4, 5, et sont le corps du Christ. I Cor., xii, 27. Le salut, que le Christ a procuré aux individus par sa mort et sa résurrection, s’étend à tout le corps mystique du Christ qui est l’Église comme aux membres de ce corps. Cette constitution de l’Église par l’union des juifs et des païens dans le Christ est pour saint Paul un secret dessein de Dieu, conçu de toute éternité. I Cor., II, 7-10 ; Rom., xvi, 25, 26. La définition nette et précise de ce mystère est donnée seulement dans l’Épître aux Éphésiens, iii, 8-11. S’il y est dit que ce secret dessein a été dévoilé au mçnde par les apôtres et les prophètes du Nouveau Testament, l’auteur revendique, comme Paul, une connaissance spéciale de ce mystère, qui constitue précisément l’Évangile dont Paul est le héraut, et pour lequel il est enchaîné. La doctrine développée dans cette Épître n’est donc pas entièrement nouvelle et ne forme pas disparate avec le véritable paulinisme. Fussent-ils même absolument nouveaux, ces enseignements ne seraient pas nécessairement à rejeter comme non pauliniens, à moins de prétendre que l’apôtre a dû toujours répéter les mêmes vérités. N’ayant jamais fait un exposé complet et systématique de sa pensée, saint Paul la livre selon les circonstances et les besoins spirituels de ses lecteurs, et il n’est pas nécessaire de recourir, avec Auguste Sabatier, à un progrès, réel et véritable dans la doctrine apostolique. Les doctrines spéciales de l’Épître aux Éphésiens peuvent donc être considérées comme le développement logique de pensées émises dans les lettres antérieures, et rien, de ce chef, n’oblige à refuser à l’apôtre la paternité de cette lettre.

b) Solution des objections tirées de la langue et du style. — a. Vocabulaire. — La liste de 75 mots, qui seraient des anx ? "/.Evôjxeva en saint Paul, doit être allégée des mots employés dans les Épîtres pastorales, si on les tient pour l’œuvre de l’apôtre : àyauiv, ! Tim., II, 14 ; à/.’jiTi ;, II Tim., 1, 16 ; àG-( » Tia, Tit., i, 6 ; Staêo/.o ;, ITim., III, 6, 7 ; II Tim., II, 26 ; £ÙaYrs>"7’^i ; » ^ Tim., IV, 5 ; Ttaioeia, II Tim., iii, 16. Il faut choisir entre k-KÙ.Tiiiii^ et àua).- ; ?’/, qui ne sont que deux variantes du même passage, Eph., iv, 19, et pas deux mots employés par l’auteur.’ÀTraç, Eph., vi, 13, se trouve Gal., III, 28, d’après de bons documents ; d’ailleurs, dans l’Épître aux Éphésiens, on lit 51 fois 7tâ ;, que saint Paul emploie constamment. Il faudrait retrancher aussi de cette liste aîyjjLaXwTEjïtVj-j’i/or, ôpyt’ÇE(T6ai, (TWTTipiov, Tiiiâv, ÈTttçayiTXEiv, qui se rencontrent dans des citations de l’Ancien Testament, si l’on ne veut pas soutenir que l’auteur aurait dû corriger le texte des Septante d’après son propre vocabulaire. On ne peut guère citer comme caractéristiques des termes pris dans leur sens usuel, comme avE|j.or, (iStop, ôo-cp-J ;, 7repi !  ; (ûvvj ; j.t, ’jTroSEÏaOai, TC/.aTo ; (à côté de’j’io ;), , aÉyEÔoç, fj-axpctv (à côté de Èyyû ;), àjxçÔTEpo !, àTiEtXri ; c’est par pur hasard que saint Paul ne les a pas employés dans ses Épîtres authentiques. Il en est de même pour aroXoc, p’-iTc ;, v, 27, et xp-j(pr, , v, 12. Les termes spéciaux de l’armure du chrétien, navou), ; a, Ouoeôç, ’^ilri, vi, 11 ; 13, 16, tiennent au sujet traité ; ces images militaires ont d’aillcursleurs analogues, IThes., v, 8. ni>, o, Eph., VI, 12, ressemble aux comparaisons de 1 Cor., ix, 24, 25, Phil., III, 14 ; II Tim., iv, 7, 8. On ne peut guère comp-