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EUCHARISTIE AU XIP SIÈCLE EN OCCIDENT


chement composé à Innocent III en 1199, De rébus a se gestis, iii, 18, édit. citée plus haut, p. 119 : Qiiœritur si aqua transsubstanliatur in sanguinem. Item qaseritur si fada sit transsubslantialio partis in carnem. Gemma ccclesiastica, i, 8, édition citée, p. 17 et passim.

19. Garnier de Rochefort, cistercien, évêque de Langres : Ilanr igiliir spcciem panis et vini in corpus Christi transsubstantiatam miraris. Numquid ipse est quid transfiguratus est ? Scrm., xviir, P. L., t. ccv, col. f)87. Mêmes expressions dans le traité Contra amaurianos, écrit en 1208 an plus tôt, et vraisemblablement en 1210, par le même Garnier, comme tout porte à le croire. Bæumker, op. cit., p. 12-18 : Transsubstanliatur ergo panis et innum in corpus et sanguinem Christi. Et quid mirum… substantia panis verlitur in substanfiam carnis ; unde et illa conversio proprie transsubstantiatio nominatur, c. xi, xii, p. 60, 63 de l'édition de Bæumker, Ein Traklat gegen die Almaricianer, Paderborn, 1893.

20. Prévostin, qui écrit sa Somme vers 1200 et est chancelier en 1206, emploie continuellement les mots transsubstantiatio et transsubstantiare dans son chapitre sur l’eucharistie. Dans le manuscrit de Bruges 237 : une des seules rubriques porte comme titre : De verbis quibus fit transsubstantiatio, fol. 81. Gillmann a constaté l’emploi du mot 57 fois dans les manuscrits de Vienne 1501 et d’Erlangen 353. Der Katholil ;, 1910, t. II, p. 77.

21. Etienne de Langton. avant son élévation au siège de Cantorbéry en 1208, fait souvent usage du mot : Item iste panis transsubstantiatur… dicimw ! f/uod transsubstantiatur in totum Cltristum… Quselibcl pars transsubstantiala. etc. (ms. cité de Bramberg, fol. 68).

22. Simon de Tournai, vers la fin du siècle, dans sa Summa ou Institutiones : Quod genus mutationis qum fît in rucharistia ? Responsio de nmtatione quip fit virtute verbi quam sic distinguimus, aliud esse eomr.mtalionem, aliud esse mulationem, aliud transsubstantialionem (ms. cité, fol. 57). Même emploi du mot dans ses Disputationes (ms. de Bruges, 103, disp. LXV).

23. Jean le Teuton, l’auteur de la Glossa ordinaria, avant le concile de 1215, se montre fidèle disciple d’Huguccio ; il emploie ces expressions fort souvent ; dans la Glossa ordinaria imprimée, on en compte plus de trente exemples en marge du texte du Décret. Voir la liste dans Gillmann, ibid., p. 424, note 1.

24. IJ Instruclio sacerdolis, imprimée parmi les apocryphes de saint Bernard, mais de date imprécise, a la phrase suivante : Panis enim in manibits tin’s in corpus unigeniti Fili Dei transsubstantiatur, part. II, 9, P. L., t. CLXxxv, col. 785.

25. l.'Exordium magnum ristereiense, ii, (>, dû sans doute à Conrad d'Éberbach, entre 1206 et 1221 (voir Vacandard, Vie de S. Bernard, Paris, 1910, t. i, p. XMx ; Hiifrer, Der hl. Bernard von Clairvaux, Munster, 1886, p. 172-1837), rapporte un fait fort voisin de celui que relate Herbert dans son Liber miraculorum, iii, 26, mais ce dernier n’a pas le mot transsubstantiatio : Quidam monæhus… in tantam eordis innpiam deveneral ut diceret panem et vinum… nequaquam transsubslantiari passe in verum corpus et sanguinem Domiiii… (reproduit <hms aVita prima S. Bernardi, vii, 6, P. L., t. i.xxxv, col. 419).

La doctrine.

1. Son affirmation. — Si le mot ne

fait son apparition avec certitude que dans le’sccond quart du xif siècle et s’afiTirme avec une fréfjuence remarquable vers 1170-1180, il serait néanmoins complètement erroné, nous l’avons déjà vti. den conclure à une introduction aussi tardive et aussi limitée de la doctrine. Celle-ci se rencontre au xii » siècle avec une

netteté qu’elle doit au long travail des siècles précédents, à la transmission des anciens textes patristiques, aux etlorts de coordination et d’exposition didactique provoqués par la querelle bérengarienne d’abord, puis par les objections des autres sectes hérétiques. Voir plus haut. Nous avons déjà indiqué précédemment les principaux résultats qui se dégagent, nettement formulés, dans les écrits des adversaires de Bérenger ; on peut voir la place que prend dans cet exposé la doctrine catholique de la transsubstantiation et les réflexions qu’il suggère aux historiens du dogme même indépendants.

Les autres explications sont très nettement rejetées. Après la polémique bérengarienne, l’affirmation de cette même doctrine se perpétue dans des recueils d’un autre genre dont l’efficacité, en raison de leur nature même et de leur diffusion dans les bibliothèques des églises, pénètre jusque dans la vie quotidienne du clergé et par lui dans la croyance du peuple chrétien ; nous voulons parler des collections canoniques qui, depuis celle de Burchard de Worms et même avant elle. donnent une place importante au dogme eucharistique.

Leur but étant de mettre dans les mains des évêques et du clergé une espèce de Corpus de ce qui leur est nécessaire pour la direction de leurs ouailles (cf. la préface de la collection de Reginon de Prum dans l'édition de Wasserschleben), on s’explique parfaitement cette étroite union de la théologie et du droit canon qui apparaît dans tous ces recueils et se maintient même dans celui de Graticn, part. III, De eonsecratione, sur les sacrements, surtout dist. IIIV.

Il faut signaler en premier lieu, parmi les effets de ces collections canoniques, la transmission des textes patristiques qui parlent de la conversion du pain et du vin au corps et au sang du Christ. Sur cette conversion, citons les textes qu’on peut lire dans le Deerctum de Gratien, De consecralione, dist. II, et qui se rencontrent aussi chez ses prédécesseurs : can. 34 (attribué à Grégoire, en réalité de Lanfranc), en outre chez Yves (Décret et Panormie), .]it, cr (Liber Sentent.) : can. 35 (attribué h tort à F.usèbe d'Émèse, d’autres fois à Augustin, ou Hilaire, etc.), en outre chez Yves, etc. ; can. 141 (attribué à Augustin), en outre chez Yves, Alger, etc. ; can. 43 (De sacramentis. vi. 1 du pseudo-Ambroise), chez Yves. Alger, etc. ; can. 55 (ibid., IV, 4), chez Alger, etc. ; can. 69(.mbroise, /)c/?i(/.s7('r//.î, c. viii, ix), chez Lanfrane, Guitmond, Yves, Alger, etc. ; can. 72 (Augustin-Paschase), chez le cardinal Grégoire (Polycarpe), Alger, etc. ; can. 73, 74, 82. 83. etc. Une étude plus détaillée montrerait la présence des niêmes textes dans les collections inédites du xi*" et du xii «  siècle, celle de Saragosse (les plus anciens manuscrits, comme B. N., lai. 3875, n’ont cependant le livre contre Bérenger contenu dans la copie du Vatican, Barb. lai. 286-f). le Polycarpe, etc., dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer ici. On peut se faire déj.à une idée du nombre et de la diffusion de ces formules patristiques en consultant les tables de l-'riedberg. Corpus furis canonici. t. i, p. xi.vi-i.xxiv des Prolegomena, Leipzig. 1879.

Avec ces textes, ces colleclions indiciuent en même temps d’une certaine façon leur exégèse, grâce à la suscription qui les introduit. Ces titres, qu’on doit consulter avec précaution, dans les éditions peu cri tiques de Burcliard ou d’Yves de Chartres, nous fournissent en peu de mots l’ensemble de la doctrine. Comme exemple, nous donnons ici les formules de Gratien. De ronsecrat., dist. Il : PosI consrcrationem non substrmtia, sed species rrmanct (can. 34) ; visibiles crcalurie in Christi corpus et sangtiinem invisibililer convertantur (can. 35) ; quare in specir pnnis et vini sacramentum suumClirislus nobis ministravil (can. 36) ;