3 » Les 28 Didiones, col. 263-308, mélange^bizarre de profane et de sacré, comprennent dix déclamations d’école, controversio’, sur des sujets convenus et comme traditionnels, cinq discours de morale païenne, ethicæ, suasorise, des modèles de sermons, l’un, entre autres, pour l’anniversaire du sacre de l’évêque de Milan, Laurent, vers 505, etc. Tout ou presque tout y est empreint fortement de pure rhétorique, et rien n’y sort de l’ornière.
4° Quant aux poésies d’Ennodius, col. 309-362, le P. Sirmond les a partagées en deux livres. Le 1. 1^ comprend 21 petits poèmes, presque tous de circonstance, entre autres, deux récits de voyages, un épithalame d’une grande variété de mètres et d’un ton peu chrétien, un panégyrique de saint Épiphane à l’occasion du trentième anniversaire de son épiscopat, en 496, douze hymnes religieuses, consacrées pour la plupart à la sainte Vierge et aux saints, mais qui, ce semble, n’ont pas trouvé place dans la liturgie. Le 1. IL’contient 151 pièces, très courtes : épitaphes, inscriptions pour des églises, des baptistères, des statues, éloges d’évêques et de saints, épigrammes dont l’extrême licence rivalise parfois avec celles de Martial, etc. Dans tout ce fatras, il n’y a pas une étincelle de poésie vraie.
Après l’édition incomplète et sans ordre de Grynæus, dans les Orthodoxographi, Bâle, 1569, p. 269-480, l’édition bien meilleure du P. Sirmond parut en 1611, à Paris, in-S". Elle se retrouve, notamment, dans les Œuvres du P. Sirmond, t. I, dans la Bibliothèque de Galland, t. xi, p. 47218, dans /’. L., t. lxiii. Deux nouvelles éditions complètes ont été publiées, l’une par G. Hartel, Corpus script, eccl. lat.. Vienne, 1882, t. vi, l’autre par Fr. Vogel, Monumenta Germania : Iiistorica, Auct. anliquiss., Berlin, 1885, t. vu. M. St. Léglise a entrepris de traduire en français les écrits d’Ennodius ; le t. i, contenant les lettres, texte et traduction, a paru, in-S". Paris, 1906 ; Acla sanctorum, t. iv julii, p. 271 sq. ; Histoire littéra ire de la France, t. iii, p. 96 ; Fertig, Ennodius und seine Zeil (progr.), i, Passau, 1855 ; ii et iii, Landshut, 1858, 1860 ; C. Tanzi, La cronologia degli scritti di M. F. Ennodio, Trieste, 1889 ; Magani, Ennodio, 3 in-8°, Pavie, 1886 ; B. Hasenstal, Studien zu Ennodius (progr.), in-S", Munich, 1890 ; A. Ebcrt, Histoire de la littérature du moyen âge en Occident, trad. franc., Paris, 1883, t. i, p. 461-469 ; J.-J. Ampère, Histoire de la France avant Charlemagne, Paris, 1867, t. ii, p. 194 sq. ; Bardenhewer, Les Pères de l’Ëglise, nouv. trad. franc., Paris, 1905, t. iii, p. 160-162 ; Realencyclopiidie, t. v, p. 393 ; Hurler, A’omenclalor, 3e édit., 1903, 1. 1, col. 480-483.
P. Godet.
- ENSABATÉS##
ENSABATÉS. Voir V.udois.
- ENTHOUSIASTES##
ENTHOUSIASTES. Beaucoup de protestants modernes
comprennent sous ce nom tous ceux qui,
dans le christianisme, furent, ou se crurent, l’objet de
faveurs particulières de Dieu, et dirigèrent leur vie,
non seulement d’après les enseignements, communs à
tous les chrétiens, de l’Écriture et de l’Église, mais
d’après les inspirations miraculeuses qu’ils reçurent, ou
crurent recevoir, du ciel. Sont ainsi rangés parmi les
enthousiastes, dans un gracieux pêle-mêle, à la suite
des prophètes d’Israël, les apôtres et saint Paul en particulier,
tous les mystiques de la iirimitive Église, du
moyen âge et des temps modernes, orthodoxes aussi
bien qu’hérétiques ; salnlcThérèscetla B. Marguerite-Marie
sont des enthousiastes comme les camisards et
les quakers. Cf. la bibliographie et les textes cités par
K. Thieme, art. Verziickung de la licalencyklopâdie filr
^rolestantisclie Théologie, t. xx, p. 586 sq.
D’ordinaire, le mot est pris dans un sens péjoratif et désigne ceux qui, sous prétexte d’inspirations directes de Dieu, se dérobent à la direction des autorités spirituelles. Ainsi Théodoret, parlant des massaliens : On les appelle enthousiastes, parce que, soumis à l’influence d’un certain démon, ils le prennent pour
DICT. DE TllÉOL. CATIIOL.
la présence en eux de l’Esprit-Saint, » b/fioximxcra : yàp y.aXoûvrai, oaijjiovô ; tivoç âvIpYstav etiSsyôiJievot, y.a Ttvs-jjjaTo ; âyiou Ttxpouijîav -or-jT’/iv viiola^.fjy.io-JXîz. Et il les montre se détournant du travail des mains comme d’un vice, se donnant au sommeil, et prenant les fantaisies de leurs songes pour des prophéties. H. E., 1. IV, c. X, P. G., t. Lxxxii, col. 1144.
Les premiers protestants sont restés, sur ce point, fidèles à l’usage antique. Ainsi l’art. 8 de Smalcalde dit : Præmuniamus nos adversum enihousiastas, id est spiritiis qui jactitant se, ante vcrbum et sine verbo, spirilum habere, et idco Sciipluram, sive vocale vcrbum judicanl, flectunt et rejlectnnt, pro lubitu. En vertu de cette notion, la papauté est donnée comme « un pur enthousiasme » , merus enihusiasmus, le pape prétendant que « tout ce qu’il pense et ordonne dans l’Église est juste et bon, quand bien même il déciderait contrairement à l’Ecriture. » Adam et Eve furent des « enthousiastes » au paradis terrestre, parce qu’ils se laissèrent entraîner « loin des préceptes formulés par Dieu même, vers leurs opinions propres et leurs inspirations personnelles. « Même doctrine dans la Formule de concorde, part.I, c. ii, a. 4, 6 ; part. II, c.ii, a. 6. Libri symbolici Ecclesiæ lutheranæ Leipzig, 1847, t. II, p. 34 ; t. iii, p. 28, 99, 118.
Luther a appliqué le qualificatif d’cnthousiasles aux « prophètes célestes » et autres illuminés qui se refusaient à suivre sa direction, aux sacramentaircs. SàmmtlicheWerke, Erlangen, 1826 sq., t. lxiii, p. 387. Mélanchthon traite de « fanatiques » les enthousiastes pour qui « l’Esprit-Saint est donné, ou est efficace, en dehors de la parole de Dieu, et qui pour cette cause méprisent le ministère de l’Évangile et des sacrements. » Confess. August. var., a. 5, dans Corpus rcformalorum, t. xxvi, col. 354 sq.
Au xviiie siècle, on traita d’enthousiastes les méthodistes dans leur ferveur première. Aujourd’hui, encore, on donne le même nom aux adhérents de ces revivais. qui secouent les foules protestantes, et créent parfois aux autorités spirituelles et temporelles de si sérieuses difficultés. M. A. Mattcr est dans la tradition des premiers protestants, quand il écrit : « En théologie, on a parfois appelé enthousiastes les mystiques ou fanatiques qui se fondent sur une lumière intérieure pour négliger les enseignements de l’Écriture sainte. » £/ ! cyclopédie des sciences religieuses de Lichtenbergcr t. IV, p. 435.
J. DE LA Servière.
- ENTYCHITES (Eutychites)##
ENTYCHITES (Eutychites). Le premier auteur
ecclésiastique qui nous révèle l’existence de ces
sectaires, c’est Clément d’Alexandrie, et encore ne
le fait-il qu’en passant, ; l’endroit des Stromales où
il note que, parmi les sectes, les unes tirent leur nom
de leur fondateur, les autres de l’endroit où elles ont
vu le jour, comme les pérates, de la nation à laquelle
elles appartiennent, comme les phrygiens, d’autres
encore de leur manière de vivre, comme les encratites,
de leurs croyances spéciales, comme les docètes et les
hématites, de l’objet de leur culte, comme les caïnites
et les ophites, d’autres enfin des impiétés qu’elles
osent perpétrer, comme les partisans de Simon, dits
entychites : aî ôï àç’d)-/ Tiapavôij.ro ; è-iTr/.z’j’ji’i TE Y.oà
èTo)a(-|Tav, (.> ; thiv "H’.'i.i.fifx/i, )/, r, ifz-jy-x y.a)o’j|jsvoi.
Slrom., Vn, 17, P. G., t. ix, col. S.^l. Et le seul auteur
qui, après Clénientd’.Mexandrie, mentionne cette secte
pendant la période palrislique, c’est Théodoret, qui
la signale parmi celles qui sont sorties « de la racine
très amère de Simon.’Hæret. fab., i, 1, P. G., t. lxxxiii
col. 345.
Selon la lecture de Potier, dans le texte et les notes des.SlronuUrs, il s’agit de personnages appelés i/r-j/i-Tat. Que peut bien signifier ce mol ? D’après la précision de Clément d’Alexandrie, ce terme ne fait pas la
V. - 5