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1205 EUCHARISTIE D’APRÈS LES MONUMENTS DE L’ANTIQUITÉ CHRÉTIENNE 1206

la paix de l’Église, l’habitude continuera encore un certain temps. Cf. S. Basile, Episi., xciii, P. G., t. XXXII, col. 486. Exceptionnellement, on y offrait encore le saint sacrifice. S. Grégoire de Nazianze, Oral., VIII, n. 18, P. G., t. xxxv, col. 810, 811. Évidemment on consacrait autant que possible un endroit spécial à l’oblation et à la conservation du sacrement. C’est à cela que se rattachent les oratoires privés. En 1876, on en découvrit un à Rome, près de la gare actuelle. Le monument était du ive siècle. La description détaillée, fournie par De Rossi, Bullel., 1876, édit. franc., p. 45-63, ne laisse pas de doute sur sa destination liturgique.

Vases eucharistiques.

Le pain consacré qu’on

emportait à la maison était enveloppé dans du linge et déposé dans de petites boîtes, appelées arca ou arcula, qu’on plaçait dans une niche ou armoire, parfois même dans un petit oratoire. Leur forme nous est rappelée par la fresque romaine du ive siècle, mentionnée plus haut. Wilpert, op. cit., p. 306 sq., pi. 166, n. 1. Quant aux monuments originaux publiés par Garrucci, Storia del" arte crisliana, pl. 427 sq., et Rohault de Fleury, La messe, t. v, pl. 363 sq., il faut se garder de n’y voir que des reliquaires ou des boîtes aux saintes huiles, ainsi que l’a fait de Waal, Rômisclie Quartalschrijl, 1910, t. xxiv, p. 105. Il ne faut pas non plus, avec les deux auteurs précités, attribuer indistinctement à tous une destination eucharistique : celle-ci ne doit être positivement admise que pour les monuments ornés de scènes eucharistiques. C’est le cas, d’après Wilpert, pour la cassette d’argent de Milan, de la seconde moitié du ive siècle, dont le couvercle représente la multiplication des pains et le miracle de Cana. Wilpert, Malereien, p. 307 ; Nuovo bullet., 1900, t. vi, p. 91 ; Leclercq, dans le -Dîc/fon. d’archéol. clirét., t. ii, col. 1807, 1808, fig. 1985. Une pyxide en ivoire, provenant de Carthage et conservée aujourd’hui au musée de Livourne, montre également la multiplication des pains. Elle est du ive siècle et a dû servir au même usage. De Rossi, Bullel., 1891, p. 47-52, pl. iv-v ; Stuhlfauth, Die atlchristliche Eljenbeinplastik, Fribourg et Leipzig, 1896, p. 128 sq. Pour une autre pyxide de la même matière, conservée au musée de Berlin et datant à peu près de la même époque, la destination eucharisUque admise par les meilleurs connaisseurs peut paraître quelque peu douteuse. Le petit monument montre le Christ enseignant au milieu des apôtres et le sacrifice d’Abraham. Leclercq, dans op. cit., t. II, col. 777, 778, fig. 1511, 1512 ; Leclercq, Manuel d’archéologie, t. ii, p. 345, 346. Sur une troisième pyxide semblable à la précédente, qui se trouve à Bologne, voir Stuhlfauth, op. cit., p. 29, 30, pl. i, n. 2 ; sur les pyxides en général et la bibliographie du sujet, Leclercq, Manuel, t. ii, p. 344-348. — Quant aux colombes eucharistiques dont a pu se servir l’antiquité chrétienne, aucune ne nous a été conservée. Kaufmann, Handbuch, p. 313 ; Raibel, Der Tabernakel einst und jetzl, Fribourg, 1908, p. 131143. « Une antique custode eucharistique en forme d’agneau » est mentionnée par Maiocchi, dans Kirista di scienze slorichc, 1904, p. 210-213.

5 » Calices liturgiques. — 1. D’après Wilpert, la plus ancienne représentation serait le calice à anses de la l’raclio panis. Wilpert, Frarlio panis, p. 73. Puis viennent les verres de la crypte de Lucine, Wilpert, Malereien, pl. 28, et le verre de la catacombe syracusaine, ce dernier du iv siècle. Un calice figure sur une pierre du cimetière de Pontien, du ine siècle. Boldetti, op. cit., p. 208 ; Leclercq, dans le Dictionnaire d’archéol. chrétienne, t. ii, col. 1599, 1600, fig. 1870. Un autre sur un marbre de Sainte-Priscillc est de la même époque. Perret, Les catacombes, t. v,

pi. 57, n. 8 ; Ficker, Die altchristlichen Bildwerke des Laterans, p. 122, n. 174 b. Quelques autres figures sont moins anciennes. R. de Fleury, op. cit., t. iv, pi. ccLxx, ccLxxvii, etc. Un cancel copte, du v « vi "’siècle, montrant deux paons tenant dans le bec un linge qui encadre un calice surmonté d’un disque (hostie), est décrit dans Strzygowski, Koptische Kunst, Vienne, 1904, n. 7368, p. 85, 86, dans Calai, général des cmliq. égyptiennes du musée du Caire, t. xii. Il est difficile de dire dans quelle mesure ces représentations assez rares nous autorisent à tirer des conclusions certaines par rapport à la forme des vases hturgiques primitifs. Cf. Schnyder, Die Darstellungen des eucharislischen Kelches auf allchrisilichen Grabschriften, dans’^-pujij.y.x’.o-/ àpyaio/ovt/.ov, Rome, 1900, p. 97-118. Plusieurs auteurs attestent l’usage des caUces en verre : ce que les monuments confirment. D’autres mentionnent des calices en métal précieux qui ont dû ressembler à ceux que l’on voit à Ravenne sur les mosaïques de Saint-Vital et de Saint-Apollinaire-/n-C/asse, ou à Rome, à Sainte-Marie-KIajeure, par exemple, le Liber ponliflcalis, l’inventaire de l’église de Cirta, en Afrique, de 301, etc. Cf. Leclercq, dans le Dictionnaire d’archéol. chrél., t. II, col. 1605 sq. ; Richter et Taylor, The golden âge oj classic Christian art, pl. 5, n. 1-3. — 2. Parmi les anciens calices conservés jusqu’à nos jours, citons celui du cimetière Ostrien, aujourd’hui au musée chrétien du Vatican, De Rossi, Bullel., 1879, pl. iv, et les calices trouvés dans les cimetières de Cologne et de Trêves et publiés par E. aus’m Wecrth, dans les Jahrbiicher des Vereins von Alterlumsfreuiuten im Rheinland, 1878, t. lxiv, p. 124-126, pl. x. Leur desUnation eucharistique défendue par quelques auteurs n’est nullement prouvée. Mais il faut l’admettre pour plusieurs autres, par exemple, pour le calice de Chelles, pour celui de Gourdon.avcc sa belle patène, pour le calice de Feltre ou de Zamon, près de Trente. Ils sont du v « -vie siècle, sauf peut-être le dernier, auciuel le P. Grisar pense devoir assigner une date un peu plus récente. Nuovo bullel., 1897, t. iii, p. 15. Le métal dont ils sont faits, les pierreries dont ils étaient ornés, attestent que rien n’était trop précieux pour contenir le sang d’un Dieu. Voir art. Calice, dans CabTO, Dictionnaire, t. ii, col. 1595 sq.

L’autel.

1. Représenlations. — Parmi les plus

importantes, il faudrait nommer, selon Wilpert, celle de la Fractio panis, si toutefois on peut parler d’autel : c’est une espèce de sofa en forme de demicercle, exhaussé au-dessus du sol. Wilpert, op. cit., p. 8. La même forme revient encore plusieurs fois, par exemple, dans les chapelles des sacrements, dans un hypogée de la voie latine récemment découverte, etc. Wilpert, Malereien, pl. 41, n. 3 et 4, 265, 267. Dans la chambre des sacrements A’, c’est sur uti trépied que se fait la consécration. Une autre table-guéridon à trois pieds, qui porte des pains et des poissons, figure à la voûte de la chapelle A’. Wilpert, op. cit., pl. 38 et 41, n. 1. Pratiquement, il ne faudrait pas attacher une grande importance au motif artistique du trépied pris de la vie ordinaire, ni vouloir en tirer des conclusions certaines par rapport ; la forme des autels primitifs. Dans la mosaïque de la coupole de Saint-Jean-/n-Fofi/p, à Ravenne, on a])crçoil quatre autels-tables, sur lesquels est posé le livre des Écritures. Ils consistent en une plaque portée par quatre colonnes. De même à Saint-Vital et à Saint-Apollinaire-i /i-C/asse. Fleury, op. cit., t. i, pl. ii, in et xxix, p. 63. 64, 1.34 ; Baumstark, Liturgia romana, Y). ici IV ; Richter et Taylor, The golden âge oj classic Christian art, pl. 5, n. 2 et 3. Enfin, des autels en forme de cippe figurent dans les scènes du sacrifice d’Abraham sur une fresque du iii’e siècle, h Saint-Hermès, Wil-