Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/639

Cette page n’a pas encore été corrigée

I219

EUCHARISTIE AU XIP SIECLE EN OCCIDENT

1250

passim, à Honoré d’Autun, à Rupert, etc. Voir t. iii, n. 97, p. 222-224, sur la transsubstantiation, etc. ; t. II (1888), n. 2, p. 77-80, sur l’eucharistie, avec des emprunts au n. 38 du pseudo-Hiklebert, P. L., t. CLXxi, col.535, etc.

3° Œuvres cxégéliqiies. — Avec les sermons qui ont pour sujet l’exégèse des textes eucharistiques de l’Ancien ou du Nouveau Testament, il faudrait parler aussi des commentaires proprement dits. L’exégèse scripturaire, fort féconde à ce moment et si peu originale, a fréquemment entremêlé de développements théologiques les pages relatives à l’eucharistie. Citons Brunon de Segni, voir plus loin ; Rupert de Deutz, dont il faudra reparler à propos de l’impanation ; Bruno le Chartreux, Expositio in psalmos, Ps. xxi, P. L., t. CLii, col. 725 ; Expositio in Episiolas S. Pauli, I Cor., c. V, x, P.L., t. CLiii, col. 148, 176, etc. Nous avons déjà parlé des sermons de saint Bernard sur le Cantique des cantiques, Serm., lxv, lxvi, P. L., t. CLxxxii, col. 1087 sq., où il s’en prend aux sectes hérétiques. Son continuateur Gilbert de HoUand, abbé de Swineshead, dans le diocèse de Lincoln, depuis 1164, a aussi une page excellente sur la théologie de l’eucharistie. In Canlica, serm. vii, n. 8, P. L., t. CLxxxv, col. 46-47. Le commentaire fort célèbre au xiie siècle de Raoul de Saint-Germer en Flaix, sur le Lévitique, Commentarionim in Leviiicum libri XX, dans la Maxima bibliotheca veterum Patrnm, Lyon, 1677, t. xvii, p. 47-246, fait des allusions fréquentes aux rites de la nouvelle loi qu’il compare à ceux de l’ancienne. Le but poursuivi par l’auteur leur communique un intérêt qui ne peut se mesurer à la valeur contestable des rapprochements qu’il établit ; c’est pour confirmer dans la vraie foi les âmes hésitantes devant les objections des Juifs, qu’il veut montrer dans l’ancienne loi la figure de la nouvelle loi. Præfalio, ibid., p. 48-49.

Il n’y a pas davantage à citer toute la liste des autres auteurs. Mais deux noms qui ne peuvent être omis ici sont ceux de Zacliarias Chrysopolitanus et de Pierre Comestor. Le premier fait un commentaire sur une Concordia evangelica qu’il attribue, à tort, à Taticn (en réalité, c’est celle de Victor de Capoue, remaniée) ; il y donne en trois points un substantiel résumé de la doctrine de l’Église sur la conversion, les accidents et les mystérieux contrastes de la présence du Christ au ciel et sur l’autel ; ce dernier passage fait songer aux antithèses de l’incarnation dans la fameuse lettre de saint Léon à Chalcédoine. Epist., xxviii. Il termine par un important témoignage sur les vestiges de l’hérésie bérengariennc au milieu du xii<e siècle. In unum ex quatuor, iv, l.’iO, P. L., t. ci.xxxvi, col. 503-508, surtout col. 507, 508 :.S’u ; i/ nonnulli, imo forsan mulli, sed vix nntari possiinl, qui cum damncdo Bercngarin idem sentiiinl, et lamrn eumdem cum Ecclesia damnant. In hoc videliccl dan ant cum,

quia jormam vcrborum Ecclesiie abjicicns nudilatc sermonis scandatum movebat. Non sequebatur, ut dicunl, usum Scriplurarum, quæ pf/.ss/ni res significanles tanquam signiftcatas apprllanl, præsertim in sacramentis ul corum virtutes exprimant. Alii vcro iatenler imponunl, quod non intelligant tropos rt pguralas loculiones, ideoque miserabili morte anima’signa pro rébus accipiant. Illud quoquc maxime dérident quod panis et vini speries quidam dicunt in ane apparere ; quidam vero sensus corporcos falli, post cnnversionem panis et vini in carnem et sanguinem Cliristi.

La célèbre Ilistorin scolaslica de Pierre Conicslor (avant 1176), si répandue au moyen âge comme l’atlesteiit les innombrables manuscrits, mentions et citations de l’œuvre, consacre le c. ci.ii des Evangelia à l’eucharistie. Il y emploie le mot transsubstantiatio c{. y a une note intéressante sur le moment de la consé OICT. DE TIIKOL. CATllOL.

cration par le Christ, P. L., t. cxcvni, col. 1618, dont nous devrons reparler plus loin. Zacharias Chrysopolitanus parle également de la « forme » à la dernière cène. Op. cit., ibid., col. 503-508.

4 » Œuvres liturgiques. — 1. Traités liturgiques. — A côté de ces traités, sermons, lettres, etc., se placent les œuvres des liturgistes. S’ils considèrent avant tout dans l’eucharistie le sacrifice et les cérémonies de la messe, leur pensée sur les principaux points de la théologie eucharistique ne laisse pas de percer dans leurs écrits, qui à ce titre méritent d’être passés en revue.

Les livres liturgiques trouveront leur place propre dans l’article sur la messe. Le xiie siècle, du reste, n’assiste qu’à la disparition des anciens usages liturgiques, celtiques, mozarabiques, etc. ; leurs particularités, quand elles intéressent l’histoire des doctrines, n’ont donc plus leur place marquée ici. Le concile d’York de 1195 exige la correction des livres liturgiques : ad verum et probatum exemplar canon missæ corrigatur. Decr. ii, ^lansi, t. xxii, col. 653. Signalons toutefois, en raison des principes théoriques qui les commandent, une note intéressante d’un ancien missel du mont Cassin dans Ebner, Quellen und Forschungen zur Geschichtc… des Missale romanum, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 329, et quelques anciens usages liturgiques des nouveaux ordres comme les cisterciens, les prémontrés, les chartreux, auxquels nous ferons allusion plus loin. Ces usages ont un intérêt spécial dans la question de l’origine de l’élévation de l’hostie et du calice. Voir, outre les historiens de la liturgie, M. Van Wæfelghem, Liturgie de Prémontré, Le liber ordinarias, p. 7.5-70, dans les Analectes de l’ordre de Prémonlré, 1905 sq. Voir Élévation, t. iv, col. 2320.

Le xiie siècle a été particulièrement fécond en œuvres liturgiques, les unes développées à la manière de traités systématiques, comme chez Rupert de Deutz, .lean Béleth, Sicard de Crémone ; les autres, souvent des meilleures, plus concises à la façon de courtes monographies, sous forme de lettres, de sermons, etc., comme chez Yves de Chartres ou Hrunon de Segni, etc.

L’aurore du xiie siècle est encore éclairée par l’d’uvre liturgique de Bernold de Constance (j- 1100) qui avait déjà pris la plume à jjropos de l’eucharistie, comme il l’atteste dans son De Berengarii licrcsiarchæ damnatione multiplici, n. 11, P. L., t. cxi.viii, col. 1458. Son Micrologus, si précieux à divers égards et définitivement enlevé à Yves de Chartres par dom Morin, Revue bénédictine, 1891, t. viii, p. 385, ne contient rien qui offre un intérêt spécial du point de vue dogmatique : l’aHirmation de la présence réelle est nette, par exemple, c. xvi, xix, P. L., t. ci.i, col. 987, 989. Il a aussi la triple signification du corps du Christ, c. xvi, col. 988, qui, avec des interprétations diverses, joue un si grand rôle à celle époque.

La paraphrase, fort remarquable, des prières du canon de la messe jusqu’à l’Agnus Dei, P. L., t. ci.x, col. 1053-1070, par Odon de Cambrai († 1113), contient sous une formule très claire la croyance à la conversion du pain et du vin en la substance du corps et du sang de.lésus-l^brisl : sub eisdem qualitatibus nuitida substantia ut sub figura et sapore substantise prioris farta sit vera substantia Christi corporis et sanguinis, col. 1002 ; mais il place le moment de la consécration, à la dernière cène, dans la bénédiction qui précède les paroles : Hoc est corpus…, col. 1062 : patrt quod /xmis accepta benediclionc fartussit corpus Cliristi, non cnim post benedictionem dixis.trt : Hoc est corpus mciini, nisi in benediclione ftcret corpu.i suuni. Voir, plus loin, Innocent III et d’autres. Parmi les productions lilurgicjues de celle époque, il faut compter quehiues

V. -’lO