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ÉPHÈSE (CONCILE D’)


tait exactement les attributions du pouvoir séculier et les droits de l’Éf^lisc. Candidien devait veiller à l’ordre extérieur ; il ne devait point prendre part aux discussions, « car à ceux qui ne sont pas évêqucs il est interdit de s’immiscer dans les débats ecclésiastiques. » Mansi, t. iv, col. 1119 ; Le livre d’Héraclide, p. 101-102.

Le pape, du reste, fut l’auteur de ce qu’on peut appeler la convocation formelle, par le fait qu’il approuva la réunion de l’assemblée, s’y fit représenter par les légats et en traça le programme. Dans une lettre à l’empereur, il loue celui-ci de son zèle pour la foi et ajoute : Hinc sijnodo, quant esse jiissislis, nostram præsenliani in liis qiios misinnis exhibemus. Mansi, ibid., col. 1291. Il trouve que l’initiative impériale pourra avoir d’excellents résultats : Indifficulter est ecclesianim et catholicee fidci speranda tranquillilas, quando pro hac laborare christianissimos principes sic videmus ; non est ineffieax in divinis maxime causis cura regalis, qiise pertinet ad Deiim. Epislola ad Cijrilliim, Mansi, t. iv, col. 1292.

On peut regretter la déplorable division qui se produisit entre les partisans de saint Cyrille et ceux de Jean d’Antioche ; mais cette division n’ôte point au vrai concile l’œcuménicité de célébration, car : 1° les Pères réunis sous la présidence de saint Cyrille, à la ! ’' session comme aux suivantes, l’emportaient de beaucoup sur les absents et les schismatiques par le nombre et la valeur représentative. Ceux-ci ne furent jamais qu’une infime minorité ; ceux-là ont conscience de représenter la catholicité, et ils le disent hautement, Mansi, t. iv, col. 1239, 1299, 1335, 1426, 1434, 1461 ; 2° le pape a présidé par ses représentants le concile des Orthodoxes ; il n’a participé en aucune manière à l’assemblée des Orientaux ; il a reconnu que le concile qui a condamné Nestorius représentait l’univers catholique, congregatum ex omni pêne miindi parle concitiiim, Mansi, t. v, col. 276 ; 3° s’il y a eu quelque chose d’irrégulier dans la P^ session, voir Le livre d’Héraclide, p. 98-100, cette irrégularité a disparu par le fait que les légats du pape ont fait lire en leur présence, à la iii’^ session, les actes de la V, et ont tout approuvé et confirmé.

La confirmation papale n’a pas manqué au concile d’Éphèse. Les théologiens distinguent trois sortes de confirmations : la confirmation antécédente, par laquelle le pape fixe à l’avance au concile l’objet de ses décisions ; la confirmation concomitante, lorsque par lui-même ou par ses représentants attitrés le pontife romain participe au vote conciliaire, au moment où il se produit ; la confirmation subséquente, qui est la confirmation au sens propre du mot, et se produit après le concile. Voir t. iii, col. 655-656. On peut dire que le concile d’Éphèse a reçu cette triple confirmation. En effet : 1° le pape a chargé le concile d’exécuter les décisions prises par lui au concile romain de 430, Mansi, t. iv, col. 1287 ; voir plus haut, t. iii, col. 653-654 ; 2° par ses légats, il a approuvé et confirmé ce qui s’était fait à la i^ session, c’est-à-dire la condamnation de l’hérésie nestorienne et la déposition de son auteur ; 3° après le concile, il a écrit à celui-ci une lettre que les historiens, beaucoup du moins, ne paraissent pas avoir suffisamment remarquée. Dans cette lettre, datée du 15 mars 432, Célestin reconnaît que le concile a fidèlement exécuté ses volontés en ce qui touche Nestorius : Hujusce tam fidcliler peractæ rei vos executores nobiscum videmus juisse fidei defensores… obtinui quod credidi, quia contra nocentes alque perversos, innocentes et recti adhœseruni mihi. Mansi, t. v, col. 266, 267. Mais il n’approuve pas la sentence qui a été portée contre Jean d’Antioche et les siens. Il a sans doute découvert sous le zèle des Pères contre, les schis matiques quelques indices de querelles personnelles et quelques poussées des passions humaines. Ne regardant qu’aux intérêts supérieurs de la foi, il ne veut condamner que les hérétiques obstinés, et l’on ne saurait dire que les Orientaux, la plupart du moins, sont hérétiques. Il faut dès lors user de longanimité à leur égard et imiter l’exemple que Célestin a donné dans l’affaire des pélagiens, c’est-à-dire leur laisser ouvert le chemin du retour. Qu’on écrive à Jean d’Antioche pour le ramener et lui faire condamner l’hérésie : De his autem qui cumNestorio videntur pari impietate sensisse, alque se socios cjns sceleribus addiderunl, quamquam legatur in cas vestra sententia, tamen nos quoque dcccrnimus quod videtur. Mulla perspicienda sunt in lalibus causis quse apostolica sedes semper aspcxii… Antiochenum vero, si habet spem correctionis, epistolis a vestra fraternilale volumus conveniri. Mansi, t. v, col. 269. On ne saurait trop admirer la sagesse de cette décision, dont la réconciliation de 433 sera l’heureux fruit. Voir t. iii, col. 457.

A propos de la présidence du concile, il faut remarquer que ce ne furent pas seulement les trois légats Arcadius, Projectus et Philippe, qui représentèrent le pape ; ce fut aussi saint Cyrille. Bien qu’on ne voie nulle part que saint Célestin ait délégué expressément î’évêque d’Alexandrie pour tenir sa place dans l’assemblée et la présider en son nom, les actes répètent régulièrement, au début des sessions, même après l’arrivée des légats, que Cyrille tient la place de I’évêque de Rome, KypiXÀo’j’AÀslavSpï-a ; StéTiovio ; xat TÔv T^Trov Toîj âyioiTotToy -/a ; oiricoTiTci’j è~i(r/.ô~o’j xriç’Pcoixauov’Ey./.).r|(T ; aç. Mansi, t. IV, col. 1123, 1279, 1305, 1341 ; cf. t. v, col. 602, 688 ; Le livre d’Héraclide, p. 117. C’est aussi Cyrille qui signe le premier ; les autres légats viennent ensuite, mais les trois ne souscrivent pas toujours l’un après l’autre, ni dans le même ordre ; le prêtre Philippe précède parfois ses deux collègues évêques. A la iv session, Juvénal souscrit avant les légats. Mansi, t. iv, col. 335, 1329. Dans ses lettres ofiicielles, le concile reconnaît Cyrille comme son chef, Mansi, t. iv, col. 1462 ; il déclare que Cyrille représente I’évêque de Rome et les Africains : Nam et magnæ Romse episcopus sijnodo simul interest et Africani per piissimum archiepiscopum Cyrillum. Mansi, ibid., col. 1426.

Toutes ces déclarations ne s’expliquent que si l’on admet que la délégation donnée par le pape à Cyrille en 430, avant qu’il fût question de concile général, a persévéré, tant que l’affaire de Nestorius n’a pas été réglée. De fait, on ne voit pas que Célestin ait retiré à Cyrille les pleins pouvoirs dont il l’avait précédemment investi ; plusieurs passages de ses lettres insinuent plutôt le contraire. Les trois légats reçoivent pour instruction de se tenir étroitement unis à Cyrille, ad fralrem et coepiscopum nostrum consilium vestrum owne converlite, el quidquid in ejus viderilis arbilrio, facietis. Mansi, ibid., col. 556. Dans la lettre qu’il lui écrivit avant le concile, le pape dit à Cyrille : Tuie sil sanctilalis cum venerando fratrum consilio, ul orli in Ecclesia strepilus eomprimantur. Mansi, ibid., col. 1292. On est sans doute étonné de voir les légats exiger qu’on relise devant eux lès actes de la pesession, afin de les confirmer, ivaps^atoiiTiû^Ev ; mais il faut se souvenir que le pape leur avait expressément donné cet ordre. Mansi, ibid., col. 556. Célestin trouvait la foi de Cyrille irréprochable : Alexandrinæ Ecclesiae sacerdotis fidem et probavimus et probamus, disait-il dans sa lettre à Nestorius, Mansi, t. IV, col. 1034, mais il semble qu’il le jugeait moins apte, à cause de son caractère personnel et de ses démêlés avec Nestorius et l’empereur, à représenter le siège apostolique avec la sérénité et l’impartialité voulues. C’est pourquoi, tout en laissant le premier